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[[File:LDALP.jpg|right|LDALP.jpg]]'''''Le Droit à la paresse''''', ouvrage de [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]], paru en 1880 et puis en 1883 en nouvelle édition, est un manifeste social qui centre son propos sur la «&nbsp;[[Valeur_travail|valeur travail]]&nbsp;» et l'idée que les humains s'en font. Son sous-titre dans les premières éditions est ''«&nbsp;Réfutation du droit au travail de 1848&nbsp;»''. Ce petit livre a eu un succès important en France lors de sa réédition dans les années 1970, et plus largement.<ref>Il est cité notamment dans le pamphlet anarchiste [https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Abolition_du_travail ''L'abolition du travail''] de Bob Black (1985)</ref>
 
[[File:LDALP.jpg|right|LDALP.jpg]]'''''Le Droit à la paresse''''', ouvrage de [[Paul_Lafargue|Paul Lafargue]], paru en 1880 et puis en 1883 en nouvelle édition, est un manifeste social qui centre son propos sur la «&nbsp;[[Valeur_travail|valeur travail]]&nbsp;» et l'idée que les humains s'en font. Son sous-titre dans les premières éditions est ''«&nbsp;Réfutation du droit au travail de 1848&nbsp;»''. Ce petit livre a eu un succès important en France lors de sa réédition dans les années 1970, et plus largement.<ref>Il est cité notamment dans le pamphlet anarchiste [https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Abolition_du_travail ''L'abolition du travail''] de Bob Black (1985)</ref>
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Texte classique, très riche historiquement — il propose une monographie sociale, économique et intellectuelle et analyse les structures mentales collectives du XIXe siècle —, ''Le Droit à la paresse'' démythifie la morale du [[Travail|travail]].
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Texte classique, très riche historiquement — il propose une monographie sociale, économique et intellectuelle et analyse les structures mentales collectives du 19<sup>e</sup> siècle —, ''Le Droit à la paresse'' démythifie la morale du [[Travail|travail]].
    
== Résumé ==
 
== Résumé ==
    
Dans l'introduction de son ouvrage, Paul Lafargue cite Adolphe Thiers&nbsp;:
 
Dans l'introduction de son ouvrage, Paul Lafargue cite Adolphe Thiers&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Je veux rendre toute puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'hom­me qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme&nbsp;: "Jouis".&nbsp;»&nbsp;''</blockquote>  
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''«&nbsp;Je veux rendre toute puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'hom­me qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme&nbsp;: "Jouis".&nbsp;»&nbsp;''
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Pour lui, ce sont donc «&nbsp;les prêtres, les économistes, les moralistes&nbsp;» qui sont à l'origine de cet amour absurde du travail.
 
Pour lui, ce sont donc «&nbsp;les prêtres, les économistes, les moralistes&nbsp;» qui sont à l'origine de cet amour absurde du travail.
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=== «&nbsp;Bénédictions du travail&nbsp;» ===
 
=== «&nbsp;Bénédictions du travail&nbsp;» ===
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Dans ce chapitre, Lafargue s'attache à décrire les conditions de travail particulièrement difficiles de la classe ouvrière dans l'Europe capitaliste du XIXe siècle. Il dénonce l'influence néfaste du progrès technique qui pourrait être bénéfique. Le [[Machinisme|machinisme]] selon lui devrait faire aboutir à une diminution du temps de travail, jusqu'à même des journées de travail de trois heures. Lafargue dénonce le fait qu'on fasse travailler plus de douze heures par jour de jeunes enfants en plus des femmes et des hommes. Il juge que le travail, dans les sociétés dites primitives ou en France sous l'Ancien Régime, était mieux organisé car on y prévoyait des jours fériés, chômés, bien plus que dans la société industrielle. Lafargue observe que les travailleurs s'appauvrissent alors qu'ils travaillent de plus en plus. Il juge que la [[Révolution_française|Révolution de 1789]] avec ses idéaux bourgeois de droits de l'Homme n'a pas arrangé grand chose, les bourgeois chrétiens, les propriétaires, se montrant par la suite propices à montrer leur charité chrétienne, mais ne défendant aucunement les "Droits de la paresse", primordiaux selon Lafargue. Lafargue pense que les esclaves et les forçats travaillaient moins d'heures par jour que les ouvriers.
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Dans ce chapitre, Lafargue s'attache à décrire les conditions de travail particulièrement difficiles de la classe ouvrière dans l'Europe capitaliste du 19<sup>e</sup> siècle. Il dénonce l'influence néfaste du progrès technique qui pourrait être bénéfique. Le [[Machinisme|machinisme]] selon lui devrait faire aboutir à une diminution du temps de travail, jusqu'à même des journées de travail de trois heures. Lafargue dénonce le fait qu'on fasse travailler plus de douze heures par jour de jeunes enfants en plus des femmes et des hommes. Il juge que le travail, dans les sociétés dites primitives ou en France sous l'Ancien Régime, était mieux organisé car on y prévoyait des jours fériés, chômés, bien plus que dans la société industrielle. Lafargue observe que les travailleurs s'appauvrissent alors qu'ils travaillent de plus en plus. Il juge que la [[Révolution_française|Révolution de 1789]] avec ses idéaux bourgeois de droits de l'Homme n'a pas arrangé grand chose, les bourgeois chrétiens, les propriétaires, se montrant par la suite propices à montrer leur charité chrétienne, mais ne défendant aucunement les "Droits de la paresse", primordiaux selon Lafargue. Lafargue pense que les esclaves et les forçats travaillaient moins d'heures par jour que les ouvriers.
    
