Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
2 214 octets ajoutés ,  30 novembre 2023 à 02:42
aucun résumé des modifications
Ligne 86 : Ligne 86 :  
Au congrès de Londres en 1896, beaucoup d'anarchistes sont présents (dont [[Errico Malatesta|Malatesta]] et [[w:Christiaan Cornelissen|Cornelissen]]), mais se font exclure par la majorité autour des marxistes allemands. Un certain nombre de socialistes, bien que non anarchistes, protestent contre ce qu'ils voient comme l'intolérance de la majorité ([[Keir Hardie]], [[Tom Mann]], [[William Morris]]...).<ref>George Woodcock (1962). ''Anarchism: A History of Libertarian Ideas and Movements''. pp. 263–264.</ref>  
 
Au congrès de Londres en 1896, beaucoup d'anarchistes sont présents (dont [[Errico Malatesta|Malatesta]] et [[w:Christiaan Cornelissen|Cornelissen]]), mais se font exclure par la majorité autour des marxistes allemands. Un certain nombre de socialistes, bien que non anarchistes, protestent contre ce qu'ils voient comme l'intolérance de la majorité ([[Keir Hardie]], [[Tom Mann]], [[William Morris]]...).<ref>George Woodcock (1962). ''Anarchism: A History of Libertarian Ideas and Movements''. pp. 263–264.</ref>  
   −
Suite à ce congrès, une grande partie des [[syndicats]] refuse l'adhésion directe à l'Internationale, à commencer par ceux qui sont le plus en désaccord idéologique, comme la [[CGT (France)|CGT]] française (alors [[anarcho-syndicaliste]]) et le [[Trades Union Congress|TUC]] anglais. Mais plus largement, la tendance est à une organisation séparée entre syndicats et partis.
+
Le congrès proclame que les partis et les syndicats doivent tendre à l'unité la plus complète. Mais suite à ce congrès, une grande partie des [[syndicats]] refuse l'adhésion directe à l'Internationale, à commencer par ceux qui sont le plus en désaccord idéologique, comme la [[CGT (France)|CGT]] française (alors [[anarcho-syndicaliste]]) et le [[Trades Union Congress|TUC]] anglais. Mais plus largement, la tendance est à une organisation séparée entre syndicats et partis.
    
A ce congrès, les deux sections polonaises s’affrontent sur la question de l’indépendance de la Pologne. Le [[Parti socialiste polonais]] (fondé en 1892 et dont le dirigeant le plus connu est Pilsudski) est pour, la [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]] ([[Rosa Luxemburg|Luxemburg]]<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/archive/luxemburg/1896/07/polish-question.htm The Polish Question at the International Congress in London]'', July 1896</ref>) est contre. [[Karl Kautsky|Kautsky]] ajoute dans la résolution politique adoptée « le plein droit de [[Droit à l'auto-détermination des peuples|libre détermination de toute les nations]] », ainsi qu'une condamnation du [[colonialisme]], qui fait office de compromis mais a été peu discuté.
 
A ce congrès, les deux sections polonaises s’affrontent sur la question de l’indépendance de la Pologne. Le [[Parti socialiste polonais]] (fondé en 1892 et dont le dirigeant le plus connu est Pilsudski) est pour, la [[Social-démocratie du royaume de Pologne et de Lituanie|SDKPiL]] ([[Rosa Luxemburg|Luxemburg]]<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/archive/luxemburg/1896/07/polish-question.htm The Polish Question at the International Congress in London]'', July 1896</ref>) est contre. [[Karl Kautsky|Kautsky]] ajoute dans la résolution politique adoptée « le plein droit de [[Droit à l'auto-détermination des peuples|libre détermination de toute les nations]] », ainsi qu'une condamnation du [[colonialisme]], qui fait office de compromis mais a été peu discuté.
Ligne 154 : Ligne 154 :  
===Congrès de Stuttgart (1907)===
 
===Congrès de Stuttgart (1907)===
 
{{See also|w:Congrès international socialiste (1907){{!}}Congrès international socialiste de 1907 (Wikipédia)}}
 
