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Le capitalisme est profondément traversé de [[Contradictions_du_capitalisme|contradictions]], qui en économie se manifestent par l'aternance de phases de relative "prospérité" et de [[Stagnation_économique|stagnation]]. Ces cycles se manifestent et évoluent de façon très différente selon de nombreux facteurs comme la possibilité de débouchés [[Impérialisme|impérialistes]], les innovations technologiques, les choix politiques de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], et bien sûr la [[Lutte_de_classe|lutte de classe]]. Mais fondamentalement, ces cycles demeurent, et rien ne peut conduire ce système à la stabilité. La principale explication que [[Marx|Marx]] a fournie pour expliquer ces phases de déclin de l'économie repose sur la [[Suraccumulation_de_capital|suraccumulation de capital]] causée principalement par la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse du taux de profit]] : la concurrence pousse chaque capitaliste à augmenter son taux de profit en investissant dans des moyens de production toujours plus lourds, mais pour la bourgeoisie dans son ensemble, cela a pour effet de réduire le taux de profit, car la masse salariale exploitée représente une part toujours réduite du capital total.
 
Le capitalisme est profondément traversé de [[Contradictions_du_capitalisme|contradictions]], qui en économie se manifestent par l'aternance de phases de relative "prospérité" et de [[Stagnation_économique|stagnation]]. Ces cycles se manifestent et évoluent de façon très différente selon de nombreux facteurs comme la possibilité de débouchés [[Impérialisme|impérialistes]], les innovations technologiques, les choix politiques de la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]], et bien sûr la [[Lutte_de_classe|lutte de classe]]. Mais fondamentalement, ces cycles demeurent, et rien ne peut conduire ce système à la stabilité. La principale explication que [[Marx|Marx]] a fournie pour expliquer ces phases de déclin de l'économie repose sur la [[Suraccumulation_de_capital|suraccumulation de capital]] causée principalement par la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse du taux de profit]] : la concurrence pousse chaque capitaliste à augmenter son taux de profit en investissant dans des moyens de production toujours plus lourds, mais pour la bourgeoisie dans son ensemble, cela a pour effet de réduire le taux de profit, car la masse salariale exploitée représente une part toujours réduite du capital total.
<blockquote>«&nbsp;La baisse du taux du profit ralentit la formation de capitaux nouveaux et favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la surabondance de capital et la surpopulation [chômage]&nbsp;»<ref>Marx, Le Capital, livre III, chapitre 15</ref></blockquote>  
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«&nbsp;La baisse du taux du profit ralentit la formation de capitaux nouveaux et favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la surabondance de capital et la surpopulation [chômage]&nbsp;»<ref>Marx, Le Capital, livre III, chapitre 15</ref>
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Les [[Pays_impérialistes|pays impérialistes]] sont englués dans une suraccumulation de capital depuis les années 1970, cause fondamentale de la [[Crise_actuelle|crise actuelle]].
 
Les [[Pays_impérialistes|pays impérialistes]] sont englués dans une suraccumulation de capital depuis les années 1970, cause fondamentale de la [[Crise_actuelle|crise actuelle]].
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En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées. Un certain Karl Marx se moquait à l’époque: ''“Si, au bout d’une certaine période de commerce, la spéculation apparaît comme annonciatrice d’un effondrement, il ne faudrait pas oublier que cette spéculation est née auparavant dans cette même période de commerce et qu’elle représente donc un résultat, une apparence et non pas une cause ou une essence. Les représentants de l’économie politique qui tentent d’expliquer les soubresauts de l’industrie et du commerce en les attribuant à la spéculation ressemblent à l’école défunte des philosophes de la nature qui considéraient la fièvre comme la cause fondamentale de toutes les maladies.”'' <ref>[http://www.krisis.org/2012/sur-limmense-dcharge-du-capital-fictif Sur l’immense décharge du capital fictif], 2012</ref>
 
