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[[File:Lounatcharski.jpg|right|Lounatcharski.jpg]]'''Anatoli Vassilievitch Lounatcharski''' (1875-1933), en russe Анатолий Васильевич Луначарский, était un militant [[Bolcheviks|bolchévik]].{{AjoutDates|11/11/1875|26/12/1933}}
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[[File:Lounatcharski.jpg|right|Lounatcharski.jpg]]'''Anatoli Vassilievitch Lounatcharski''' (1875-1933), en russe Анатолий Васильевич Луначарский, était un militant [[Bolcheviks|bolchévik]], qui devint l'équivalent de ministre de l'éducation après la [[révolution d'Octobre]].{{AjoutDates|11/11/1875|26/12/1933}}
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Il eut pour pseudonymes V. Voïnov<ref name=":0">Lénine, [[:fr:Préface à la brochure de Voinov (A. Lounatcharski) sur l'attitude du parti à l'égard des syndicats|Préface à la brochure de Voinov (A. Lounatcharski) sur l'attitude du parti à l'égard des syndicats]], novembre 1907</ref> et A. Anioutine.
    
== Biographie, ==
 
== Biographie, ==
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La [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], et les troubles qui l'accompagnent, donnent à Lounatcharski l'occasion de rentrer en Russie et une fois encore de collaborer à un nouveau journal, [[Novaïa_Jizn|''Novaïa Jizn'']] (''La Vie nouvelle''). Dans ce premier quotidien bolchévique légal publié à Saint-Pétersbourg d'octobre à décembre 1905, Lounatcharski apparaît comme l'un des collaborateurs les plus actifs. Ce quotidien, organe central du [[POSDR|POSDR]], relaie activement les décisions du comité central et joue un rôle essentiel dans les événements d'octobre. Dans une autre publication, ''Volna'' (''La Vague''), parue légalement à Saint-Pétersbourg de mai à juin 1906, Lounatcharski fait montre encore de son inspiration prolifique, écrivant de nombreux articles sur des sujets culturels et artistiques qui deviennent en quelque sorte sa spécialité.
 
