Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
655 octets ajoutés ,  11 juillet 2022 à 18:36
aucun résumé des modifications
Ligne 8 : Ligne 8 :  
Ce progrès n'a jamais été linéaire, mais [[Dialectique|dialectique]] : avec des phases de stagnation et parfois des reculs et puis des rebonds fulgurants. Par exemple, au sein des premières sociétés ([[Esclavagisme|esclavagistes]], [[Féodalisme|féodales]]...) il était fréquent que l'amélioration des réseaux de transports permette des périodes de progrès du [[Commerce|commerce]], de la diffusion des techniques, des arts et des idées... Mais cela permettait aussi à un empire dominé par une [[Classe_dominante|classe dominante]] parasitaire de tenir sous sa coupe de vastes territoires et finalement d'en freiner le développement. Des phases d'apparent repli profond de la civilisation (les "[[Moyen-Âge|moyen-âges]]", ou "âges sombres") ont permis en réalité de nouveaux rapports sociaux de production et ultérieurement un développement plus puissant des échanges et des transports.
 
Ce progrès n'a jamais été linéaire, mais [[Dialectique|dialectique]] : avec des phases de stagnation et parfois des reculs et puis des rebonds fulgurants. Par exemple, au sein des premières sociétés ([[Esclavagisme|esclavagistes]], [[Féodalisme|féodales]]...) il était fréquent que l'amélioration des réseaux de transports permette des périodes de progrès du [[Commerce|commerce]], de la diffusion des techniques, des arts et des idées... Mais cela permettait aussi à un empire dominé par une [[Classe_dominante|classe dominante]] parasitaire de tenir sous sa coupe de vastes territoires et finalement d'en freiner le développement. Des phases d'apparent repli profond de la civilisation (les "[[Moyen-Âge|moyen-âges]]", ou "âges sombres") ont permis en réalité de nouveaux rapports sociaux de production et ultérieurement un développement plus puissant des échanges et des transports.
   −
Le [[Capitalisme|capitalisme]] a donné un coup d'accélérateur sans précédant à ce processus. La [[Mondialisation|mondialisation]], qui est une tendance depuis au moins le début de l'époque moderne, a atteint un niveau sans précédent depuis la [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]], avec les bateaux à vapeur, les avions, les TGV, les voitures... Cette internationalisation des échanges a accompagné une [[Division_internationale_du_travail|division internationale du travail]], qui a rendu le monde entier interdépendant. Comme tous les développements engendrés par le capitalisme, ces transports ont une double caractéristique :
+
Le [[Capitalisme|capitalisme]] a donné un coup d'accélérateur sans précédant à ce processus. La [[Mondialisation|mondialisation]], qui est une tendance depuis au moins le début de l'époque moderne, a atteint un niveau sans précédent depuis la [[Révolution_industrielle|révolution industrielle]], avec les bateaux à vapeur, les avions, les TGV, les voitures... <gallery widths="200" heights="150">
 +
Fichier:Bailey Gatzert near Cascade Locks, circa 1910.jpg
 +
Fichier:BMR 423, 1993, Reading, Pennsylvania.jpg
 +
Fichier:Rossel Ingénieur constructeur Lille - Camions et locomotives à vapeur.png
 +
</gallery>Cette internationalisation des échanges a accompagné une [[division internationale du travail]], qui a rendu le monde entier interdépendant. Comme tous les développements engendrés par le capitalisme, ces transports ont une double caractéristique&nbsp;:
    
*Ils sont la base d'un progrès partiel et potentiellement généralisable&nbsp;: la fin des nationalismes étroits, le voyage et la découverte des merveilles du monde...
 
*Ils sont la base d'un progrès partiel et potentiellement généralisable&nbsp;: la fin des nationalismes étroits, le voyage et la découverte des merveilles du monde...
*Ils sont aussi marqués par les tares capitalistes&nbsp;: profondes inégalités d'accès, entraves de la concurrence et des frontières, et sans doute un des problèmes les plus dangereux&nbsp;: les [[Crises_écologiques|crises écologiques]] engendrées
+
*Ils sont aussi marqués par les tares capitalistes&nbsp;: profondes inégalités d'accès, entraves de la concurrence et des frontières, et sans doute un des problèmes les plus dangereux&nbsp;: les [[crises écologiques]] engendrées.
    
Seule une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]] pourrait véritablement faire émerger un réseau mondial de transport qui soit rationalisé, écologique et ouvert à tous.
 
