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[[Fichier:Philippoteaux - Lamartine in front of the Town Hall of Paris rejects the red flag.jpg|vignette|502x502px|[[w:Alphonse de Lamartine|Lamartine]] devant l'hôtel de ville de Paris, rejetant le [[drapeau rouge]]. ]]
 
[[Fichier:Philippoteaux - Lamartine in front of the Town Hall of Paris rejects the red flag.jpg|vignette|502x502px|[[w:Alphonse de Lamartine|Lamartine]] devant l'hôtel de ville de Paris, rejetant le [[drapeau rouge]]. ]]
La '''révolution française de 1848''', parfois appelée « '''révolution de Février''' », est le renversement de la [[w:Monarchie de Juillet|Monarchie de Juillet]] par un soulèvement populaire dont la bourgeoisie républicaine prend la tête. Elle met en place la [[w:Deuxième République|Deuxième République]], qui dans un premier temps semble bénéficier d'un grand unanimisme républicain.
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La '''révolution française de 1848''', parfois appelée « '''révolution de Février''' », est le renversement de la [[Restauration_française#Monarchie_de_Juillet_.281830-1848.29|Monarchie de Juillet]] par un soulèvement populaire dont la bourgeoisie républicaine prend la tête. Elle met en place la [[w:Deuxième République|Deuxième République]], qui dans un premier temps semble bénéficier d'un grand unanimisme républicain.
    
Mais très vite, la [[lutte de classe]] révèle que ce ne sera pas la [[République sociale]] que tant idéalisaient. Ce qui débouche sur un soulèvement ouvrier qui sera réprimé dans le sang (« [[Journées de Juin]] »). Après avoir brisé  toutes les aspirations populaires au bout de trois ans, cette [[république]] bourgeoise perd tout soutien de masse et voit grandir les forces réactionnaires. Cela débouche sur le [[w:Coup d'État de Napoléon III|coup d'État de Napoléon III]] en 1851.
 
Mais très vite, la [[lutte de classe]] révèle que ce ne sera pas la [[République sociale]] que tant idéalisaient. Ce qui débouche sur un soulèvement ouvrier qui sera réprimé dans le sang (« [[Journées de Juin]] »). Après avoir brisé  toutes les aspirations populaires au bout de trois ans, cette [[république]] bourgeoise perd tout soutien de masse et voit grandir les forces réactionnaires. Cela débouche sur le [[w:Coup d'État de Napoléon III|coup d'État de Napoléon III]] en 1851.
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== Contexte ==
 
== Contexte ==
Depuis 1830 et la [[w:Monarchie de Juillet|Monarchie de Juillet]], le pouvoir est entre les mains d'une caste autour du roi Louis-Philippe, que [[Karl Marx|Marx]] appelle l'[[Aristocratie_financière|aristocratie financière]]. Il s'agit des fractions les plus parasitaires et [[Rentier|rentières]] de la [[noblesse]] et de la [[bourgeoisie]]. Le [[Suffrage_censitaire|suffrage est censitaire]] : seuls ceux qui paient un impôt de 200 francs peuvent voter (cela représente beaucoup : sur 30 millions d’habitants, 250 000 personnes environ peuvent voter).  
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Depuis 1830 et la [[Restauration_française#Monarchie_de_Juillet_.281830-1848.29|Monarchie de Juillet]], le pouvoir est entre les mains d'une caste autour du roi Louis-Philippe, que [[Karl Marx|Marx]] appelle l'[[Aristocratie_financière|aristocratie financière]]. Il s'agit des fractions les plus parasitaires et [[Rentier|rentières]] de la [[noblesse]] et de la [[bourgeoisie]]. Le [[Suffrage_censitaire|suffrage est censitaire]] : seuls ceux qui paient un impôt de 200 francs peuvent voter (cela représente beaucoup : sur 30 millions d’habitants, 250 000 personnes environ peuvent voter).  
    
