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Les intentions du gouvernement sont claires dès le 19 juillet 1913, lorsqu'il fait passer la Loi des trois ans qui instaure un service militaire de trois ans en vue de préparer l'armée française à la guerre avec l'Allemagne. Les socialistes affirment une opposition de principe, mais ne cherchent pas à mobiliser leur base ouvrière. Les directions de la [[SFIO|SFIO]] et de la [[CGT|CGT]] sont rongés par l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]]. Ce qui conduit des hommes foncièrement honnêtes comme [[Jean Jaurès|Jean Jaurès]] à faire du pacifisme un combat [[Idéaliste|idéaliste]], à croire qu'ils pourraient convaincre au sommet de l'[[État|État]] de "l'erreur" que représentait la guerre. L'échec fut cinglant : les socialistes furent soit traîtres soit impuissants dans cette période.
Les intentions du gouvernement sont claires dès le 19 juillet 1913, lorsqu'il fait passer la Loi des trois ans qui instaure un service militaire de trois ans en vue de préparer l'armée française à la guerre avec l'Allemagne. Les socialistes affirment une opposition de principe, mais ne cherchent pas à mobiliser leur base ouvrière. Les directions de la [[SFIO|SFIO]] et de la [[CGT|CGT]] sont rongés par l'[[Opportunisme|opportunisme]] et le [[Réformisme|réformisme]]. Ce qui conduit des hommes foncièrement honnêtes comme [[Jean Jaurès|Jean Jaurès]] à faire du pacifisme un combat [[Idéaliste|idéaliste]], à croire qu'ils pourraient convaincre au sommet de l'[[État|État]] de "l'erreur" que représentait la guerre. L'échec fut cinglant : les socialistes furent soit traîtres soit impuissants dans cette période.
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Le terme fut utilisé pour la première fois par le Président Raymond Poincaré dans son message à la Chambre des députés le 4 août 1914 :
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Pendant les derniers jours de juillet 1914 et les premiers jours d'août, le mot d'ordre « ''Non à la guerre'' » se transforme en celui de « ''Défense nationale d'abord'' ». Après l'assassinat de Jean Jaurès le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-07-31">31 juillet 1914</span>, [[Miguel Almereyda|Miguel Almereyda]] écrit dans ''[[Le Bonnet rouge|Le Bonnet rouge]]'' du 1er a<span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-01">oût 1914</span> : « [...] ''Bloc autour de la France menacée ! Le bloc que nous réclamions, il y a quatre mois, pour le salut de la république, nous l'appelons de tout notre cœur pour le salut de la patrie'' ». Le <span class="date-lien nowrap datasortkey" data-sort-value="1914-08-04">4 août 1914</span>, [[Léon Jouhaux|Léon Jouhaux]], secrétaire général de la CGT, sur la tombe de Jean Jaurès, prétend exprimer le sentiment de « ''la classe ouvrière au cœur meurtri'' » en rejetant la responsabilité de la guerre sur les empereurs et les aristocraties d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Les ouvriers deviennent des « ''soldats de la liberté'' » appelés à défendre la patrie où naquit l'idéal <span class="mw-redirect">révolutionnaire</span>.
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<blockquote>« Dans la guerre qui s'engage, la France [...] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'''union sacrée'' et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique »<br/></blockquote>
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Et effectivement, l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauches ([[Confédération Générale du Travail|CGT]] et [[Section Française de l'Internationale Ouvrière|SFIO]] en tête) proclamèrent le soutien à l'unité de la Nation. Cette unanimité nationale persista, mis à part quelques dissidences de gauche, jusqu’à la fin du conflit. De nombreux dirigeants basculèrent vers le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] : [[Renaudel|Renaudel]], [[Guesde|Guesde]], [[Marcel Sembat|Sembat]]...
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Le terme d'union sacrée fut utilisé pour la première fois par le Président Raymond Poincaré dans son message à la Chambre des députés le 4 août 1914 :
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<blockquote>« Dans la guerre qui s'engage, la France [...] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'''union sacrée'' et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique »<br/></blockquote><!--cke_bookmark_96S--><!--cke_bookmark_96E-->
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Et effectivement, l’ensemble des organisations syndicales et politiques de gauches ([[Confédération Générale du Travail|CGT]] et [[Section Française de l'Internationale Ouvrière|SFIO]] en tête) proclamèrent le soutien à l'unité de la Nation. Cette unanimité nationale persista, mis à part quelques dissidences de gauche, jusqu’à la fin du conflit. Les principaux dirigeants basculent vers le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] : [[Renaudel|Renaudel]], [[Guesde|Guesde]], [[Marcel Sembat|Sembat]], [[Gustave Hervé|Hervé]]...
Un courant [[Centriste|centriste]] se dessina autour de Longuet (les longuettistes) et Pressmane et autour de Bourderon et Merrheim.
