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===Fondation (1919)===
 
===Fondation (1919)===
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La nouvelle, en janvier 1919, d’une réforme de la Deuxième Internationale, amena les bolcheviks à tâter le terrain pour la formation d’une nouvelle Internationale qui pourrait se faire à Berlin. Avant qu’elle puisse se réunir, [[Karl_Liebknecht|Liebknecht]] avait précipité l’[[Insurrection_spartakiste|insurrection spartakiste]] qui fut brisée par la social-démocratie. La première réunion de l’Internationale fut déplacée à Moscou. Ce déplacement devait être temporaire, jusqu’à ce que la révolution éclate à l’Ouest.
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La nouvelle, en janvier 1919, d’une reformation de la [[Deuxième Internationale]], amena les bolcheviks à tâter le terrain pour la formation d’une nouvelle Internationale qui pourrait se faire à Berlin. Avant qu’elle puisse se réunir, [[Karl_Liebknecht|Liebknecht]] avait précipité l’[[Insurrection_spartakiste|insurrection spartakiste]] qui fut brisée par la social-démocratie. La première réunion de l’Internationale fut déplacée à Moscou. Ce déplacement devait être temporaire, jusqu’à ce que la révolution éclate à l’Ouest.
    
Une conférence internationale appelée par les bolcheviks se tient en mars 1919 à Moscou, en pleine [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], et les bolchéviks font pression pour qu'elle se transforme en [[Congrès_de_fondation_de_l'Internationale_communiste|congrès de fondation]] de la III<sup>e</sup> Internationale. Cependant le délégué du seul véritable Parti représenté (hors du Parti bolchevik), [[Hugo_Eberlein|Hugo Eberlein]] du [[Parti_communiste_d'Allemagne|Parti communiste d'Allemagne]], s'abstient sur la création d'une nouvelle internationale (il avait d'ailleurs été mandaté pour voter contre). Les bolchéviks font alors certaines manoeuvres<ref>Voir les témoignages cités par Marc Ferro dans ''Des soviets au communisme bureaucratique''</ref> pour que ce congrès paraisse pour plus que ce qu'il était&nbsp;: par exemple, il firent voter en tant qu'Allemand un Allemand de la Volga (en Russie) qui n'avait aucun rapport avec le PC allemand, ils firent voter parmi les délégués américains [[Boris_Reinstein|Boris Reinstein]], bolchévik qui avait vécu aux Etats-Unis, et globalement ils s'assurèrent de contacter des délégués favorables...
 
Une conférence internationale appelée par les bolcheviks se tient en mars 1919 à Moscou, en pleine [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], et les bolchéviks font pression pour qu'elle se transforme en [[Congrès_de_fondation_de_l'Internationale_communiste|congrès de fondation]] de la III<sup>e</sup> Internationale. Cependant le délégué du seul véritable Parti représenté (hors du Parti bolchevik), [[Hugo_Eberlein|Hugo Eberlein]] du [[Parti_communiste_d'Allemagne|Parti communiste d'Allemagne]], s'abstient sur la création d'une nouvelle internationale (il avait d'ailleurs été mandaté pour voter contre). Les bolchéviks font alors certaines manoeuvres<ref>Voir les témoignages cités par Marc Ferro dans ''Des soviets au communisme bureaucratique''</ref> pour que ce congrès paraisse pour plus que ce qu'il était&nbsp;: par exemple, il firent voter en tant qu'Allemand un Allemand de la Volga (en Russie) qui n'avait aucun rapport avec le PC allemand, ils firent voter parmi les délégués américains [[Boris_Reinstein|Boris Reinstein]], bolchévik qui avait vécu aux Etats-Unis, et globalement ils s'assurèrent de contacter des délégués favorables...
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Le vrai congrès de fondation sera le deuxième, tenu à l'été 1920, en pleine euphorie de la marche sur Varsovie (guerre russo-polonaise). Lors de ce deuxième congrès, l'IC fixe des conditions précises pour l'appartenance d'un parti, connues comme les "[[21_conditions|21 conditions]]". Celles-ci visaient à assurer que la rupture avec la [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]] soit complète, pour que les nouveaux partis communistes soient clairement révolutionnaires. Par ailleurs, [[Trotski|Trotski]] poussera en 1922 à l'exclusion des [[Franc-maçons|franc-maçons]] du [[Parti_communiste_français|parti communiste français]].
 
