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[[File:Ferdinand Lassalle.jpg|right|144x212px|Ferdinand Lassalle.jpg]]
 
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'''Ferdinand Lassalle''' (1825-1864) était un des pionniers du [[Socialisme|socialisme]] allemand. Allié puis rival de [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], il a contribué à créer les premiers vrais [[Partis_ouvriers|partis ouvriers]], mais a laissé un héritage théorique et programmatique très critiqué par les marxistes.{{AjoutDates|1825|1864}}
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'''Ferdinand Lassalle''' (1825-1864) était un des pionniers du [[Socialisme|socialisme]] allemand. Allié puis rival de [[Marx|Marx]] et [[Engels|Engels]], il a contribué à créer les premiers vrais [[Partis_ouvriers|partis ouvriers]], mais a laissé un héritage théorique et programmatique très critiqué par les marxistes.{{AjoutDates|11/04/1825|31/08/1864}}
    
==Biographie==
 
==Biographie==
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L'ADAV fut la première réelle organisation de masse. Pourtant Lassalle était déçu. Il considérait amèrement que les ouvriers allemands étaient apathiques :
 
L'ADAV fut la première réelle organisation de masse. Pourtant Lassalle était déçu. Il considérait amèrement que les ouvriers allemands étaient apathiques :
<blockquote>''«&nbsp;Donc, environ 1 000 membres dans toute notre association&nbsp;! Tels sont donc, pour l'instant, les fruits de notre activité&nbsp;! C'est pour en arriver à ce résultat que je me suis usé les doigts à force d'écrire, et les poumons à force de parler&nbsp;! N'est-ce pas, cher Vahlteich, que cette apathie des masses est désespérante&nbsp;! Une telle apathie pour un mouvement qui n'existe que pour elles, que dans leur intérêt&nbsp;; pour des moyens d'agitation immenses, au point de vue spirituel, qui, mis en œuvre auprès d'un peuple comme le peuple français, auraient déjà produit d'énormes résultats l Quand ce peuple obtus secouera-t-il sa léthargie&nbsp;!&nbsp;» Lettre à Vahlteich du 29 août 1863''</blockquote>  
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''«&nbsp;Donc, environ 1 000 membres dans toute notre association&nbsp;! Tels sont donc, pour l'instant, les fruits de notre activité&nbsp;! C'est pour en arriver à ce résultat que je me suis usé les doigts à force d'écrire, et les poumons à force de parler&nbsp;! N'est-ce pas, cher Vahlteich, que cette apathie des masses est désespérante&nbsp;! Une telle apathie pour un mouvement qui n'existe que pour elles, que dans leur intérêt&nbsp;; pour des moyens d'agitation immenses, au point de vue spirituel, qui, mis en œuvre auprès d'un peuple comme le peuple français, auraient déjà produit d'énormes résultats l Quand ce peuple obtus secouera-t-il sa léthargie&nbsp;!&nbsp;» Lettre à Vahlteich du 29 août 1863''
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===Mort en duel===
 
===Mort en duel===
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Il pensait qu'il valait mieux ne pas en parler publiquement. Il écrivait par exemple à [[Rodbertus|Rodbertus]]&nbsp;:
 
Il pensait qu'il valait mieux ne pas en parler publiquement. Il écrivait par exemple à [[Rodbertus|Rodbertus]]&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Supprimer la propriété foncière et le capital - voilà précisément ce qui constitue le noyau le plus intime de ma pensée, depuis que je réfléchis à l'économie&nbsp;! C'est l'idée que vous avez déjà exprimée à la fin de votre troisième Lettre sociale, et c'est pourquoi depuis lors je vous suis chaudement dévoué. Ce sont des choses qu'il n'est pas encore possible de dire aujourd'hui à la populace, aussi, dans ma brochure, les ai-je largement esquivées.&nbsp;» Lettre du 28 avril 1863''</blockquote>  
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''«&nbsp;Supprimer la propriété foncière et le capital - voilà précisément ce qui constitue le noyau le plus intime de ma pensée, depuis que je réfléchis à l'économie&nbsp;! C'est l'idée que vous avez déjà exprimée à la fin de votre troisième Lettre sociale, et c'est pourquoi depuis lors je vous suis chaudement dévoué. Ce sont des choses qu'il n'est pas encore possible de dire aujourd'hui à la populace, aussi, dans ma brochure, les ai-je largement esquivées.&nbsp;» Lettre du 28 avril 1863''
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Pour lui, la question sociale sera résolue ''«&nbsp;dans 100 ou 150 ans&nbsp;»'', et la révolution est un processus très lent.
 
Pour lui, la question sociale sera résolue ''«&nbsp;dans 100 ou 150 ans&nbsp;»'', et la révolution est un processus très lent.
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L'objectif politique central pour Lassalle est la démocratie. Déçu de la modération de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] allemande, il veut s'appuyer sur la classe ouvrière. Mais il ne s'agit pas pour lieu d'opposer radicalement les intérêts des bourgeois et des prolétaires. Au contraire, il met en avant le fait qu'une démocratie permettrait de régler la question sociale dans l'intérêt de toutes les classes&nbsp;:
 
