Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
1 143 octets ajoutés ,  7 août 2022 à 18:03
aucun résumé des modifications
Ligne 2 : Ligne 2 :  
Le '''féodalisme''' désigne pour les [[Marxisme|marxistes]] le [[Mode_de_production|mode de production]] qui se situe entre l'[[Mode_de_production_antique|esclavagisme antique]] et le [[Capitalisme|capitalisme]].
 
Le '''féodalisme''' désigne pour les [[Marxisme|marxistes]] le [[Mode_de_production|mode de production]] qui se situe entre l'[[Mode_de_production_antique|esclavagisme antique]] et le [[Capitalisme|capitalisme]].
   −
''Quand il est utilisé comme synonyme de "''[[Féodalité|''féodalité'']]''", il a une signification plus restreinte.''
+
Le terme de '''féodalité''' a une signification plus restreinte : il désigne un système politique dans lequel le pouvoir central (souverain) est relativement faible et doit composer avec des pouvoirs locaux (seigneurs).
   −
==Origine du terme et de l'analyse==
+
==Définitions==
   −
Comme [[Féodalité|''féodalité'']], le terme ''féodalisme'' vient du latin feudum (fief), mais il est plus récent. Il apparaît pour la première fois au 19<sup>e</sup> siècle.
+
===Féodalité et vassalité===
 +
Le terme de ''féodalité'' vient du latin ''feodum'' (fief), et apparaît au 17<sup>e</sup> siècle.
 +
 
 +
Sous sa forme "canonique", la féodalité s'étant pour les historiens de 877 à la fin du [[Moyen-Âge]]. Cependant si l'on ne s'en tient pas uniquement à la forme médiévale et chrétienne, la féodalité est un système politique qui est fréquent dans l'histoire des sociétés humaines.
 +
 
 +
===Féodalisme===
 +
 
 +
Le terme ''féodalisme'' est plus récent, il apparaît pour la première fois au 19<sup>e</sup> siècle.
    
Dès le début du 19<sup>e</sup> siècle, des penseurs commencent à prendre du recul et étudier ce qu'ils considèrent comme un passage du féodalisme à l'«&nbsp;âge industriel&nbsp;». Ce seront notamment [[Augustin_Thierry|Augustin Thierry]] et [[Saint-Simon|Saint-Simon]] dont les recherches mèneront, d'une manière encore totalement [[Idéalisme|idéaliste]], [[Auguste_Comte|Auguste Comte]] à énoncer sa loi des trois états (théologique, métaphysique, positiviste), et plus tard [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] à la distinction des [[Modes_de_production|modes de production]] et l'étude de leur évolution via le [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]].
 
Dès le début du 19<sup>e</sup> siècle, des penseurs commencent à prendre du recul et étudier ce qu'ils considèrent comme un passage du féodalisme à l'«&nbsp;âge industriel&nbsp;». Ce seront notamment [[Augustin_Thierry|Augustin Thierry]] et [[Saint-Simon|Saint-Simon]] dont les recherches mèneront, d'une manière encore totalement [[Idéalisme|idéaliste]], [[Auguste_Comte|Auguste Comte]] à énoncer sa loi des trois états (théologique, métaphysique, positiviste), et plus tard [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]] à la distinction des [[Modes_de_production|modes de production]] et l'étude de leur évolution via le [[Matérialisme_historique|matérialisme historique]].
    
La [[Féodalité|féodalité]] est un système politique délimité spatialement et temporellement, qui décrit l'Europe occidentale du 9<sup>e</sup>&nbsp;au 13<sup>e</sup>&nbsp;siècle. La définition [[Marxiste|marxiste]] du féodalisme est certes historiquement marquée par ce&nbsp;contexte européen, mais renvoit en fait à un [[Mode_de_production|mode de production]], et non pas à une forme politique précise. A ce titre, il est plus large (et volontairement plus imprécis) que la notion de féodalité. Le féodalisme est né de façon progressive en remplaçant l'[[Esclavagisme_antique|esclavagisme antique]] dans une bonne partie de l'Europe, mais il ne prend pas fin avec le [[Moyen-Âge|Moyen-Âge]], bien que ses formes évoluent beaucoup.
 
La [[Féodalité|féodalité]] est un système politique délimité spatialement et temporellement, qui décrit l'Europe occidentale du 9<sup>e</sup>&nbsp;au 13<sup>e</sup>&nbsp;siècle. La définition [[Marxiste|marxiste]] du féodalisme est certes historiquement marquée par ce&nbsp;contexte européen, mais renvoit en fait à un [[Mode_de_production|mode de production]], et non pas à une forme politique précise. A ce titre, il est plus large (et volontairement plus imprécis) que la notion de féodalité. Le féodalisme est né de façon progressive en remplaçant l'[[Esclavagisme_antique|esclavagisme antique]] dans une bonne partie de l'Europe, mais il ne prend pas fin avec le [[Moyen-Âge|Moyen-Âge]], bien que ses formes évoluent beaucoup.
<blockquote>&nbsp;«&nbsp;L’agriculture à base d’assolement triennal créé les fondements de la société féodale.&nbsp;» Ernest Mandel<ref>Ernest Mandel, ''Introduction au marxisme'', 1975</ref></blockquote>  
+
<blockquote>
 +
&nbsp;«&nbsp;L’agriculture à base d’assolement triennal créé les fondements de la société féodale.&nbsp;» Ernest Mandel<ref>Ernest Mandel, ''Introduction au marxisme'', 1975</ref>
 +
</blockquote>
 +
 
