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== Principe et fonctionnement  ==
 
== Principe et fonctionnement  ==
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=== Principe de répartition  ===
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Le salaire socialisé est un salaire qui revient à l'ensemble des travailleurs qui en ont besoin, et pas uniquement au salarié "pour qui" il a été versé. Le principe est de financer un pot commun, la [[Sécurité sociale|sécurité sociale]], répondant aux besoins de chacun.<br>
 
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Le salaire socialisé est un salaire qui revient à l'ensemble des travailleurs qui en ont besoin, et pas uniquement au salarié "pour qui" il a été versé. Le principe est de financer un pot commun, la [[Sécurité sociale|sécurité sociale]], répondant aux besoins de chacun.  
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Avant que la sécurité sociale existe, il revennait à chaque travailleur d'épargner pour prendre un jour une [[Retraite|retraite]], pour le cas où il tomberait malade ou pour le cas où il perdrait son emploi. Il va de soi que beaucoup n'y parvenaient pas, les salaires étant souvent trop bas, et que cela créé des [[Inégalités sociales|inégalités]] énormes entre ceux qui peuvent facilement épargner, et ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois.
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Il peut aussi y avoir une sécurité sociale qui ne repose pas sur les cotisations mais sur l'[[Impôt|impôt]]. Mais dans ce cas, son financement est plus précaire (un impôt peut être facilement réaffecté par l'[[Etat|Etat]]) et plus injuste, car la fiscalité est en général [[Fiscalité régressive|régressive]] (elle pèse plus sur les plus pauvres). En pratique actuellement, la sécurité sociale reçoit souvent à la fois une part de salaire socialisé et une part d'impôts. En France par exemple, la "[[TVA sociale|TVA sociale]]" est une façon de fiscaliser la sécurité sociale (la faire reposer sur l'impôt).
      
=== Super brut, net...  ===
 
=== Super brut, net...  ===
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*cette distinction n'a aucun effet macroéconomique<ref>http://www.ecopublix.eu/2007/11/qui-paie-vraiment-les-cotisations.html</ref>
 
*cette distinction n'a aucun effet macroéconomique<ref>http://www.ecopublix.eu/2007/11/qui-paie-vraiment-les-cotisations.html</ref>
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La seule différence arbitraire est que les cotisations salariales apparaissent sur la fiche de paie, parce qu'officiellement elles sont "versées par le salarié" alors que les cotisations patronales sont "versées par l'employeur"...Une autre différence arbitraire, l'affectation des deux cotisations. Les cotisations patronales financent principalement l’assurance chômage, l’apprentissage et la formation professionnelle et les assurances sociales (maladie, maternité, vieillesse, accidents du travail, invalidité et allocations familiales). Les cotisations salariales financent aussi l’assurance chômage mais également la retraite complémentaire du régime général, la sécurité sociale (maladie, veuvage, vieillesse).<br>
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La seule différence arbitraire est que les cotisations salariales apparaissent sur la fiche de paie, parce qu'officiellement elles sont "versées par le salarié" alors que les cotisations patronales sont "versées par l'employeur"...Une autre différence arbitraire, l'affectation des deux cotisations. Les cotisations patronales financent principalement l’assurance chômage, l’apprentissage et la formation professionnelle et les assurances sociales (maladie, maternité, vieillesse, accidents du travail, invalidité et allocations familiales). Les cotisations salariales financent aussi l’assurance chômage mais également la retraite complémentaire du régime général, la sécurité sociale (maladie, veuvage, vieillesse).<br>  
    
Le salaire brut est la somme du salaire net et des cotisations salariales. Il est arbitraire et artificiel lui aussi, puisqu'il n'englobe pas les cotisations patronales.  
 
Le salaire brut est la somme du salaire net et des cotisations salariales. Il est arbitraire et artificiel lui aussi, puisqu'il n'englobe pas les cotisations patronales.  
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En réalité, ces cotisations alimentent un "pot commun" qui sert à payer ceux qui sont ''aujourd'hui'' à la retraite, au chômage, ou malades. Si un salarié qui cotise actuellement est à la retraite ou au chômage des années après, ce sera plus du tout avec l'argent qu'il aura versé qu'il sera payé, mais avec les cotisations des salariés d'alors. En revanche, si un salarié tombe malade et est remboursé par la sécurité sociale, il peut considérer qu'une "proportion" de l'argent qu'il reçoit est due à ses cotisations actuelles... Quoi qu'il en soit, c'est bien le terme socialisé, ou salaire mutualisé, qui reflète le mieux ce système de solidarité entre travailleurs.  
 
