Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
203 octets ajoutés ,  1 novembre 2022 à 14:59
Petites améliorations
Ligne 21 : Ligne 21 :  
===Les syndicats sont réformistes par nature===
 
===Les syndicats sont réformistes par nature===
   −
Les syndicats sont réformistes par nature car, s’ils veulent unifier largement les travailleur·ses, ils ne peuvent pas être révolutionnaires. De plus, l’aspect quotidien de leur lutte, la revendication immédiate, réduit, qu’on le veuille ou non, leur possibilité de mettre en place une théorie révolutionnaire partagée par la majorité des militants et adhérents. Enfin, la condition même de leur efficacement est qu'ils parviennent à atteindre un minimum d'intégration dans des instances bourgeoises ( conseils d’entreprises ou d’université, diverses commissions paritaires…), des permanents (ne serait-ce que pour protéger ses militants de la répression), de l’argent qui vient de l’Etat... L’intégration des syndicats à l’appareil d’Etat est plus moins profonde selon les organisations et les périodes, mais elle est inévitable pour tout syndicat un minimum représentatif. Ce lien à l’appareil d’Etat implique forcément le développement de conceptions réformistes et de fonctionnements bureaucratiques.
+
Les syndicats sont réformistes par nature car, s’ils veulent unifier largement les travailleur·ses, ils ne peuvent pas être révolutionnaires. De plus, l’aspect quotidien de leur lutte, la revendication immédiate, réduit, qu’on le veuille ou non, leur possibilité de mettre en place une théorie révolutionnaire partagée par la majorité des militants et adhérents. Enfin, la condition même de leur efficacité est qu'ils parviennent à atteindre un minimum d'intégration dans des instances bourgeoises ( conseils d’entreprises ou d’université, diverses commissions paritaires…), des permanents (ne serait-ce que pour protéger ses militants de la répression), de l’argent qui vient de l’État... L’intégration des syndicats à l’appareil d’État est plus moins profonde selon les organisations et les périodes, mais elle est inévitable pour tout syndicat un minimum représentatif. Ce lien à l’appareil d’État implique forcément le développement de conceptions réformistes et de fonctionnements bureaucratiques.
    
L'opposition qui est aujourd'hui faite dans le langage courant entre « [[Syndicalisme de lutte|syndicats de lutte]] et [[syndicats réformistes]] » est de nature à embrouiller les esprits, car ce n'est pas un emploi du terme réformiste dans le même sens.
 
L'opposition qui est aujourd'hui faite dans le langage courant entre « [[Syndicalisme de lutte|syndicats de lutte]] et [[syndicats réformistes]] » est de nature à embrouiller les esprits, car ce n'est pas un emploi du terme réformiste dans le même sens.
Ligne 27 : Ligne 27 :  
===Syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme===
 
===Syndicalisme révolutionnaire et anarcho-syndicalisme===
   −
Les anarchistes et les syndicalistes révolutionnaires ne se donnent pas les moyens de résoudre ce problème. Pour eux, le syndicat est à la fois la forme d’organisation des travailleurs en dehors des périodes révolutionnaires et la forme du pouvoir des travailleurs lors de et après la révolution. Cela les conduit à ne pas résoudre la question de la prise du pouvoir, comme l’expérience de l’[[Révolution espagnole (1931-1939)|Espagne en 1936]] le démontre. De plus, pour la période post-révolutionnaire, leur conception ne permet pas de séparer syndicats et [[État ouvrier|Etat ouvrier]]. Celle-ci est pourtant nécessaire à la fois pour qu’un Etat ouvrier existe et puisse organiser la transition vers le communisme et pour que les travailleurs puisse se protéger, syndicalement, contre les dérives de tout Etat (voir la discussion entre [[Lénine]] et [[Léon Trotski|Trotski]] sur la «[[Militarisation des syndicats| militarisation des syndicats]] »).
+
Les anarchistes et les syndicalistes révolutionnaires ne se donnent pas les moyens de résoudre ce problème. Pour eux, le syndicat est à la fois la forme d’organisation des travailleurs en dehors des périodes révolutionnaires et la forme du pouvoir des travailleurs lors de et après la révolution. Cela les conduit à ne pas résoudre la question de la prise du pouvoir, comme l’expérience de l’[[Révolution espagnole (1931-1939)|Espagne en 1936]] le démontre. De plus, pour la période post-révolutionnaire, leur conception ne permet pas de séparer syndicats et [[État ouvrier|État ouvrier]]. Celle-ci est pourtant nécessaire à la fois pour qu’un État ouvrier existe et puisse organiser la transition vers le communisme et pour que les travailleurs puisse se protéger, syndicalement, contre les dérives de tout État (voir la discussion entre [[Lénine]] et [[Léon Trotski|Trotski]] sur la «[[Militarisation des syndicats| militarisation des syndicats]] »).
    