Un courant [[Centriste|centriste]] se dessina autour de Longuet (les longuettistes) et Pressmane et autour de Bourderon et Merrheim.
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Lors du Conseil national de la CGT, tenu du 26 novembre au 5 décembre 1914, seule une minorité se prononce contre la guerre. La guerre fait chuter les effectifs à 50 000 adhérents.
Lors du Conseil national de la CGT, tenu du 26 novembre au 5 décembre 1914, seule une minorité se prononce contre la guerre. La guerre fait chuter les effectifs à 50 000 adhérents.
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Le 3 janvier 1915, [[Pierre Monatte|Pierre Monatte]] démissionne en protestation contre le ralliement à l'Union Sacrée. [[Alfred Rosmer|Alfred Rosmer]] et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre à la censure [[La Vie Ouvrière|la Vie Ouvrière]] (journal de la CGT, dirigé par Monatte) qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste. Il organise la diffusion clandestine en France de l'« Au-dessus de la mêlée » publié en Suisse, par Romain Rolland.
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Le 3 janvier 1915, [[Pierre Monatte|Pierre Monatte]] démissionne en protestation contre le ralliement à l'Union Sacrée. [[Alfred Rosmer|Alfred Rosmer]] et Pierre Monatte sont en désaccord avec la politique de l’union sacrée. Ils refusent de soumettre à la censure [[La Vie Ouvrière|la Vie Ouvrière]] (journal de la CGT, dirigé par Monatte) qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste, le Comité pour la Reprise des Relations Internationales (CRRI), qui donnera naissance au <span class="new">Comité de la troisième Internationale</span>, avec [[Boris Souvarine|Boris Souvarine]], [[Fernand Loriot|Fernand Loriot]], [[Charles Rappoport,|Charles Rappoport,]] [[Jules Hattenberger|Jules Hattenberger]], etc. Rosmer organise la diffusion clandestine en France de l'« Au-dessus de la mêlée » publié en Suisse, par [[Romain Rolland|Romain Rolland]].
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Parmi les autres internationalistes, on peut citer Fernand Loriot.
=== Allemagne (Burgfrieden) ===
=== Allemagne (Burgfrieden) ===
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L’Union Sacrée se forme en Russie lorsque la Douma vote des crédits de guerre, même si une opposition à la guerre se développe dans les milieux libéraux et révolutionnaires. Les socialistes russes sont divisés entre le ralliement et le [[Défaitisme révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]].
L’Union Sacrée se forme en Russie lorsque la Douma vote des crédits de guerre, même si une opposition à la guerre se développe dans les milieux libéraux et révolutionnaires. Les socialistes russes sont divisés entre le ralliement et le [[Défaitisme révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]].
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Social-chauvins : [[Plékhanov|Plékhanov]], Potressov
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Social-chauvins : [[Plékhanov|Plékhanov]], Potressov
Centristes : le parti du Comité d'Organisation, [[Axelrod|Axelrod]], [[Martov|Martov]], [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]], [[Tsérétéli (1914)|Tsérétéli]]
Centristes : le parti du Comité d'Organisation, [[Axelrod|Axelrod]], [[Martov|Martov]], [[Tchkhéidzé|Tchkhéidzé]], [[Tsérétéli (1914)|Tsérétéli]]
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=== International ===
=== International ===
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Une conférence de sections de [http://wikirouge.net/wiki/Jeunesse jeunesse] sera organisée en avril 1915 et affirmera la nécessité de refonder une Internationale sans les chauvins. D'abord dans la [[Conférence de Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] (1915), puis lors de la [[Conférence de Kienthal|Conférence de Kienthal]] (1916). Un clivage va néanmoins apparaître entre :
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La première réunion internationale de socialistes après l'éclatement de la guerre sera la conférence internationale de femmes socialistes en mars 1915 à Berne, suivie d'une conférence de sections de [[Jeunesse|jeunesse]] en avril, qui et affirmera la nécessité de refonder une Internationale sans les chauvins. Quelques mois plus tard aura lieu la [[Conférence de Zimmerwald|Conférence de Zimmerwald]] (1915), puis la [[Conférence de Kienthal|Conférence de Kienthal]] (1916). Un clivage va néanmoins apparaître entre :
*Le courant "[[Centrisme|centriste]]", qui se contentait souvent de mettre en avant le pacifisme, et voulait une réunification avec la famille social-démocrate, considérant qu'il n'y avait qu'un désaccord tactique et pas de trahison des directions, et qu'il fallait reconstruire l'Internationale comme avant.
*Le courant "[[Centrisme|centriste]]", qui se contentait souvent de mettre en avant le pacifisme, et voulait une réunification avec la famille social-démocrate, considérant qu'il n'y avait qu'un désaccord tactique et pas de trahison des directions, et qu'il fallait reconstruire l'Internationale comme avant.