La [[Révolution_de_1905|révolution de 1905]], et les troubles qui l'accompagnent, donnent à Lounatcharski l'occasion de rentrer en Russie et une fois encore de collaborer à un nouveau journal, [[Novaïa_Jizn|''Novaïa Jizn'']] (''La Vie nouvelle''). Dans ce premier quotidien bolchévique légal publié à Saint-Pétersbourg d'octobre à décembre 1905, Lounatcharski apparaît comme l'un des collaborateurs les plus actifs. Ce quotidien, organe central du [[POSDR|POSDR]], relaie activement les décisions du comité central et joue un rôle essentiel dans les événements d'octobre. Dans une autre publication, ''Volna'' (''La Vague''), parue légalement à Saint-Pétersbourg de mai à juin 1906, Lounatcharski fait montre encore de son inspiration prolifique, écrivant de nombreux articles sur des sujets culturels et artistiques qui deviennent en quelque sorte sa spécialité.
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Après le reflux de la révolution de 1905, Lounatcharski, qui est contraint une nouvelle fois à l'exil, adopte plusieurs points de vue théoriques qui vont souvent l'éloigner du chef bolchévique. Les thèmes religieux l'occupent beaucoup. Ainsi, l'étonnant courant dit de la «&nbsp;[[Construction_de_Dieu|Construction de Dieu]]&nbsp;», qui cherche, chemin très complexe, à construire une théologie ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et donc à concilier marxisme et religion. [[Maxime_Gorki|Gorki]] soutient activement ce mouvement, animé par Lounatcharski, secondé par [[Vladimir_Alexandrovich_Bazarov|Bazarov]]. Il gagnera de cette époque le surnom de ''«&nbsp;Saint-Anatole&nbsp;»'' attribué par [[Georgui_Plekhanov|Plekhanov]] et qui lui restera longtemps au POSDR, non sans dommages pour sa légitimité politique.
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Après le reflux de la révolution de 1905, Lounatcharski, qui est contraint une nouvelle fois à l'exil, adopte plusieurs points de vue théoriques qui vont souvent l'éloigner du chef bolchévique. Les thèmes religieux l'occupent beaucoup. Ainsi, l'étonnant courant dit de la «&nbsp;[[Construction_de_Dieu|Construction de Dieu]]&nbsp;», qui cherche, chemin très complexe, à construire une théologie ''«&nbsp;socialiste&nbsp;»'' et donc à concilier marxisme et religion. [[Maxime_Gorki|Gorki]] soutient activement ce mouvement, animé par Lounatcharski, secondé par [[Vladimir_Alexandrovich_Bazarov|Bazarov]]. Il gagnera de cette époque le surnom de ''«&nbsp;Saint-Anatole&nbsp;»'' attribué par [[Georgui_Plekhanov|Plekhanov]] et qui le décrédibilisera longtemps au POSDR.
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Au congrès de Stuttgart de l'[[Deuxième internationale|Internationale]] (1907), Lounatcharski soutint la position d'unité [[Syndicalisme|syndicats]]-[[Parti ouvrier|partis]] (affirmée par le congrès de 1896 de l'Internationale), tandis que  [[Gueorgui Plekhanov|Plekhanov]] plaidait pour une « neutralité ».<ref name=":0" />
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Si Lounatcharski était en accord avec Lénine sur cette position, il évolue dans cette période vers des positions  intransigeantes (assez éloignées de sa future modération  au sein de l'État soviétique), notamment dans un courant du bolchévisme appelé l'''[[otzovisme]]''.  
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Plus encore, il adopte sur le plan politique une position intransigeante fort éloignée de sa future modération partisane au sein de l'État bolchévique. Dirigé par Bogdanov, son beau-frère, l'[[Otzovisme|''otzovisme'']] exige, pendant la réaction tsariste qui fait suite à la révolution manquée, le rappel des députés social-démocrates de la III<sup>e</sup> [[Douma|Douma]] et la suspension de leurs activités dans le cadre politique légal. Le risque d'une évolution [[Sectaire|sectaire]] du POSDR est bien perçu par Lénine qui combat cette dérive sans merci. En juin 1909, il indique que ''«&nbsp;le bolchévisme n'a rien de commun avec l'otzovisme&nbsp;»'' et son inspirateur, [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]], est alors écarté.
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Dirigé par Bogdanov, son beau-frère, l'[[Otzovisme|''otzovisme'']] exige le rappel des députés social-démocrates de la III<sup>e</sup> [[Douma]] et la suspension de leurs activités dans le cadre politique légal. Le risque d'une évolution [[sectaire]] du POSDR est bien perçu par Lénine qui combat cette dérive sans merci. En juin 1909, il indique que ''«&nbsp;le bolchévisme n'a rien de commun avec l'otzovisme&nbsp;»'' et son inspirateur, [[Alexandre_Bogdanov|Bogdanov]], est alors écarté.
    
Toujours avec le soutien de [[Maxime_Gorki|Gorki]], que Lénine ménage, compte tenu de son statut d'écrivain reconnu mais aussi à cause du soutien matériel qu'il apporte au mouvement social-démocrate, Lounatcharski joue ensuite un rôle dans la création de ''«&nbsp;l'école de Capri&nbsp;»'' puis ''«&nbsp;de Bologne&nbsp;»'', rendez-vous des otzovistes et des ''«&nbsp;constructeurs de Dieu&nbsp;»'' qui fonctionne quelques années (1909-1911) avant sa condamnation par les instances du Parti.
 
Toujours avec le soutien de [[Maxime_Gorki|Gorki]], que Lénine ménage, compte tenu de son statut d'écrivain reconnu mais aussi à cause du soutien matériel qu'il apporte au mouvement social-démocrate, Lounatcharski joue ensuite un rôle dans la création de ''«&nbsp;l'école de Capri&nbsp;»'' puis ''«&nbsp;de Bologne&nbsp;»'', rendez-vous des otzovistes et des ''«&nbsp;constructeurs de Dieu&nbsp;»'' qui fonctionne quelques années (1909-1911) avant sa condamnation par les instances du Parti.
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Séducteur, Lounatcharsky multipliait les relations, ce qui lui valait parfois le surnom "lupanarsky".
 