===Un syndicat regroupe une population « avancée »===
 
===Un syndicat regroupe une population « avancée »===
Ligne 41 : Ligne 41 :  
===Bureaucratisation des syndicats===
 
===Bureaucratisation des syndicats===
   −
Même les syndicats qui ont été à l'origine créés par et pour les travailleurs se sont retrouvés à pactiser avec les capitalistes et parfois tout faire pour sauver leur système. C'est avant tout dû au développement d'une couche privilégiée parmi les travailleurs, qui est liée matériellement à la bourgeoisie et préfère défendre ses intérêts immédiats que l'ensemble de la classe. Cette couche - l'[[aristocratie du travail]] - est celle qui dirige les syndicats, à la fois parce qu'elle a plus de facilité à gravir les échelons, et parce que la pression corruptrice de la bourgeoisie transforme en général "ceux d'en bas" qui atteignent le sommet. Il se développe alors une vraie séparation entre la tête et la base des syndicats, même si en temps de paix sociale relative, la base fait confiance à la direction. Tout ceci créé les conditions pour une bureaucratisation des syndicats, avec tout ce que cela signifie en terme d'étouffement de la démocratie interne : muselage, répression ou explusion des voix critiques, peur des actions trop "spontanées" de la base...
+
Même les syndicats qui ont été à l'origine créés par et pour les travailleurs se sont retrouvés à pactiser avec les capitalistes et parfois tout faire pour sauver leur système. C'est avant tout dû au développement d'une couche privilégiée parmi les travailleurs, qui est liée matériellement à la bourgeoisie et préfère défendre ses intérêts immédiats que l'ensemble de la classe. Cette couche - l'[[aristocratie du travail]] - est celle qui dirige les syndicats, à la fois parce qu'elle a plus de facilité à gravir les échelons, et parce que la pression corruptrice de la bourgeoisie transforme en général "ceux d'en bas" qui atteignent le sommet. Il se développe alors une vraie séparation entre la tête et la base des syndicats, même si en temps de paix sociale relative, la base fait confiance à la direction. Tout ceci créé les conditions pour une bureaucratisation des syndicats, avec tout ce que cela signifie en terme d'étouffement de la démocratie interne : muselage, répression ou expulsion des voix critiques, peur des actions trop "spontanées" de la base...
   −
La principale et la plus grave conséquence, c'est que les directions syndicales ont à d'innombrables reprises freiné des luttes qui avaient des potentiels subversifs très forts, tué dans l'oeuf des possibilités de grèves générales, voire participé plus ou moins ouvertement à des répressions contre-révolutionnaires...
+
La principale et la plus grave conséquence, c'est que les directions syndicales ont à d'innombrables reprises freiné des luttes qui avaient des potentiels subversifs très forts, tué dans l’œuf des possibilités de grèves générales, voire participé plus ou moins ouvertement à des répressions contre-révolutionnaires...
    
*Le ralliement de la quasi totalité des syndicats (y compris les [[Syndicalisme révolutionnaire|syndicalistes révolutionnaires]]) à l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]] de 1914
 
*Le ralliement de la quasi totalité des syndicats (y compris les [[Syndicalisme révolutionnaire|syndicalistes révolutionnaires]]) à l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]] de 1914
Ligne 50 : Ligne 50 :  
*La trahison des dirigeants de la [[Confédération nationale du travail (Espagne)|CNT]] lors de la [[Révolution espagnole (1931-1939)|révolution espagnole]].
 
*La trahison des dirigeants de la [[Confédération nationale du travail (Espagne)|CNT]] lors de la [[Révolution espagnole (1931-1939)|révolution espagnole]].
 
