Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
1 076 octets ajoutés ,  30 juin 2022 à 17:01
aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 : −
'''La Montagne''' est le nom donné à un groupe [[Politique|politique]] [[Bourgeois|bourgeois]] siégeant à la Convention nationale durant la [[Révolution française|Révolution française]]. Le nom de Montagnard est devenu synonyme de [[Jacobin|Jacobin]].  
+
[[Fichier:Viva a montanha! Revolução Francesa. .jpg|vignette|493x493px|« Vive la Montagne ; Vive la République une et indivisible » ]]
 +
La '''Montagne''' est le nom donné au groupe [[politique]] [[bourgeois]] le plus radical parmi les députés actifs pendant la [[Révolution française]]. Ce nom de '''montagnards''' vient du  fait qu'ils occupaient les bancs les plus élevés de la salle où se réunissait la [[w:Convention nationale|Convention nationale]].
 +
 
 +
Beaucoup se réunissaient au [[Club des Jacobins]], ce qui fait que montagnard est devenu synonyme de [[jacobin]].  
    
== Rôle historique  ==
 
== Rôle historique  ==
Ligne 5 : Ligne 8 :  
=== Républicains intransigeants  ===
 
=== Républicains intransigeants  ===
   −
Personnifiés par des personnages comme Danton, Marat et [[Robespierre|Robespierre]], les Montagnards sont des républicains convaincus. Comme la majorité des révolutionnaires, ils étaient influencés par [[Les Lumières|les Lumières]], mais aussi par [[Rousseau|Rousseau]]. Ils se voyaient en [[Démocratie|démocrates]] et en amis du peuple, et pensaient avoir la tâche d'ériger une [[République|République]] à l'image de la [[République romaine|République romaine]].<br>
+
Personnifiés par des personnages comme Danton, Marat et [[Robespierre|Robespierre]], les Montagnards sont des républicains convaincus. Comme la majorité des révolutionnaires, ils étaient influencés par [[Les Lumières|les Lumières]], mais aussi par [[w:Jean-Jacques Rousseau|Rousseau]]. Ils se voyaient en [[Démocratie|démocrates]] et en amis du peuple, et pensaient avoir la tâche d'ériger une [[République|République]] à l'image de la [[Luttes de classes en Rome antique|République romaine]].  
<blockquote>«&nbsp;On appelle ainsi, depuis les premiers temps de la Révolution, une partie de le salle où se plaçait, dans l'Assemblée constituante, un petit nombre de députés qui défendirent la cause du peuple jusqu'au bout, avec le plus de constance et de fidélité.&nbsp;» Maximillien de Robespierre<ref name="robes">[[Robespierre]], dans une de ses Lettres à ses commettants (fin novembre ou début décembre 1792)</ref> </blockquote>  
+
<blockquote>
 +
«&nbsp;On appelle ainsi, depuis les premiers temps de la Révolution, une partie de le salle où se plaçait, dans l'Assemblée constituante, un petit nombre de députés qui défendirent la cause du peuple jusqu'au bout, avec le plus de constance et de fidélité.&nbsp;» Maximilien de Robespierre<ref name="robes">[[Robespierre]], dans une de ses Lettres à ses commettants (fin novembre ou début décembre 1792)</ref>  
 +
</blockquote>
 +
 
Ils sont initialement des éléments disparates et sans programme réellement défini. Robespierre les "discernait" parmi la Constituante, mais rien ne les unissait alors formellement, même si beaucoup étaient au [[Club des Jacobins|Club des Jacobins]].  
 
Ils sont initialement des éléments disparates et sans programme réellement défini. Robespierre les "discernait" parmi la Constituante, mais rien ne les unissait alors formellement, même si beaucoup étaient au [[Club des Jacobins|Club des Jacobins]].  
<blockquote>«&nbsp;Dans l'Assemblée actuelle [ ...] Il y a, dans la plaine et dans le pays aquatique, de très braves gens et des Montagnards, et, sur la Montagne, on entend bourdonner quelquefois des insectes feuillantins et de petites mouches girondines échappées du Marais.&nbsp;» <ref name="robes" /> </blockquote>  
+
<blockquote>
 +
«&nbsp;Dans l'Assemblée actuelle [...] Il y a, dans la plaine et dans le pays aquatique, de très braves gens et des Montagnards, et, sur la Montagne, on entend bourdonner quelquefois des insectes feuillantins et de petites mouches girondines échappées du Marais.&nbsp;» <ref name="robes" />  
 +
</blockquote>
 +
 
