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En France, la [[Révolution industrielle]] a provoqué un fort exode rural des provinces vers Paris (Bretons, Auvergnats...). Les [[classes possédantes]] parisiennes ont majoritairement développé un profond mépris de classe pour ces nouveaux venus, qui s'est exprimé dans un racisme latent. Une des théories en vogue était alors que les parisiens étaient les fiers descendants des Francs victorieux, tandis que les provinciaux étaient la progéniture dégénérée des Gaulois vaincus.<ref>Bernard Marchand, ''Paris, histoire d'une ville : XIXe-XXe siècle''</ref>
 
En France, la [[Révolution industrielle]] a provoqué un fort exode rural des provinces vers Paris (Bretons, Auvergnats...). Les [[classes possédantes]] parisiennes ont majoritairement développé un profond mépris de classe pour ces nouveaux venus, qui s'est exprimé dans un racisme latent. Une des théories en vogue était alors que les parisiens étaient les fiers descendants des Francs victorieux, tandis que les provinciaux étaient la progéniture dégénérée des Gaulois vaincus.<ref>Bernard Marchand, ''Paris, histoire d'une ville : XIXe-XXe siècle''</ref>
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Au 19<sup>e</sup> siècle en Russie, les [[w:Slavophile|slavophiles]] « de gauche » expliquent que le peuple russe et son Église seraient profondément démocrates, tandis que les dirigeants russes seraient une bureaucratie allemande, implantée par Pierre I<sup>er</sup>. [[Trotski]] rapporte que [[Marx]] ironisait à ce sujet&nbsp;: ''«&nbsp;C'est pourtant ainsi que les baudets de Teutonie font retomber la responsabilité du despotisme de Frédéric II sur les Français&nbsp;»''. <ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr01.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>
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Au 19<sup>e</sup> siècle en Russie, les [[w:Slavophile|slavophiles]] « de gauche » expliquent que le peuple russe et son Église seraient profondément démocrates, tandis que les dirigeants russes seraient une bureaucratie allemande, implantée par Pierre I<sup>er</sup>. [[Trotski]] rapporte que [[Marx]] ironisait à ce sujet&nbsp;: ''«&nbsp;C'est pourtant ainsi que les baudets de Teutonie font retomber la responsabilité du despotisme de Frédéric II sur les Français&nbsp;»''. <ref name=":0">Léon Trotski, [[:fr:Histoire de la révolution russe/02/1. Particularités du développement de la Russie|''Histoire de la révolution russe - 1. Particularités du développement de la Russie'']], 1930 </ref>
    
==== Haines anti-immigré·es ====
 
==== Haines anti-immigré·es ====
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[[Léon Trotski|Trotski]] faisait le commentaire suivant&nbsp;:
 
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''«&nbsp;La théorie de la race, qu'on dirait créée spécialement pour un autodidacte prétentieux et qui se présente comme la clé universelle de tous les secrets de la vie, apparaît sous un jour particulièrement lamentable à la lumière de l'histoire des idées. Pour fonder la religion du sang véritablement allemand, Hitler dut emprunter de seconde main les idées du racisme à un Français, diplomate et écrivain dilettante, le comte Gobineau. Hitler trouva une méthodologie politique toute prête chez les Italiens. Mussolini a largement utilisé la théorie de Marx de la lutte des classes. Le marxisme lui-même est le fruit de la combinaison de la philosophie allemande, de l'histoire française et de l'économie anglaise. Si l'on examine rétrospectivement la généalogie des idées, même les plus réactionnaires et les plus stupides, on ne trouve pas trace du racisme.&nbsp;»''<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/06/330610.htm Qu'est-ce que le national-socialisme ?]'', 10 juin 1933</ref>
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''«&nbsp;La théorie de la race, qu'on dirait créée spécialement pour un autodidacte prétentieux et qui se présente comme la clé universelle de tous les secrets de la vie, apparaît sous un jour particulièrement lamentable à la lumière de l'histoire des idées. Pour fonder la religion du sang véritablement allemand, Hitler dut emprunter de seconde main les idées du racisme à un Français, diplomate et écrivain dilettante, le comte Gobineau. Hitler trouva une méthodologie politique toute prête chez les Italiens. Mussolini a largement utilisé la théorie de Marx de la lutte des classes. Le marxisme lui-même est le fruit de la combinaison de la philosophie allemande, de l'histoire française et de l'économie anglaise. Si l'on examine rétrospectivement la généalogie des idées, même les plus réactionnaires et les plus stupides, on ne trouve pas trace du racisme.&nbsp;»''<ref name=":1">Léon Trotski, [[:fr:Qu'est-ce que le national-socialisme ?|''Qu'est-ce que le national-socialisme ?'']], 10 juin 1933</ref>
 