 +
=== Moyen-Âge ===
 +
Le Moyen-Âge désigne en histoire une période de féodalité qui s'inscrit entre une [[Antiquité|époque antique]] et une [[époque moderne]].
 +
 
 +
Le terme sert principalement à désigner le [[Moyen-Âge européen]] (500-1500), mais est parfois appliqué à d'autres zones géographiques, comme le [[Moyen-Âge japonais]] (1200-1600).
 +
 
 +
Les critères sont principalement l'affaiblissement d'un [[État]] centralisé (chute de l'[[Rome antique|Empire romain]], affaiblissement du pouvoir impérial au Japon), de fortes relations de domination personnelles sur la [[paysannerie]] ([[servage]] ou assimilé), et l'importance de couches de guerriers aux rapports de [[vassalité]] fluctuants (chevaliers, samouraïs...).
 +
 
 +
La [[Luttes des classes en Chine|Chine ancienne]], avec son État centralisé, est mal défini par la notion de féodalisme et de Moyen-Âge, même si dans la première moitié du 20<sup>e</sup> siècle, les "seigneurs de la guerre" représentent la féodalité contre les [[Révolution chinoise (1911)|tentatives d'unification du pays menées par la bourgeoisie]].
 
==Caractéristiques du féodalisme==
 
==Caractéristiques du féodalisme==
   Ligne 56 : Ligne 74 :     
Voici comment Marx décrit la tendance de ces [[Corporations|corporations]] à s’opposer au développement de la production&nbsp;:
 
Voici comment Marx décrit la tendance de ces [[Corporations|corporations]] à s’opposer au développement de la production&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Sous le système des corporations, par exemple, où la réglementation prescrit le nombre de métiers à tisser qu’un artisan peut utiliser, etc., l’argent qui n’est pas lui même d’origine corporative, qui n’est pas l’argent du maître, ne peut acheter les métiers pour les faire travailler.&nbsp;»'' (Principes d’une critique de l'économie politique)</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;Sous le système des corporations, par exemple, où la réglementation prescrit le nombre de métiers à tisser qu’un artisan peut utiliser, etc., l’argent qui n’est pas lui même d’origine corporative, qui n’est pas l’argent du maître, ne peut acheter les métiers pour les faire travailler.&nbsp;»'' (Principes d’une critique de l'économie politique)
 +
</blockquote>
 +
 
Or le capital, pour se réaliser et se développer, doit trouver en face de lui d’une part des travailleurs libres, d’autre part des richesses, des matériaux, etc.. Le seul capital se formant au Moyen Age est le [[Capital_marchand|capital marchand]], qui n'est pas un élément moteur de la production.
 
Or le capital, pour se réaliser et se développer, doit trouver en face de lui d’une part des travailleurs libres, d’autre part des richesses, des matériaux, etc.. Le seul capital se formant au Moyen Age est le [[Capital_marchand|capital marchand]], qui n'est pas un élément moteur de la production.
   Ligne 68 : Ligne 89 :  
<blockquote>
 
<blockquote>
 
''«&nbsp;La féodalité ne fut nullement apportée toute faite d'Allemagne, mais elle eut son origine, du côté des conquérants, dans l'organisation militaire de l'armée pendant la conquête même, et cette organisation se développa après la conquête, sous l'effet des forces productives trouvées dans les pays conquis, pour devenir seulement alors la féodalité proprement dite. L'échec des tentatives faites pour imposer d'autres formes nées de réminiscences de l'ancienne Rome (Charlemagne, par exemple) nous montre à quel point la forme féodale était conditionnée par les forces productives. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000d.htm L'idéologie allemande]'', 1845</ref>''
 
''«&nbsp;La féodalité ne fut nullement apportée toute faite d'Allemagne, mais elle eut son origine, du côté des conquérants, dans l'organisation militaire de l'armée pendant la conquête même, et cette organisation se développa après la conquête, sous l'effet des forces productives trouvées dans les pays conquis, pour devenir seulement alors la féodalité proprement dite. L'échec des tentatives faites pour imposer d'autres formes nées de réminiscences de l'ancienne Rome (Charlemagne, par exemple) nous montre à quel point la forme féodale était conditionnée par les forces productives. &nbsp;»<ref>K. Marx - F. Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000d.htm L'idéologie allemande]'', 1845</ref>''
</blockquote>  
+
</blockquote>
 +
 