A Paris les [[Inégalités sociales|inégalités]] sont de plus en plus nettes. Une grande partie de la population est composée de boutiquiers modestes, qui composent la garde nationale, mais sont exclus du suffrage censitaire. La plupart des ouvriers sont occupés dans des ateliers œuvrant pour le luxe (la moitié des 64 000 ateliers est tenue par un patron seul ou avec un seul ouvrier). Les spécialités sont très diversifiées (plus de 325 métiers recensés) où dominent le vêtement (90 000 travailleurs) et le bâtiment (41 000). La grande [[industrie]] s'est surtout développée en périphérie, à [[w:La Villette (Seine)|la Villette]] ou aux [[w:Batignolles-Monceau|Batignolles]]. Les  [[salaires]] y sont très faibles et les [[conditions de travail]] déplorables.
 
A Paris les [[Inégalités sociales|inégalités]] sont de plus en plus nettes. Une grande partie de la population est composée de boutiquiers modestes, qui composent la garde nationale, mais sont exclus du suffrage censitaire. La plupart des ouvriers sont occupés dans des ateliers œuvrant pour le luxe (la moitié des 64 000 ateliers est tenue par un patron seul ou avec un seul ouvrier). Les spécialités sont très diversifiées (plus de 325 métiers recensés) où dominent le vêtement (90 000 travailleurs) et le bâtiment (41 000). La grande [[industrie]] s'est surtout développée en périphérie, à [[w:La Villette (Seine)|la Villette]] ou aux [[w:Batignolles-Monceau|Batignolles]]. Les  [[salaires]] y sont très faibles et les [[conditions de travail]] déplorables.
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Partout souffle le vent de la fraternité si caractéristique des premières semaines de « l’Ère nouvelle » ouverte en février 1848. On plante des arbres de la liberté sur les places publiques, on organise des banquets fraternels. Une sensibilité romantique et un fort sentiment chrétien animent toutes ces manifestations.
 
Partout souffle le vent de la fraternité si caractéristique des premières semaines de « l’Ère nouvelle » ouverte en février 1848. On plante des arbres de la liberté sur les places publiques, on organise des banquets fraternels. Une sensibilité romantique et un fort sentiment chrétien animent toutes ces manifestations.
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Beaucoup s'attendaient à ce que le clivage républicains/monarchistes soit très fort, mais c'est une sorte d'unanimisme républicain qui apparaît. On parlait alors de ''républicains de la veille'' pour désigner ceux qui militaient pour la république depuis longtemps, malgré la censure, et de ''républicains du lendemain'' pour ceux qui acceptaient soudain la république. Et ils étaient nombreux :  des légitimistes comme le [[w:Henri de La Rochejaquelein (1805-1867)|marquis de La Rochejaquelein]] ou le [[w:Alfred de Falloux|comte de Falloux]], des [[w:Orléanistes|orléanistes]] du centre gauche et de l'[[w:Opposition dynastique|opposition dynastique]] remontés contre Guizot...  Les magistrats, les enseignants, les ministres de cultes deviennent en masse « républicains ». Les fonctionnaires d'autorité (les préfets et les maires) sont remplacés par des personnalités moins compromises avec la monarchie ou par des républicains locaux. Mais les poursuites contre le personnel politique de la [[w:Monarchie de Juillet|Monarchie de Juillet]] sont menées mollement. Le remplacement des préfets est surtout favorable aux [[w:Républicains modérés (Deuxième République)|modérés]] et rares sont les départements qui obtiennent un commissaire du gouvernement pris parmi les ''républicains de la veille'' (c'est le cas de [[w:Frédéric Deschamps|Frédéric Deschamps]] à Rouen, de [[w:Charles Delescluze|Charles Delescluze]] à Lille, d'[[w:Emmanuel Arago|Emmanuel Arago]] à Lyon).
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Beaucoup s'attendaient à ce que le clivage républicains/monarchistes soit très fort, mais c'est une sorte d'unanimisme républicain qui apparaît. On parlait alors de ''républicains de la veille'' pour désigner ceux qui militaient pour la république depuis longtemps, malgré la censure, et de ''républicains du lendemain'' pour ceux qui acceptaient soudain la république. Et ils étaient nombreux :  des légitimistes comme le [[w:Henri de La Rochejaquelein (1805-1867)|marquis de La Rochejaquelein]] ou le [[w:Alfred de Falloux|comte de Falloux]], des [[w:Orléanistes|orléanistes]] du centre gauche et de l'[[w:Opposition dynastique|opposition dynastique]] remontés contre Guizot...  Les magistrats, les enseignants, les ministres de cultes deviennent en masse « républicains ». Les fonctionnaires d'autorité (les préfets et les maires) sont remplacés par des personnalités moins compromises avec la monarchie ou par des républicains locaux. Mais les poursuites contre le personnel politique de la [[Restauration_française#Monarchie_de_Juillet_.281830-1848.29|Monarchie de Juillet]] sont menées mollement. Le remplacement des préfets est surtout favorable aux [[w:Républicains modérés (Deuxième République)|modérés]] et rares sont les départements qui obtiennent un commissaire du gouvernement pris parmi les ''républicains de la veille'' (c'est le cas de [[w:Frédéric Deschamps|Frédéric Deschamps]] à Rouen, de [[w:Charles Delescluze|Charles Delescluze]] à Lille, d'[[w:Emmanuel Arago|Emmanuel Arago]] à Lyon).
    