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==="Choc des civilisations" et 11 septembre ===
 
==="Choc des civilisations" et 11 septembre ===
 
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Les racialismes s'appuyant soi-disant sur la science étant de plus en plus discrédités, une idée de plus en plus défendue par les réactionnaires ces dernières années est celle du choc des cultures. Aux États-Unis, le conservateur Samuel Huntington publie en 1996 ''[[w:Le Choc des civilisations|Le Choc des civilisations]]'', dans lequel il prétend expliquer l'ordre géopolitique mondial par les différences de valeurs entre un Occident judéo-chrétien éclairé et un Orient musulman moyenâgeux...
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Les racialismes s'appuyant soi-disant sur la science étant de plus en plus discrédités, une idée de plus en plus défendue par les réactionnaires ces dernières années est celle du choc des cultures. Aux États-Unis, le conservateur [[w:Samuel Huntington|S. Huntington]] publie en 1996 ''[[w:Le Choc des civilisations|Le Choc des civilisations]]'', dans lequel il prétend expliquer l'ordre géopolitique mondial par les différences de valeurs entre un Occident judéo-chrétien éclairé et un Orient musulman moyenâgeux...
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Cette idée gagne malheureusement des supporters à mesure que certains courants islamistes réactionnaires récupèrent la détresse des classes populaires pour mettre en place des théocraties ou mener des attentats. Les États-Unis, dont la politique impérialiste les rend premiers responsables de bien des situations de misère au Moyen-Orient, sont le foyer de ces idéologies racialistes. Et lorsqu'après les attentions de 2001 à New York G.W. Bush évoque le terme de "croisade" pour décrire sa guerre pétrolière, on n'est pas loin de retomber jusqu'aux justifications religieuses...
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Cette idée gagne malheureusement des supporters à mesure que certains courants islamistes réactionnaires récupèrent la détresse des classes populaires pour mettre en place des théocraties ou mener des attentats. Les États-Unis, dont la [[Impérialisme états-unien|politique impérialiste]] les rend premiers responsables de bien des situations de misère au Moyen-Orient, sont le foyer de ces idéologies racialistes. Et lorsqu'après les [[w:Attentats du 11 septembre 2001|attentats du 11 septembre 2001]] à New York G.W. Bush évoque le terme de "croisade" pour décrire sa [[Invasion de l'Irak (2003)|guerre impérialiste]], on n'est pas loin de retomber jusqu'aux justifications religieuses...  
    
Ce thème est toutefois repris de manière tout aussi réactionnaire en Europe&nbsp;:
 
Ce thème est toutefois repris de manière tout aussi réactionnaire en Europe&nbsp;:
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*«&nbsp;On ne peut pas mettre sur le même plan toutes les civilisations. Il faut être conscient de notre supériorité, de la supériorité de la civilisation occidentale. L'Occident continuera à occidentaliser et à s'imposer aux peuples.&nbsp;»<ref>Silvio Berlusconi, Le Figraro, 28 septembre 2001</ref>
 
*«&nbsp;On ne peut pas mettre sur le même plan toutes les civilisations. Il faut être conscient de notre supériorité, de la supériorité de la civilisation occidentale. L'Occident continuera à occidentaliser et à s'imposer aux peuples.&nbsp;»<ref>Silvio Berlusconi, Le Figraro, 28 septembre 2001</ref>
 
