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===La guerre franco-allemande (1870)===
 
===La guerre franco-allemande (1870)===
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En 1870, les tensions montent rapidement entre la Prusse de Bismarck et la France de Napoléon III. L'[[AIT|AIT]] et sa section parisienne font de l'agitation contre la guerre&nbsp;: ''«&nbsp;Travailleurs de France, d'Allemagne et d’Espagne, unissons nos voix en un même cri de réprobation!... La guerre pour une question de prépondérance ou de dynastie ne peut être, aux yeux des travailleurs, qu'une criminelle folie.&nbsp;»''<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 23 juillet 1870</ref>
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Lorsqu'il entreprend la [[Guerre_franco-prussienne_de_1870|guerre avec la Prusse le 19 juillet 1870]], Napoléon III échoue en 2 mois. Son armée est mal préparée et rapidement la situation s'inverse, c'est la Prusse qui avance sur le sol français. L'[[AIT|AIT]] et sa section parisienne s'était prononcée contre l'agression de l'Allemagne&nbsp;: ''«&nbsp;Travailleurs de France, d'Allemagne et d’Espagne, unissons nos voix en un même cri de réprobation!... La guerre pour une question de prépondérance ou de dynastie ne peut être, aux yeux des travailleurs, qu'une criminelle folie.&nbsp;»''
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Mais le [[militarisme]] l'emporte, non sans susciter du [[nationalisme]] dans les classes populaires. Lorsque [[w:Guerre franco-prussienne de 1870|la guerre éclate en juillet 1870]], [[Marx|Marx]] préconisait aux socialistes allemands la défense nationale, au nom de l'[[Unification_allemande|unification allemande]]. L'armée française est vaincue en 2 mois.
 
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Aux socialistes allemands, [[Marx|Marx]] préconisait la défense nationale, au nom de l'[[Unification_allemande|unification allemande]]. Les socialistes allemands se sont toutefois opposés à la contre-offensive sur le sol français.
      
==Événements==
 
==Événements==
    
===Guerre perdue et gouvernement bourgeois===
 
===Guerre perdue et gouvernement bourgeois===
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[[Fichier:Affiche AIT Paris 4 septembre 1870.jpg|vignette|175x175px|Affiche du 4 septembre 1870]]
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L'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et Napoléon III est fait prisonnier. Cette nouvelle déclenche une journée d'émeutes à Paris, qui fait chuter l'Empire. Les bourgeois républicains forment un [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]] à l’Hôtel de Ville, et proclament la [[Troisième République]]. Très modérés lorsqu'ils étaient dans l'opposition à l'Empire, ils essaient à présent de prendre la tête de l'[[État]] pour canaliser l'agitation populaire qui souhaite "chasser l'envahisseur prussien".
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L'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et Napoléon III est fait prisonnier. Cette nouvelle déclenche une journée d'émeutes à Paris, qui fait chuter l'Empire. Les bourgeois républicains forment un Gouvernement de la Défense nationale à l'Hotel de Ville, et proclament la [[Troisième_République|Troisième République]]. Très modérés lorsqu'ils étaient dans l'opposition à l'Empire, ils essaient à présent de prendre la tête de l'[[État|État]] pour canaliser l'agitation populaire qui souhaite "chasser l'envahisseur prussien". Paris est assiégée et connaît une dure [[Famine|famine]] durant l'hiver. On mange même les animaux du zoo. Manquant de soldats, le gouvernement provisoire doit armer le peuple parisien. La bourgeoisie le regrettera très vite, car celui-ci devient vite une menace pour elle. Les classes dominantes regroupées à Versailles songent alors à s'appuyer sur les troupes allemandes contre Paris...
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Malgré la capitulation de Napoléon III, les troupes allemandes continuent à avancer sur le sol français. L'AIT et les socialistes allemands dénoncent alors cette contre-offensive qui prend une nature clairement [[impérialiste]]. Les militants parisiens de l'AIT diffusent une adresse au peuple allemand, l'appelant au retrait des troupes, pour éviter de « verser à flots ton sang et le nôtre ». Le conseil de Londres de l'AIT prend une position anti-guerre.<ref>Première internationale (Karl Marx), [[:fr:Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne|Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne]], 9 septembre 1870</ref>[[File:Affiche rouge, 1871.png|alt=|250x250px|link=|vignette|[[Affiche Rouge (1871)|Affiche rouge]] placardée dans la nuit du 5 au 6 janvier 1871]]Les membres de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|AIT]] (qu'on appelle les ''Internationalistes''), qui reviennent de prison ou d’exil, sont la force d'impulsion de « comités de vigilance » dans les arrondissements, qui forment un [[Comité central républicain des Vingt arrondissements]] dès le 13 septembre 1870. Celui-ci est méfiant vis-à-vis du  [[w:Gouvernement de la Défense nationale|Gouvernement de la Défense nationale]], et publie une [[Affiche Rouge (1871)|affiche rouge]] appelant à une république sociale et à des mesures énergiques pour la défense de Paris.<ref>Les Amies et Amis de la Commune de Paris, ''[https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/466-la-commune-et-la-premiere-internationale La Commune et la Première internationale]'', juillet 2022</ref> Ce Comité est animé conjointement par des révolutionnaires républicains plus ou moins socialistes&nbsp;: [[jacobins]], [[blanquistes]]… La majorité du peuple est cependant encore dans l'expectative.
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Dès le 6 janvier 1871, une [[Affiche Rouge (1871)|affiche rouge]] est placardée sur les murs, contre l'incapacité du gouvernement à résister aux Prussiens.
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Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé à Versailles (achevant l'[[unification de l'Allemagne]] en une [[Impérialisme_allemand|puissance européenne majeure]]), et le 28 janvier un armistice est signé avec le chancelier allemand Bismarck, dans l'attente d'élections devant décider de la guerre ou de la paix. La nouvelle commence à échauder le petit-peuple parisien, qui se sent trahi par sa soit-disant représentation.
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Le 18 janvier 1871, l'Empire allemand est proclamé à Versailles (achevant l'[[Unification_de_l'Allemagne|unification de l'Allemagne]] en une [[Impérialisme_allemand|puissance européenne majeure]]), et le 28 janvier un armistice est signé avec le chancelier allemand Bismarck, dans l'attente d'élections devant décider de la guerre ou de la paix. La nouvelle commence à échauder le petit-peuple parisien, qui se sent trahi par sa soit-disant représentation.
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=== Élections de février 1871 ===
 
