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[[File:DeathWatTyler.jpg|thumb|right|370x273px|Mise à mort de Wat Tyler qui mena une révolte contre le servage (1381)]]Le '''servage''' désigne la condition des [[Paysans|paysans]] liés à une terre qu'ils cultivent en partie pour eux-mêmes et en partie pour un [[Exploitation|exploiteur]] (un seigneur, une abbaye, un domaine royal...).
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[[File:DeathWatTyler.jpg|thumb|right|370x273px|Mise à mort de Wat Tyler qui [[Guerre de Wat Tyler|mena une révolte contre le servage]] (1381)]]Le '''servage''' désigne la condition des [[Paysans|paysans]] liés à une terre qu'ils cultivent en partie pour eux-mêmes et en partie pour un [[Exploitation|exploiteur]] (un seigneur, une abbaye, un domaine royal...).
    
C'est le [[Rapport_de_production|rapport de production]] et d'[[Exploitation|exploitation]] qui domine pendant le [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] européen.
 
C'est le [[Rapport_de_production|rapport de production]] et d'[[Exploitation|exploitation]] qui domine pendant le [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] européen.
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Les troubles sociaux et les [[Invasions_barbares|invasions]] qui accompagnent le [[Déclin_de_l'Empire_romain_d'Occident|déclin de l'empire]] poussent les grands propriétaires à se retirer sur leurs domaines (''villa''), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte et de temps de travail ([[Corvée|corvée]]) sur les terres du propriétaire. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents. Progressivement ce système évolue vers le servage<ref name=":34">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Mazoyer, Marcel,|nom1=Roudart, Laure|titre=Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine|passage=Chapitre VI Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère des régions tempérées|lieu=|éditeur=Éditions du Seuil|date=2002|pages totales=|isbn=9782020530613|oclc=300189713|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300189713}}</ref>.
 
Les troubles sociaux et les [[Invasions_barbares|invasions]] qui accompagnent le [[Déclin_de_l'Empire_romain_d'Occident|déclin de l'empire]] poussent les grands propriétaires à se retirer sur leurs domaines (''villa''), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte et de temps de travail ([[Corvée|corvée]]) sur les terres du propriétaire. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents. Progressivement ce système évolue vers le servage<ref name=":34">{{Ouvrage|langue=|auteur1=|prénom1=Mazoyer, Marcel,|nom1=Roudart, Laure|titre=Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine|passage=Chapitre VI Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère des régions tempérées|lieu=|éditeur=Éditions du Seuil|date=2002|pages totales=|isbn=9782020530613|oclc=300189713|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300189713}}</ref>.
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===Le rôle de l'Eglise catholique===
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===Le rôle de l’Église catholique===
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L'Eglise et ses différentes structures (abbayes, monastères...) ont également détenu des serfs et même des esclaves. Néanmoins elle a eu tendance à pousser (timidement) dans le sens de la transformation de l'esclavage en servage, et de l'assouplissement de la servitude sur les serfs. Elle tendait à accorder aux serfs un certain nombre de droits, notamment ceux relatifs à l'héritage et au [[Mariage|mariage]].
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L’Église et ses différentes structures (abbayes, monastères...) ont également détenu des serfs et même des esclaves. Néanmoins elle a eu tendance à pousser (timidement) dans le sens de la transformation de l'esclavage en servage, et de l'assouplissement de la servitude sur les serfs. Elle tendait à accorder aux serfs un certain nombre de droits, notamment ceux relatifs à l'[[héritage]] et au [[Mariage|mariage]].
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À la fin du 19<sup>e</sup>, un débat opposait toutefois Ernest Renan et Ettore Cicotti d'un côté, et Paul Allard de l'autre, au sujet des serfs de l'Église&nbsp;: les premiers pensaient qu'ils obtenaient moins facilement la liberté que les autres en raison notamment du principe d'inaliénabilité du droit canon (droit utilisé par l'Eglise, issu du droit romain).
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À la fin du 19<sup>e</sup>, un débat opposait toutefois Ernest Renan et Ettore Cicotti d'un côté, et Paul Allard de l'autre, au sujet des serfs de l'Église&nbsp;: les premiers pensaient qu'ils obtenaient moins facilement la liberté que les autres en raison notamment du principe d'inaliénabilité du droit canon (droit utilisé par l’Église, issu du droit romain).
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Au 8<sup>e</sup> siècle, les théologiens débattaient de la question. Certains, comme Alcuin, conseiller de Charlemagne à la tête de l'Académie palatine, ou Raban Maur, autre artisan important de la «&nbsp;[[Renaissance_carolingienne|Renaissance carolingienne]]&nbsp;», considéraient l'esclavage et le servage comme légitimes&nbsp;; d'autres, tels l'évêque Jonas d'Orléans ou Agobard de Lyon pensaient qu'on devait traiter un esclave de la même façon qu'un homme libre. De façon marginale, Smaragde, l'abbé de Saint-Mihiel, réclamait jusqu'à l'abolition de l'esclavage. Assez vite, le dogme dominant s'est opposé à ce que des chrétiens appartiennent à d'autres chrétiens, ce qui condamnait l'esclavage direct.
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Au 8<sup>e</sup> siècle, les théologiens débattaient de la question. Certains, comme Alcuin, conseiller de Charlemagne à la tête de l'Académie palatine, ou Raban Maur, autre artisan important de la «&nbsp;[[w:Renaissance carolingienne|Renaissance carolingienne]]&nbsp;», considéraient l'esclavage et le servage comme légitimes&nbsp;; d'autres, tels l'évêque Jonas d'Orléans ou Agobard de Lyon pensaient qu'on devait traiter un esclave de la même façon qu'un homme libre. De façon marginale, Smaragde, l'abbé de Saint-Mihiel, réclamait jusqu'à l'abolition de l'esclavage. Assez vite, le dogme dominant s'est opposé à ce que des chrétiens appartiennent à d'autres chrétiens, ce qui condamnait l'esclavage direct.
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Le moine [[Bénédictin|bénédictin]] Benoît d'Aniane refuse que son monastère, fondé en 807, possède des serfs.
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Le moine [[w:Bénédictin|bénédictin]] Benoît d'Aniane refuse que son monastère, fondé en 807, possède des serfs.
    