*«&nbsp;pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation.&nbsp;»<ref>Le Monde, ''[https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/05/claude-gueant-declenche-une-nouvelle-polemique_1639076_1471069.html Claude Guéant persiste et réaffirme que "toutes les cultures ne se valent pas"]'', 2012</ref>
 
*«&nbsp;pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l'humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l'égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation.&nbsp;»<ref>Le Monde, ''[https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/02/05/claude-gueant-declenche-une-nouvelle-polemique_1639076_1471069.html Claude Guéant persiste et réaffirme que "toutes les cultures ne se valent pas"]'', 2012</ref>
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Sur le plan international, la stigmatisation du monde musulman contribue à souder les classes autour des États occidentaux. L'[[islamophobie]] a pris une place primordiale ces dernières années, proche de ce que pouvait être la dénonciation du [[Bloc de l'Est]] pendant la [[guerre froide]].
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Sur le plan intérieur, le rôle de justification du racisme contre une des franges [[sur-exploitées]] du prolétariat s'ajoute dans certains cas. Dans un pays comme la France, où un grand nombre de travailleur·ses issus du Maghreb sont musulmans, l’islamophobie permet de prendre le relais du racisme traditionnel plutôt discrédité.
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==="Race" et classe sociale===
 
==="Race" et classe sociale===
 
En général, la diffusion de pensées racialistes se fait de façon beaucoup plus sournoise&nbsp;: en prétendant expliquer certains constats par la "race" ou la culture alors qu'ils sont avant tout déterminés par la classe sociale. En particulier, dans les [[pays impérialistes]], les travailleurs immigrés sont souvent de fait au bas de l'échelle de la classe laborieuse. Les hommes politiques réactionnaires se plaisent alors à expliquer que c'est leur culture qui leur pose des difficultés pour s'intégrer. Certains font même mine de les plaindre, se mettant ainsi à l'abri de l'accusation de racisme. Mais en réalité c'est déjà une victoire pour eux que de faire admettre que c'est la culture qui est le principal obstacle à "l'intégration". Certes, la barrière de la langue, par exemple, est souvent un problème pour les immigrants, mais une bonne partie redoublent d'efforts et compensent cette difficulté. Par contre, ce qu'ils n'ont que peu de chances de surmonter, c'est la [[reproduction sociale]] qui fait que les enfants de pauvres restent pauvres.
 
En général, la diffusion de pensées racialistes se fait de façon beaucoup plus sournoise&nbsp;: en prétendant expliquer certains constats par la "race" ou la culture alors qu'ils sont avant tout déterminés par la classe sociale. En particulier, dans les [[pays impérialistes]], les travailleurs immigrés sont souvent de fait au bas de l'échelle de la classe laborieuse. Les hommes politiques réactionnaires se plaisent alors à expliquer que c'est leur culture qui leur pose des difficultés pour s'intégrer. Certains font même mine de les plaindre, se mettant ainsi à l'abri de l'accusation de racisme. Mais en réalité c'est déjà une victoire pour eux que de faire admettre que c'est la culture qui est le principal obstacle à "l'intégration". Certes, la barrière de la langue, par exemple, est souvent un problème pour les immigrants, mais une bonne partie redoublent d'efforts et compensent cette difficulté. Par contre, ce qu'ils n'ont que peu de chances de surmonter, c'est la [[reproduction sociale]] qui fait que les enfants de pauvres restent pauvres.
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==La lutte contre le racisme==
 
==La lutte contre le racisme==
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=== Humanisme bourgeois et antiracisme moral ===
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{{...}}Une des premières formes d'[[antiracisme]] peut être vue dans la frange du mouvement [[Libéralisme|libéral]] et [[Démocratisme|démocrate bourgeois]] qui a commencé à [[Lutte contre l'esclavage|lutter contre l'esclavage]] à la fin du 18<sup>e</sup> siècle. Bien évidemment, les révoltes d'esclaves eux et elles-mêmes ont aussi contribué à l'abolitionnisme, en marquant de plus en plus les esprits.
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Mais l'abolition de l'esclavage était loin de mettre fin à toutes les violences et discriminations. En 1865, l'année même où le Sud esclavagiste des États-Unis [[Guerre de Sécession|est contraint d'accepter]] l'abolition, le [[w:Ku Klux Klan|Ku Klux Klan]] est formé. Par ailleurs de [[w:Ségrégation raciale aux États-Unis|nombreuses lois ségrégationnistes]] sont alors mises en place dans le Sud, qui dureront jusqu'en 1964. Pendant un siècle, l'[[humanisme]] bourgeois bon teint cohabitera sans trop de peine avec la ségrégation et les lynchages.
    