En réalité, ces cotisations alimentent un "pot commun" qui sert à payer ceux qui sont ''aujourd'hui'' à la retraite, au chômage, ou malades. Si un salarié qui cotise actuellement est à la retraite ou au chômage des années après, ce sera plus du tout avec l'argent qu'il aura versé qu'il sera payé, mais avec les cotisations des salariés d'alors. En revanche, si un salarié tombe malade et est remboursé par la sécurité sociale, il peut considérer qu'une "proportion" de l'argent qu'il reçoit est due à ses cotisations actuelles... Quoi qu'il en soit, c'est bien le terme socialisé, ou salaire mutualisé, qui reflète le mieux ce système de solidarité entre travailleurs.  
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== Historique en France ==
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== Salaire socialisé ou fiscalité&nbsp;? ==
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[[Image:CotisationsSocialesFrance.jpg|right|477x487px|CotisationsSocialesFrance.jpg]]Le poids des cotisations sociales a augmenté sous plusieurs effets&nbsp;:  
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Il peut aussi y avoir une sécurité sociale qui ne repose pas sur les cotisations mais sur l'[[Impôt|impôt]]. Mais dans ce cas, son financement est plus précaire (un impôt peut être facilement réaffecté par l'[[Etat|Etat]]) et plus injuste, car la fiscalité est en général [[Fiscalité régressive|régressive]] (elle pèse plus sur les plus pauvres). En pratique actuellement, la sécurité sociale reçoit souvent à la fois une part de salaire socialisé et une part d'impôts. En France par exemple, la "[[TVA sociale|TVA sociale]]" est une façon de fiscaliser la sécurité sociale (la faire reposer sur l'impôt).
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En dernière analyse, même une "sécurité sociale" fondée sur des impôts repose sur la création de richesse par les travailleurs. Mais idéologiquement, cela créé une grosse différence&nbsp;: les "pensions" ou "allocations" paraissent alors provenir d'une charité publique au lieu du [[Travail|travail]].
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== Historique  ==
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=== Origines  ===
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Avant que la sécurité sociale existe, il revennait à chaque travailleur d'épargner pour prendre un jour une [[Retraite|retraite]], pour le cas où il tomberait malade ou pour le cas où il perdrait son emploi. Il va de soi que beaucoup n'y parvenaient pas, en raison de salaires trop bas et de la concurrence entre travailleurs&nbsp;: si un travailleur exige un salaire suffisant pour pouvoir économiser, même modestement, pour prendre une retraite, il sera écarté par un travailleur (au chômage par exemple) qui lui est prêt à n'importe quel salaire même s'il lui permet à peine de vivre au jour le jour.
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La solidarité de classe est néanmoins rapidement apparue au cours du XIX<sup>ème</sup> siècle, et particulièrement vers les dernières décennies où les mutualités ouvrières se sont généralisées.
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L'[[Etat bourgeois|Etat bourgeois]] en est venu progressivement à assumer une part croissante d'assistance publique, ou d'organisation des caisses de salaire socialisé, parce qu'il voulait intégrer les organisations de travailleurs et gommer autant que possible la [[Lutte des classes|lutte des classes]]. En Allemagne, c'est Bismarck qui développé un système social entièrement nouveau pour l'époque. En France, on peut citer notamment l'instauration des [[Retraites ouvrières et paysannes|retraites ouvrières et paysannes]] en 1910, par le Parti radical.
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=== Après 1945  ===
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Le système moderne de cotisations sociales s'est mis en place et généralisé dans l'[[Après guerre|Après guerre]], dans un contexte de pression du [[Mouvement ouvrier|mouvement ouvrier]] et de [[Croissance|croissance économique]]. Ce système a relativement fonctionné pendant les 30 glorieuses, puis le [[Taux de profit|taux de profit]] des capitalistes a commencé à chuter, donc l'investissement et la croissance à chuter.
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[[Image:PrélèvementsSalaireBrut.png|right|417x174px|PrélèvementsSalaireBrut.png]]  
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Le poids des cotisations sociales a augmenté sous plusieurs effets&nbsp;:  
    
*augmentation du nombre de retraités avec le vieillissement de la population  
 
*augmentation du nombre de retraités avec le vieillissement de la population  
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*augmentation des remboursements médicaux (avec les maladies professionnelles, celles dues à l'environnement dégradé, celles de la population âgée...)
 