==Évolutions du servage en Europe==
 
==Évolutions du servage en Europe==
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A partir du 10<sup>e</sup> siècle, l'Église crée avec le roi et les comtes des terres de refuges (''«&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauveté sauvetés]&nbsp;»'') qui permettent à ceux qui s'y installent de ne pas être poursuivis. C'est le développement du nombre des sauvetés, des [[Villefranche_(ville)|villefranches]] puis des [[Bastide_(ville)|bastides]] qui fera disparaître complètement le servage.
 
A partir du 10<sup>e</sup> siècle, l'Église crée avec le roi et les comtes des terres de refuges (''«&nbsp;[https://fr.wikipedia.org/wiki/Sauveté sauvetés]&nbsp;»'') qui permettent à ceux qui s'y installent de ne pas être poursuivis. C'est le développement du nombre des sauvetés, des [[Villefranche_(ville)|villefranches]] puis des [[Bastide_(ville)|bastides]] qui fera disparaître complètement le servage.
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À partir du 13<sup>e</sup> siècle, les serfs sont soumis de plus en plus à une taxe arbitraire appelée ''[[Taille_(impôt)|taille]]'', qui devient annuelle à partir de 1439.
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À partir du 13<sup>e</sup> siècle, les serfs sont soumis de plus en plus à une taxe arbitraire appelée ''[[w:Taille (impôt)|taille]]'', qui devient annuelle à partir de 1439.
    
Le servage personnel avait entièrement disparu en France avant le 14<sup>e</sup> siècle.
 