*La trahison des grèves de [[Juin_1936_en_France|juin 1936]] et de [[Mai 1968]] en France, en partie par la direction de la [[CGT (France)|CGT]].
 
*La trahison des grèves de [[Juin_1936_en_France|juin 1936]] et de [[Mai 1968]] en France, en partie par la direction de la [[CGT (France)|CGT]].
*En 2010 en Chine, des hommes du syndicat unique ont tabassé des grévistes, qui dénoncent ces ''"prétendus syndicalistes"'' qui préfèrent recourir à la violence ''"au lieu de défendre les intérêts collectifs des travailleurs"''.<ref>http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/05/le-combat-des-salaries-d-honda-pour-toute-la-chine_1368294_3234.html</ref>
+
*En 2010 en Chine, des hommes du syndicat unique ont tabassé des grévistes, qui dénoncent ces ''"prétendus syndicalistes"'' qui préfèrent recourir à la violence ''"au lieu de défendre les intérêts collectifs des travailleurs"''.<ref>Brice Pedroletti et Brice Pedroletti, [https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/06/05/le-combat-des-salaries-d-honda-pour-toute-la-chine_1368294_3234.html ''Le combat des salariés d'Honda "pour toute la Chine"''], Le Monde, juin 2010</ref>
    
{{Voir|Bureaucratie syndicale}}
 
{{Voir|Bureaucratie syndicale}}
Ligne 62 : Ligne 62 :  
Au niveau national, ces syndicats se regroupaient en fédérations de métiers. Cela permettait une vraie solidarité quand les ouvriers changeaient de région : aide pour retrouver du travail dans son métier, aide financière lors des grèves. Mais ce syndicalisme a un grand défaut : il reproduit la division du travail imposée par les patrons. Il rassemble les travailleurs mais seulement en partie. Sur un même lieu de travail, existaient plusieurs syndicats, car plusieurs métiers. Le développement de l'industrie capitaliste a eu tendance à faire apparaître une couche de plus en plus nombreuse d'ouvriers non qualifiés (manœuvres, travail à la chaîne, journaliers…), que les syndicats de métier n'organisaient pas. De plus, face à la concentration capitaliste des entreprises, ce syndicalisme était incapable de donner aux travailleurs une maîtrise de leur industrie et de leurs outils en vue d’une future gestion de la société par les travailleurs eux-mêmes.
 
Au niveau national, ces syndicats se regroupaient en fédérations de métiers. Cela permettait une vraie solidarité quand les ouvriers changeaient de région : aide pour retrouver du travail dans son métier, aide financière lors des grèves. Mais ce syndicalisme a un grand défaut : il reproduit la division du travail imposée par les patrons. Il rassemble les travailleurs mais seulement en partie. Sur un même lieu de travail, existaient plusieurs syndicats, car plusieurs métiers. Le développement de l'industrie capitaliste a eu tendance à faire apparaître une couche de plus en plus nombreuse d'ouvriers non qualifiés (manœuvres, travail à la chaîne, journaliers…), que les syndicats de métier n'organisaient pas. De plus, face à la concentration capitaliste des entreprises, ce syndicalisme était incapable de donner aux travailleurs une maîtrise de leur industrie et de leurs outils en vue d’une future gestion de la société par les travailleurs eux-mêmes.
   −
C'est pourquoi de nombreux militant·es ont mené le combat pour passer à un syndicalisme d'industrie.<ref>https://www.syndicaliste.com/syndicalisme-d-industrie</ref> Celui-ci consiste à regrouper les syndicats de métiers en syndicats d’industrie (métallurgie, bâtiment, etc.) organisés localement (ville, bassin d’emploi et de vie). Ainsi sur un même lieu de travail et dans une même zone d’emploi, un seul syndicat CGT regroupe tous les travailleurs syndiqués, quel que soit leur métier. Dans le même temps, il s'agit de regrouper les fédérations de métier dans de puissantes fédérations d’industrie.  
+
C'est pourquoi de nombreux militant·es ont mené le combat pour passer à un syndicalisme d'industrie.<ref>Comités Syndicalistes Révolutionnaires, [https://www.syndicaliste.com/syndicalisme-d-industrie ''Le syndicalisme d'industrie'']</ref> Celui-ci consiste à regrouper les syndicats de métiers en syndicats d’industrie (métallurgie, bâtiment, etc.) organisés localement (ville, bassin d’emploi et de vie). Ainsi sur un même lieu de travail et dans une même zone d’emploi, un seul syndicat CGT regroupe tous les travailleurs syndiqués, quel que soit leur métier. Dans le même temps, il s'agit de regrouper les fédérations de métier dans de puissantes fédérations d’industrie.  
   −
Ce sont les branches de l’Education, du Commerce, de l’Aide à domicile, de la Chimie, de la Métallurgie, de la Construction, etc. Cette bataille n’a pas été facile, il a fallu contourner de nombreuses résistances, et aujourd’hui encore cette forme du syndicalisme n’est pas totalement généralisée. Le syndicalisme de métier existe sous forme de syndicats autonomes.
+
Ce sont les branches de l’Éducation, du Commerce, de l’Aide à domicile, de la Chimie, de la Métallurgie, de la Construction, etc. Cette bataille n’a pas été facile, il a fallu contourner de nombreuses résistances, et aujourd’hui encore cette forme du syndicalisme n’est pas totalement généralisée. Le syndicalisme de métier existe sous forme de syndicats autonomes.
    
