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Il existe pourtant de nombreuses formes possibles de planification, plus ou moins démocratiques et plus ou moins centralisées. Par exemple [[Marx|Marx]] ne présentait pas la planification et le [[communisme|communisme]] comme quelque chose de contradictoire et sans rapport avec les [[coopératives|coopératives]]. Au contraire, il souglinait que la généralisation du principe coopératif à l'ensemble de la société était de fait le [[Communisme|communisme]] :
 
Il existe pourtant de nombreuses formes possibles de planification, plus ou moins démocratiques et plus ou moins centralisées. Par exemple [[Marx|Marx]] ne présentait pas la planification et le [[communisme|communisme]] comme quelque chose de contradictoire et sans rapport avec les [[coopératives|coopératives]]. Au contraire, il souglinait que la généralisation du principe coopératif à l'ensemble de la société était de fait le [[Communisme|communisme]] :
<blockquote>''«&nbsp;Mais si la production coopérative ne doit pas rester un leurre et une duperie; si elle doit évincer le système capitaliste; si l'ensemble des associations coopératives doit régler la production nationale selon un plan commun, la prenant ainsi sous son propre contrôle et mettant fin à l'anarchie constante et aux convulsions périodiques qui sont le destin inéluctable de la production capitaliste, que serait-ce, messieurs, sinon du communisme, du très «&nbsp;possible&nbsp;» communisme&nbsp;?&nbsp;»''<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France]'', 1871</ref></blockquote>  
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''«&nbsp;Mais si la production coopérative ne doit pas rester un leurre et une duperie; si elle doit évincer le système capitaliste; si l'ensemble des associations coopératives doit régler la production nationale selon un plan commun, la prenant ainsi sous son propre contrôle et mettant fin à l'anarchie constante et aux convulsions périodiques qui sont le destin inéluctable de la production capitaliste, que serait-ce, messieurs, sinon du communisme, du très «&nbsp;possible&nbsp;» communisme&nbsp;?&nbsp;»''<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530c.htm La guerre civile en France]'', 1871</ref>
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==Planification et efficacité==
 
==Planification et efficacité==
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*Des secteurs entiers sont moins rentables (éducation, aide à la personne...) et donc moins développés sous le capitalisme. Le socialisme pourrait décider d'utiliser le temps de travail disponible grâce à la forte productivité moderne pour développer des secteurs utiles socialement.
 
*Des secteurs entiers sont moins rentables (éducation, aide à la personne...) et donc moins développés sous le capitalisme. Le socialisme pourrait décider d'utiliser le temps de travail disponible grâce à la forte productivité moderne pour développer des secteurs utiles socialement.
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=== Autres éléments théoriques ===
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En 1929, [[Nikolaï Boukharine|Boukharine]] écrit que le [[socialisme]], en développant la consommation des masses, surmonte un problème majeur du capitalisme, et affirme au passage que cette stimulation l'emporte largement sur le risque d'inefficacité économique liée à un bureaucratisme de la planification :
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« La stimulation vient des masses, qui veulent et doivent pouvoir vivre mieux ; les masses exercent une pression systématique ; la « maudite insuffisance de la demande » des capitalistes est totalement éliminée : ces forces font plus que compenser le fouet de la concurrence capitaliste et représentent la garantie fondamentale contre la dégénérescence bureaucratique des cadres. »<ref>Nikolaï Boukharine, [[:fr:La théorie de la « gabegie organisée »|La théorie de la « gabegie organisée »]], 25 juin 1929</ref>
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Cet argument reprend l'analyse controversée du « [[Sous-consommation|sous-consommationnisme]] ».
 
