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Sur la base des récits de voyages de son époque — en particulier ceux de [[James Cook|James Cook]] — Malthus a tiré une loi naturelle des sociétés naturelles : la population tend à croître plus rapidement que ses ressources. Les ressources auraient une croissance "arithmétique", tandis que la population aurait une croissance "géométrique".
 
Sur la base des récits de voyages de son époque — en particulier ceux de [[James Cook|James Cook]] — Malthus a tiré une loi naturelle des sociétés naturelles : la population tend à croître plus rapidement que ses ressources. Les ressources auraient une croissance "arithmétique", tandis que la population aurait une croissance "géométrique".
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La croissance de la population vient donc se heurter régulièrement à des freins ou des limites (nommés ''checks''). Ces derniers font régresser la population à un niveau supportable pour assurer la nourriture de l'ensemble. Ces obstacles — ou ''checks —'' sont de deux natures&nbsp;: d'une part, les «&nbsp;obstacles répressifs » (ou «&nbsp;obstacle malthusien&nbsp;»<ref>[http://fr-ii.demopaedia.org/wiki/Obstacle_r%C3%A9pressif Dictionnaire démographique multilingue, seconde édition unifiée, volume français] sur Demopaedia. Dernière consultation le 12 novembre 2013.</ref>) qui s'imposent de l'extérieur de façon brutale, comme les famines ou les épidémies&nbsp;; d'autre part les «&nbsp;obstacles préventifs&nbsp;»<ref>''Ibid.''</ref> qui désignent les décisions conscientes prises en connaissance de cause pour freiner la croissance démographique<ref name="Minois-14-64">[[Georges Minois]], ''Le poids du nombre : l’obsession du surpeuplement dans l’histoire'', Paris, Perrin, coll. Pour l’histoire, 2011, p. 14-64.</ref>&nbsp;: [[Avortement|avortement]], [[Contrôle des naissances|contrôle des naissances]], célibat entre autres. D'après Malthus, même chez les peuples dits primitifs, les obstacles préventifs existent. Ainsi, la difficulté de se procurer de la nourriture dans les tribus d'[[Indiens d'Amérique|Indiens d'Amérique]] les obligent à vivre à de grandes distances les unes des autres, à défendre leur territoire de chasse, et afin d'éviter le peuplement, ils se reproduisent peu&nbsp;: un ou deux enfants par famille. Malthus s'appuie notamment sur les écrits de James Cook qui s'étonne du peu d'ardeur amoureuse dans ces tribus<ref name="Minois-14-64">_</ref>.
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La croissance de la population vient donc se heurter régulièrement à des freins ou des limites (nommés ''checks''). Ces derniers font régresser la population à un niveau supportable pour assurer la nourriture de l'ensemble. Ces obstacles — ou ''checks —'' sont de deux natures&nbsp;: d'une part, les «&nbsp;obstacles répressifs&nbsp;» (ou «&nbsp;obstacle malthusien&nbsp;»<ref>[http://fr-ii.demopaedia.org/wiki/Obstacle_r%C3%A9pressif Dictionnaire démographique multilingue, seconde édition unifiée, volume français] sur Demopaedia. Dernière consultation le 12 novembre 2013.</ref>) qui s'imposent de l'extérieur de façon brutale, comme les famines ou les épidémies&nbsp;; d'autre part les «&nbsp;obstacles préventifs&nbsp;»<ref>''Ibid.''</ref> qui désignent les décisions conscientes prises en connaissance de cause pour freiner la croissance démographique<ref name="Minois-14-64">[[Georges Minois]], ''Le poids du nombre : l’obsession du surpeuplement dans l’histoire'', Paris, Perrin, coll. Pour l’histoire, 2011, p. 14-64.</ref>&nbsp;: [[Avortement|avortement]], [[Contrôle des naissances|contrôle des naissances]], célibat entre autres. D'après Malthus, même chez les peuples dits primitifs, les obstacles préventifs existent. Ainsi, la difficulté de se procurer de la nourriture dans les tribus d'[[Indiens d'Amérique|Indiens d'Amérique]] les obligent à vivre à de grandes distances les unes des autres, à défendre leur territoire de chasse, et afin d'éviter le peuplement, ils se reproduisent peu&nbsp;: un ou deux enfants par famille. Malthus s'appuie notamment sur les écrits de James Cook qui s'étonne du peu d'ardeur amoureuse dans ces tribus<ref name="Minois-14-64">_</ref>.
    
