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===La guerre et l'Union sacrée (1914)===
 
===La guerre et l'Union sacrée (1914)===
En 1908, la direction Confédérale est arrêté suite au mouvement de [[grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges]]. Elle est remplacé par une direction qui deviendras progressivement réformiste, avec comme secrétaire [[Léon Jouhaux]]. Jusqu'à la veille de la guerre, la CGT se distingue par des manifestation et action anti-militaristes.
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En 1908, la direction Confédérale autour de [[Victor Griffuelhes]] est arrêtée suite au mouvement de [[grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges]]. Elle est remplacé par une direction atour de [[Léon Jouhaux]], qui deviendra progressivement [[réformiste]].
    
Les années du début du 20<sup>e</sup> siècle sont une période d'essor du mouvement ouvrier, qui se massifie et engendre ses premières victoires, paraissant inexorablement représenter l'avenir. Mais en parallèle, les organisations politiques comme syndicales se [[Bureaucratisation|bureaucratisent]], et les dirigeants de ces appareils bureaucratisés se limitent de plus en plus à une logique de [[Réformisme|réforme du capitalisme]], malgré les proclamations révolutionnaires officielles.
 
Les années du début du 20<sup>e</sup> siècle sont une période d'essor du mouvement ouvrier, qui se massifie et engendre ses premières victoires, paraissant inexorablement représenter l'avenir. Mais en parallèle, les organisations politiques comme syndicales se [[Bureaucratisation|bureaucratisent]], et les dirigeants de ces appareils bureaucratisés se limitent de plus en plus à une logique de [[Réformisme|réforme du capitalisme]], malgré les proclamations révolutionnaires officielles.
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Lorsque la France entre en guerre en 1914, la direction de la CGT se rallie au [[chauvinisme]] ambiant, tout comme la direction de la SFIO. Le leader de la CGT, [[Léon Jouhaux]], qui appartenait au courant SR, trahit tout autant qu'un [[Jules Guesde]]. Les syndicalistes qui, malgré le revanchisme ne veulent pas de la guerre sont envoyé au front, à l'instar de [[Pierre Monatte]].
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Jusqu'à la veille de la guerre, la CGT se distingue par des manifestation et actions anti-militaristes. On avait l'habitude de dire dans ses rangs que « les ouvriers n'ont pas de patrie ». Elle était de fait plus indépendante de l'État que la SFIO et plus « anti-patriotique », face à des socialistes, même les sincères comme Jaurès, qui affirmaient qu'il fallait allier le patriotisme et l'internationalisme. Mais des rapprochements progressifs avaient eu lieu au niveau de la direction, et Jouhaux approuvait globalement la « politique de paix » du gouvernement. La CGT est donc dans la confusion lorsque la marche à la guerre s'amorce en juillet 1914.
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Cependant, il est à noter qu'une partie importante de la minorité anti-guerre était constituée de syndicalistes révolutionnaires.
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[[Léon Jouhaux|Jouhaux]] lance « À bas la guerre ! » et appelle à manifester contre la guerre le 27 juillet<ref>« ''Guerre à la guerre !'' », déclaration de Léon Jouhaux, [[La Bataille Syndicaliste]], 26 juillet 1914</ref>, ce qui réunit de nombreuses personnes sur les Grands Boulevards à Paris. Mais dans le même temps, la direction rassurait le gouvernement et un&nbsp;compromis tacite eut lieu&nbsp;: la CGT ne gênera pas la mobilisation, et le gouvernement n'utilisera pas le Carnet B<ref>Le Carnet B, créé par le [[général Boulanger]] en 1886, était une liste tenue par la gendarmerie de toutes les personnes susceptibles de s'opposer à la mobilisation.</ref> pour décapiter la CGT.  Quand la guerre est déclarée entre l’Autriche et la Serbie, le 28 juillet, la CGT appelle encore les ouvriers à rester fermes.
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Le gouvernement réprime sévèrement les actions de la CGT, interdit ses réunions, arrête ses membres... De plus la SFIO ne soutient pas la CGT, et fait pression sur ses dirigeants pour qu'ils se rallient à leur approche institutionnelle. Même Jaurès soutient qu'il faut attendre d'arriver à s'entendre sur une action coordonnée du mouvement ouvrier en Europe avant d'agir. La direction de la CGT va très vite fléchir. Pendant les derniers jours de juillet 1914 et les premiers jours d'août, le mot d'ordre «&nbsp;''Non à la guerre''&nbsp;» se transforme en celui de «&nbsp;''Défense nationale d'abord''&nbsp;». [[Alfred Rosmer|Rosmer]] déplorait fin juillet : ''«&nbsp;On s’est mis à la remorque du gouvernement et de [[w:Edward Grey (1er vicomte Grey de Fallodon)|sir Edward Grey]] et on continue&nbsp;»''. CGT et SFIO apparaissent ensemble derrière la position molle de Jaurès le 31 juillet 1914, le jour même où ce dernier est assassiné par [[w:Raoul Villain|un nationaliste]].