En 1857, lors du premier grand krach mondial, de telles explications erronées avaient déjà été avancées. Un certain Karl Marx se moquait à l’époque: ''“Si, au bout d’une certaine période de commerce, la spéculation apparaît comme annonciatrice d’un effondrement, il ne faudrait pas oublier que cette spéculation est née auparavant dans cette même période de commerce et qu’elle représente donc un résultat, une apparence et non pas une cause ou une essence. Les représentants de l’économie politique qui tentent d’expliquer les soubresauts de l’industrie et du commerce en les attribuant à la spéculation ressemblent à l’école défunte des philosophes de la nature qui considéraient la fièvre comme la cause fondamentale de toutes les maladies.”'' <ref>[http://www.krisis.org/2012/sur-limmense-dcharge-du-capital-fictif Sur l’immense décharge du capital fictif], 2012</ref>
<blockquote>«&nbsp;A première vue donc, toute la crise se présente comme une simple crise de crédit et d'argent. Et en fait il ne s'agit que de la convertibilité des effets de commerce en argent. Mais, dans leur majorité, ces traites représentent des achats et des ventes réels dont le volume dépasse les besoins de la société, ce qui est en définitive la base de toute crise.&nbsp;» «&nbsp;Une quantité énorme de ces effets ne représente que des affaires spéculatives qui, venant à la lumière du jour, y crèvent comme des bulles; ou encore ce sont des spéculations menées avec le capital d'autrui, mais qui ont mal tourné; enfin des capitaux marchandises qui sont dépréciés ou même totalement invendables, ou des rentrées d'argent qui ne peuvent plus avoir lieu.&nbsp;» <ref>[[Karl Marx]], [[Le Capital]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-III/kmcap3_14.htm Livre III, Chapitre XV], 1865</ref></blockquote>  
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«&nbsp;A première vue donc, toute la crise se présente comme une simple crise de crédit et d'argent. Et en fait il ne s'agit que de la convertibilité des effets de commerce en argent. Mais, dans leur majorité, ces traites représentent des achats et des ventes réels dont le volume dépasse les besoins de la société, ce qui est en définitive la base de toute crise.&nbsp;» «&nbsp;Une quantité énorme de ces effets ne représente que des affaires spéculatives qui, venant à la lumière du jour, y crèvent comme des bulles; ou encore ce sont des spéculations menées avec le capital d'autrui, mais qui ont mal tourné; enfin des capitaux marchandises qui sont dépréciés ou même totalement invendables, ou des rentrées d'argent qui ne peuvent plus avoir lieu.&nbsp;» <ref>[[Karl Marx]], [[Le Capital]], [http://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-III/kmcap3_14.htm Livre III, Chapitre XV], 1865</ref>
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===La crise et son rôle de purge===
 
===La crise et son rôle de purge===
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Les crises de l'économie capitaliste et leur analyse sont un sujet qui a donné lieu à de nombreuses positions différentes. Au 19<sup>e</sup> siècle, dans l'opinion bourgeoise, on constate les crises, leur périodicité, leurs méfaits sociaux, mais on n’en donne que des explications superficielles (monétaires, «&nbsp;excès d’investissement&nbsp;»...), on débat encore assez peu des théories des crises, et jamais on ne les relie à des dérèglements de la production et du profit<ref>B. Gille, ''Les crises vues par la presse économique et financière (1815-1848)'', RHMC, janvier-mars 1964, p. 5-30.</ref>.
 
