Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
5 986 octets ajoutés ,  2 mars 2022 à 17:26
aucun résumé des modifications
Ligne 28 : Ligne 28 :     
Le [[Programme politique|programme]] de la Ligue appelle au renversement de la [[bourgeoisie]] et à la [[dictature du prolétariat]] pour construire une nouvelle société libérée à la fois de la [[propriété privée]] et des [[classes sociales]]. Le communisme n'est plus vu comme une construction théorique, mais comme une résultat objectif devant émerger de la lutte du mouvement ouvrier. En particulier, Engels pousse les militants de Londres à prendre en considération le mouvement [[chartiste]], qui était considéré comme un mouvement limité à l'Angleterre et non révolutionnaire.
 
Le [[Programme politique|programme]] de la Ligue appelle au renversement de la [[bourgeoisie]] et à la [[dictature du prolétariat]] pour construire une nouvelle société libérée à la fois de la [[propriété privée]] et des [[classes sociales]]. Le communisme n'est plus vu comme une construction théorique, mais comme une résultat objectif devant émerger de la lutte du mouvement ouvrier. En particulier, Engels pousse les militants de Londres à prendre en considération le mouvement [[chartiste]], qui était considéré comme un mouvement limité à l'Angleterre et non révolutionnaire.
 +
 +
A Bruxelles, les [[émigrés politiques]] allemands avaient fondé en janvier 1847 un journal, le ''Deutsche Brüsseler-Zeitung''. Marx et Engels y écrivent, et en deviennent de fait les dirigeants à partir de septembre 1847, Marx et Engels devinrent ses collaborateurs permanents et influèrent directement sur son orientation. Le journal devient une sorte d'organe de la Ligue des communistes.
 +
 +
Fin août 1847, Marx et Engels fondent à Bruxelles une Association ouvrière allemande pour propager les idées communistes parmi les ouvriers allemands résidant en Belgique. Les meilleurs éléments de l’Association faisaient partie de la section de Bruxelles de la Ligue des communistes. L’Association cessa ses activités après la [[Révolution de 1848 (France)|révolution  de février 1848]] en France, après que ses membres aient été arrêtés et déportés par la police belge.
    
La Ligue communiste tient son second congrès à Londres en novembre-décembre 1847. Marx et Engels sont chargés de rédiger un manifeste pour l'organisation, celui qui deviendra le ''[[Manifeste_du_Parti_communiste|Manifeste du Parti communiste]]'' et qui sera publié en février 1848 après des discussions collectives.
 
La Ligue communiste tient son second congrès à Londres en novembre-décembre 1847. Marx et Engels sont chargés de rédiger un manifeste pour l'organisation, celui qui deviendra le ''[[Manifeste_du_Parti_communiste|Manifeste du Parti communiste]]'' et qui sera publié en février 1848 après des discussions collectives.
 +
 +
=== Front avec les démocrates bourgeois ===
 +
Comme ils l'écrivaient dans le Manifeste, Marx et Engels pensaient alors qu'en Allemagne et dans tous les pays où la révolution bourgeoise restait à accomplir, il fallait faire front avec les démocrates bourgeois. C'est pour cela qu'ils font « une espèce de cartel avec les démocrates de Bruxelles »<ref name=":0">Friedrich Engels, [[:fr:Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes|Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes]], 18 octobre 1885</ref>.
 +
 +
Marx contribue activement à la Société démocratique, dès sa fondation à Bruxelles en automne 1847. Elle groupait des révolutionnaires prolétariens (essentiellement des émigrés allemands) et des démocrates bourgeois et petits bourgeois belges avancés. Le 15 novembre 1847, Marx en fut élu vice-président, et le démocrate belge, L. Jottrand, son président. La Société démocratique devint un important centre du mouvement démocratique international. Après l'éclatement de la révolution de 1848, les pouvoirs belges s'en prennent à ses membres les plus révolutionnaires, et la Société réduisit sensiblement son activité et devint une organisation d’envergure locale. En 1849, elle cessa pratiquement toute activité.
    