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De nombreux dirigeants craignent une révolte massive suite à l'assassinat d'une des porte-parole les plus populaires du mouvement ouvrier, et préparent même deux régiments. Mais dans la soirée, le comité confédéral de la CGT prend la décision de renoncer à la grève générale, et la direction de la SFIO fait savoir au gouvernement qu'elle n'appellera à aucune manifestation.
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Pour beaucoup, il ne semble plus y avoir d'espoir de paix. La CGT se déclare  impuissante<ref>La Bataille Syndicaliste, 2 août 1914</ref>, et le <span data-sort-value="1914-08-04" class="date-lien nowrap datasortkey">4 août 1914</span>,  [[Léon Jouhaux|Jouhaux]], sur la tombe de Jaurès, prétend exprimer le sentiment de «&nbsp;''la classe ouvrière au cœur meurtri''&nbsp;» en rejetant la responsabilité de la guerre sur les monarchies d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie. Les ouvriers deviennent des «&nbsp;''soldats de la liberté''&nbsp;» appelés à défendre la patrie où naquit l'idéal <span class="mw-redirect">révolutionnaire</span>. C'est un point de basculement pour la CGT, qui reprend pour la première fois officiellement le vocabulaire patriote.
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Seule une minorité proteste dès le début contre le ralliement de la CGT : le [[w:Syndicat national des instituteurs|Syndicat des Instituteurs]], [[Alfred Rosmer|Rosmer]] de « La Bataille syndicaliste », [[Pierre Monatte|Monatte]] (qui est envoyé au front), [[Raoul Lenoir|Lenoir]], et [[Raymond Péricat|Péricat]], qui a immédiatement demandé l’insurrection contre la guerre et la grève générale.<ref>''Le Mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale'', Alfred Rosmer, Les Bons Caractères</ref> Quelques anarchistes dans l'orbite de la CGT protestent également, mais leurs principales organisations comme la [[Fédération communiste anarchiste|FCA]] sont vite neutralisées.
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La CGT d'idéologie « [[Syndicalisme révolutionnaire|syndicaliste révolutionnaire]] » trahit donc tout autant qu'un « [[marxiste]] » comme [[Jules Guesde|Guesde]], ce qui montre la prépondérance des facteurs objectifs ([[bureaucratisation]], pression de l'[[appareil d'État]]) sur l'affichage idéologique.
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Cependant, il est à noter qu'une partie importante de la minorité anti-guerre était constituée de militants CGT attachés au syndicalisme révolutionnaire, alors qu'il y eut peu de révolutionnaires dans les rangs de la SFIO.
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Lors du Conseil national de la CGT, tenu du 26 novembre au 5 décembre 1914, seule une minorité se prononce contre la guerre.&nbsp;La guerre fait chuter les effectifs à 50&nbsp;000 adhérents.
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Le 3 janvier 1915, [[Pierre_Monatte|Monatte]] démissionne en protestation contre le ralliement à l'Union Sacrée. [[Alfred_Rosmer|Rosmer]] et Monatte sont en désaccord avec la politique confédérale. Ils refusent de soumettre à la censure [[la Vie Ouvrière]] (journal de la CGT, dirigé par Monatte) qui cesse par conséquent de paraître. Rosmer est mobilisé, mais reste proche de Paris et peut poursuivre ses activités militantes. Toujours en phase avec Monatte, il devient l’âme d’un petit groupe internationaliste, le Comité pour la Reprise des Relations Internationales (CRRI), qui donnera naissance au <span class="new">Comité de la troisième Internationale</span>, avec  [[Boris_Souvarine|Souvarine]], [[Fernand_Loriot|Loriot]], [[Charles_Rappoport,|Rappoport,]] [[Jules_Hattenberger|Hattenberger]], etc. Rosmer organise la diffusion clandestine en France de l'«&nbsp;Au-dessus de la mêlée&nbsp;» publié en Suisse, par [[Romain Rolland]].
 
===Évolutions ultérieures===
 
===Évolutions ultérieures===
 
L'histoire de la CGT est jalonnée de scissions et de réunifications&nbsp;:<br />1921: La minorité révolutionnaire quitte la CGT et crée la CGT-U (Unitaire).<br />1924: Les opposants à l'orientation du PCF sont exclus de la CGT-U, ils créent alors la CGT-SR (Syndicaliste Révolutionnaire).<br />1936: Réunification de la CGT-U et de la CGT.
 
L'histoire de la CGT est jalonnée de scissions et de réunifications&nbsp;:<br />1921: La minorité révolutionnaire quitte la CGT et crée la CGT-U (Unitaire).<br />1924: Les opposants à l'orientation du PCF sont exclus de la CGT-U, ils créent alors la CGT-SR (Syndicaliste Révolutionnaire).<br />1936: Réunification de la CGT-U et de la CGT.

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