Le servage personnel avait entièrement disparu en France avant le 14<sup>e</sup> siècle.
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[[File:Cleric-Knight-Workman.jpg|thumb|right|330x338px|Un prêtre, un chevalier et un serf, représentant les trois ordres de la société médiévale]]En France, le servage a fortement diminué avec l'essor économique de la fin du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] qui permit aux serfs de racheter leur liberté, l'esclavage de traite ayant disparu au milieu du 11<sup>e</sup> siècle et le servage étant progressivement remplacé par l'[[Société_d'Ancien_Régime_en_France#Les_trois_ordres_de_la_société|ordre des laboratores]] qui offre librement son travail en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence<ref>{{ouvrage|auteur=Mathieu Arnoux|titre=Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe, XIe-XIVe siècle|éditeur=Albin Michel|date=2012|pages totales=378|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Un acte d'affranchissement, appelé «&nbsp;lettres de [[manumission]]&nbsp;» leur est remis.
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[[File:Cleric-Knight-Workman.jpg|thumb|right|330x338px|Un prêtre, un chevalier et un serf, représentant les trois ordres de la société médiévale]]En France, le servage a fortement diminué avec l'essor économique de la fin du [[Moyen_Âge|Moyen Âge]] qui permit aux serfs de racheter leur liberté, l'esclavage de traite ayant disparu au milieu du 11<sup>e</sup> siècle et le servage étant progressivement remplacé par l'[[w:Société d'Ancien Régime en France#Les%20trois%20ordres%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9|ordre des laboratores]] qui offre librement son travail en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence<ref>{{ouvrage|auteur=Mathieu Arnoux|titre=Le temps des laboureurs. Travail, ordre social et croissance en Europe, XIe-XIVe siècle|éditeur=Albin Michel|date=2012|pages totales=378|isbn=|lire en ligne=}}.</ref>. Un acte d'affranchissement, appelé «&nbsp;lettres de [[manumission]]&nbsp;» leur est remis.
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Le servage personnel avait disparu après la [[Guerre_de_Cent_Ans|guerre de Cent Ans]], car le manque de main-d'œuvre (la [[Grande_Peste|Grande Peste]] à elle seule a emporté entre 1/4 et 1/3 de la population) a favorisé la concurrence entre nobles et le débauchage des serfs. À cette époque, les nobles du voisinage proposaient aux serfs de racheter leur contrat pour venir s'installer librement sur leurs nombreuses terres en friche, ce qui obligeait le noble local à faire de même pour conserver son personnel. Plus généralement, les autorités ecclésiastiques et royales créaient des sauvetés, des villefranches et accordaient des lettres de franchises à des villes existantes, afin d'attirer et de fixer sur leur territoire toute la population servile ou mécontente de son sort. En Aquitaine, on voit les rois de France et d'Angleterre faire assaut de concurrence en créant une multitude de [[Bastides|bastides]] dotées du plus grand nombre de privilèges et d'exemptions fiscales pour attirer la population.
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Le servage personnel avait disparu après la [[Guerre_de_Cent_Ans|guerre de Cent Ans]], car le manque de main-d'œuvre (la [[w:Grande Peste|Grande Peste]] à elle seule a emporté entre 1/4 et 1/3 de la population) a favorisé la concurrence entre nobles et le débauchage des serfs. À cette époque, les nobles du voisinage proposaient aux serfs de racheter leur contrat pour venir s'installer librement sur leurs nombreuses terres en friche, ce qui obligeait le noble local à faire de même pour conserver son personnel. Plus généralement, les autorités ecclésiastiques et royales créaient des sauvetés, des villefranches et accordaient des lettres de franchises à des villes existantes, afin d'attirer et de fixer sur leur territoire toute la population servile ou mécontente de son sort. En Aquitaine, on voit les rois de France et d'Angleterre faire assaut de concurrence en créant une multitude de [[Bastides|bastides]] dotées du plus grand nombre de privilèges et d'exemptions fiscales pour attirer la population.
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Par l'Édit du 8 août 1779, le roi Louis XVI abolit le servage sur les domaines royaux, et abolit le «&nbsp;droit de suite&nbsp;» dans tout le royaume. Cette ordonnance avait été favorisée par l'intervention de [[Voltaire|Voltaire]], qui avait plaidé en 1778 la cause des serfs. Il autorise en outre les titulaires de [[Domaines_engagés|domaines engagés]] qui se croiraient «&nbsp;lésés&nbsp;» par cette réforme à remettre au roi les domaines concernés en échange de contreparties financières. Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que ''«&nbsp;considérant bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au [[Droit_naturel|droit naturel]], nous avons exempté ces sortes d'actes [d'affranchissement] des formalités et des taxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les avaient assujettis&nbsp;»''<ref>Louis Firmin Julien Laferrière, ''Histoire du droit français'', Joubert, 1837</ref>.
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Par l'Édit du 8 août 1779, le roi Louis XVI abolit le servage sur les domaines royaux, et abolit le «&nbsp;droit de suite&nbsp;» dans tout le royaume. Cette ordonnance avait été favorisée par l'intervention de [[w:Voltaire|Voltaire]], qui avait plaidé en 1778 la cause des serfs. Il autorise en outre les titulaires de [[w:Domaines engagés|domaines engagés]] qui se croiraient «&nbsp;lésés&nbsp;» par cette réforme à remettre au roi les domaines concernés en échange de contreparties financières. Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que ''«&nbsp;considérant bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour au [[w:Droit naturel|droit naturel]], nous avons exempté ces sortes d'actes [d'affranchissement] des formalités et des taxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les avaient assujettis&nbsp;»''<ref>Louis Firmin Julien Laferrière, ''Histoire du droit français'', Joubert, 1837</ref>.
    