Le vrai congrès de fondation sera le deuxième, tenu à l'été 1920, en pleine euphorie de la marche sur Varsovie (guerre russo-polonaise). Lors de ce deuxième congrès, l'IC fixe des conditions précises pour l'appartenance d'un parti, connues comme les "[[21_conditions|21 conditions]]". Celles-ci visaient à assurer que la rupture avec la [[Deuxième_internationale|Deuxième internationale]] soit complète, pour que les nouveaux partis communistes soient clairement révolutionnaires. Par ailleurs, [[Trotski|Trotski]] poussera en 1922 à l'exclusion des [[Franc-maçons|franc-maçons]] du [[Parti_communiste_français|parti communiste français]].
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Paradoxalement, alors que la révolution russe était extrêmement riche d'enseignements (dont la plupart ne pouvaient pas être tirés de l'expérience [[Social-démocrate|social-démocrate]]) les bolchéviks ont peu formalisé ces enseignements dans les années qui suivent immédiatement la révolution. La première raison est que l'urgence était la r[[Vague_révolutionnaire_de_1917-1923|évolution en Europe]] qui semblait imminente. ''«&nbsp;Après Octobre, il semblait que les événements en Europe se dévelop­peraient d'eux-mêmes avec une telle rapidité qu'ils ne nous lais­seraient même pas le temps de nous assimiler théoriquement les leçons d'Octobre&nbsp;»<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/19240915a.htm Les leçons d'Octobre]'', 1924</ref>''. Par ailleurs une autre raison était probablement que les leaders bolchéviks s'étaient trouvés extrêmement divisés aux moments clés de la révolution, voire opposés à [[Lénine|Lénine]] ([[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], [[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]]), et ne voulaient pas rappeler certains débats...
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Paradoxalement, alors que la révolution russe était extrêmement riche d'enseignements (dont la plupart ne pouvaient pas être tirés de l'expérience [[Social-démocrate|social-démocrate]]) les bolchéviks ont peu formalisé ces enseignements dans les années qui suivent immédiatement la révolution. La première raison est que l'urgence était la [[Vague_révolutionnaire_de_1917-1923|révolution en Europe]] qui semblait imminente. ''«&nbsp;Après Octobre, il semblait que les événements en Europe se dévelop­peraient d'eux-mêmes avec une telle rapidité qu'ils ne nous lais­seraient même pas le temps de nous assimiler théoriquement les leçons d'Octobre&nbsp;»<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/19240915a.htm Les leçons d'Octobre]'', 1924</ref>''. Par ailleurs une autre raison était probablement que les leaders bolchéviks s'étaient trouvés extrêmement divisés aux moments clés de la révolution, voire opposés à [[Lénine|Lénine]] ([[Thèses_d'avril|thèses d'avril]], [[Insurrection_d'Octobre_1917|insurrection]]), et ne voulaient pas rappeler certains débats...
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=== Hésitations centristes ===
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La Deuxième internationale de son côté  subit de profondes critiques internes.  Un certain nombre de courants socialistes (« [[Centrisme|centristes]] ») rompent avec les social-chauvins tout en voulant garder leurs distance avec les bolchéviks. Ils vont notamment former l'[[Union des partis socialistes pour l'action internationale]], connu sous le nom ''« d'Union de Vienne »'', et raillée par les communistes comme ''« Internationale deux et demie »''.
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En 1919, le [[Parti travailliste (Norvège)|Parti travailliste norvégien]] adhère directement à l'Internationale communiste, mais s'en sépare ensuite rapidement, scissionnant à son tour.
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En 1923, les derniers partis membres de l'Internationale ouvrière se rassembleront avec ceux de l'Union de Vienne pour former l'[[Internationale ouvrière socialiste]]. Laquelle en 1951, après une nouvelle perte de contact pendant la guerre, se reformera en [[Internationale socialiste]].
    
