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Dans les zones où règne la mafia, l'[[Etat|Etat]] est défaillant, et n'assure pas le monopole de la violence légale. Les entrepreneurs mafieux ne comptent donc pas sur la loi nationale, mais sur la violence qu'ils sont capables d'assurer eux-mêmes. La différence entre un fonctionnement classique du [[Capitalisme|capitalisme]] et la mafia, c'est que la violence y est en quelque sorte privatisée. Entre l’honnête chef d’entreprise et le patron-gangster, il n’existe pas une frontière nette, seulement une graduation pragmatique dans les degrés d’illégalité et de violence. Pour Total, le Droit n’a pas le même sens en France et au Gabon.
 
Dans les zones où règne la mafia, l'[[Etat|Etat]] est défaillant, et n'assure pas le monopole de la violence légale. Les entrepreneurs mafieux ne comptent donc pas sur la loi nationale, mais sur la violence qu'ils sont capables d'assurer eux-mêmes. La différence entre un fonctionnement classique du [[Capitalisme|capitalisme]] et la mafia, c'est que la violence y est en quelque sorte privatisée. Entre l’honnête chef d’entreprise et le patron-gangster, il n’existe pas une frontière nette, seulement une graduation pragmatique dans les degrés d’illégalité et de violence. Pour Total, le Droit n’a pas le même sens en France et au Gabon.
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La mafia prospère là où l’État est faible, un pouvoir central fort lui est une entrave. Par exemple en Italie, c’est sous Mussolini qu’elle a été le moins libre de ses mouvements. Mais la mafia s'insère dans les interstices d'un Etat et du marché, et en a besoin pour vivre. Par exemple, sans prohibition, pas la vente clanestine d’alcool aurait été beaucoup moins rentable pour la mafia états-unienne.
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La mafia prospère là où l’État est faible, un pouvoir central fort lui est une entrave. Par exemple en Italie, c’est sous Mussolini qu’elle a été le moins libre de ses mouvements. Mais la mafia s'insère dans les interstices d'un État et du marché, et en a besoin pour vivre. Par exemple, sans prohibition, pas la vente clanestine d’alcool aurait été beaucoup moins rentable pour la mafia états-unienne.
    
Quand un gang élimine toute concurrence sur un marché, celui des fruits et légumes ou de l’entretien du métro, le marché est faussé : ce n’est pas le plus productif qui gagne, c’est celui qui intimide son rival en lui envoyant ses gros bras. Si ensuite ce marché subit la concurrence d’autres entreprises, étrangères par exemple, c’est celle avec une productivité supérieure qui finira par l’emporter. La bourgeoisie mafieuse ne peut s’imposer que localement ou régionalement.
 
Quand un gang élimine toute concurrence sur un marché, celui des fruits et légumes ou de l’entretien du métro, le marché est faussé : ce n’est pas le plus productif qui gagne, c’est celui qui intimide son rival en lui envoyant ses gros bras. Si ensuite ce marché subit la concurrence d’autres entreprises, étrangères par exemple, c’est celle avec une productivité supérieure qui finira par l’emporter. La bourgeoisie mafieuse ne peut s’imposer que localement ou régionalement.
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Autrefois la mafia associait des voyous à des entrepreneurs, des médecins et des juristes, aujourd’hui plus d’un enfant de mafioso sort d’une école de commerce.
 
Autrefois la mafia associait des voyous à des entrepreneurs, des médecins et des juristes, aujourd’hui plus d’un enfant de mafioso sort d’une école de commerce.
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Longtemps après la guerre, la perception d’une partie des impôts était encore affermée à des banques ou organismes privés. Typique des sociétés précapitalistes ou des Etats faibles et en difficultés financières, cette pratique ouvre large la porte aux groupes d’intérêts et à la corruption. En Sicile, des mafiosi avaient constitué un cartel qui en 1959 percevait 40% des impôts directs et indirects de l’île, proportion encore accrue dans les années 1960. Dans le reste de l’Italie, cette activité rapportait en moyenne un profit de 3% : en Sicile, 10%. A quoi s’ajoutait le détournement de subventions de l’Etat ou de l’Union Européenne.
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Longtemps après la guerre, la perception d’une partie des impôts était encore affermée à des banques ou organismes privés. Typique des sociétés précapitalistes ou des Etats faibles et en difficultés financières, cette pratique ouvre large la porte aux groupes d’intérêts et à la corruption. En Sicile, des mafiosi avaient constitué un cartel qui en 1959 percevait 40% des impôts directs et indirects de l’île, proportion encore accrue dans les années 1960. Dans le reste de l’Italie, cette activité rapportait en moyenne un profit de 3% : en Sicile, 10%. A quoi s’ajoutait le détournement de subventions de l’État ou de l’Union Européenne.
    
Dans les années 1990, tout en balayant les principaux partis de droite comme de gauche (PC, Démocratie Chrétienne et parti socialiste), l’opération « Mains propres » a rénové l’Etat. La modernisation des structures publiques est allée de pair avec celle de la mafia, au prix de guerres internes si meurtrières que l’on a évoqué un risque d’auto-destruction, alors que l’organisation  subissait l’aggravation d’une concurrence sans pitié.
 
Dans les années 1990, tout en balayant les principaux partis de droite comme de gauche (PC, Démocratie Chrétienne et parti socialiste), l’opération « Mains propres » a rénové l’Etat. La modernisation des structures publiques est allée de pair avec celle de la mafia, au prix de guerres internes si meurtrières que l’on a évoqué un risque d’auto-destruction, alors que l’organisation  subissait l’aggravation d’une concurrence sans pitié.

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