=== «&nbsp;Ce qui suit la surproduction&nbsp;» ===
 
=== «&nbsp;Ce qui suit la surproduction&nbsp;» ===
    
Dans ce contexte de [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]] et de progrès technique, la machine, au lieu de libérer l'humain du travail le plus pénible, entre en concurrence avec lui&nbsp;:
 
Dans ce contexte de [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]] et de progrès technique, la machine, au lieu de libérer l'humain du travail le plus pénible, entre en concurrence avec lui&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;à mesure que la machine se perfectionne et abat le travail de l’homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur, comme s’il voulait rivaliser avec la machine&nbsp;».</blockquote>  
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«&nbsp;à mesure que la machine se perfectionne et abat le travail de l’homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur, comme s’il voulait rivaliser avec la machine&nbsp;».
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Il en résulte une augmentation du temps de travail par la suppression des jours fériés et l'allongement des journées de travail, ce qui provoque une augmentation de la production.
 
Il en résulte une augmentation du temps de travail par la suppression des jours fériés et l'allongement des journées de travail, ce qui provoque une augmentation de la production.
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Pour sortir de la crise, il faut forcer les ouvriers à consommer leurs produits.
 
Pour sortir de la crise, il faut forcer les ouvriers à consommer leurs produits.
<blockquote>«&nbsp;La bour­geoisie, déchargée alors de sa tâche de consommateur universel, s'empressera de licencier la cohue de soldats, de magistrats, de figaristes, de proxénètes, etc., qu'elle a retirée du travail utile pour l'aider à consommer et à gaspiller.&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;La bour­geoisie, déchargée alors de sa tâche de consommateur universel, s'empressera de licencier la cohue de soldats, de magistrats, de figaristes, de proxénètes, etc., qu'elle a retirée du travail utile pour l'aider à consommer et à gaspiller.&nbsp;»
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À la suite de cet afflux d'improductifs sur le marché du travail, celui-ci deviendra «&nbsp;débordant&nbsp;» et la seule solution serait de réduire drastiquement le temps de travail. Paul Lafargue propose trois heures par jour. Les hommes pourraient alors se consacrer aux loisirs.
 
À la suite de cet afflux d'improductifs sur le marché du travail, celui-ci deviendra «&nbsp;débordant&nbsp;» et la seule solution serait de réduire drastiquement le temps de travail. Paul Lafargue propose trois heures par jour. Les hommes pourraient alors se consacrer aux loisirs.
<blockquote>«&nbsp;Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l'homme, qui ne sont que les droits de l'exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n'est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d'airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d'allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers...&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l'homme, qui ne sont que les droits de l'exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n'est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d'airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d'allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers...&nbsp;»
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== Critiques ou réflexions liées ==
 
== Critiques ou réflexions liées ==
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«&nbsp;Si l'homme n'avait pas cherché à économiser ses forces, s'il ne s'était pas efforcé d'obtenir au prix du minimum d'énergie le maximum de produits, il n'y aurait eu ni développement de la technique, ni culture sociale. Dès lors, considérée sous cet angle, la paresse de l'homme est une force progressive. Le vieil Antonio Labriola, le marxiste italien, a même représenté l'homme futur comme "un heureux et génial fainéant".&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref>
 
«&nbsp;Si l'homme n'avait pas cherché à économiser ses forces, s'il ne s'était pas efforcé d'obtenir au prix du minimum d'énergie le maximum de produits, il n'y aurait eu ni développement de la technique, ni culture sociale. Dès lors, considérée sous cet angle, la paresse de l'homme est une force progressive. Le vieil Antonio Labriola, le marxiste italien, a même représenté l'homme futur comme "un heureux et génial fainéant".&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme]'', 1920</ref>
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== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
  

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