Les crises de l'économie capitaliste et leur analyse sont un sujet qui a donné lieu à de nombreuses positions différentes. Au 19<sup>e</sup> siècle, dans l'opinion bourgeoise, on constate les crises, leur périodicité, leurs méfaits sociaux, mais on n’en donne que des explications superficielles (monétaires, «&nbsp;excès d’investissement&nbsp;»...), on débat encore assez peu des théories des crises, et jamais on ne les relie à des dérèglements de la production et du profit<ref>B. Gille, ''Les crises vues par la presse économique et financière (1815-1848)'', RHMC, janvier-mars 1964, p. 5-30.</ref>.
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Les débats existent aussi au sein du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et des [[Marxistes|marxistes]]. Les controverses ont notamment porté sur la validité de la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse tendancielle du taux de profit]], la réduction de la crise à une [[Sous-consommation|sous-consommation]] qu'il suffirait de relancer, le rétablissement du taux de profit à sa valeur antérieure ou non après une crise...
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Les débats existent aussi au sein du [[Mouvement_ouvrier|mouvement ouvrier]] et des [[Marxistes|marxistes]]. Une des premières controverses est celle menée par [[Eduard Bernstein|Bernstein]], qui entendait [[Révisionnisme (années 1890)|réviser le marxisme]]. Bernstein soutenait qu'il fallait abandonner l'idée que le capitalisme allait vers une « [[Théorie de la catastrophe|catastrophe]] » (crise économique et révolutionnaire). [[Karl Kautsky|Kautsky]] et [[Rosa Luxemburg|Luxemburg]] ont défendu la [[théorie de la catastrophe]]. Les controverses ont notamment porté sur la validité de la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse tendancielle du taux de profit]], la réduction de la crise à une [[Sous-consommation|sous-consommation]] qu'il suffirait de relancer, le rétablissement du taux de profit à sa valeur antérieure ou non après une crise...
    
Les [[schémas de reproduction du capital]] présentés par Marx dans le Capital ont notamment été interprétés différemment selon les auteurs. D'après les hypothèses prises dans le livre II du Capital, les secteurs 1 et 2 (production des moyens de production et production des biens de consommation) doivent croître au même rythme, sans quoi il s'en suit une disproportion entravant la reproduction du capital. C'est ce qui fait que de nombreux marxistes ont décrit les crises économiques du capitalisme comme des crises de disproportion, et ont fait le lien avec une crise de sous-consommation (les capitalistes auraient tendance à investir, augmentant le secteur 1, mais à baisser les salaires, comprimant donc le secteur 2). D'autres marxistes s'opposent à cette interprétation, rappelant que dans le livre III, Marx présente un modèle plus complexe et plus réaliste. Dans ce modèle des schémas de reproduction, non seulement les secteurs 1 et 2 peuvent croître à des rythmes différents, mais en pratique l'importance relative du secteur 1 augmente au court du développement du capitalisme.
 
Les [[schémas de reproduction du capital]] présentés par Marx dans le Capital ont notamment été interprétés différemment selon les auteurs. D'après les hypothèses prises dans le livre II du Capital, les secteurs 1 et 2 (production des moyens de production et production des biens de consommation) doivent croître au même rythme, sans quoi il s'en suit une disproportion entravant la reproduction du capital. C'est ce qui fait que de nombreux marxistes ont décrit les crises économiques du capitalisme comme des crises de disproportion, et ont fait le lien avec une crise de sous-consommation (les capitalistes auraient tendance à investir, augmentant le secteur 1, mais à baisser les salaires, comprimant donc le secteur 2). D'autres marxistes s'opposent à cette interprétation, rappelant que dans le livre III, Marx présente un modèle plus complexe et plus réaliste. Dans ce modèle des schémas de reproduction, non seulement les secteurs 1 et 2 peuvent croître à des rythmes différents, mais en pratique l'importance relative du secteur 1 augmente au court du développement du capitalisme.
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''«&nbsp;Dans les dernières années du dix-neuvième siècle, la courbe fondamentale du développement capitaliste commence soudain une ascension vertigineuse. Le capitalisme européen atteint rapidement son point culminant. En 1910, éclata une crise qui n´était pas une simple oscillation cyclique périodique, mais le début d´une époque de marasme économique prolongé. La guerre impérialiste fut une tentative de sortir de l´impasse&nbsp;»''.<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>
 
''«&nbsp;Dans les dernières années du dix-neuvième siècle, la courbe fondamentale du développement capitaliste commence soudain une ascension vertigineuse. Le capitalisme européen atteint rapidement son point culminant. En 1910, éclata une crise qui n´était pas une simple oscillation cyclique périodique, mais le début d´une époque de marasme économique prolongé. La guerre impérialiste fut une tentative de sortir de l´impasse&nbsp;»''.<ref>Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1922/11/lt19221114.htm La nouvelle politique économique des Soviets et la révolution mondiale]'', 14 novembre 1922</ref>
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==Crises dans le monde précapitaliste==
 
==Crises dans le monde précapitaliste==
  

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