===Les révolutions de 1848===
 
===Les révolutions de 1848===
 +
[[Fichier:Marx and Engels at the Rheinische Zeitung.jpg|lien=https://wikirouge.net/Fichier:Marx%20and%20Engels%20at%20the%20Rheinische%20Zeitung.jpg|vignette|Marx et Engels éditant la ''[[Nouvelle gazette rhénane]]'']]
 +
La [[Révolution_de_Mars|Révolution de Mars 1848]] permet à des militants de la Ligue de rentrer d'exil, et de participer à la [[Révolution de Mars|révolution en Allemagne]]. Par exemple à Paris se forme un Club communiste allemand, qui organise le rapatriement de 300 à 400 ouvriers. Mais Marx et Engels refusent la ligne de former des légions prenant les armes en France pour marcher sur l'Allemagne.
 +
 +
Marx est expulsé de Bruxelles début mars 1848. Il passe par Paris puis rejoint l'Allemagne en avril 1848. Avec les nombreux mouvements de militants, l'organisation de la Ligue en société secrète n'est plus possible ni souhaitable, et les mots d'ordre sont désormais diffusés par la presse, en particulier la  [[Neue_Rheinische_Zeitung|''Neue Rheinische Zeitung'']].
 +
 +
 +
<blockquote>
 +
« Sur les bords du Rhin, où la Neue Rheinische Zeitung constituait un point de ralliement solide, dans le Nassau, dans la Hesse rhénane, etc., le mouvement démocratique extrémiste était partout dirigé par des membres de la Ligue. De même à Hambourg. Dans l’Allemagne du Sud, la prépondérance de la petite bourgeoisie démocratique barrait la route. À Breslau, Wilhelm Wolff déploya jusqu’en été 1848 une activité très fructueuse ; il fut élu par la Silésie représentant suppléant au Parlement de Francfort. »<ref name=":0" />
 +
</blockquote>
 +
A Berlin, des membres de la Ligue, autour de [[Stephan Born]], créent la [[Allgemeine Deutsche Arbeiterverbrüderung|Fraternité des travailleurs]], qui devient l'organisation ouvrière la plus importante du moment. Marx et Engels lui reprocheront cependant d'avoir joué un rôle trop effacé et conciliateur sur le plan politique, et trop [[Économicisme|replié sur les revendications économiques]].
 +
 +
Le 10 mai 1848, Marx et Engels partent de Cologne pour observer les événements dans le [[w:Pays de Bade|Bade]] et le [[w:Palatinat rhénan|Palatinat]].
 +
 +
Fin 1848, Marx et Engels étaient en relation avec [[Karl Ludwig Johann D'Ester]], alors membre du gouvernement provisoire dans le Bade et le Palatinat. C'était un médecin démocrate et socialiste qui avait été membre du groupe de Cologne de la Ligue des communistes.
 +
 +
D'Ester avait été élu député à l'Assemblée nationale prussienne en 1848, et par ailleurs élu au Comité central des Démocrates allemands, avec [[Eduard von Reichenbach|Reichenbach]] et [[wen:William Hexamer|Hexamer]], au Second congrès démocratique tenu à Berlin les 26-30 octobre 1848. A cause de ses engagements pour le gouvernement provisoire, D'Ester n'étaient pas en mesure de participer à une importante réunion du Comité central allemand à Paris. Il rencontra Marx et Engels dans la ville de [[w:Kaiserlautern|Kaiserlautern]], et donna à Marx mandat pour le représenter. Marx se mit en route pour Paris.
 +
 +
La  [[Neue_Rheinische_Zeitung|''Neue Rheinische Zeitung'']] sera interdite le 19 mai 1849 par les autorités prussiennes.
   −
La [[Révolution_de_Mars|Révolution de Mars 1848]] permet à des militants de la Ligue de rentrer d'exil, et de participer à la révolution en Allemagne. Des membres de la Ligue créent la Fraternité des travailleurs, qui devient l'organisation révolutionnaire la plus importante du moment. Pendant la révolution, Marx publie la [[Neue_Rheinische_Zeitung|''Neue Rheinische Zeitung'']], et Engels combat contre les Prussiens dans la campagne de Baden (Juin et Juillet 1849), en tant qu'aide-de-camp de August Willich.
+
Engels combat contre les Prussiens dans la campagne de Baden (Juin et Juillet 1849), en tant qu'aide-de-camp d'[[August Willich]].
    