===Nouvel essor marchand à partir du 11<sup>e</sup> siècle===
 
===Nouvel essor marchand à partir du 11<sup>e</sup> siècle===
   Ligne 125 : Ligne 147 :     
*dans leur majorité, les paysans ne sont plus des&nbsp;serfs. Personnellement affranchis, leurs redevances&nbsp;commutées en argent, ils sont devenus des tenanciers&nbsp;libres travaillant une terre qui appartient à un seigneur&nbsp;auquel ils paient des “cens annuels”. Ces paysans “censiers” sont dits également “emphytéotes” parce que leur&nbsp;droit à leur terre est éternel et héréditaire mais relatif,&nbsp;chargé de “servitudes” ou de “droits féodaux” que sont&nbsp;les paiements au seigneur des “cens”, des droits de mariage, de succession, etc.&nbsp;;
 
*dans leur majorité, les paysans ne sont plus des&nbsp;serfs. Personnellement affranchis, leurs redevances&nbsp;commutées en argent, ils sont devenus des tenanciers&nbsp;libres travaillant une terre qui appartient à un seigneur&nbsp;auquel ils paient des “cens annuels”. Ces paysans “censiers” sont dits également “emphytéotes” parce que leur&nbsp;droit à leur terre est éternel et héréditaire mais relatif,&nbsp;chargé de “servitudes” ou de “droits féodaux” que sont&nbsp;les paiements au seigneur des “cens”, des droits de mariage, de succession, etc.&nbsp;;
*la [[Paysannerie|paysannerie]] est un ensemble très hétérogène&nbsp;:&nbsp;vrais serfs (il en reste même au 18<sup>e</sup> siècle), censiers,&nbsp;mais aussi métayers, fermiers, petits propriétaires,&nbsp;domestiques, salariés agricoles, chômeurs et vagabonds&nbsp;ruraux.&nbsp;Souvent, à l’issue de cycles de [[Révoltes_paysannes|révoltes paysannes]] et&nbsp;avec le renforcement de l’appareil d’Etat royal,&nbsp;l’[[Absolutisme|absolutisme]], et la tendance à la disparition des suzerains intermédiaires, les seigneurs féodaux acquièrent de&nbsp;facto, puis parfois de jure, un droit de propriété absolu&nbsp;de leurs terres qui cessent donc à proprement parler&nbsp;d’être des fiefs puisque le fief était une espèce de prêt&nbsp;héréditaire en échange du service militaire.&nbsp;Avec le développement de l’économie marchande,&nbsp;cette évolution entraîne que les liens féodaux de vassalage cessent en général d’être des obligations entre personnes pour devenir des obligations attachées à la terre.&nbsp;Se vendent et s’achètent des seigneuries avec les droits féodaux qui en font les revenus, mais se vend ou&nbsp;s’achète également la tenure d’un paysan censier. La&nbsp;terre devient [[Marchandise|marchandise]], ce qu’elle n’était pas dans le&nbsp;féodalisme au sens strict du terme. La tenure censière&nbsp;tend égalemént à faire place à des contrats courts de&nbsp;fermage ou de métayage.
+
*la [[Paysannerie|paysannerie]] est un ensemble très hétérogène&nbsp;:&nbsp;vrais serfs (il en reste même au 18<sup>e</sup> siècle), censiers,&nbsp;mais aussi métayers, fermiers, petits propriétaires,&nbsp;domestiques, salariés agricoles, chômeurs et vagabonds&nbsp;ruraux.&nbsp;Souvent, à l’issue de cycles de [[Révoltes_paysannes|révoltes paysannes]] et&nbsp;avec le renforcement de l’appareil d’Etat royal,&nbsp;l’[[Absolutisme|absolutisme]], et la tendance à la disparition des suzerains intermédiaires, les seigneurs féodaux acquièrent de&nbsp;facto, puis parfois de jure, un droit de propriété absolu&nbsp;de leurs terres qui cessent donc à proprement parler&nbsp;d’être des fiefs puisque le fief était une espèce de prêt&nbsp;héréditaire en échange du service militaire.&nbsp;Avec le développement de l’économie marchande,&nbsp;cette évolution entraîne que les liens féodaux de vassalage cessent en général d’être des obligations entre personnes pour devenir des obligations attachées à la terre.&nbsp;Se vendent et s’achètent des seigneuries avec les droits féodaux qui en font les revenus, mais se vend ou&nbsp;s’achète également la tenure d’un paysan censier. La&nbsp;terre devient [[Marchandise|marchandise]], ce qu’elle n’était pas dans le&nbsp;féodalisme au sens strict du terme. La tenure censière&nbsp;tend également à faire place à des contrats courts de&nbsp;fermage ou de métayage.
   −
== Ailleurs qu'en Europe ==
+
== Moyen-Âge japonais ==
{{...}}
+
{{See also|Moyen-Âge japonais}}
Dans le ''[[Das Kapital|Capital]]'', Marx écrit en passant que « Le Japon, avec son organisation purement féodale de la propriété foncière et sa petite culture, offre donc, à beaucoup d'égards, une image plus fidèle du moyen âge européen que nos livres d'histoire imbus de préjugés bourgeois. »<ref>Karl Marx, [https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-27.htm Le Capital, Livre I, Chapitre XXVII]</ref>
      
==Notes et sources==
 
==Notes et sources==

Menu de navigation