{{See also|w:Congrès international socialiste (1907){{!}}Congrès international socialiste de 1907 (Wikipédia)}}
Le Congrès de Stuttgart a lieu entre le 18 et le 24 août 1907 dans la plus grande salle de Stuttgart, et 1000 délégués ainsi qu’une foule de cinquante mille personnes participèrent à la manifestation qui marqua son ouver­ture. Même le Japon et l’Inde furent représentés.<gallery widths="350" heights="220">
+
Le Congrès de Stuttgart a lieu entre le 18 et le 24 août 1907 dans la plus grande salle de Stuttgart, et une foule de cinquante mille personnes participa à la manifestation qui marqua son ouver­ture. Avec 886 délégués venant de 25 pays (dont l'Argentine, l'Inde, l'Australie, le Japon, l'Afrique du Sud...) et 5 continents, le congrès est encore plus international que le précédent.
 +
 
 +
Parmi les membres notables figuraient Clara Zetkin, Rosa Luxemburg, August Bebel, Jaurès, Karl Liebknecht, Gustave Hervé, Ramsey Macdonald, Eduard Bernstein et Lénine.<gallery widths="350" heights="220">
 
Fichier:Stuttgart Congress 1907.png
 
Fichier:Stuttgart Congress 1907.png
 
Fichier:Stuttgart-congress-of-second-international-1907-iisg-big-1.jpg
 
Fichier:Stuttgart-congress-of-second-international-1907-iisg-big-1.jpg
</gallery>Le Congrès de Stuttgart ouvre ses débats sur la question de la guerre et sur les moyens de s’y opposer. Face à la proposition des délégués français (sauf [[Guesde|Guesde]]), qui prévoit la [[Grève_générale|grève générale]] en cas de guerre, les Allemands, conduits par [[Bebel|Bebel]] et [[Vollmar|Vollmar]] la rejettent. Bebel se refuse à envisager tout plan d’action précis. Il estime que la grève générale en Allemagne détruirait toutes les organisations. Finalement sur proposition de [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] et de [[Lénine|Lénine]], entre autre, l’amendement suivant est adopté, avec les voix du centre&nbsp;:
+
</gallery>Juste avant l'ouverture du congrès proprement dit, le 17 août, se tient la Première [[Internationale socialiste des femmes|Conférence internationale des femmes socialistes]]. A cette occasion est formé un Bureau international à la tête duquel on retrouve [[Clara Zetkin]].
 +
 
 +
Le Congrès ouvre ses débats sur la question de la guerre et sur les moyens de s’y opposer. Face à la proposition de [[Gustave Hervé]] et des délégués français (sauf [[Guesde]]), qui prévoit la [[grève générale]] en cas de guerre, les Allemands, conduits par [[Bebel]] et [[Vollmar]] la rejettent. Bebel se refuse à envisager tout plan d’action précis. Il estime que la grève générale en Allemagne détruirait toutes les organisations. Finalement sur proposition de [[Rosa Luxemburg]] et de [[Lénine]], entre autre, l’amendement suivant est adopté, avec les voix du centre&nbsp;:
 
<blockquote>
 
<blockquote>
 
«&nbsp;Au cas où la guerre éclaterait néanmoins, ils ont le devoir de s’entremettre pour la faire cesser promptement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste.&nbsp;»
 
«&nbsp;Au cas où la guerre éclaterait néanmoins, ils ont le devoir de s’entremettre pour la faire cesser promptement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste.&nbsp;»
Ligne 169 : Ligne 173 :  
Quelch fut donc expulsé sans réelle réaction, après un dîner impromptu donné en son honneur. Les séances reprirent, avec son fauteuil couvert de fleurs.
 