Néanmoins, l'ordonnance ne fut guère appliquée, car il aurait fallu que le roi rachète aux propriétaires supérieurs des terres en mainmorte la valeur patrimoniale de ce droit qui revenait à rendre tous les fermiers des abbayes propriétaires du domaine qu'ils exploitaient.
 
Néanmoins, l'ordonnance ne fut guère appliquée, car il aurait fallu que le roi rachète aux propriétaires supérieurs des terres en mainmorte la valeur patrimoniale de ce droit qui revenait à rendre tous les fermiers des abbayes propriétaires du domaine qu'ils exploitaient.
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À la veille de la [[Révolution_française|Révolution]], le vrai servage, c'est-à-dire le servage personnel, avait complètement disparu depuis plus de cinq siècles, sauf dans les îles d'Amérique où il existait des [[Esclavage|esclaves]] régis par le statut du [[Code_noir|Code noir]]. L'abolition des [[Privilège_(droit_médiéval)|privilèges]] lors de la célèbre [[Nuit_du_4_août|nuit du 4 août]] 1789 n'a donc eu aucun effet sur l'abolition du servage.
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À la veille de la [[Révolution_française|Révolution]], le vrai servage, c'est-à-dire le servage personnel, avait complètement disparu depuis plus de cinq siècles, sauf dans les îles d'Amérique où il existait des [[Esclavage|esclaves]] régis par le statut du [[w:Code noir|Code noir]]. L'abolition des [[Privilège_(droit_médiéval)|privilèges]] lors de la célèbre [[w:Nuit du 4 août|nuit du 4 août]] 1789 n'a donc eu aucun effet sur l'abolition du servage.
    
En métropole, le servage qui subsistait était un servage réel qui consistait dans la persistance de terres qui étaient détenues en mainmorte ou en précaires. Autrement dit, leur possesseur ne pouvait pas les aliéner en les vendant ou en les léguant à leurs enfants. Le plus souvent, les biens fonciers, terres ou maisons, étaient détenus en censive, c'est-à-dire comme une propriété héréditaire avec la charge de payer au seigneur une redevance fixe annuelle assez modique et inchangée depuis le 13<sup>e</sup> siècle. Les terres ou les maisons sous statut servile étaient l'équivalent des censives, sauf qu'elles étaient inaliénables, comme actuellement pour un locataire qui ne peut pas revendre son titre d'occupation ou sous-louer.
 
En métropole, le servage qui subsistait était un servage réel qui consistait dans la persistance de terres qui étaient détenues en mainmorte ou en précaires. Autrement dit, leur possesseur ne pouvait pas les aliéner en les vendant ou en les léguant à leurs enfants. Le plus souvent, les biens fonciers, terres ou maisons, étaient détenus en censive, c'est-à-dire comme une propriété héréditaire avec la charge de payer au seigneur une redevance fixe annuelle assez modique et inchangée depuis le 13<sup>e</sup> siècle. Les terres ou les maisons sous statut servile étaient l'équivalent des censives, sauf qu'elles étaient inaliénables, comme actuellement pour un locataire qui ne peut pas revendre son titre d'occupation ou sous-louer.
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Lors de la vente des [[Biens_nationaux|biens nationaux]], c'est l'ancien statut de servage réel, rebaptisé «&nbsp;louage d'ouvrage&nbsp;» puis fermage, qui a été préféré et généralisé en 1801 par le Code civil&nbsp;: l'ancien seigneur ayant été remplacé par un bourgeois propriétaire et l'ancien censitaire par un locataire.
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Lors de la vente des [[w:Biens nationaux|biens nationaux]], c'est l'ancien statut de servage réel, rebaptisé «&nbsp;louage d'ouvrage&nbsp;» puis fermage, qui a été préféré et généralisé en 1801 par le Code civil&nbsp;: l'ancien seigneur ayant été remplacé par un bourgeois propriétaire et l'ancien censitaire par un locataire.
    