Séducteur, Lounatcharsky multipliait les relations, ce qui lui valait parfois le surnom "lupanarsky".
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De retour en Suisse en 1915, Lounatcharski développe alors, à la suite de l'École de Capri, le concept de ''«&nbsp;culture prolétarienne&nbsp;»''. Nourri de [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]] avant même la Révolution russe, le [[Proletkoult|Proletkoult]], peut être considéré comme une tentative d'application des théories marxistes à la création artistique. Le raisonnement est ambitieux. Comme la [[Culture_bourgeoise|culture est bourgeoise]] — car liée à une [[Idéologie_bourgeoise|idéologie bourgeoise]] — l'avènement triomphant du prolétariat doit engendrer naturellement une culture spécifique — prolétarienne — dans les domaines technique, économique et idéologique.
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De retour en Suisse en 1915, Lounatcharski développe alors, à la suite de l'École de Capri, le concept de ''«[[Culture prolétarienne|&nbsp;culture prolétarienne]]&nbsp;»''. Nourri de [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]] avant même la Révolution russe, le [[Proletkoult|Proletkoult]], peut être considéré comme une tentative d'application des théories marxistes à la création artistique. Le raisonnement est ambitieux. Comme la [[Culture_bourgeoise|culture est bourgeoise]] — car liée à une [[Idéologie_bourgeoise|idéologie bourgeoise]] — l'avènement triomphant du prolétariat doit engendrer naturellement une culture spécifique — prolétarienne — dans les domaines technique, économique et idéologique.
    
Cette période est très importante pour expliquer les débats qui vont apparaître en Russie après octobre sur le rôle de la culture prolétarienne ([[Proletkoult|Proletkoult]]) au sein de la révolution. Sera-t-elle une cause ou une conséquence de la conquête du pouvoir&nbsp;? Sous l'influence de Bogdanov, l'objet du prolétariat consiste à édifier une nouvelle culture qui occupera les champs artistique et culturel et évacuera alors les formes bourgeoises d'expression artistique. Ces rapports entre l'art et l'idéologie marxiste seront développés, jusqu'en 1917, dans de multiples publications auxquelles participe Lounatcharski.
 
Cette période est très importante pour expliquer les débats qui vont apparaître en Russie après octobre sur le rôle de la culture prolétarienne ([[Proletkoult|Proletkoult]]) au sein de la révolution. Sera-t-elle une cause ou une conséquence de la conquête du pouvoir&nbsp;? Sous l'influence de Bogdanov, l'objet du prolétariat consiste à édifier une nouvelle culture qui occupera les champs artistique et culturel et évacuera alors les formes bourgeoises d'expression artistique. Ces rapports entre l'art et l'idéologie marxiste seront développés, jusqu'en 1917, dans de multiples publications auxquelles participe Lounatcharski.
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Sur le plan culturel, Lounatcharski, qui connaît et apprécie l'art moderne, favorise ces nouvelles approches dans la Russie bolchévique, empreintes de tolérance et d'audace. De ce point de vue, il est très éloigné de Lénine qui exècre par dessus tout le style bohème, aux confins du dilettantisme intellectuel, dont fait preuve par nature le commissaire du Narkompros. Il y a pire. Les goûts du dirigeant bolchévique, qui peuvent facilement passer pour petits bourgeois, si on en juge par les témoignages de ses proches qui insistent sur sa simplicité de ses mœurs, lui rendent suspects des mouvements artistiques qui lui sont totalement étrangers et qu'il ne comprend pas. Pour Vladimir Illitch, le plaisir musical prend la forme exclusive des sonates jouées par [[Inès_Armand|Inès Armand]] sur son piano tandis que la peinture se résume aux modèles classiques en vogue à l'époque, assez peu éloignés du style pompier. Il dénigre le modernisme pictural qu'il considère comme ''«&nbsp;affecté et recherché&nbsp;»''.
 