Seule une [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]] pourrait véritablement faire émerger un réseau mondial de transport qui soit rationalisé, écologique et ouvert à tous.
Ligne 19 : Ligne 23 :  
===Coûts minimisés===
 
===Coûts minimisés===
   −
L'industrialisation a permis de diminuer drastiquement les coûts de transport.
+
L'[[industrialisation]] a permis de diminuer drastiquement les coûts de transport.
 
  −
en dollars de 1990
      
{| class="wikitable" style="margin-right: auto;" cellspacing="0" cellpadding="0" border="1" align="center"
 
{| class="wikitable" style="margin-right: auto;" cellspacing="0" cellpadding="0" border="1" align="center"
Ligne 79 : Ligne 81 :  
| align="center" |100
 
| align="center" |100
 
|}
 
|}
 +
<center>
 +
''(En dollars de 1990)''
 +
</center>
    
===Industrialisation et transports===
 
===Industrialisation et transports===
   −
L'industrialisation implique une concentration des lieux de production. Par rapport à de multiples artisans dispersés sur le territoire, une usine a un rayon d'approvisionnement (en matières premières) et d'achalandage (vente de ses marchandises) bien plus étendu.
+
L'industrialisation implique une concentration des lieux de [[production]]. Par rapport à de multiples [[Artisanat|artisans]] dispersés sur le territoire, une [[usine]] a un rayon d'approvisionnement (en [[matières premières]]) et d'achalandage (vente de ses [[marchandises]]) bien plus étendu.
    
Par conséquent, l'industrialisation va nécessairement avec une augmentation des transports.
 
Par conséquent, l'industrialisation va nécessairement avec une augmentation des transports.
   −
Mais le degré de cette augmentation, et le type du transport utilisé, dépendent de multiples paramètres&nbsp;: coût des différents transports, coût de la main d'oeuvre dans différents secteurs...
+
Mais le degré de cette augmentation, et le type du transport utilisé, dépendent de multiples paramètres&nbsp;: coût des différents transports, [[coût de la main d’œuvre]] dans différents secteurs...
    
Selon l'Insee, le transport intérieur de marchandises a augmenté de 76&nbsp;% entre 1985 et 2006.
 
Selon l'Insee, le transport intérieur de marchandises a augmenté de 76&nbsp;% entre 1985 et 2006.
Ligne 100 : Ligne 105 :  
Mais le «&nbsp;tout routier&nbsp;» a aussi été possible parce que la collectivité a pris en charge une part importante des investissements pour construire les autoroutes, sans que ces coûts soient répercutés sur le prix du transport de marchandises. 90&nbsp;% de l'usure des routes est dû aux poids lourds. Chaque centaine de kilomètres parcourue par un poids lourd coûte 36 euros à la collectivité alors que l'entreprise qui l'affrète n’en paye que 24 en taxes, péages, etc. Dans le budget de l’État consacré aux infrastructures de transports, 69&nbsp;% de l’argent vont au réseau routier contre seulement 12&nbsp;% pour le rail, le reste allant aux aéroports. A cela il faudrait ajouter les coûts difficiles à estimer sur la santé publique, qui ne sont évidemment pas payés par les transporteurs.
 