==Programme de l'internationale communiste==
 
==Programme de l'internationale communiste==
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===L'I.C et les révolutions coloniales===
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===L'IC et les révolutions coloniales===
 
[[File:TourTatlin maquette1919.jpg|frame|right|400x535px|Maquette de la Tour Tatline]]   
 
[[File:TourTatlin maquette1919.jpg|frame|right|400x535px|Maquette de la Tour Tatline]]   
Au cours des premières années de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] se posa avec force le [[Question_nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie_tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution]]. Aussi l'Internationale Communiste fut-elle amenée à prendre des positions sur la [[Question_nationale|question nationale]] et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2<sup>e</sup> 4<sup>e</sup> et 5<sup>e</sup> Congrès. Voici les conclusions de l'I.C.&nbsp;:
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Au cours des premières années de la [[Révolution_russe_(1917)|révolution russe]] se posa avec force le [[Question_nationale|problème des nationalités]] qui avaient été opprimées par le [[Russie_tsariste|régime tsariste]] ou qui, vivant au voisinage de la Russie, avaient été éveillées par la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution]]. Aussi l'Internationale Communiste fut-elle amenée à prendre des positions sur la [[Question_nationale|question nationale]] et [[Colonialisme|coloniale]], notamment à ses 2<sup>e</sup> 4<sup>e</sup> et 5<sup>e</sup> Congrès. Voici les conclusions de l'IC&nbsp;:
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#L'I.C. se prononce pour le [[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes]], jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque&nbsp;: par exemple [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] considérait que seule la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] en profiterait.
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#L'IC se prononce pour le [[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nationalités à disposer d'elles-mêmes]], jusque et y compris le droit de séparation. Ce n'était pas là quelque chose d'acquis, même parmi les marxistes révolutionnaires de l'époque&nbsp;: par exemple [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] considérait que seule la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] en profiterait.
#L'I.C. considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier international que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'[[Impérialisme|impérialisme]] peuvent être des alliés de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]]. Dans la [[Internationale_Ouvrière|Seconde Internationale]] avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'I.C. a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'I.C.
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#L'IC considère - pour la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier international que les nationalités et les peuples colonisés en lutte contre l'[[Impérialisme|impérialisme]] peuvent être des alliés de la [[Révolution_socialiste|révolution socialiste]]. Dans la [[Internationale_Ouvrière|Seconde Internationale]] avant 1914, certains partis s'étaient élevés contre les expéditions coloniales, mais pas nécessairement contre la colonisation. L'IC a donc dû débarrasser de leurs préjugés d'anciens cadres socialistes de l'IC.
#L'I.C. se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.
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#L'IC se prononce catégoriquement pour l'indépendance des partis communistes des pays colonisés, par rapport aux forces anti-impérialistes en lutte dans ces pays, tout en préconisant des alliances avec elles.
#L'I.C. envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste. (Ce qui est quasiment une adoption de l'idée de [[Révolution_permanente|révolution permanente]]).
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#L'IC envisage la possibilité pour certains pays de devenir des républiques soviétiques sans passer par une étape capitaliste. Mais on peut dire que cette position était liée d'une part à la perspective d'une victoire rapide de la révolution socialiste à l'échelle mondiale, d'autre part et surtout que cette perspective concernait d'anciens territoires de l'Empire tsariste. (Ce qui est quasiment une adoption de l'idée de [[Révolution_permanente|révolution permanente]]).
    