=== Syndicalisme d'entreprise ===
 
=== Syndicalisme d'entreprise ===
Ligne 80 : Ligne 80 :  
Les rapports entre partis et syndicats sont variables selon les pays et les époques. En Allemagne, les [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|social-démocrates]] ont été à l'initiative des syndicats et ont longtemps gardé l'ascendant. A l'inverse, en Angleterre, ce sont les syndicats qui ont créé le Labour party. Cependant, les syndicats de par leur nature ont rapidement eu tendance à devenir beaucoup plus massifs que les partis, ce qui a finit par donner à la [[bureaucratie syndicale]] une influence prépondérante.
 
Les rapports entre partis et syndicats sont variables selon les pays et les époques. En Allemagne, les [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|social-démocrates]] ont été à l'initiative des syndicats et ont longtemps gardé l'ascendant. A l'inverse, en Angleterre, ce sont les syndicats qui ont créé le Labour party. Cependant, les syndicats de par leur nature ont rapidement eu tendance à devenir beaucoup plus massifs que les partis, ce qui a finit par donner à la [[bureaucratie syndicale]] une influence prépondérante.
   −
Aux Etats-Unis les syndicats et partis ouvriers ont toujours connu une relative indépendance. En France, le problème des rapports entre partis et syndicats est particulièrement à vif avant 1914 (autour de la [[Charte_d'Amiens|Charte d'Amiens]]) et après 1968. La CGT nie, contre toute évidence, sa subordination au [[PCF|PCF]]. À l’inverse, certains syndicats, telle la [[CFDT|CFDT]], refusent de voir leurs droits définis par les partis.
+
Aux États-Unis, les syndicats et partis ouvriers ont toujours connu une relative indépendance. En France, le problème des rapports entre partis et syndicats est particulièrement à vif avant 1914 (autour de la [[Charte_d'Amiens|Charte d'Amiens]]) et après 1968. La CGT nie, contre toute évidence, sa subordination au [[PCF|PCF]]. À l’inverse, certains syndicats, telle la [[CFDT|CFDT]], refusent de voir leurs droits définis par les partis.
    
==Les marxistes et le syndicalisme==
 
==Les marxistes et le syndicalisme==
Ligne 90 : Ligne 90 :  
Il s’agit de comprendre à quoi sert le syndicat, outil réformiste indispensable aux travailleurs. Le syndicat est la forme d’organisation première pour les travailleurs entre les mobilisations, celle qui permet aux travailleurs non révolutionnaires de garder un lien entre eux, de continuer à défendre leurs intérêts. Il constitue aussi une médiation entre l’[[Avant-garde|avant-garde]] révolutionnaire et les larges masses.
 