===Constats empiriques===
 
===Constats empiriques===
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''«&nbsp;Théoriquement, nous avons toujours affirmé que le prolétariat, après la conquête du pouvoir, serait obligé, pendant un temps très long encore, de tolérer aux côtés des entreprises étatiques, les entreprises privées, moins perfectionnées au point de vue technique, moins susceptibles d´être centralisées&nbsp;; nous n´avons jamais douté que les rapports entre les entreprises étatiques et privées, et dans une mesure considérable, les rapports réciproques entre les différentes entreprises ou leurs groupes, seraient régularisés par la voie du marché, au moyen du numéraire.&nbsp;»<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>''
 
''«&nbsp;Théoriquement, nous avons toujours affirmé que le prolétariat, après la conquête du pouvoir, serait obligé, pendant un temps très long encore, de tolérer aux côtés des entreprises étatiques, les entreprises privées, moins perfectionnées au point de vue technique, moins susceptibles d´être centralisées&nbsp;; nous n´avons jamais douté que les rapports entre les entreprises étatiques et privées, et dans une mesure considérable, les rapports réciproques entre les différentes entreprises ou leurs groupes, seraient régularisés par la voie du marché, au moyen du numéraire.&nbsp;»<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>''
</blockquote>Aujourd'hui, des marxistes estiment que les progrès gigantesques de l'informatique rendent beaucoup plus facile la remontée d'informations et donc le problème du calcul économique souvent soulevé par les libéraux. <blockquote>« Aujourd’hui, la plupart des échanges économiques sont doublés par des traces numériques traitées automatiquement. L’essentiel de l’argument informationnel tombe. De fait, le secteur privé a massivement recours à une forme de planification. Amazon ou Walmart traitent aujourd’hui des milliers de fois plus de données-produits que le [[Gosplan|Gosplan soviétique]]. Ces multinationales ont les moyens d’ajuster en temps réel leurs processus commerciaux en fonction des conditions de marché changeantes. La question fondamentale qui se pose à la planification contemporaine n’est plus celle des limites informationnelles mais celle de la démocratisation d’une coordination algorithmique de plus en plus dominée par quelques entreprises monopolistiques. »<ref>[https://www.mediapart.fr/journal/economie/030420/cedric-durand-l-enjeu-de-cette-crise-est-de-planifier-la-mutation-de-l-economie Cédric Durand: «L’enjeu de cette crise est de planifier la mutation de l’économie»], Médiapart, avril 2020</ref></blockquote>
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Aujourd'hui, des marxistes estiment que les progrès gigantesques de l'informatique rendent beaucoup plus facile la remontée d'informations et donc le problème du calcul économique souvent soulevé par les libéraux.  
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« Aujourd’hui, la plupart des échanges économiques sont doublés par des traces numériques traitées automatiquement. L’essentiel de l’argument informationnel tombe. De fait, le secteur privé a massivement recours à une forme de planification. Amazon ou Walmart traitent aujourd’hui des milliers de fois plus de données-produits que le [[Gosplan|Gosplan soviétique]]. Ces multinationales ont les moyens d’ajuster en temps réel leurs processus commerciaux en fonction des conditions de marché changeantes. La question fondamentale qui se pose à la planification contemporaine n’est plus celle des limites informationnelles mais celle de la démocratisation d’une coordination algorithmique de plus en plus dominée par quelques entreprises monopolistiques. »<ref>[https://www.mediapart.fr/journal/economie/030420/cedric-durand-l-enjeu-de-cette-crise-est-de-planifier-la-mutation-de-l-economie Cédric Durand: «L’enjeu de cette crise est de planifier la mutation de l’économie»], Médiapart, avril 2020</ref>
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===Exemples historiques d'économies planifiées===
 
===Exemples historiques d'économies planifiées===
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==Critiques de la planification==
 