===Bretagne===
 
===Bretagne===
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===Royaume-Uni===
 
===Royaume-Uni===
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Le [[Parlement_d'Angleterre|Parlement d'Angleterre]] adopta en 1259 les [[Provisions_de_Westminster|Provisions de Westminster]], qui comprennent les premières dispositions légales relatives à la [[Mainmorte|mainmorte]]. En 1381, la [[Révolte_de_Wat_Tyler|Révolte des paysans]], lors de la [[Guerre_de_Cent_Ans|guerre de Cent Ans]], qui voit les serfs s'emparer de Londres afin de réclamer l'abolition du servage, est écrasée. Celui-ci perdura, et n'a été définitivement aboli en Angleterre qu'en 1574, par Élisabeth I<sup>re</sup>, et en Écosse par George III, à la fin du 18<sup>e</sup> siècle<ref>[http://www.1902encyclopedia.com/S/SLA/slavery-12.html Entrée esclavage] dans l'''Encyclopædia Britannica'', ed. 1902.</ref>.
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Le [[w:Parlement d'Angleterre|Parlement d'Angleterre]] adopta en 1259 les [[w:Provisions de Westminster|Provisions de Westminster]], qui comprennent les premières dispositions légales relatives à la [[Mainmorte|mainmorte]]. En 1381, la [[Révolte_de_Wat_Tyler|Révolte des paysans]], lors de la [[Guerre_de_Cent_Ans|guerre de Cent Ans]], qui voit les serfs s'emparer de Londres afin de réclamer l'abolition du servage, est écrasée. Celui-ci perdura, et n'a été définitivement aboli en Angleterre qu'en 1574, par Élisabeth I<sup>re</sup>, et en Écosse par George III, à la fin du 18<sup>e</sup> siècle<ref>[http://www.1902encyclopedia.com/S/SLA/slavery-12.html Entrée esclavage] dans l'''Encyclopædia Britannica'', ed. 1902.</ref>.
    
===Saint-Empire romain germanique===
 
===Saint-Empire romain germanique===
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===Chine et Tibet===
 
===Chine et Tibet===
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Plusieurs manuscrits découverts dans les grottes de Mogao à Dunhuang, dans le Gansu concernent l'esclavage ou le servage sous les [[Dynastie_Tang|Tang]] et au 10<sup>e</sup> siècle<ref>Michel Soymié, [http://books.google.fr/books?id=U9mXEzvC9fcC&printsec=frontcover&source=gbs_v2_summary_r&cad=0#v=onepage&q=&f=false ''Contributions aux études sur Touen-houang''], Librairie Droz, 1979.</ref>.
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Plusieurs manuscrits découverts dans les grottes de Mogao à Dunhuang, dans le Gansu concernent l'esclavage ou le servage sous les [[w:Dynastie Tang|Tang]] et au 10<sup>e</sup> siècle<ref>Michel Soymié, [http://books.google.fr/books?id=U9mXEzvC9fcC&printsec=frontcover&source=gbs_v2_summary_r&cad=0#v=onepage&q=&f=false ''Contributions aux études sur Touen-houang''], Librairie Droz, 1979.</ref>.
    
Au Tibet, le servage a existé jusqu'à son abolition en 1959. Les taxes et corvées concernaient les familles et non pas les individus<ref name="KB">Katia Buffetrille, [http://books.google.fr/books?id=OUq0F1W0MxIC&pg=PA352&lpg=PA350&ots=R8eT5JgPYb&dq=servage+tibet+buffetrille&hl=fr&output=html_text ''Le Tibet est-il chinois : Conditions de vie''], 2002.</ref>. Selon le sociologue chinois Rong Ma<ref> Rong Ma, ''Population and Society in Tibet'', Hong Kong University Press, 2010</ref>, la société tibétaine se divisait en deux grands groupes, d'une part les abbés et les nobles, d'autre part les ''mi-ser'', répartis en trois sous-groupes&nbsp;:
 
Au Tibet, le servage a existé jusqu'à son abolition en 1959. Les taxes et corvées concernaient les familles et non pas les individus<ref name="KB">Katia Buffetrille, [http://books.google.fr/books?id=OUq0F1W0MxIC&pg=PA352&lpg=PA350&ots=R8eT5JgPYb&dq=servage+tibet+buffetrille&hl=fr&output=html_text ''Le Tibet est-il chinois : Conditions de vie''], 2002.</ref>. Selon le sociologue chinois Rong Ma<ref> Rong Ma, ''Population and Society in Tibet'', Hong Kong University Press, 2010</ref>, la société tibétaine se divisait en deux grands groupes, d'une part les abbés et les nobles, d'autre part les ''mi-ser'', répartis en trois sous-groupes&nbsp;:
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Selon Rong Ma, à la différence des paysans tibétains, les paysans [[Han_(ethnie)|Han]] étaient juridiquement libres et aucun paysan Han ne souhaitait s'installer au Tibet pour se retrouver serf.
 