Quelch fut donc expulsé sans réelle réaction, après un dîner impromptu donné en son honneur. Les séances reprirent, avec son fauteuil couvert de fleurs.
   −
Le congrès  aborda la question des rapports syndicats-parti. L'Internationale acta l'évolution survenue dans la [[social-démocratie]] allemande, c'est-à-dire l'autonomisation des syndicats, bien que l'unité idéologique soit encore affichée.
+
Le congrès  aborda la question des rapports syndicats-parti. Certains comme le [[Parti bolchévik|bolchévik]]  [[Anatoli Lounatcharski|Lounatcharski]] soutenaient le maintien de la position d'unité syndicats-[[Parti ouvrier|partis]], tandis que  [[Gueorgui Plekhanov|Plekhanov]] plaidait pour une « neutralité ». La résolution votée est une résolution de compromis. [[Lénine]] considéra qu'elle donnait raison aux partisans de la politisation des syndicats<ref>Lénine, [[:fr:Préface à la brochure de Voinov (A. Lounatcharski) sur l'attitude du parti à l'égard des syndicats|Préface à la brochure de Voinov (A. Lounatcharski) sur l'attitude du parti à l'égard des syndicats]], novembre 1907</ref>, mais elle peut aussi être vue comme une concession à la tendance à l'autonomisation des syndicats.
 +
 
 +
<blockquote>
 +
«  ''Pour affranchir entièrement le prolétariat du servage intellectuel, politique et économique, la lutte politique et la lutte économique sont également nécessaires. Si l’activité du Parti socialiste s’exerce surtout dans le domaine de la lutte politique du prolétariat, celle des syndicats s’exerce principalement dans le domaine de la lutte économique de la classe ouvrière. Le Parti et les syndicats ont une besogne également importante à accomplir.''
 +
 
 +
''Chacune des deux organisations a son domaine distinct déterminé par sa nature et dans lequel elle doit régler son action d’une façon absolument indépendante. Mais il y a aussi un domaine toujours grandissant de la lutte des classes prolétarienne, dans lequel on ne peut obtenir davantage que par l’accord et la coopération du Parti et des syndicats.  Par conséquent, la lutte prolétarienne sera d’autant mieux engagée et d’autant plus fructueuse, que les relations entre les syndicats et le Parti seront plus étroites, sans compromettre la nécessaire unité du mouvement syndical'' »<ref>Résolution reproduite en annexe dans : Histoire du mouvement syndical en France. René Garmy. Page 315. Bibliothèque du mouvement ouvrier 1970.</ref>
 +
</blockquote>
 
[[Fichier:Flag of India 1907 (Nationalists Flag).svg|vignette|241x241px|[[w:Bhikaiji Cama|Bhikaiji Cama]], une indépendantiste militant à la [[wen:Paris Indian Society|Société indienne de paris]] et invitée au congrès, déroula ce drapeau dans la salle.]]
 
[[Fichier:Flag of India 1907 (Nationalists Flag).svg|vignette|241x241px|[[w:Bhikaiji Cama|Bhikaiji Cama]], une indépendantiste militant à la [[wen:Paris Indian Society|Société indienne de paris]] et invitée au congrès, déroula ce drapeau dans la salle.]]
 
A ce congrès eurent lieu également d'importants débats sur le [[colonialisme]], qui montrent l'ampleur du [[Racisme, mouvement ouvrier et socialisme|racisme y compris chez beaucoup de socialistes]] (qui étaient alors essentiellement européens). Le néerlandais [[Henri van Kol]] (qui avait des parts dans une plantation de café en Indonésie) soutenait  que  « la possession des colonies [était] nécessaire, même dans un système futur de gouvernement socialiste ».<ref>Cité dans Hélène Carrère d'Encausse et Stuart Schram, ''Marxism and Asia,'' Londres 1969, p. 94.</ref> Ces prises de positions furent désavouées par l'Internationale. Mais le fait qu'elles aient pu être tenues sans problème, sans conséquences (aucune exclusion ne fut envisagée), montre l'ampleur du problème. Il y eut également des tentatives de soutenir l'interdiction de l'[[immigration]] au nom de la protection des salaires des travailleur·ses des pays riches.<ref>Lénine, [[:fr:Le congrès socialiste international de Stuttgart (Prolétari)|Le congrès socialiste international de Stuttgart (Prolétari)]], septembre 1907</ref>
 