=== Malthusianisme économique ===
 
=== Malthusianisme économique ===
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=== Critique marxiste ===
 
=== Critique marxiste ===
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Dans son étude des lois de l'économie capitaliste, [[Marx|Marx]] a montré<ref>Voir notamment ''Le Capital, Livre 1, Chapitre 23, "La loi générale de l'accumulation capitaliste". ''</ref> comment l'accumulation capitaliste conduit tendanciellement à rejeter toute une partie de la classe ouvrière dans l'inactivité (création d'une surpopulation ouvrière, cette [[Armée de réserve industrielle|armée de réserve industrielle]] qui fait baisser le niveau des salaires), en parallèle d'un besoin de nouvelles forces pour assurer l'élargissement de l'accumulation capitaliste. Il montre ainsi que les "lois démographiques", qu'il appelle plutôt "lois tendancielles", sont dérivées des lois socio-économiques du mouvement propre au capital. Par là, il critique notamment la naturalisation de ces lois à laquelle procède Malthus.
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Dans son étude des lois de l'économie capitaliste, [[Marx|Marx]] a montré<ref>Voir notamment ''Le Capital, Livre 1, Chapitre 23, "La loi générale de l'accumulation capitaliste". ''</ref> comment l'accumulation capitaliste conduit tendanciellement à rejeter toute une partie de la classe ouvrière dans l'inactivité (création d'une surpopulation ouvrière, cette [[Armée de réserve industrielle|armée de réserve industrielle]] qui fait baisser le niveau des salaires), en parallèle d'un besoin de nouvelles forces pour assurer l'élargissement de l'accumulation capitaliste. Il montre ainsi que les "lois démographiques", qu'il appelle plutôt "lois tendancielles", sont dérivées des lois socio-économiques du mouvement propre au capital. Par là, il critique notamment la naturalisation de ces lois à laquelle procède Malthus. Au contraire, il affirme que « ''chaque mode de production historique a ses propres lois de population, valables historiquement dans ses propres limites'' ».
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Dans ses notes sur le salaire ouvrier (1847), Marx développe une critique vigoureuse de la théorie malthusienne (voir. Travail salarié et Capital). Dans Le Capital (t. III) Marx écrit sur l'Essay on the Principle of Population de Malthus (1798) :
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« ... Ce livre de Malthus n'est qu'une déclaration d'écolier sur des textes empruntés à De Foë, Franklln, Wallace, sir James Stewat, Townsend, etc. Il n'y a ni une recherche ni une idée du cru de l'auteur. »<br/>[...]<br/>« Les variations du taux général des salaires ne répondent... pas à celles du chiffre absolu de la population; la proportion différente suivant laquelle la classe ouvrière se décompose en armée active et en armée de réserve... voilà ce qui détermine exclusivement ces variations. »
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Cependant, l'erreur de Malthus n'implique pas qu'il n'y ait pas de limites naturelles, et il est clair qu'Engels verse dans le postivisme lorsqu'il dit&nbsp;:
 
Cependant, l'erreur de Malthus n'implique pas qu'il n'y ait pas de limites naturelles, et il est clair qu'Engels verse dans le postivisme lorsqu'il dit&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;''grâce à [la théorie de Malthus], ainsi qu’à l’économie en général, notre attention a été attirée sur la force productive de la terre et de l’humanité&nbsp;; et après avoir démonté ce désespoir économique, nous avons été rassurés pour toujours contre la crainte du surpeuplement&nbsp;''»</blockquote>
 
<blockquote>«&nbsp;''grâce à [la théorie de Malthus], ainsi qu’à l’économie en général, notre attention a été attirée sur la force productive de la terre et de l’humanité&nbsp;; et après avoir démonté ce désespoir économique, nous avons été rassurés pour toujours contre la crainte du surpeuplement&nbsp;''»</blockquote>

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