=== Hypocrisie et instrumentalisation ===
 
=== Hypocrisie et instrumentalisation ===
 
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Lors de la création de la [[Société des Nations]] en 1919 (ancêtre de l'[[Organisation des nations unies|ONU]]), le Japon propose le « [[w:Principe de l'égalité des races|principe de l'égalité des races]] ». Il ne s'agissait que d'un voile [[Idéologie|idéologique]] :  le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il [[Impérialisme japonais|colonisait lui-même d'autres nations asiatiques]]), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».<ref>Naoko Shimazu, ''Japan, Race and Equality'', Routledge, 1998, 255 <abbr>p.</abbr> <small>(<nowiki>ISBN 0-415-17207-1</nowiki>)</small></ref>
 
Lors de la création de la [[Société des Nations]] en 1919 (ancêtre de l'[[Organisation des nations unies|ONU]]), le Japon propose le « [[w:Principe de l'égalité des races|principe de l'égalité des races]] ». Il ne s'agissait que d'un voile [[Idéologie|idéologique]] :  le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il [[Impérialisme japonais|colonisait lui-même d'autres nations asiatiques]]), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».<ref>Naoko Shimazu, ''Japan, Race and Equality'', Routledge, 1998, 255 <abbr>p.</abbr> <small>(<nowiki>ISBN 0-415-17207-1</nowiki>)</small></ref>
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=== Humanisme bourgeois et antiracisme moral ===
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===Antiracisme politique et « race sociale »===
 
===Antiracisme politique et « race sociale »===
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{{See also|w:Racisme au Royaume-Uni{{!}}Racisme au Royaume-Uni (Wikipédia)}}
 
{{See also|w:Racisme au Royaume-Uni{{!}}Racisme au Royaume-Uni (Wikipédia)}}
 
{{See also|Racisme,_mouvement_ouvrier_et_socialisme#Royaume-Uni{{!}}Racisme dans le mouvement ouvrier au Royaume-Uni}}
 
{{See also|Racisme,_mouvement_ouvrier_et_socialisme#Royaume-Uni{{!}}Racisme dans le mouvement ouvrier au Royaume-Uni}}
La domination britannique sur l'Irlande a engendré un racisme structurel des Anglais à l'encontre des Irlandais. De nombreux et nombreuses Irlandais·es émigrent vers les cités industrielles anglaises, et s'y retrouvent tout en bas de l'échelle, souvent méprisés par les ouvriers anglais eux-mêmes. Le journal Punch disait des Irlandais qu'ils étaient le « chaînon manquant entre le singe et le Nègre ».
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La domination britannique sur l'Irlande a engendré un racisme structurel des Anglais à l'encontre des Irlandais. De nombreux et nombreuses Irlandais·es émigrent vers les cités industrielles anglaises, et s'y retrouvent tout en bas de l'échelle, souvent méprisés par les ouvriers anglais eux-mêmes. Le journal ''Punch'' disait des Irlandais qu'ils étaient le « chaînon manquant entre le singe et le Nègre ».
    
Le racisme est aujourd'hui concentré sur les Indien·nes, Pakistanais·es ou Noir·es venant des anciennes colonies anglaises.
 