A ce congrès eurent lieu également d'importants débats sur le [[colonialisme]], qui montrent l'ampleur du [[Racisme, mouvement ouvrier et socialisme|racisme y compris chez beaucoup de socialistes]] (qui étaient alors essentiellement européens). Le néerlandais [[Henri van Kol]] (qui avait des parts dans une plantation de café en Indonésie) soutenait  que  « la possession des colonies [était] nécessaire, même dans un système futur de gouvernement socialiste ».<ref>Cité dans Hélène Carrère d'Encausse et Stuart Schram, ''Marxism and Asia,'' Londres 1969, p. 94.</ref> Ces prises de positions furent désavouées par l'Internationale. Mais le fait qu'elles aient pu être tenues sans problème, sans conséquences (aucune exclusion ne fut envisagée), montre l'ampleur du problème. Il y eut également des tentatives de soutenir l'interdiction de l'[[immigration]] au nom de la protection des salaires des travailleur·ses des pays riches.<ref>Lénine, [[:fr:Le congrès socialiste international de Stuttgart (Prolétari)|Le congrès socialiste international de Stuttgart (Prolétari)]], septembre 1907</ref>
Ligne 177 : Ligne 187 :  
A ce congrès, des votes additionnels consultatifs furent attribués à des organisations socialistes juives, le [[w:Parti ouvrier socialiste juif|SERP]] et le [[wen:Zionist Socialist Workers Party|POSS]]. Les organisations juives (particulièrement d'Europe de l'Est) étaient auparavant très invisibilisées, et le [[Deuxième internationale#Bureau socialiste international|BSI]] travailla sur la question.<ref>Frankel, Jonathan (1981). [https://books.google.com/books?id=-ycwctuCSpQC Prophecy and Politics: Socialism, Nationalism, and the Russian Jews, 1862–1917]. Cambridge: Cambridge University Press. p. 283.</ref><ref>Jacobs, Jack Lester (2001). Jewish Politics in Eastern Europe: The Bund at 100. Basingstoke: Palgrave. p. 185.</ref>
 
A ce congrès, des votes additionnels consultatifs furent attribués à des organisations socialistes juives, le [[w:Parti ouvrier socialiste juif|SERP]] et le [[wen:Zionist Socialist Workers Party|POSS]]. Les organisations juives (particulièrement d'Europe de l'Est) étaient auparavant très invisibilisées, et le [[Deuxième internationale#Bureau socialiste international|BSI]] travailla sur la question.<ref>Frankel, Jonathan (1981). [https://books.google.com/books?id=-ycwctuCSpQC Prophecy and Politics: Socialism, Nationalism, and the Russian Jews, 1862–1917]. Cambridge: Cambridge University Press. p. 283.</ref><ref>Jacobs, Jack Lester (2001). Jewish Politics in Eastern Europe: The Bund at 100. Basingstoke: Palgrave. p. 185.</ref>
   −
Dans le sillage du congrès se tient la Première [[Internationale socialiste des femmes|Conférence internationale des femmes socialistes]]. A cette occasion est formé un Bureau international à la tête duquel on retrouve [[Clara Zetkin]]. La même année se constitue la Fédération internationale de la [[Jeunesse]] socialiste, à l’initiative de [[Karl Liebknecht]]. Cependant, l’Internationale ne la reconnaît pas, et en Allemagne, les Jeunes socialistes sont considérés comme trop radicaux.
+
La même année se constitue la Fédération internationale de la [[Jeunesse]] socialiste, à l’initiative de [[Karl Liebknecht]]. Cependant, l’Internationale ne la reconnaît pas, et en Allemagne, les Jeunes socialistes sont considérés comme trop radicaux.
    
===Congrès de Copenhague (1910)===
 
===Congrès de Copenhague (1910)===

Menu de navigation