Les transformations de l'IC étaient loin de se limiter aux textes de congrès. Par exemple, la 4<sup>e</sup> des [[21_conditions|21 conditions]] d'appartenance à l'IC soulignait «&nbsp;''la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes''&nbsp;», tandis que la 8<sup>e</sup> insistait sur le fait que «&nbsp;''tout parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir […] de soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, [...] et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux''&nbsp;».
 
Les transformations de l'IC étaient loin de se limiter aux textes de congrès. Par exemple, la 4<sup>e</sup> des [[21_conditions|21 conditions]] d'appartenance à l'IC soulignait «&nbsp;''la nécessité absolue de mener une propagande et une agitation systématique et persévérante parmi les troupes''&nbsp;», tandis que la 8<sup>e</sup> insistait sur le fait que «&nbsp;''tout parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir […] de soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, [...] et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux''&nbsp;».
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Dans son programme de 1928, l'IC indique encore qu'il ne faut pas collectiviser de force les petites et moyennes exploitations agricoles<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>, mais combiner une logique d'aide immédiate à ces couches sociales et d'incitation au regroupement en coopératives. L'année suivante, Staline lancera la collectivisation forcée de toute l'agriculture.
 
Dans son programme de 1928, l'IC indique encore qu'il ne faut pas collectiviser de force les petites et moyennes exploitations agricoles<ref>Internationale Communiste, [http://www.marxists.org/francais/inter_com/1928/ic6_prog.htm VI° Congrès, Programme], 1928</ref>, mais combiner une logique d'aide immédiate à ces couches sociales et d'incitation au regroupement en coopératives. L'année suivante, Staline lancera la collectivisation forcée de toute l'agriculture.
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==Histoire et politique de l'I.C.==
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==Histoire et politique de l'IC==
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===Fromation des sections et recrutement===
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===Formation des sections et recrutement===
    
[[Angelica_Balabanova|Angelica Balabanova]], qui fut secrétaire de l'Internationale, dresse un tableau très critique des méthodes de [[Zinoviev|Zinoviev]], président de l'Internationale, ce qui la conduira très vite à en démissionner. Elle décrit comment les dirigeants de l'Internationale poussaient à tout prix à créer de nouvelles sections, quitte à s'appuyer sur des individus peu formés et pas forcément intègres. Des gens qui vivaient en Russie et n'avaient que peu de rapports avec leur pays d'origine (parfois de simples prisonniers de guerre s'engageant à travailler pour la Russie contre salaire) y furent envoyés, portant la légitimité d'avoir été désignés par Moscou. Par ailleurs le pouvoir de l'argent investi par l'Etat soviétique pour mettre sur pied des sections attirait de nombreux arrivistes, et favorisait une soumission servile de ces nouvelles sections. Les méthodes les plus malhonnêtes furent parfois utilisées dans les polémiques contre les courants des partis socialistes opposés ou sceptiques par rapport à Moscou.
 
[[Angelica_Balabanova|Angelica Balabanova]], qui fut secrétaire de l'Internationale, dresse un tableau très critique des méthodes de [[Zinoviev|Zinoviev]], président de l'Internationale, ce qui la conduira très vite à en démissionner. Elle décrit comment les dirigeants de l'Internationale poussaient à tout prix à créer de nouvelles sections, quitte à s'appuyer sur des individus peu formés et pas forcément intègres. Des gens qui vivaient en Russie et n'avaient que peu de rapports avec leur pays d'origine (parfois de simples prisonniers de guerre s'engageant à travailler pour la Russie contre salaire) y furent envoyés, portant la légitimité d'avoir été désignés par Moscou. Par ailleurs le pouvoir de l'argent investi par l'Etat soviétique pour mettre sur pied des sections attirait de nombreux arrivistes, et favorisait une soumission servile de ces nouvelles sections. Les méthodes les plus malhonnêtes furent parfois utilisées dans les polémiques contre les courants des partis socialistes opposés ou sceptiques par rapport à Moscou.

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