*augmentation des remboursements médicaux (avec les maladies professionnelles, celles dues à l'environnement dégradé, celles de la population âgée...)
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Mais le graphe ci-contre ne signifie pas que le salaire net a diminué. Pour cela il faut prendre en compte l'augmentation des salaires bruts (rendue possible par les gains de [[Productivité du travail|productivité]] et les luttes des travailleurs).  
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Le graphe ci-contre montre que pour un salarié, la part du salaire net s'est réduite au détriment du salaire socialisé - ce qui tend à éroder la solidarité de classe en créant des tensions entre actifs et chômeurs, ou jeunes et vieux salariés. Cela montre en réalité que ce système de salaire socialisé, géré par l'Etat, le patronat et les bureaucraties syndicales, a fait peser la dégradation du capitalisme... sur les épaules de [[Classe travailleuse|classe travailleuse]].  
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C'est ce que montre entre autre les 3 courbes suivantes&nbsp;: l'écart entre salaire superbrut et salaire net représente la part payée par les travailleurs du chômage et du vieillisement de la population.
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[[Image:ProductivitéSalaireSuperbrutNetFrance.png|center|ProductivitéSalaireSuperbrutNetFrance.png]]Dans les années 1990, les gouvernements ont mené des politiques d'éxonérations de cotisations patronales, pour favoriser "baisser le coût du travail" et favoriser l'emploi, ce qui est effectivement un des seuls leviers sous le [[Capitalisme|capitalisme]]. Les résultats n'ont pas été visibles sur l'emploi, mais d'après certaines études<ref>http://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2007-1-page-151.htm</ref>, le chômage serait bien plus élevé si elles n'avaient pas été réalisées. En revanche, ces "allègements" ont une conséquence directe&nbsp;: l'[[Etat|Etat]] doit compenser le manque à gagner du salaire socialisé, autrement dit, via les [[Impôt régressif|impôts régressifs]], le [[Prolétariat|prolétariat]] paie en grande partie pour ce qui était avant déboursé par le [[Patronat|patronat]].  
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Dans les années 1990, les gouvernements ont mené des politiques d'éxonérations de cotisations patronales, pour favoriser "baisser le coût du travail" et favoriser l'emploi, ce qui est effectivement un des seuls leviers sous le [[Capitalisme|capitalisme]]. Les résultats n'ont pas été visibles sur l'emploi, mais d'après certaines études<ref>http://www.cairn.info/revue-regards-croises-sur-l-economie-2007-1-page-151.htm</ref>, le chômage serait bien plus élevé si elles n'avaient pas été réalisées. En revanche, ces "allègements" ont une conséquence directe&nbsp;: l'[[Etat|Etat]] doit compenser le manque à gagner du salaire socialisé, autrement dit, via les [[Impôt régressif|impôts régressifs]], le [[Prolétariat|prolétariat]] paie en grande partie pour ce qui était avant déboursé par le [[Patronat|patronat]].
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[[Image:CotisationsSocialesFrance.jpg|center|477x487px|CotisationsSocialesFrance.jpg]]  
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Il est à noter que ce sont les "cotisations patronales" qui ont été allégées, pour une raison simple : les cotisations salariales entrent dans le salaire brut, qui est fixé par la loi et les [[conventions collectives|conventions collectives]], et donc moins facilement modifiables par l'Etat.
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Il est à noter que ce sont les "cotisations patronales" qui ont été allégées, pour une raison simple&nbsp;: les cotisations salariales entrent dans le salaire brut, qui est fixé par la loi et les [[Conventions collectives|conventions collectives]], et donc moins facilement modifiables par l'Etat.  
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[[Image:PrélèvementsSalaireBrut.png]]
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== Notes et sources  ==
 
== Notes et sources  ==

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