Sur le plan culturel, Lounatcharski, qui connaît et apprécie l'art moderne, favorise ces nouvelles approches dans la Russie bolchévique, empreintes de tolérance et d'audace. De ce point de vue, il est très éloigné de Lénine qui exècre par dessus tout le style bohème, aux confins du dilettantisme intellectuel, dont fait preuve par nature le commissaire du Narkompros. Il y a pire. Les goûts du dirigeant bolchévique, qui peuvent facilement passer pour petits bourgeois, si on en juge par les témoignages de ses proches qui insistent sur sa simplicité de ses mœurs, lui rendent suspects des mouvements artistiques qui lui sont totalement étrangers et qu'il ne comprend pas. Pour Vladimir Illitch, le plaisir musical prend la forme exclusive des sonates jouées par [[Inès_Armand|Inès Armand]] sur son piano tandis que la peinture se résume aux modèles classiques en vogue à l'époque, assez peu éloignés du style pompier. Il dénigre le modernisme pictural qu'il considère comme ''«&nbsp;affecté et recherché&nbsp;»''.
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Pour l'instant, sans doute parce que Lénine a d'autres sujets d'intérêts, Lounatcharski, éclectique et inventif, va permettre à beaucoup de mouvements d'avant-garde de se développer. Ses liens avec les peintres comme [[Chtérenberg|Chtérenberg]] qu'il a connu à Paris, [[Chagall|Chagall]], [[Malevitch|Malevitch]] jouent un rôle dans cette stratégie. Il favorise l'émergence de nouveaux courants. Dans le domaine des arts appliqués, le «&nbsp;constructivisme&nbsp;» révolutionne les principes décoratifs avec une esthétique du «&nbsp;fonctionnel&nbsp;» tendant à simplifier à l'extrême les formes. La revue ''[[LEF|LEF]]'' (''Front gauche de l'art''), fondée en 1923, pose les bases d'une nouvelle culture de l'expression visuelle.
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Pour l'instant, sans doute parce que Lénine a d'autres sujets d'intérêts, Lounatcharski, éclectique et inventif, va permettre à beaucoup de mouvements d'avant-garde de se développer. Ses liens avec les peintres comme [[w:David Chterenberg|Chterenberg]] qu'il a connu à Paris, [[w:Chagall|Chagall]], [[w:Malevitch|Malevitch]] jouent un rôle dans cette stratégie. Il favorise l'émergence de nouveaux courants. Dans le domaine des arts appliqués, le «&nbsp;constructivisme&nbsp;» révolutionne les principes décoratifs avec une esthétique du «&nbsp;fonctionnel&nbsp;» tendant à simplifier à l'extrême les formes. La revue ''[[LEF|LEF]]'' (''Front gauche de l'art''), fondée en 1923, pose les bases d'une nouvelle culture de l'expression visuelle.
    
Les fréquents contacts des artistes russes avec le milieu allemand contribuent à la diffusion rapide des idées constructivistes en Europe. Plusieurs architectes occidentaux vont construire de grands ensembles pour le jeune État socialiste ([[Le_Corbusier|Le Corbusier]]), tandis qu'en retour l'influence soviétique se fait sentir dans toute l'Europe et d'abord en Allemagne (par exemple le [[Bauhaus|Bauhaus]]). Le dynamisme culturel est du côté de la Russie bolchévique, ce qui renforce l'image du nouvel État aux yeux du monde.
 
Les fréquents contacts des artistes russes avec le milieu allemand contribuent à la diffusion rapide des idées constructivistes en Europe. Plusieurs architectes occidentaux vont construire de grands ensembles pour le jeune État socialiste ([[Le_Corbusier|Le Corbusier]]), tandis qu'en retour l'influence soviétique se fait sentir dans toute l'Europe et d'abord en Allemagne (par exemple le [[Bauhaus|Bauhaus]]). Le dynamisme culturel est du côté de la Russie bolchévique, ce qui renforce l'image du nouvel État aux yeux du monde.
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[[Catégorie:Russie]] [[Catégorie:Marxistes]] [[Catégorie:Ukraine]] [[Catégorie:Bolchéviks]]
 
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