Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
4 octets ajoutés ,  1 avril 2023 à 16:59
m
Remplacement de texte — « Etat  » par « État  »
Ligne 173 : Ligne 173 :  
À la fin de l'année 1874, il s'installe à Lugano. Ses problèmes financiers ne finissent pas de s'accumuler.
 
À la fin de l'année 1874, il s'installe à Lugano. Ses problèmes financiers ne finissent pas de s'accumuler.
   −
Il meurt à Berne le 1er juillet 1876 d'une urémie. Il est enterré au Bremgartenfriedhof de Berne (où on peut toujours voir sa tombe). Lors de ses funérailles, les Jurassiens présents appellent à l'unité entre marxistes et bakounistes. Ils rejettent ''« les récriminations personnelles entre hommes qui au fond poursuivent le même but »'' et appellent à la réconciliation entre partisans de l’Etat ouvrier et partisans de la libre fédération des producteurs – une réconciliation qui leur semble''''«&nbsp;très utile, très désirable et très facile&nbsp;»''.<ref>René Berthier, ''Affinités non électives : à propos du livre d’Olivier Besancenot et Michaël Löwy'', 2016</ref>
+
Il meurt à Berne le 1er juillet 1876 d'une urémie. Il est enterré au Bremgartenfriedhof de Berne (où on peut toujours voir sa tombe). Lors de ses funérailles, les Jurassiens présents appellent à l'unité entre marxistes et bakounistes. Ils rejettent ''« les récriminations personnelles entre hommes qui au fond poursuivent le même but »'' et appellent à la réconciliation entre partisans de l’État ouvrier et partisans de la libre fédération des producteurs – une réconciliation qui leur semble''''«&nbsp;très utile, très désirable et très facile&nbsp;»''.<ref>René Berthier, ''Affinités non électives : à propos du livre d’Olivier Besancenot et Michaël Löwy'', 2016</ref>
    
== Pensée philosophique et politique ==
 
== Pensée philosophique et politique ==
Ligne 196 : Ligne 196 :  
Bakounine était par conséquent [[Athée|athée]], Dieu n'étant pour lui que ''«&nbsp;l'être universel, éternel, immuable, créé par la double action de l'imagination religieuse et de la faculté abstractive de l'homme&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''Théorie générale de la révolution'', textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, d'après G.P. Maximow, Éditions Les Nuits Rouges, 2008, page 103.</ref>, pure spéculation dont l'origine se trouve dans la dépendance et la peur de phénomènes naturels inexpliqués. Au nom de la liberté, Bakounine attachait une grande importance au combat contre la soumission à l'idée de Dieu&nbsp;: ''«&nbsp;Dieu est, donc l'homme est esclave. L'homme est libre, donc il n'y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons.&nbsp;''»<ref>Michel Bakounine, ''Catéchisme de la franc-maçonnerie moderne''. Cité par Jean Préposiet, ''Histoire de l'anarchisme'', Tallandier, 1993.</ref>. On peut voir aussi dans le titre de sa brochure [[Dieu_et_l'Etat|''Dieu et l'Etat'']] la centralité qu'avait la critique de la religion chez Bakounine, et qu'elle gardera globalement dans le mouvement [[Anarchiste|anarchiste]] (avec par exemple le slogan [[Ni_Dieu_ni_maître|''Ni Dieu ni maître'']]). Par contraste, on peut souligner que dans la propagande [[Marxiste|marxiste]], la critique de la [[Religion|religion]] n'a pas ce rôle central. Néanmoins, Bakounine s'accordait sur le fait qu’il ne saurait être question d’ériger l’athéisme en «&nbsp;principe obligatoire&nbsp;» dans l'[[AIT|AIT]], bien que celui-ci constitue le «&nbsp;point de départ […] ''négatif''&nbsp;» de toute «&nbsp;philosophie sérieuse&nbsp;».
 
Bakounine était par conséquent [[Athée|athée]], Dieu n'étant pour lui que ''«&nbsp;l'être universel, éternel, immuable, créé par la double action de l'imagination religieuse et de la faculté abstractive de l'homme&nbsp;»''<ref>Michel Bakounine, ''Théorie générale de la révolution'', textes assemblés et annotés par Étienne Lesourd, d'après G.P. Maximow, Éditions Les Nuits Rouges, 2008, page 103.</ref>, pure spéculation dont l'origine se trouve dans la dépendance et la peur de phénomènes naturels inexpliqués. Au nom de la liberté, Bakounine attachait une grande importance au combat contre la soumission à l'idée de Dieu&nbsp;: ''«&nbsp;Dieu est, donc l'homme est esclave. L'homme est libre, donc il n'y a point de Dieu. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, choisissons.&nbsp;''»<ref>Michel Bakounine, ''Catéchisme de la franc-maçonnerie moderne''. Cité par Jean Préposiet, ''Histoire de l'anarchisme'', Tallandier, 1993.</ref>. On peut voir aussi dans le titre de sa brochure [[Dieu_et_l'Etat|''Dieu et l'Etat'']] la centralité qu'avait la critique de la religion chez Bakounine, et qu'elle gardera globalement dans le mouvement [[Anarchiste|anarchiste]] (avec par exemple le slogan [[Ni_Dieu_ni_maître|''Ni Dieu ni maître'']]). Par contraste, on peut souligner que dans la propagande [[Marxiste|marxiste]], la critique de la [[Religion|religion]] n'a pas ce rôle central. Néanmoins, Bakounine s'accordait sur le fait qu’il ne saurait être question d’ériger l’athéisme en «&nbsp;principe obligatoire&nbsp;» dans l'[[AIT|AIT]], bien que celui-ci constitue le «&nbsp;point de départ […] ''négatif''&nbsp;» de toute «&nbsp;philosophie sérieuse&nbsp;».
   −
Pour justifier son opposition frontale à l'Etat, Bakounine reproche à Marx de ne pas voir que l'Etat renforce le capital, même si c'est originellement le capital qui a créé l'Etat&nbsp;:
+
Pour justifier son opposition frontale à l'Etat, Bakounine reproche à Marx de ne pas voir que l'État renforce le capital, même si c'est originellement le capital qui a créé l'Etat&nbsp;:
 