==Critiques de la planification==
Dès la [[révolution industrielle]], les patrons repoussèrent  violemment toute idée de planification collective empiétant sur leur liberté individuelle. [[Karl Marx|Marx]] soulignait qu'il y avait une certaine ironie à ce que ces mêmes bourgeois ne voient aucun problème à empiéter sur la liberté individuelle des ouvriers pour planifier leur rôle au sein d'une [[manufacture]] ou d'une [[usine]] :<blockquote>« [C]ette conscience bourgeoise qui exalte la division manufacturière du travail, la condamnation à perpétuité du travailleur à une opération de détail et sa subordination passive au capitaliste, elle pousse des hauts cris et se pâme quand on parle de contrôle, de réglementation sociale du procès de production ! Elle dénonce toute tentative de ce genre comme une attaque contre les droits de la Propriété, de la Liberté, du Génie du capitaliste. « Voulez vous donc transformer la société en une fabrique ? » glapissent alors ces enthousiastes apologistes du système de fabrique. Le régime des fabriques n'est bon que pour les prolétaires ! »<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-14-4.htm Le Capital, Livre I, Chapitre XIV : Division du travail et manufacture]'', 1867</ref></blockquote>Les économistes bourgeois libéraux ont depuis longtemps dénoncé toute idée de planification comme impossible ou inefficace ([[Débat_sur_le_calcul_économique_en_économie_socialiste|débat sur le calcul économique]]).
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Dès la [[révolution industrielle]], les patrons repoussèrent  violemment toute idée de planification collective empiétant sur leur liberté individuelle. [[Karl Marx|Marx]] soulignait qu'il y avait une certaine ironie à ce que ces mêmes bourgeois ne voient aucun problème à empiéter sur la liberté individuelle des ouvriers pour planifier leur rôle au sein d'une [[manufacture]] ou d'une [[usine]] :
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« [C]ette conscience bourgeoise qui exalte la division manufacturière du travail, la condamnation à perpétuité du travailleur à une opération de détail et sa subordination passive au capitaliste, elle pousse des hauts cris et se pâme quand on parle de contrôle, de réglementation sociale du procès de production ! Elle dénonce toute tentative de ce genre comme une attaque contre les droits de la Propriété, de la Liberté, du Génie du capitaliste. « Voulez vous donc transformer la société en une fabrique ? » glapissent alors ces enthousiastes apologistes du système de fabrique. Le régime des fabriques n'est bon que pour les prolétaires ! »<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-14-4.htm Le Capital, Livre I, Chapitre XIV : Division du travail et manufacture]'', 1867</ref>
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Les économistes bourgeois libéraux ont depuis longtemps dénoncé toute idée de planification comme impossible ou inefficace ([[Débat_sur_le_calcul_économique_en_économie_socialiste|débat sur le calcul économique]]).
    
La question de la «&nbsp;possibilité&nbsp;» de l'existence d'une économie planifiée a été une question majeure qui a animé le monde des économistes dans les années&nbsp;1920-1930. Pour [[Ludwig_von_Mises|Ludwig von Mises]], une économie planifiée est «&nbsp;impossible&nbsp;» car, en se privant du mécanisme des prix libres, les autorités planificatrices se privent de toute possibilité de calcul économique&nbsp;:
 
La question de la «&nbsp;possibilité&nbsp;» de l'existence d'une économie planifiée a été une question majeure qui a animé le monde des économistes dans les années&nbsp;1920-1930. Pour [[Ludwig_von_Mises|Ludwig von Mises]], une économie planifiée est «&nbsp;impossible&nbsp;» car, en se privant du mécanisme des prix libres, les autorités planificatrices se privent de toute possibilité de calcul économique&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;Privé de tout moyen de connaître la valeur relative des différents biens, le planificateur central en est réduit à décider de façon aveugle et, en un mot, «&nbsp;irrationnelle&nbsp;». On ne peut dès lors parler d’«&nbsp;économie&nbsp;» planifiée, la planification est impossible. Certes le planificateur pourra toujours décider une répartition arbitraire mais elle ne sera fondée sur rien de rationnel.&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;Privé de tout moyen de connaître la valeur relative des différents biens, le planificateur central en est réduit à décider de façon aveugle et, en un mot, «&nbsp;irrationnelle&nbsp;». On ne peut dès lors parler d’«&nbsp;économie&nbsp;» planifiée, la planification est impossible. Certes le planificateur pourra toujours décider une répartition arbitraire mais elle ne sera fondée sur rien de rationnel.&nbsp;»
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La réponse des tenants de la planification s'exprima en particulier dans les écrits d'[[Oskar_Lange|Oskar Lange]] et des autres tenants du socialisme de marché. Pour eux, la planification pouvait fonctionner si l'autorité planificatrice centrale obligeait les acteurs à mimer les mécanismes du marché pour avoir une idée de la demande réelle de chaque produit.
 
La réponse des tenants de la planification s'exprima en particulier dans les écrits d'[[Oskar_Lange|Oskar Lange]] et des autres tenants du socialisme de marché. Pour eux, la planification pouvait fonctionner si l'autorité planificatrice centrale obligeait les acteurs à mimer les mécanismes du marché pour avoir une idée de la demande réelle de chaque produit.
  

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