L'objectif politique central pour Lassalle est la démocratie. Déçu de la modération de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] allemande, il veut s'appuyer sur la classe ouvrière. Mais il ne s'agit pas pour lieu d'opposer radicalement les intérêts des bourgeois et des prolétaires. Au contraire, il met en avant le fait qu'une démocratie permettrait de régler la question sociale dans l'intérêt de toutes les classes&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Je n'ai naturellement rien contre les membres d'un état<ref>Lassalle employait ce terme dans un sens proche de </ref> auquel j'appartiens moi-même! Je m'élêve seulement contre le mouvement morne et frileux issu de la bourgeoisie comme classe, et qu'elle ne peut impulser que comme classe, contre le mouvement libéral-progressiste. [...] C'est à un mouvement démocratique national et général que j'appelle et non à un simple mouvement de masse; aucun véritable démocrate ne reculera d'effroi devant le fait que le sort de la classe ouvrière sera amélioré par une assemblée élue au suffrage universel. Aucun cœur véritablement démocratique ne frémira a la pensée que les intelligences de la société, unies, doivent aider la classe nécessiteuse au moyen de mesures politiques. Là est au contraire le véritable intérêt de toutes les classes.&nbsp;» (''Arbeiterlesebuch)'</blockquote>  
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''«&nbsp;Je n'ai naturellement rien contre les membres d'un état<ref>Lassalle employait ce terme dans un sens proche de </ref> auquel j'appartiens moi-même! Je m'élêve seulement contre le mouvement morne et frileux issu de la bourgeoisie comme classe, et qu'elle ne peut impulser que comme classe, contre le mouvement libéral-progressiste. [...] C'est à un mouvement démocratique national et général que j'appelle et non à un simple mouvement de masse; aucun véritable démocrate ne reculera d'effroi devant le fait que le sort de la classe ouvrière sera amélioré par une assemblée élue au suffrage universel. Aucun cœur véritablement démocratique ne frémira a la pensée que les intelligences de la société, unies, doivent aider la classe nécessiteuse au moyen de mesures politiques. Là est au contraire le véritable intérêt de toutes les classes.&nbsp;» (''Arbeiterlesebuch)'
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Lassalle considère l'[[Etat|Etat]] comme un organe garantissant droit et justice, contrairement à [[Marx|Marx]] pour qui c'est avant tout un Etat au service de la classe dominante.
 
Lassalle considère l'[[Etat|Etat]] comme un organe garantissant droit et justice, contrairement à [[Marx|Marx]] pour qui c'est avant tout un Etat au service de la classe dominante.
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Il critique aussi les sociétés de crédit, qui ne peuvent que prolonger la mort de la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] face au capital, et les coopératives de consommation&nbsp;:
 
Il critique aussi les sociétés de crédit, qui ne peuvent que prolonger la mort de la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]] face au capital, et les coopératives de consommation&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Le préjudice qui frappe la classe ouvrière ne I'atteint (...) que comme productrice et non comme consommatrice. C'est donc prêter une fausse assistance a l'ouvrier que de vouloir l'aider comme consommateur, au lieu de le seconder là où le bât le blesse vraiment, c'est-à-dire au niveau de la production.&nbsp;»''</blockquote>  
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''«&nbsp;Le préjudice qui frappe la classe ouvrière ne I'atteint (...) que comme productrice et non comme consommatrice. C'est donc prêter une fausse assistance a l'ouvrier que de vouloir l'aider comme consommateur, au lieu de le seconder là où le bât le blesse vraiment, c'est-à-dire au niveau de la production.&nbsp;»''
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===La loi d'airain des salaires===
 
===La loi d'airain des salaires===
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De nombreux auteurs l'ont formulée avant Lassalle de manière plus ou moins achevée&nbsp;: W. Petty dès 1672, J. Vanderlint en 1734, Turgot en 1766 (cités par Marx dans ''[[Le_Capital|Le Capital]]'', 1867), «&nbsp;Loi du salaire nécessaire&nbsp;» de Ricardo en 1821, Engels en 1844, Marx en 1847 dans [[Misère_de_la_philosophie|''Misère de la philosophie'']]. Une brouille politique amènera [[Marx|Marx]] à critiquer Lassalle sans ménagement, en particulier dans sa [[Critique_du_programme_de_Gotha|''Critique du programme du parti ouvrier allemand'']]&nbsp;:
 
De nombreux auteurs l'ont formulée avant Lassalle de manière plus ou moins achevée&nbsp;: W. Petty dès 1672, J. Vanderlint en 1734, Turgot en 1766 (cités par Marx dans ''[[Le_Capital|Le Capital]]'', 1867), «&nbsp;Loi du salaire nécessaire&nbsp;» de Ricardo en 1821, Engels en 1844, Marx en 1847 dans [[Misère_de_la_philosophie|''Misère de la philosophie'']]. Une brouille politique amènera [[Marx|Marx]] à critiquer Lassalle sans ménagement, en particulier dans sa [[Critique_du_programme_de_Gotha|''Critique du programme du parti ouvrier allemand'']]&nbsp;:
<blockquote>«&nbsp;De la «&nbsp;loi d'airain des salaires&nbsp;» rien, comme on le sait, n'appartient à Lassalle, si ce n'est le mot «&nbsp;d'airain&nbsp;» emprunté aux «&nbsp;grandes et éternelles lois d'airain&nbsp;» de Goethe.&nbsp;»<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1875/05/18750500b.htm ''Critique du programme de Gotha'']'', 1875</ref></blockquote>  
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«&nbsp;De la «&nbsp;loi d'airain des salaires&nbsp;» rien, comme on le sait, n'appartient à Lassalle, si ce n'est le mot «&nbsp;d'airain&nbsp;» emprunté aux «&nbsp;grandes et éternelles lois d'airain&nbsp;» de Goethe.&nbsp;»<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1875/05/18750500b.htm ''Critique du programme de Gotha'']'', 1875</ref>
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&nbsp;Cependant, Lassalle avait conscience qu'il n'était pas l'auteur de cette loi. Il pensait précisément que le consensus de l'économie classique autour de cette loi était un gage de vérité.
 
&nbsp;Cependant, Lassalle avait conscience qu'il n'était pas l'auteur de cette loi. Il pensait précisément que le consensus de l'économie classique autour de cette loi était un gage de vérité.
  
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