Le racisme est aujourd'hui concentré sur les Indien·nes, Pakistanais·es ou Noir·es venant des anciennes colonies anglaises.
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===Islamophobie===
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==Étymologie==
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Le mot racisme serait apparu en 1902<ref>{{CNRTL|racisme}}</ref> alors que le mot raciste daterait de 1892<ref>{{CNRTL|raciste}}</ref>.
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{{Voir|Islamophobie}}
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Selon [[w:Charles Maurras|Charles Maurras]]<ref>Jeannine Verdès-Leroux, ''Scandale financier et antisémitisme catholique : le krach de l'Union générale'', Éditions de Centurion, 1969, 256 pages, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;111.</ref>, [[w:Gaston Méry|Gaston Méry]], journaliste  à ''[[w:La Libre Parole|La Libre Parole]]'' —&nbsp;le journal [[antisémitisme|antisémite]] et polémiste d'[[Édouard Drumont]]{{#if:||&nbsp;—}} est la première personne connue à avoir utilisé le mot « raciste » en 1894<ref>Grégoire Kauffmann, « Qu'est-ce qui fait courir Drumont ? », ''[[L'Histoire]]'', {{numéro}}326, décembre 2007, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;65.</ref><sup class="reference cite_virgule">,</sup><ref>Hanania Alain Amar, Thierry Féral, ''Le Racisme, ténèbres des consciences : essai'', Paris, L'Harmattan, 2004, 209 pages, « Avertissement » de Thierry Féral, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;10 {{ISBN|978-2-7475-7521-8}}.</ref><sup class="reference cite_virgule">,</sup><ref>Jacques Vier, ''Missions et démarches de la critique'', C. Klincksieck, 850 pages, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;568 {{ISBN|978-2-252-01590-2}}.</ref>.
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Aujourd’hui, l’islamophobie constitue une forme de racisme qui prend de plus en plus de place. C’est lié à la stratégie des grandes puissances occidentales, qui depuis la chute de l’Union soviétique ont besoin de se trouver un nouvel ennemi pour maintenir l’ordre et faire taire les critiques de la mondialisation capitaliste qui se développent de plus en plus. Il était impossible pour les gouvernements occidentaux, pour le G8 de dire que les «&nbsp;Arabes&nbsp;» ou les «&nbsp;Africains&nbsp;» sont nos ennemis.
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Toutefois l'adjectif « raciste »<ref>Georges-Elia Sarfati, ''Discours ordinaires et identités juives'', Berg, 1999, 287 pages, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;192 {{ISBN|978-2-911289-18-7}}.</ref> et le nom « racisme » ne s'installent dans le vocabulaire général en France qu'à partir des années 1930<ref>Edmond Rostand, ''Mots'', Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980, {{abréviation discrète|1=p.|2=page(s)}}&nbsp;75.</ref>. [[Léon Trotski]] l'emploie en 1930 dans son ''[[Histoire de la révolution russe]]'' pour qualifier les tenants modernes des théories racialistes<ref name=":0" />, ce qu'il développera encore en 1933 vis-à-vis du nazisme.<ref name=":1" />
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Par contre dénoncer la barbarie de l’Islam et chercher à faire des musulmans des boucs émissaires, c’est clairement la stratégie qui se développe de plus en plus. Plusieurs raisons expliquent le succès de l’Islamophobie, l’habileté consiste à laisser se développer les discriminations qui visent spécifiquement les musulmans (dont la loi sur le voile n’est qu’un aspect) tout en affirmant que l’islamophobie n’existe pas, car c’est un mot qui serait répandu par les intégristes musulmans.
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Les deux mots font leur entrée pour la première fois dans le dictionnaire français ''Larousse'' en 1932<ref>[[Albert Dauzat]], ''Nouveau dictionnaire étymologique'', Paris, Larousse, 1962.</ref>.
 