<blockquote>
 
<blockquote>
 
«[Marx] ne tient aucun compte des autres éléments de l’histoire, tels que la réaction, pourtant évidente, des institutions politiques, juridiques et religieuses sur la situation économique. Il dit&nbsp;: ’La misère produit l’esclavage politique, l’État’&nbsp;; mais il ne permet pas de retourner cette phrase et de dire&nbsp;: ‘L’esclavage politique, l’État, reproduit à son tour et maintient la misère, comme une condition de son existence; de sorte que pour détruire la misère, il faut détruire l’État’. Et, chose étrange, lui qui interdit à ses adversaires de s’en prendre à l’esclavage politique, à l’État, comme à une cause ''actuelle'' de la misère, il commande à ses amis et à ses disciples du Parti de la démocratie socialiste en Allemagne de considérer la conquête du pouvoir et des libertés politiques comme la condition préalable, absolument nécessaire, de l’émancipation économique&nbsp;»<ref>Projet de lettre à ''La Liberté'' de Bruxelles en octobre 1872</ref>
 
«[Marx] ne tient aucun compte des autres éléments de l’histoire, tels que la réaction, pourtant évidente, des institutions politiques, juridiques et religieuses sur la situation économique. Il dit&nbsp;: ’La misère produit l’esclavage politique, l’État’&nbsp;; mais il ne permet pas de retourner cette phrase et de dire&nbsp;: ‘L’esclavage politique, l’État, reproduit à son tour et maintient la misère, comme une condition de son existence; de sorte que pour détruire la misère, il faut détruire l’État’. Et, chose étrange, lui qui interdit à ses adversaires de s’en prendre à l’esclavage politique, à l’État, comme à une cause ''actuelle'' de la misère, il commande à ses amis et à ses disciples du Parti de la démocratie socialiste en Allemagne de considérer la conquête du pouvoir et des libertés politiques comme la condition préalable, absolument nécessaire, de l’émancipation économique&nbsp;»<ref>Projet de lettre à ''La Liberté'' de Bruxelles en octobre 1872</ref>
Ligne 245 : Ligne 245 :  
=== Opposition à l'État ===
 
=== Opposition à l'État ===
   −
Bakounine, en tant qu'anarchiste, se disait opposé à l'[[Etat|Etat]]. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] ont toujours considéré que l'Etat était une conséquence des sociétés de classes, et qu'il ne pourrait y avoir [[Extinction_de_l'État|extinction de l'Etat]] que sous le [[Communisme|communisme]]. Ils considéraient qu'un [[Etat_ouvrier|Etat ouvrier]] ([[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]) était un mal nécessaire.
+
Bakounine, en tant qu'anarchiste, se disait opposé à l'[[Etat|Etat]]. [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] ont toujours considéré que l'État était une conséquence des sociétés de classes, et qu'il ne pourrait y avoir [[Extinction_de_l'État|extinction de l'Etat]] que sous le [[Communisme|communisme]]. Ils considéraient qu'un [[Etat_ouvrier|État ouvrier]] ([[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]]) était un mal nécessaire.
    
Bakounine s'opposait à ce raisonnement. Il considérait que tout Etat, y compris s'il s'agit du gouvernement des savants ou des «&nbsp;hommes de génie couronnés de vertu&nbsp;», comme il l'écrit au cours de sa polémique contre [[Mazzini|Mazzini]], crée en permanence ses élites et ses privilèges. Il soutenait que le prolétariat ne pouvait pas administrer tout entière l'infrastructure étatique et serait poussé à déléguer cette gestion à une [[Bureaucratie|bureaucratie]]., qui utiliserait toujours son pouvoir contre le [[Prolétariat|prolétariat]].
 
Bakounine s'opposait à ce raisonnement. Il considérait que tout Etat, y compris s'il s'agit du gouvernement des savants ou des «&nbsp;hommes de génie couronnés de vertu&nbsp;», comme il l'écrit au cours de sa polémique contre [[Mazzini|Mazzini]], crée en permanence ses élites et ses privilèges. Il soutenait que le prolétariat ne pouvait pas administrer tout entière l'infrastructure étatique et serait poussé à déléguer cette gestion à une [[Bureaucratie|bureaucratie]]., qui utiliserait toujours son pouvoir contre le [[Prolétariat|prolétariat]].

Menu de navigation