Mais la Ligue ne fut pas en mesure de fonctionner efficacement pendant les révolutions, malgré l'abandon temporaire de sa nature clandestine. La défaite du mouvement révolutionnaire entraîne des arrestations, des procès, et de nouveaux exils.
 
Mais la Ligue ne fut pas en mesure de fonctionner efficacement pendant les révolutions, malgré l'abandon temporaire de sa nature clandestine. La défaite du mouvement révolutionnaire entraîne des arrestations, des procès, et de nouveaux exils.
Ligne 39 : Ligne 66 :  
===Affaiblissement, répression et dissolution===
 
===Affaiblissement, répression et dissolution===
   −
La Ligue se reforme fin 1849, et en 1850 elle reprend la publication de la ''Neue Rheinische Zeitung''. Mais à la fin de l'année, la publication cesse, au milieu de nombreux désaccords entre les dirigeants au sujet des suites à donner.
+
La Ligue se reforme fin 1849, et en 1850 elle reprend la publication de la ''Neue Rheinische Zeitung''. Mais les dirigeants de la Ligue, qui se retrouvent principalement à Londres, subissent comme l'ensemble du milieu des [[émigrés]] révolutionnaires les effets démoralisateurs et désagrégateurs de la défaite.
 +
 
 +
A Londres, beaucoup de républicains bourgeois vaincus ([[Ledru-Rollin]], [[Louis Blanc]], [[Mazzini]], [[Kossuth]], [[Arnold Ruge|Ruge]]) s'enfermaient dans  des appels à de nouvelles révolutions et des préparatifs de chimériques futurs gouvernements provisoires. Comme tout cela restait sans écho, les tensions internes montaient et les querelles étaient sans fin.
   −
La majorité est avec Marx et Engels, et souhaite bâtir patiemment un [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] [[Organisation_de_masse|de masse]]. La minorité autour de [[Karl_Schapper|Karl Schapper]] et [[August_Willich|August Willich]] veut préparer de nouvelles insurrections, sur le modèle [[Blanquiste|blanquiste]] connu depuis les années 1830. La minorité fonde alors son propre groupe, le [[Comité_central_communiste|Comité central communiste]]. Celui-ci ne connaîtra que l'échec, et Willich émigre aux États-Unis. Marx fait à ce moment-là la critique suivante :
+
Cela affectait aussi la Ligue des communistes. Une minorité autour de [[Karl Schapper]] et [[August Willich]] veut préparer de nouvelles insurrections, sur le modèle [[blanquiste]] connu depuis les années 1830. La minorité fonde alors son propre groupe, le [[Comité central communiste]]. Celui-ci ne connaîtra que l'échec, et Willich émigre aux États-Unis. La majorité est avec Marx et Engels, et souhaite bâtir patiemment un [[mouvement ouvrier]] [[Organisation_de_masse|de masse]]  :
 
<blockquote>
 
<blockquote>
 
''«&nbsp;La minorité remplace la critique par le dogmatisme. Pour elle la force motrice de la révolution n'est pas les conditions existantes réelles, mais la simple volonté. Alors que nous disons aux travailleurs : vous devez passer par 15, 20, 50 ans de luttes et de guerres civiles, non seulement pour changer les conditions, mais pour vous transformer et pour vous rendre vous-mêmes capables de suprématie politique, vous, au contraire, déclarez : Nous devons conquérir le pouvoir d'un coup, ou nous pouvons aller nous coucher. Alors que nous expliquons, en particulier pour les ouvriers allemands, à quel point le prolétariat est peu développé en Allemagne, vous flattez de la manière la plus grossière le sentiment national et les préjugés corporatistes des artisans allemands - une méthode qui, c'est vrai, est plus populaire. Tout comme les démocrates l'ont fait avec le mot peuple, vous faites du mot prolétariat un fétiche. Tout comme les démocrates, vous substituez la phraséologie révolutionnaire à l'évolution révolutionnaire.&nbsp;»''<ref>Minutes of Central Committee Meeting, 15 September 1850, in Karl Marx, The Revolutions of 1848 (Harmondsworth, 1978), p 341.</ref>
 