Mais le «&nbsp;tout routier&nbsp;» a aussi été possible parce que la collectivité a pris en charge une part importante des investissements pour construire les autoroutes, sans que ces coûts soient répercutés sur le prix du transport de marchandises. 90&nbsp;% de l'usure des routes est dû aux poids lourds. Chaque centaine de kilomètres parcourue par un poids lourd coûte 36 euros à la collectivité alors que l'entreprise qui l'affrète n’en paye que 24 en taxes, péages, etc. Dans le budget de l’État consacré aux infrastructures de transports, 69&nbsp;% de l’argent vont au réseau routier contre seulement 12&nbsp;% pour le rail, le reste allant aux aéroports. A cela il faudrait ajouter les coûts difficiles à estimer sur la santé publique, qui ne sont évidemment pas payés par les transporteurs.
   −
Dans le domaine du transport de passagers par avion, il y a aussi énormément d'argent public qui est injecté dans les poches des capitalistes. Si certains vols low-cost (Ryannair...) sont si économiques, c'est en partie parce que ces compagnies sur-exploitent leurs salarié-e-s et économisent sur le confort et la sécurité, mais c'est aussi parce qu'elles reçoivent beaucoup d'argent des collectivité locales. Celles-ci sont mises en concurrence par les compagnies qui peuvent choisir de leur apporter ou non leurs voyageurs-consommateurs.
+
Dans le domaine du transport de passagers par avion, il y a aussi énormément d'argent public qui est injecté dans les poches des capitalistes. Si certains vols low-cost (Ryannair...) sont si économiques, c'est en partie parce que ces compagnies sur-exploitent leurs salarié-es et économisent sur le confort et la sécurité, mais c'est aussi parce qu'elles reçoivent beaucoup d'argent des collectivité locales. Celles-ci sont mises en concurrence par les compagnies qui peuvent choisir de leur apporter ou non leurs voyageurs-consommateurs.
   −
Du point de vue de la collectivité, il serait bien plus rationel de limiter autant que possible les camions et les avions en organisant les transports nécessaires autour de grands axes ferroviaires ou fluviaux. Mais la rationalité du capitalisme n'est que celle du profit maximal pour quelques uns.
+
Du point de vue de la collectivité, il serait bien plus rationnel de limiter autant que possible les camions et les avions en organisant les transports nécessaires autour de grands axes ferroviaires ou fluviaux. Mais la rationalité du capitalisme n'est que celle du profit maximal pour quelques uns.
    
===Pavillons de complaisances et marées noires===
 
===Pavillons de complaisances et marées noires===
Ligne 112 : Ligne 117 :  
De plus beaucoup de navires sont de véritables poubelles, dont des pétroliers comme l'Erika et le Prestige responsables de [[Marée_noire|marées noires]] sur les côtes atlantiques. Tous les 3 jours, un navire de plus de 300 tonnes fait naufrage quelque part dans le monde. À chaque fois, c’est un drame pour les marins qui perdent la vie, et un désastre pour l’environnement, les côtes, les riverains, les pêcheurs... Et à côté des médiatiques marées noires, il y a tout le fléau permanent des déballastages sauvages, qui représentent au moins autant d'hydrocarbures rejetés.
 
De plus beaucoup de navires sont de véritables poubelles, dont des pétroliers comme l'Erika et le Prestige responsables de [[Marée_noire|marées noires]] sur les côtes atlantiques. Tous les 3 jours, un navire de plus de 300 tonnes fait naufrage quelque part dans le monde. À chaque fois, c’est un drame pour les marins qui perdent la vie, et un désastre pour l’environnement, les côtes, les riverains, les pêcheurs... Et à côté des médiatiques marées noires, il y a tout le fléau permanent des déballastages sauvages, qui représentent au moins autant d'hydrocarbures rejetés.
   −
Les [[Etats_bourgeois|Etats bourgeois]], qui font mine de légiférer contre ces "abus", acompagnent en réalité les capitalistes, en particulier avec le système des pavillons de complaisance, qui concerne près de 60% des navires. Cela permet à un armateur de ne respecter aucune des lois internationales en vigueur, d’embaucher des marins en sous-effectif, sous-payés et épuisés par des temps de veille rallongés. Ce système a été généralisé dans les années 1960 et 1970 par tous les armateurs occidentaux avec le soutien de leurs gouvernements. La France a elle-même créé en 1986, sous la cohabitation Mitterrand-Chirac, le pavillon des Kerguelen. Le gouvernement Raffarin a renchéri en 2005 avec le «&nbsp;Registre International Français&nbsp;» qui permet aux armateurs de toucher les subventions européennes tout en continuant à s’affranchir des lois sociales et environnementales contraignantes. En général, le coût d'une amende pour déballastage ou le coût des dommages et intérêts infligés en cas de marée noire sont très faibles par rapport aux profits réalisés. C'est là aussi une forme de socialisation des pertes par la collectivité.
+
Les [[Etats_bourgeois|Etats bourgeois]], qui font mine de légiférer contre ces "abus", accompagnent en réalité les capitalistes, en particulier avec le système des pavillons de complaisance, qui concerne près de 60% des navires. Cela permet à un armateur de ne respecter aucune des lois internationales en vigueur, d’embaucher des marins en sous-effectif, sous-payés et épuisés par des temps de veille rallongés. Ce système a été généralisé dans les années 1960 et 1970 par tous les armateurs occidentaux avec le soutien de leurs gouvernements. La France a elle-même créé en 1986, sous la cohabitation Mitterrand-Chirac, le pavillon des Kerguelen. Le gouvernement Raffarin a renchéri en 2005 avec le «&nbsp;Registre International Français&nbsp;» qui permet aux armateurs de toucher les subventions européennes tout en continuant à s’affranchir des lois sociales et environnementales contraignantes. En général, le coût d'une amende pour déballastage ou le coût des dommages et intérêts infligés en cas de marée noire sont très faibles par rapport aux profits réalisés. C'est là aussi une forme de socialisation des pertes par la collectivité.
    