Il représentaient en réalité la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], face aux [[Girondins|Girondins]] qui avaient plutôt l'appui de la grande [[Bourgeoisie commerçante|bourgeoisie commerçante]]. Contrairement à ces derniers, ils n'étaient pas liés avec l'ancienne [[Classe dominante|classe dominante]] et la [[Monarchie|monarchie]]. En s'appuyant sur l'énergie des masses et principalement des [[Sans-culottes|sans-culottes]], ils étaient les plus à même de provoquer une rupture révolutionnaire avec la monarchie.  
 
Il représentaient en réalité la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], face aux [[Girondins|Girondins]] qui avaient plutôt l'appui de la grande [[Bourgeoisie commerçante|bourgeoisie commerçante]]. Contrairement à ces derniers, ils n'étaient pas liés avec l'ancienne [[Classe dominante|classe dominante]] et la [[Monarchie|monarchie]]. En s'appuyant sur l'énergie des masses et principalement des [[Sans-culottes|sans-culottes]], ils étaient les plus à même de provoquer une rupture révolutionnaire avec la monarchie.  
    
=== Une dictature révolutionnaire  ===
 
=== Une dictature révolutionnaire  ===
   −
Les montagnards sont donc d'abord minoritaires, les modérés Girondins exerçant l'influence politique majeure sur l'Assemblée. Le cours des événements de la [[Révolution française|Révolution]], notamment la guerre contre les monarchies coalisées, vont provoquer d'importants changements. Les [[Girondins|Girondins]] sont incapables de gérer la crise, le [[Fédéralisme|fédéralisme]] qu'ils soutiennent met en péril le pays. C'est dans ce contexte que les Montagnards deviennent une solution pour la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Leur [[centralisme|centralisme]] ferme est un gage d'efficacité, et surtout leur énergie révolutionnaire et leur [[populisme|populisme]] leur permettent de sa gagner le soutien de la [[Sans-culotterie|sans-culotterie]]. Ils connurent leur apogée au printemps de 1793 avec 300 députés à la Convention nationale, pour la plupart élus de la Seine et des grandes villes. Ils parvinrent même à éliminer les Girondins du pouvoir le 2 juin 1793. Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de [[Terreur|Terreur]], qui remporta d'immenses succès, et créa les conditions de l'essor du [[capitalisme|capitalisme]] en France, et facilitant son expansion en Europe. Mais une fois ces succès passés, la nécessité de leur dictature disparut. Ils se divisèrent rapidement et perdirent un à un leurs soutiens. <br>
+
Les montagnards sont donc d'abord minoritaires, les modérés Girondins exerçant l'influence politique majeure sur l'Assemblée. Le cours des événements de la [[Révolution française|Révolution]], notamment la guerre contre les monarchies coalisées, vont provoquer d'importants changements. Les [[Girondins|Girondins]] sont incapables de gérer la crise, le [[Fédéralisme|fédéralisme]] qu'ils soutiennent met en péril le pays. C'est dans ce contexte que les Montagnards deviennent une solution pour la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]]. Leur [[centralisme|centralisme]] ferme est un gage d'efficacité, et surtout leur énergie révolutionnaire et leur [[populisme|populisme]] leur permettent de se gagner le soutien de la [[Sans-culotterie|sans-culotterie]]. Ils connurent leur apogée au printemps de 1793 avec 300 députés à la Convention nationale, pour la plupart élus de la Seine et des grandes villes. Ils parvinrent même à éliminer les Girondins du pouvoir le 2 juin 1793. Dominant la Convention et le Comité de Salut public, ils imposèrent une politique de [[Terreur|Terreur]], qui remporta d'immenses succès, et créa les conditions de l'essor du [[capitalisme|capitalisme]] en France, et facilitant son expansion en Europe. Mais une fois ces succès passés, la nécessité de leur dictature disparut. Ils se divisèrent rapidement et perdirent un à un leurs soutiens.  
   −
=== Ecrasés par Thermidor ===
+
=== Écrasés par Thermidor ===
   −
Robespierre tenta de manoeuvrer quelque temps entre [[Exagérés|Exagérés]] et [[Indulgents|Indulgents]], faisant exécuter chaque opposant tour à tour. Mais il perdit peu à peu sa base [[sans-culotte|sans-culotte]], qu'il avait contribué à démobiliser, et par suite, ce fut son tour de monter sur l'échafaud, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794).
+
Robespierre tenta de manœuvrer quelque temps entre [[Exagérés|Exagérés]] et [[w:Indulgents|Indulgents]], faisant exécuter chaque opposant tour à tour. Mais il perdit peu à peu sa base [[sans-culotte|sans-culotte]], qu'il avait contribué à démobiliser, et par suite, ce fut son tour de monter sur l'échafaud, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794).
   −
Après la chute de Robespierre et de ses partisans , les "montagnards de l'an III" (que l'on nomme ainsi pour les distinguer des montagnards «&nbsp;dantonistes&nbsp;», qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux et réunis dans le groupe des Crêtois, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminés après les insurrections de germinal et de prairial. Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la [[bourgeoisie|bourgeoisie]], ils se retrouvaient néanmoins victime de la [[réaction|réaction]].<br>
+
Après la chute de Robespierre et de ses partisans, les « [[w:Crêtois|Crêtois]] » ou « montagnards de l'an III » (que l'on nomme ainsi pour les distinguer des montagnards «&nbsp;dantonistes&nbsp;», qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), de moins en moins nombreux, tentèrent de s’opposer à la Convention thermidorienne mais en vain. Ils furent en grande partie éliminés après les insurrections de germinal et de prairial. Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la [[bourgeoisie|bourgeoisie]], ils se retrouvaient néanmoins victime de la [[réaction|réaction]].
    