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Les [[w:Élections législatives françaises de 1871|élections législatives]] sont organisées en hâte le 8 février, dans des conditions très peu démocratiques (Paris est coupé des campagnes, et la campagne électorale dure 8 jours). Les campagnes (dominées par des notables et des curés) élisent majoritairement des candidats [[monarchistes]] "pour la paix"&nbsp;:&nbsp;sur 750 députés, 450 sont des monarchistes (sans compter les bonapartistes). En revanche, à Paris, 33 députés sur 43 sont des républicains plus ou moins radicaux, et 4 sont des révolutionnaires. Ces élus parisiens sont pour continuer la guerre, les parisiens considérant qu'ils se défendent bien et ne sont pas vaincus. Mais l'Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, élit [[w:Adolphe Thiers|Adolphe Thiers]] chef du pouvoir exécutif et l'envoie négocier la capitulation, qui sera signée le 26 février. Le traité inclut l'annexion de l’Alsace-Moselle et le versement de 5 milliards de francs-or.
Les élections sont organisées en hâte le 8 février, dans des conditions très peu démocratiques (Paris est coupé des campagnes, et la campagne électorale dure 8 jours). Les campagnes (dominées par des notables et des curés) élisent majoritairement des candidats [[Monarchistes|monarchistes]] "pour la paix"&nbsp;:&nbsp;sur 750 députés, 450 sont des monarchistes (sans compter les bonapartistes). En revanche, à Paris, 33 députés sur 43 sont des républicains plus ou moins radicaux, et 4 sont des révolutionnaires. Ces élus parisiens sont pour continuer la guerre, les parisiens considérant qu'ils se défendent bien et ne sont pas vaincus. Mais l'Assemblée nationale, réunie à Bordeaux, élit [[Adolphe_Thiers|Adolphe Thiers]] chef du pouvoir exécutif et l'envoie négocier la capitulation, qui sera signée le 26 février. Le traité inclut l'annexion de l’Alsace-Moselle et le versement de 5 milliards de francs-or.
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Deux candidats de l’Internationale sont élus : [[Benoît Malon|Malon]] et [[Henri Tolain|Tolain]]. Malon se consacrera à la Commune, révolutionnaire, Tolain se rangera du côté versaillais.
 
===Exacerbation de la lutte de classe===
 
===Exacerbation de la lutte de classe===
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Paris est assiégée et connaît une dure [[famine]] durant l'hiver. On mange même les animaux du zoo. Manquant de soldats, le gouvernement provisoire doit armer le peuple parisien. La bourgeoisie le regrettera très vite, car celui-ci devient vite une menace pour elle. Les classes dominantes regroupées à Versailles songent alors à s'appuyer sur les troupes allemandes contre Paris...
    
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
 
L'Assemblée nationale, via les votes des provinces rurales, exprimait en fait les intérêts de la bourgeoisie conservatrice. Face à elle, le peuple parisien qui se plaçait de plus en plus en opposition, bien que largement isolé, représentait le [[Progrès_social|progrès social]] et la possibilité de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]].
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Des comités de vigilance se mettent en place, animés par des révolutionnaires&nbsp;: membres de l’[[Association_Internationale_des_Travailleurs|AIT]] («&nbsp;internationalistes&nbsp;»), [[Jacobins|jacobins]], [[Blanquistes|blanquistes]]…) qui désignent le ''«&nbsp;comité central des vingt arrondissements&nbsp;»'', préconisant la guerre à outrance et une République sociale. Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides (200 bataillons et 180 000 hommes). Ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils et ont des chefs élus. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] émerge.
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Paris dispose aussi de la [[Garde_nationale|Garde nationale]], qui regroupe tous les hommes valides (200 bataillons et 180 000 hommes). Ils sont bien armés, disposent de 227 canons, 500 000 fusils et ont des chefs élus. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Une situation de [[Double_pouvoir|double pouvoir]] émerge.
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Les Internationalistes s’engagent  nombreux dans la [[Garde nationale]] et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Les jeunes ouvriers étaient nombreux dans ses rangs, mais les petit-bourgeois très présentes dans la hiérarchie. Sur la question de participer ou non au commandement de cette institution, [[Léo Frankel|Frankel]] s’oppose à d’autres au sein de l’AIT, dont  [[Eugène Varlin|Varlin]].
    
Le gouvernement durcit rapidement le ton, en nommant trois bonapartistes à des postes haut-placés à Paris&nbsp;:
 
Le gouvernement durcit rapidement le ton, en nommant trois bonapartistes à des postes haut-placés à Paris&nbsp;:

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