Il s’agit de comprendre à quoi sert le syndicat, outil réformiste indispensable aux travailleurs. Le syndicat est la forme d’organisation première pour les travailleurs entre les mobilisations, celle qui permet aux travailleurs non révolutionnaires de garder un lien entre eux, de continuer à défendre leurs intérêts. Il constitue aussi une médiation entre l’[[Avant-garde|avant-garde]] révolutionnaire et les larges masses.
   −
1) Pour celle-ci, le syndicat permet de se lier au niveau de conscience des larges masses&nbsp;: il permet, par des discussions et des luttes quotidiennes, de connaître les préoccupations concrètes des masses, leurs possibilités d’action (en terme de confiance, de capacités financières pour une grève, de combativité…), leurs convictions politiques (concernant des batailles concrètes comme les grands choix de société, les différentes questions politiques).
+
# Pour celle-ci, le syndicat permet de se lier au niveau de conscience des larges masses&nbsp;: il permet, par des discussions et des luttes quotidiennes, de connaître les préoccupations concrètes des masses, leurs possibilités d’action (en terme de confiance, de capacités financières pour une grève, de combativité…), leurs convictions politiques (concernant des batailles concrètes comme les grands choix de société, les différentes questions politiques).
 
+
# Le syndicat constitue une première étape pour entraîner l’ensemble de notre camp social&nbsp;: Dans les luttes comme avant les luttes, nous pouvons tester nos arguments dans le syndicat avant de les tester à une échelle plus large. Par exemple, pendant le mouvement contre le CPE, commencer à batailler dans l’UNEF sur la question du blocage ou de l’élargissement des revendications permettait de tester nos arguments et ce que peuvent répondre des étudiants moyennement combatifs. Nous pouvons aussi commencer à entraîner plus largement que les révolutionnaires, en entraînant des militants qui ne sont pas révolutionnaires voire qui sont nettement réformistes, ainsi que leur milieu, ce qui permet d’élargir le champ d’action par rapport au milieu, limité, des seuls révolutionnaires.
2) Le syndicat constitue une première étape pour entraîner l’ensemble de notre camp social&nbsp;: Dans les luttes comme avant les luttes, nous pouvons tester nos arguments dans le syndicat avant de les tester à une échelle plus large. Par exemple, pendant le mouvement contre le CPE, commencer à batailler dans l’UNEF sur la question du blocage ou de l’élargissement des revendications permettait de tester nos arguments et ce que peuvent répondre des étudiants moyennement combatifs. Nous pouvons aussi commencer à entraîner plus largement que les révolutionnaires, en entraînant des militants qui ne sont pas révolutionnaires voire qui sont nettement réformistes, ainsi que leur milieu, ce qui permet d’élargir le champ d’action par rapport au milieu, limité, des seuls révolutionnaires.
+
# Enfin, les révolutionnaires ont une responsabilité à contribuer à la structuration quotidienne de la classe ouvrière. Nous devons nous poser le problème de comment organiser largement le prolétariat en dehors des périodes révolutionnaires. Ce dernier élément implique que cela ne peut pas se faire dans une organisation révolutionnaire. Mais nous ne pouvons pas laisser la tâche que le prolétariat s’organise largement aux réformistes, les révolutionnaires doivent être autant capables de structurer la classe que les réformistes. Il n’y a aucune raison de leur laisser ce privilège. On entend beaucoup de choses sur l’indépendance syndicale. Pour nous, il ne s’agit pas que les militants des syndicats n’ont pas le droit de discuter de politique ou de militer politiquement. Il ne s’agit pas d’une position morale. L’indépendance syndicale consiste à respecter les rythmes politiques et les objectifs de chaque structure. Le syndicat a pour rôle d’unifier un camp social pour se battre pour des objectifs communs en défense de ses intérêts. L’organisation politique vise à préciser et défendre un projet stratégique. Nous respectons les décisions des organisations de masse, nous nous battons contre leur subordination à une organisation politique parce que nous pensons qu’il est nécessaire de respecter les rythmes de débat démocratique des structures de masse.
 