== Courants minoritaires  ==
 
== Courants minoritaires  ==
   −
Plusieurs députés montagnards étaient proches de groupes populaires extra-parlementaires, comme les Enragés de Jacques Roux ou des Hébertistes.  
+
Plusieurs députés montagnards étaient proches de groupes populaires extra-parlementaires, comme les Enragés de Jacques Roux ou des Hébertistes. Mais ces derniers, qui étaient plus en phase avec le bouillonnement des [[sans-culottes]] et les poussaient souvent à l'[[insurrection]], finirent par être réprimés. 
 +
=== Les Enragés  ===
   −
=== Les Hébertistes  ===
+
Les [[Enragés|Enragés]] suivaient [[Jacques Roux|Jacques Roux]], qui tentait déjà d'axer la lutte sur l'[[égalitarisme|égalitarisme]] et dénoncer l'enrichissement de la bourgeoisie au détriment "du peuple". Même si ce groupe était très minoritaire, il anticipait déjà l'arrivée sur l'arène politique de la lutte [[socialiste|socialiste]].
   −
Menés par Jacques René Hébert, ces agitateurs aussi appelés les [[Exagérés|Exagérés]] appelaient sans cesse à l'insurrection.Ils auraient eu à plusieurs reprises un rôle de [[Provocateurs|provocateurs]].<br>
+
Jacques Roux est arrêté le 22 août 1793, et se suicide le 10 février 1794.
 +
=== Les Hébertistes ===
   −
Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures du [[Club des Cordeliers|club des Cordeliers]]. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794. <br>
+
Menés par [[Jacques-René Hébert]], ces agitateurs aussi appelés les [[Exagérés]] appelaient sans cesse à l'insurrection. Ils auraient eu à plusieurs reprises un rôle de [[provocateurs]].  
   −
=== Les Enragés  ===
+
Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures du [[club des Cordeliers]]. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794.
 
  −
Les [[Enragés|Enragés]] suivaient [[Jacques Roux|Jacques Roux]] , qui tentait déjà d'axer la lutte sur l'[[égalitarisme|égalitarisme]] et dénoncer l'enrichissement de la bourgeoisie au détriment "du peuple". Même si ce groupe était très minoritaire, il exprimait déjà l'arrivée sur l'arène politique de la lutte [[socialiste|socialiste]]. <br>
      