''«&nbsp;La minorité remplace la critique par le dogmatisme. Pour elle la force motrice de la révolution n'est pas les conditions existantes réelles, mais la simple volonté. Alors que nous disons aux travailleurs : vous devez passer par 15, 20, 50 ans de luttes et de guerres civiles, non seulement pour changer les conditions, mais pour vous transformer et pour vous rendre vous-mêmes capables de suprématie politique, vous, au contraire, déclarez : Nous devons conquérir le pouvoir d'un coup, ou nous pouvons aller nous coucher. Alors que nous expliquons, en particulier pour les ouvriers allemands, à quel point le prolétariat est peu développé en Allemagne, vous flattez de la manière la plus grossière le sentiment national et les préjugés corporatistes des artisans allemands - une méthode qui, c'est vrai, est plus populaire. Tout comme les démocrates l'ont fait avec le mot peuple, vous faites du mot prolétariat un fétiche. Tout comme les démocrates, vous substituez la phraséologie révolutionnaire à l'évolution révolutionnaire.&nbsp;»''<ref>Minutes of Central Committee Meeting, 15 September 1850, in Karl Marx, The Revolutions of 1848 (Harmondsworth, 1978), p 341.</ref>
 
</blockquote>
 
</blockquote>
 
   
 
   
En 1850, le maître espion Wilhelm Stieber s'introduit par effraction dans la maison de Marx et vole le registre des membres de la ligue, qu'il transmet à la France et à plusieurs Etats allemands. Cela causera l'arrestation de nombreux militants.
+
La minorité est à la fois [[aventuriste]] et [[opportuniste]]. Puisque l'urgence est à déclencher des révolutions, elle va jusqu'à se rapprocher des démocrates bourgeois. Les tensions finissant par être insurmontables, Marx propose que la minorité et la majorité forment deux comités se réunissant séparément, tout en continuant à collaborer.<ref>[[:fr:Le parti de classe (Marx-Engels)/08/Le Parti à contre-courant (1850-1863)|Procès-verbal du Conseil central de Londres]], séance du 17 septembre 1850</ref> La minorité refuse et scissionne le 18 septembre 1850.
 +
 
 +
A la fin de l'année 1850, la publication de la ''Neue Rheinische Zeitung'' cesse.
 +
 
 +
En 1850, le maître espion Wilhelm Stieber s'introduit par effraction dans la maison de Marx et vole le registre des membres de la Ligue, qu'il transmet à la France et à plusieurs Etats allemands. Cela causera l'arrestation de nombreux militants.
    
En 1852, après le procès des communistes de Cologne, l'organisation est formellement dissoute sur proposition de Marx.
 
En 1852, après le procès des communistes de Cologne, l'organisation est formellement dissoute sur proposition de Marx.
Ligne 120 : Ligne 153 :  
*Marx et Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/18500300.htm Adresse du Comité central à la ligue des communistes]'', 1850
 
*Marx et Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1850/03/18500300.htm Adresse du Comité central à la ligue des communistes]'', 1850
 
*Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1852/11/fe_18521129.htm ''Le procès des communistes à Cologne''], 1852
 
*Friedrich Engels, [https://www.marxists.org/francais/engels/works/1852/11/fe_18521129.htm ''Le procès des communistes à Cologne''], 1852
*Friedrich Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/engels/works/1885/10/18851008.htm Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes]'', 1885
+
*Friedrich Engels, ''[[:fr:Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes|Quelques mots sur l'histoire de la Ligue des communistes]]'', 1885
 
*[http://www.marxists.org/history/international/index.htm The Communist League, 1847 - 1850], documents en anglais sur [https://en.wikipedia.org/wiki/Marxists.org Marxists.org].
 
*[http://www.marxists.org/history/international/index.htm The Communist League, 1847 - 1850], documents en anglais sur [https://en.wikipedia.org/wiki/Marxists.org Marxists.org].
  

Menu de navigation