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[[August_Bebel|August Bebel]], qui fut un théoricien majeur de la social-démocratie allemande, écrivit en 1879 ''La femme dans le passé, le présent et l'avenir'', qui eut une grande influence.<ref>Livre remanié en 1891 sous le titre [http://www.marxists.org/francais/bebel/bebel_fs.htm ''La femme et le socialisme'']</ref> Il y dénonce la [[Prostitution|prostitution]], le [[Mariage|mariage]] bourgeois (mariage d'intérêt), l'hypocrisie de l'Église et de l'État, mais aussi les préjugés des travailleurs masculins. Il défend fermement le droit de vote des femmes, le droit au divorce, le libre accès à tous les métiers... tout en affirmant que le socialisme est nécessaire pour l'émancipation des femmes (les progrès techniques feront diminuer les tâches domestiques, le mariage d'intérêt n'aura plus de raison d'être...). Bebel ne prenait pas non plus comme évidence la répartition genrée du travail d'élevage des enfants&nbsp;: «&nbsp;''la femme voudra jouir de son indépendance et non passer la moitié ou les trois quarts de ses belles années en état de grossesse ou avec un enfant au sein''&nbsp;». Bebel critique aussi la théorie des inégalités provenant d'une "faiblesse" innée des femmes.
 
[[August_Bebel|August Bebel]], qui fut un théoricien majeur de la social-démocratie allemande, écrivit en 1879 ''La femme dans le passé, le présent et l'avenir'', qui eut une grande influence.<ref>Livre remanié en 1891 sous le titre [http://www.marxists.org/francais/bebel/bebel_fs.htm ''La femme et le socialisme'']</ref> Il y dénonce la [[Prostitution|prostitution]], le [[Mariage|mariage]] bourgeois (mariage d'intérêt), l'hypocrisie de l'Église et de l'État, mais aussi les préjugés des travailleurs masculins. Il défend fermement le droit de vote des femmes, le droit au divorce, le libre accès à tous les métiers... tout en affirmant que le socialisme est nécessaire pour l'émancipation des femmes (les progrès techniques feront diminuer les tâches domestiques, le mariage d'intérêt n'aura plus de raison d'être...). Bebel ne prenait pas non plus comme évidence la répartition genrée du travail d'élevage des enfants&nbsp;: «&nbsp;''la femme voudra jouir de son indépendance et non passer la moitié ou les trois quarts de ses belles années en état de grossesse ou avec un enfant au sein''&nbsp;». Bebel critique aussi la théorie des inégalités provenant d'une "faiblesse" innée des femmes.
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Lors du congrès fondateur de la [[Internationale Ouvrière|II<sup>e</sup> Internationale]], en 1889, [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] fait l'un de ses premiers discours publics<ref name="Zetkin1889">Clara Zetkin, [http://www.particommuniste.be/index.php/notre-parti/29-acjj/124-la-lutte-pour-la-liberation-des-femmes ''La lutte pour la libération des femmes''], 1889</ref> où elle polémique contre les socialistes qui veulent interdire le [[travail des femmes]]. Elle y affirme aussi que ''«&nbsp;Sans l'aide des hommes et, il faut bien le dire, souvent même contre leur volonté, les femmes ont rejoint le camp socialiste.&nbsp;» ''Zetkin recrute un grand nombre de femmes à la social-démocratie et organise une structure féminine socialiste puissante mais clandestine, l'appartenance des femmes à un parti politique étant interdite à l'époque en Allemagne.
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Lors du [[Congrès fondateur de la IIe Internationale|congrès fondateur]] de la [[Internationale Ouvrière|II<sup>e</sup> Internationale]], en 1889, [[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] fait l'un de ses premiers discours publics<ref name="Zetkin1889">Clara Zetkin, [http://www.particommuniste.be/index.php/notre-parti/29-acjj/124-la-lutte-pour-la-liberation-des-femmes ''La lutte pour la libération des femmes''], 1889</ref> où elle polémique contre les socialistes qui veulent interdire le [[travail des femmes]]. Elle y affirme aussi que ''«&nbsp;Sans l'aide des hommes et, il faut bien le dire, souvent même contre leur volonté, les femmes ont rejoint le camp socialiste.&nbsp;» ''Zetkin recrute un grand nombre de femmes à la social-démocratie et organise une structure féminine socialiste puissante mais clandestine, l'appartenance des femmes à un parti politique étant interdite à l'époque en Allemagne.
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Au congrès d'Erfurt du SPD (1891), qui adopte un programme marxiste formel, une majorité se dégage pour l'exigence d'égalité juridique.
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Au [[congrès d'Erfurt]] du SPD (1891), qui adopte un programme marxiste formel, une majorité se dégage pour l'exigence d'égalité juridique.
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[[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] lance un journal "féministe" en 1891, appelé ''Gleichheit'' (égalité), qui atteindre les 100 000 exemplaires diffusés. A partir de janvier 1892 sera aussi publié à Vienne un ''Arbeiterinnenzeitung'' (journal des travailleuses). Ces journaux, dans lesquels écrivaient [[Louise_Kautsky|Louise Kautsky]], [[Eleanor_Marx|Eleanor Marx]] ou [[Laura_Lafargue|Laura Lafargue]], se voulaient aborder la question des femmes d'un point de vue [[Marxiste|marxiste]]. Il n'y eut pas d'équivalent de ces journaux de masse en France.
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[[Clara_Zetkin|Clara Zetkin]] lance un journal "féministe" en 1891, appelé ''Gleichheit'' (égalité), qui atteindra les 100 000 exemplaires. A partir de janvier 1892 sera aussi publié à Vienne un ''Arbeiterinnenzeitung'' (journal des travailleuses). Ces journaux, dans lesquels écrivaient [[Louise_Kautsky|Louise Kautsky]], [[Eleanor_Marx|Eleanor Marx]] ou [[Laura_Lafargue|Laura Lafargue]], se voulaient aborder la question des femmes d'un point de vue [[Marxiste|marxiste]]. Il n'y eut pas d'équivalent de ces journaux de masse en France.
    