== Origine du nom  ==
 
== Origine du nom  ==
   −
Il est bien connu que les Montagnards étaient les députés assis à gauche et sur les bancs les plus élevés, d’où la référence à la «&nbsp;Montagne&nbsp;». Ce nom a vraiment été connu vers juin 1793, au plus fort de la lutte contre le [[Fédéralisme|fédéralisme]] Girondin.<br>
+
Il est bien connu que les Montagnards étaient les députés assis à gauche et sur les bancs les plus élevés, d’où la référence à la «&nbsp;Montagne&nbsp;». Ce nom a vraiment été connu vers juin 1793, au plus fort de la lutte contre le [[Fédéralisme|fédéralisme]] Girondin.  
   −
Il y a aussi probablement d'autres références communes entre ces révolutionnaires bourgeois, concourrant à créer leur idéologie. Nombreux étaient ceux qui avaient lu&nbsp;: la «&nbsp;Vie de Solon&nbsp;», issue des ''Vies parallèles'', où Plutarque (s’inspirant d’Hérodote et d’Aristote) décrit en ces termes les divisions politiques à Athènes&nbsp;: «&nbsp;Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie&nbsp;; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire…&nbsp;». <br>
+
Il y a aussi probablement d'autres références communes entre ces révolutionnaires bourgeois, concourant à créer leur idéologie. Nombreux étaient ceux qui avaient lu&nbsp;: la «&nbsp;Vie de Solon&nbsp;», issue des ''Vies parallèles'', où Plutarque (s’inspirant d’Hérodote et d’Aristote) décrit en ces termes les [[Luttes de classes en Grèce antique|divisions politiques à Athènes]]&nbsp;: «&nbsp;Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie&nbsp;; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire…&nbsp;».
   −
D’autre part la référence mystique, biblique et évangélique est aussi présente, même si ce champ idéologique a plutôt été l'apanage de la réaction monarchiste. Car la Montagne est souvent perçue par ses partisans comme un nouveau Sinaï (et les Droits de l’Homme comme un nouveau Décalogue), sans oublier la référence aux «&nbsp;sermons sur la Montagne&nbsp;» du Christ.<br>
+
D’autre part la référence mystique, biblique et évangélique est aussi présente, même si ce champ idéologique a plutôt été l'apanage de la réaction monarchiste. Car la Montagne est souvent perçue par ses partisans comme un nouveau [[w:Mont Sinaï|Sinaï]] (et les Droits de l’Homme comme un nouveau [[w:Décalogue|Décalogue]]), sans oublier la référence au «&nbsp;[[w:Sermon sur la Montagne|sermon sur la Montagne]]&nbsp;» du Christ.  
    
== Réemploi politique ==
 
== Réemploi politique ==
 
+
{{See also|Montagne (1849)}}
Sous la
+
Sous la [[Seconde République]], des députés de l’[[extrême gauche]] ([[w:Armand Barbès|Barbès]], [[w:Alexandre Ledru-Rollin|Ledru-Rollin]]) reprirent le nom de Montagne pour désigner leur groupe politique, tandis que les [[w:Ultraroyaliste|royalistes légitimistes les plus ultras]], partisans de «&nbsp;l'appel au peuple&nbsp;» et convaincus que le [[suffrage universel]] aboutirait à rétablir la [[monarchie]], adoptaient le nom de «&nbsp;Montagne blanche&nbsp;».<ref>Stéphane Rials, ''Révolution et contre-révolution au <abbr>XIX<sup>e</sup></abbr> siècle'', DUC/Albatros, Paris, 1987, <abbr>p.</abbr> 155, et R. Huard, « Montagne rouge et Montagne blanche en Languedoc-Roussillon sous la Seconde République », ''Droite et gauche de 1789 à nos jours'', Publications de l'université Paul-Valéry, Montpellier-III, 1975, <abbr>p.</abbr> 139-160.</ref>
[[Seconde République|Seconde République]]
  −
, des députés de l’
  −
[[extrême gauche|extrême gauche]]
  −
(Barbès, Ledru-Rollin) reprirent le nom de
  −
[[Montagne (1849)|Montagne]]
  −
pour désigner leur groupe politique, tandis que les royalistes légitimistes les plus ultras, partisans de «&nbsp;l'appel au peuple&nbsp;» et convaincus que le suffrage universel aboutirait à rétablir la monarchie, adoptaient le nom de «&nbsp;Montagne blanche&nbsp;».
      
== Notes et sources  ==
 
== Notes et sources  ==

Menu de navigation