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Or l’islamophobie ne date pas du 11 septembre 2001 et de la chasse à Ben Laden, l’islamophobie est historiquement bien plus ancienne que le racisme anti arabe qui s’est développé avec la colonisation du Maghreb.
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L’islamophobie s’enracine dans l’histoire des Croisades menées à l’époque médiévale par les Etats européens. Elle s’appuie ensuite sur le refoulement des origines arabes et islamiques de la culture européennes. Il n’y aurait pas eu de développement des Lumières, de la culture occidentale et du capitalisme sans l’apport de la civilisation musulmane et de l’Islam qui font partie des bases de notre culture. Mais la culture bourgeoise européenne s’est développée depuis cette période en refoulant ce lien avec la culture musulman, ce qui participait de l’idée de la supériorité de l’occident sur le reste du monde. L’islamophobie n’est donc pas un phénomène isolé aujourd’hui. C’est une forme de racisme qui permet de justifier des politiques discriminatoires en France, aux Etats Unis et de multiplier des interventions contre «&nbsp;le soi-disant axe du Mal&nbsp;». C’est pourquoi il nous faut lutter en permanence contre toutes les discriminations islamophobes et plus largement contre toutes les formes de racisme en mettant en avant les intérêts communs des travailleurs, qu’ils soient blancs, noirs, chrétiens, musulmans... face à ceux qui nous dominent.
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les politiciens bourgeois, qui ne peuvent capter de la popularité par des mesures sociales profitant à tous.tes, tendent à avoir recours aux boucs émissaires.
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En France dans les années 1980, le discours contre le « péril musulman » a notamment été initié par le PS au moment-même où il décevait les espoirs ouvriers, et avait besoin de boucs émissaires<ref>Libération, ''[https://www.liberation.fr/france/2017/01/03/l-usine-psa-d-aulnay-sous-influence-islamiste-un-argument-qui-remonte-a-1983_1519221/ L'usine PSA d'Aulnay sous influence islamiste ? Un argument qui remonte à 1983]'', 2017</ref>.
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===Antisémitisme===
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{{Voir|Antisémitisme}}
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Parce qu'ils constituaient une minorité longtemps victime de préjugés en Europe, les Juifs ont été parmi les plus grandes victimes du racisme depuis l'essor du capitalisme. En mars 1919, [[Lénine|Lénine]] prononçait un discours contre l'antisémitisme&nbsp;:
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''«&nbsp;Ce ne sont pas les juifs qui sont les ennemis du peuple travailleur. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital&nbsp;; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, tout simplement comme il y en a chez les russes, et parmi les peuples de toutes les nations.&nbsp;»<ref>Lénine, [https://blogs.mediapart.fr/yapadaxan/blog/050315/lenine-les-juifs-les-conspirationnistes-et-la-lutte-des-classes ''Contre l’antisémitisme (discours enregistré)''], mars 1919.</ref>''
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Lénine accusait principalement les capitalistes de ''«&nbsp;fomenter la haine contre les juifs afin d’aveugler les ouvriers, de détourner leur attention du véritable ennemi du peuple travailleur, le capital&nbsp;»'', il pensait que l'antisémitisme appartenait au passé&nbsp;:
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''«&nbsp;Cela est une survivance des anciens temps féodaux, où les prêtres brûlaient les hérétiques au bûcher, où les paysans vivaient dans le servage, et que où les gens étaient écrasés et amorphes. Cette vieille ignorance féodale est en train de s’éteindre&nbsp;; les yeux du peuple sont en train de s’ouvrir. &nbsp;»''
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Le régime nazi en particulier a fait de l'antisémitisme son ciment, et transformé la colère issue de la décomposition sociale en la plus terrible boucherie de l'histoire humaine.
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''«&nbsp;On peut sans peine imaginer ce qui attend les Juifs dès le déclenchement de la guerre mondiale à venir. Même si la guerre est écartée, le prochain développement de la réaction mondiale implique avec certitude l’extermination physique des Juifs.&nbsp;»<ref>Trotski, [https://www.marxists.org/archive/trotsky/1940/xx/jewish.htm On the Jewish Problem], 1937-1940</ref>''
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Aujourd'hui, des éléments de cet antisémitisme sont encore présents de façon diffuse. Ils regagnent même en importance à mesure que la crise sociale s'approfondit. De nombreux courants tentent de brouiller les repères idéologiques entre l'[[Extrême_droite|extrême droite]] et l'extrême gauche, par exemple en assimilant les Juifs et une certaine "oligarchie financière" qui seraient "toute puissante", réalisant une sorte de déformation complotiste et raciste du [[Communisme|communisme]].
      
==Notes et sources==
 
==Notes et sources==

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