Selon Rong Ma, à la différence des paysans tibétains, les paysans [[Han_(ethnie)|Han]] étaient juridiquement libres et aucun paysan Han ne souhaitait s'installer au Tibet pour se retrouver serf.
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À partir de 1959, après avoir réprimé ce qu'il qualifie de [[Soulèvement_tibétain_de_1959|révolte de l'ancienne classe privilégiée de l'ancien Tibet]], le gouvernement maoïste transforme profondément le pays, avec notamment l'abolition du servage<ref>''Cent questions sur le Tibet'', publication du gouvernement chinois, 2001. Question 13</ref>. Une controverse existe sur la terminologie à employer pour définir le statut et les conditions de vie de cette partie de la population. Le débat est devenu un argument politique dans la confrontation entre la [[République_populaire_de_Chine|République populaire de Chine]] et le [[Gouvernement_tibétain_en_exil|Gouvernement tibétain en exil]] ainsi qu'un sujet de discussion pour quelques universitaires sur la notion même de servage, au sens occidental, dans le cadre de l'ancien Tibet<ref name="TibetBarnett">Robert Barnett, « What were the conditions regarding human rights in Tibet before democratic reform? », dans ''Authenticating Tibet: Answers to China’s 100 Questions'' (sous la direction de Anne-Marie Blondeau and Katia Buffetrille), University of California Press, 2008,  p. 81-83, {{ISBN|978-0-520-24464-1|978-0-520-24928-8}}.</ref>.
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À partir de 1959, après avoir réprimé ce qu'il qualifie de [[w:Soulèvement tibétain de 1959|révolte de l'ancienne classe privilégiée de l'ancien Tibet]], le gouvernement maoïste transforme profondément le pays, avec notamment l'abolition du servage<ref>''Cent questions sur le Tibet'', publication du gouvernement chinois, 2001. Question 13</ref>. Une controverse existe sur la terminologie à employer pour définir le statut et les conditions de vie de cette partie de la population. Le débat est devenu un argument politique dans la confrontation entre la [[w:République populaire de Chine|République populaire de Chine]] et le [[w:Gouvernement tibétain en exil|Gouvernement tibétain en exil]] ainsi qu'un sujet de discussion pour quelques universitaires sur la notion même de servage, au sens occidental, dans le cadre de l'ancien Tibet<ref name="TibetBarnett">Robert Barnett, « What were the conditions regarding human rights in Tibet before democratic reform? », dans ''Authenticating Tibet: Answers to China’s 100 Questions'' (sous la direction de Anne-Marie Blondeau and Katia Buffetrille), University of California Press, 2008,  p. 81-83, {{ISBN|978-0-520-24464-1|978-0-520-24928-8}}.</ref>.
    
===Bhoutan===
 
===Bhoutan===
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Au Bhoutan, le roi Jigme Dorji Wangchuck abolit, en 1956, le servage et l'esclavage, décréta l'interdiction de toutes les appellations péjoratives associées aux serfs, et rélisa une [[Réforme_agraire|réforme agraire]] en distribuant les terres des grands propriétaires et des institutions monastiques<ref> ''[http://books.google.fr/books?id=_EWuvGysPSIC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false Bhutan Foreign Policy and Government Guide]'', Global Investment and Business Center, Inc. Staff, International Business Publications, USA, 2000, 350 pages, {{ISBN|0739737198|9780739737194}}</ref><ref>Françoise Pommaret, ''Bhoutan'', Éditions Olizane, 2010</ref>.
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Au Bhoutan, le roi [[w:Jigme Dorji Wangchuck|Jigme Dorji Wangchuck]] abolit, en 1956, le servage et l'esclavage, décréta l'interdiction de toutes les appellations péjoratives associées aux serfs, et réalisa une [[Réforme_agraire|réforme agraire]] en distribuant les terres des grands propriétaires et des institutions monastiques<ref> ''[http://books.google.fr/books?id=_EWuvGysPSIC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false Bhutan Foreign Policy and Government Guide]'', Global Investment and Business Center, Inc. Staff, International Business Publications, USA, 2000, 350 pages, {{ISBN|0739737198|9780739737194}}</ref><ref>Françoise Pommaret, ''Bhoutan'', Éditions Olizane, 2010</ref>.
    
===Népal===
 
===Népal===

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