Mais l'unanimisme masque en réalité une redéfinition des clivages en cours. Les [[Classe dominante|classes dominantes]], parmi lesquelles la [[bourgeoisie]] a désormais l'hégémonie, peuvent facilement accepter l'idée républicaine, à condition qu'elle ne soit pas trop « sociale ». Or, du côté des masses populaires, on espère que cette « Ère nouvelle » sera celle de l'égalité. Dans les villes industrielles comme Lille, Limoges, Lyon, Reims, Rouen il y a des manifestations ouvrières pour réclamer des augmentations de [[salaire]], parfois des faits de [[luddisme]] (destruction des machines). Les campagnes connaissent aussi des troubles. Dans les régions montagneuses des Alpes, du Jura ou des Pyrénées les agents des Eaux et Forêts qui restreignent les droits de pacage des chèvres et des moutons sont pris à partie. En Isère et dans le Var, les paysans les moins aisés demandent le rétablissement des droits d'usage qui ont disparu devant les pratiques agricoles modernes mais individualistes des riches paysans. Les salariés agricoles très nombreux réclament des augmentations de salaire. Cette contestation sociale commence à faire peur aux possédants qui redoutent les « partageux », les « rouges », les « communistes ».
 
Mais l'unanimisme masque en réalité une redéfinition des clivages en cours. Les [[Classe dominante|classes dominantes]], parmi lesquelles la [[bourgeoisie]] a désormais l'hégémonie, peuvent facilement accepter l'idée républicaine, à condition qu'elle ne soit pas trop « sociale ». Or, du côté des masses populaires, on espère que cette « Ère nouvelle » sera celle de l'égalité. Dans les villes industrielles comme Lille, Limoges, Lyon, Reims, Rouen il y a des manifestations ouvrières pour réclamer des augmentations de [[salaire]], parfois des faits de [[luddisme]] (destruction des machines). Les campagnes connaissent aussi des troubles. Dans les régions montagneuses des Alpes, du Jura ou des Pyrénées les agents des Eaux et Forêts qui restreignent les droits de pacage des chèvres et des moutons sont pris à partie. En Isère et dans le Var, les paysans les moins aisés demandent le rétablissement des droits d'usage qui ont disparu devant les pratiques agricoles modernes mais individualistes des riches paysans. Les salariés agricoles très nombreux réclament des augmentations de salaire. Cette contestation sociale commence à faire peur aux possédants qui redoutent les « partageux », les « rouges », les « communistes ».

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