  −
3) Enfin, les révolutionnaires ont une responsabilité à contribuer à la structuration quotidienne de la classe ouvrière. Nous devons nous poser le problème de comment organiser largement le prolétariat en dehors des périodes révolutionnaires. Ce dernier élément implique que cela ne peut pas se faire dans une organisation révolutionnaire. Mais nous ne pouvons pas laisser la tâche que le prolétariat s’organise largement aux réformistes, les révolutionnaires doivent être autant capables de structurer la classe que les réformistes. Il n’y a aucune raison de leur laisser ce privilège. On entend beaucoup de choses sur l’indépendance syndicale. Pour nous, il ne s’agit pas que les militants des syndicats n’ont pas le droit de discuter de politique ou de militer politiquement. Il ne s’agit pas d’une position morale. L’indépendance syndicale consiste à respecter les rythmes politiques et les objectifs de chaque structure. Le syndicat a pour rôle d’unifier un camp social pour se battre pour des objectifs communs en défense de ses intérêts. L’organisation politique vise à préciser et défendre un projet stratégique. Nous respectons les décisions des organisations de masse, nous nous battons contre leur subordination à une organisation politique parce que nous pensons qu’il est nécessaire de respecter les rythmes de débat démocratique des structures de masse.
      
===Quelle orientation concrète&nbsp;?===
 
===Quelle orientation concrète&nbsp;?===
Ligne 144 : Ligne 142 :  
Dans sa conférence de popularisation ''[[Salaire, prix et profit|Salaire, prix, profit]]'' (1865), Marx soutenait une articulation entre résistance immédiate et [[Abolition du travail salarié|abolition du salariat]] :
 
Dans sa conférence de popularisation ''[[Salaire, prix et profit|Salaire, prix, profit]]'' (1865), Marx soutenait une articulation entre résistance immédiate et [[Abolition du travail salarié|abolition du salariat]] :
 
<blockquote>
 
<blockquote>
« Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiètements du capital. (...) Elles manquent entièrement leur but dès qu’elles se bornent à une guerre d’escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d’un levier pour l’émancipation définitive de la classe travailleuse, c’està-dire pour l’abolition définitive du salariat. »
+
« Les trade-unions agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du capital. (...) Elles manquent entièrement leur but dès qu’elles se bornent à une guerre d’escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d’un levier pour l’émancipation définitive de la classe travailleuse, c’est-à-dire pour l’abolition définitive du salariat. »
 
</blockquote>
 
</blockquote>
 
Dans ses propositions au congrès de Genève de l'AIT (1866), il soutient que l'activité des syndicats « n'est pas seulement légitime, elle est nécessaire ». Il ajoute :  
 
Dans ses propositions au congrès de Genève de l'AIT (1866), il soutient que l'activité des syndicats « n'est pas seulement légitime, elle est nécessaire ». Il ajoute :  
Ligne 223 : Ligne 221 :  
Ultérieurement, dans son texte inachevé ''Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste'', Trotsky écrit :
 
Ultérieurement, dans son texte inachevé ''Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste'', Trotsky écrit :
 
<blockquote>
 
<blockquote>
« Le mot d’ordre essentiel dans cette lutte est : indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’Etat capitaliste. (...) Il est un fait certain que l’indépendance des syndicats, dans un sens de classe, dans leur rapport avec l’État bourgeois, ne peut être assurée, dans les conditions actuelles, que par une direction complètement révolutionnaire qui est la direction de la IV° Internationale. Cette direction, naturellement, peut et doit être rationnelle et assurer aux syndicats le maximum de démocratie concevable dans les conditions concrètes actuelles. Mais sans la direction politique de la IV° Internationale, l’indépendance des syndicats est impossible. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/08/19400800.html Les syndicats à l'époque de la décadence impérialiste]'', août 1940</ref>
+
« Le mot d’ordre essentiel dans cette lutte est : indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’État capitaliste. (...) Il est un fait certain que l’indépendance des syndicats, dans un sens de classe, dans leur rapport avec l’État bourgeois, ne peut être assurée, dans les conditions actuelles, que par une direction complètement révolutionnaire qui est la direction de la IV° Internationale. Cette direction, naturellement, peut et doit être rationnelle et assurer aux syndicats le maximum de démocratie concevable dans les conditions concrètes actuelles. Mais sans la direction politique de la IV° Internationale, l’indépendance des syndicats est impossible. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/08/19400800.html Les syndicats à l'époque de la décadence impérialiste]'', août 1940</ref>
 
</blockquote>
 
</blockquote>
 
De fait, après 1945, les processus de rapprochement/intégration syndicat-État ont connu un essor sans précédant.
 
De fait, après 1945, les processus de rapprochement/intégration syndicat-État ont connu un essor sans précédant.
Utilisateur anonyme

Menu de navigation