Les militant·es socialistes allemand·es rejetaient le terme de ''féminisme'', qu'elles associaient au [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]]. Les féministes bourgeoises qui centraient leur combat sur l'égalité des droits, appelées ''Frauenrechtlerinnen'' (littéralement les "droit-des-femmistes") étaient vertement critiquées.
 
Les militant·es socialistes allemand·es rejetaient le terme de ''féminisme'', qu'elles associaient au [[Féminisme_bourgeois|féminisme bourgeois]]. Les féministes bourgeoises qui centraient leur combat sur l'égalité des droits, appelées ''Frauenrechtlerinnen'' (littéralement les "droit-des-femmistes") étaient vertement critiquées.
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Il y avait une hostilité réciproque entre le mouvement dirigé par Zetkin et la principale organisation [[Féminisme libéral|féministe libérale]], l'Union des organisations de femmes ([[w:Bund Deutscher Frauenvereine|Bund Deutscher Frauenvereine]], BDF). Le BDF décide à sa fondation en 1894 de refuser d'intégrer les organisations de femmes social-démocrates au nom du fait qu'elle ne fait pas de politique. De son côté Zetkin théorise de toute façon qu'il faut une «séparation nette» entre le mouvement des femmes prolétariennes et bourgeoises.<ref>Barbara Greven-Aschoff, Die bürgerliche Frauenbewegung in Deutschland 1894-1933, Vandenhoeck & Ruprecht, 1981 (<nowiki>ISBN 978-3525357040</nowiki>).</ref><ref>Wikipédia, [[w:Mouvement pour le droit de vote des femmes en Allemagne|Mouvement pour le droit de vote des femmes en Allemagne]]</ref>
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Zetkin, qui appartient à la gauche du parti, est d'ailleurs plus intransigeante que le reste du SPD. En effet lorsqu'en 1895, le  ''[[Vorwärts]]'' (journal du SDP), sollicite des signatures de femmes de tous partis et classes pour une pétition demandant une réforme du droit des associations,  Zetkin réagit « Cette pétition n'est pas prolétarienne ! ».<ref>Anne-Laure Briatte-Peters, « Sie stand sich selbst im Weg. Die radikale Frauenbewegung im Verhältnis zu den anderen und zu sich selbst », Ariadne N. 67-68,‎ 2015, p. 80-88.</ref>
    
Une minorité parmi les femmes socialistes, notamment derrière [[Lilly_Braun|Lilly Braun]], prônait un rapprochement avec les organisations féministes bourgeoises. [[Gertrude_Guillaume-Shack|Gertrude Guillaume-Shack]], qui fut une dirigeante féministe, rejoignit le SPD en 1885, puis dut s'exiler en Angleterre en 1886 où elle rencontre Engels. Après quelques échanges, elle rompt avec les socialistes en 1887.
 
Une minorité parmi les femmes socialistes, notamment derrière [[Lilly_Braun|Lilly Braun]], prônait un rapprochement avec les organisations féministes bourgeoises. [[Gertrude_Guillaume-Shack|Gertrude Guillaume-Shack]], qui fut une dirigeante féministe, rejoignit le SPD en 1885, puis dut s'exiler en Angleterre en 1886 où elle rencontre Engels. Après quelques échanges, elle rompt avec les socialistes en 1887.

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