===Enchevêtrement mondial désordonné===
 
===Enchevêtrement mondial désordonné===
Ligne 155 : Ligne 160 :     
Aujourd'hui, de fait, il existe pour des voyageurs une part de choix entre différents modes de transport. Certains écologistes - et souvent l'écologie "officielle" des gouvernements - font alors reposer le sort de la planète sur la responsabilité individuelle. Il suffirait que chacun évite de prendre l'avion ou la voiture pour régler les problèmes. En réalité la part de choix individuel est réduite à peau de chagrin.
 
Aujourd'hui, de fait, il existe pour des voyageurs une part de choix entre différents modes de transport. Certains écologistes - et souvent l'écologie "officielle" des gouvernements - font alors reposer le sort de la planète sur la responsabilité individuelle. Il suffirait que chacun évite de prendre l'avion ou la voiture pour régler les problèmes. En réalité la part de choix individuel est réduite à peau de chagrin.
 +
 +
En particulier, la possibilité de se reposer uniquement sur les transports en commun dépend fortement de la [[densité de l'urbanisme]], qui elle-même est un paramètre qui dépasse les choix individuels.<gallery widths="350" heights="250">
 +
Fichier:VoitureDensitéUrbaineUSAfr.jpg|Densité urbaine et voiture
 +
Fichier:Revised petrol use urban density.jpg|Consommation de pétrole et densité
 +
</gallery>
 
<blockquote>
 
<blockquote>
 
«&nbsp;Dans l’Union européenne, le transport par route représente 85&nbsp;% des déplacements de voyageurs. Mais l’immense majorité des «&nbsp;voyageurs&nbsp;» sont en réalité des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail parce que le réseau des transports publics est insuffisant, inexistant dans certaines localités ou à certaines heures, de surcroît de mauvaise qualité dans bien des endroits. Combien d’usagers doivent prendre un bus puis un train puis un métro ou encore un autre bus pour se rendre à leur travail et en revenir, y compris après une journée de travail harassante. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890. Demander aux particuliers de ne pas prendre leur voiture les jours de fortes pollutions sans rendre gratuits les transports collectifs, ne serait-ce que ces jours-là, sans construire et entretenir des réseaux collectifs pratiques, fréquents et confortables, est une imposture… Comme c’est une imposture de leur demander de faire leurs courses à pied, près de leur domicile, quand les géants de la distribution ont concentré en périphérie de la plupart des villes, les magasins les mieux achalandés et ceux dont les prix sont les plus abordables.&nbsp;»<ref name="CLT" />
 
«&nbsp;Dans l’Union européenne, le transport par route représente 85&nbsp;% des déplacements de voyageurs. Mais l’immense majorité des «&nbsp;voyageurs&nbsp;» sont en réalité des travailleurs qui n’ont d’autres choix que de prendre leur voiture pour se rendre quotidiennement à leur travail parce que le réseau des transports publics est insuffisant, inexistant dans certaines localités ou à certaines heures, de surcroît de mauvaise qualité dans bien des endroits. Combien d’usagers doivent prendre un bus puis un train puis un métro ou encore un autre bus pour se rendre à leur travail et en revenir, y compris après une journée de travail harassante. En France, à force de fermetures de lignes, le réseau SNCF voyageurs est aujourd’hui revenu à sa longueur des années 1890. Demander aux particuliers de ne pas prendre leur voiture les jours de fortes pollutions sans rendre gratuits les transports collectifs, ne serait-ce que ces jours-là, sans construire et entretenir des réseaux collectifs pratiques, fréquents et confortables, est une imposture… Comme c’est une imposture de leur demander de faire leurs courses à pied, près de leur domicile, quand les géants de la distribution ont concentré en périphérie de la plupart des villes, les magasins les mieux achalandés et ceux dont les prix sont les plus abordables.&nbsp;»<ref name="CLT" />

Menu de navigation