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Le socialiste belge [[César_de_Paepe|César de Paepe]] défend une théorie de la grève générale au Congrès de 1868 de la I'[[AIT|AIT]].
 
Le socialiste belge [[César_de_Paepe|César de Paepe]] défend une théorie de la grève générale au Congrès de 1868 de la I'[[AIT|AIT]].
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Dans l'AIT, une partie des « anti-autoritaires » ([[Mikhaïl Bakounine|bakouniniens]] notamment) se sont appuyés sur l'idée de grève générale révolutionnaire pour l'opposer à la ligne des « marxistes », qui étaient en faveur de la conquête de bastions ouvriers dans les élections. C'était le début d'une opposition (malheureusement caricaturale) entre voie « politique » et voie « économique ».
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[[Karl Marx|Marx]] et [[Friedrich Engels|Engels]] auraient certainement été enthousiasmés par les mouvements de grève générale qui eurent lieu après leur mort. Mais à cette époque où le débat était abstrait, ils raillaient souvent ceux qui faisaient de la grève générale une panacée universelle, et surtout se servait de cet objectif (alors tout à fait hypothétique) pour s'opposer à des conquêtes politiques partielles.
    
La pratique de la grève et les grèves générales étaient assez fortes en Belgique vers le début du 20<sup>e</sup> siècle.<ref>Marcel Liebman, [http://www.institut-liebman.be/fichiers/greve%20generale.pdf ''La pratique de la grève générale dans le Parti ouvrier belge jusqu'en 1914''], ''Le Mouvement social'', N° 58 – janvier-mars 1967</ref> Mais la direction du [[Parti_ouvrier_belge|POB]] ne faisait le plus souvent que canaliser, avec réticence, les explosions spontanées des masses. Lors de la grève générale de 1887, le Congrès extraordinaire du POB du 15 juin 1887 adopte une résolution qui centre sur le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], et repousse tout caractère révolutionnaire (adopté par 59 voix contre 34 et 24 abstentions). Lors de la grève générale de 1902, la [[Neue_Zeit|''Neue Zeit'']] (dont [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]]) critiqua la collaboration du POB avec les libéraux bourgeois (tandis que [[Bernstein|Bernstein]] en prit la défense).
 
La pratique de la grève et les grèves générales étaient assez fortes en Belgique vers le début du 20<sup>e</sup> siècle.<ref>Marcel Liebman, [http://www.institut-liebman.be/fichiers/greve%20generale.pdf ''La pratique de la grève générale dans le Parti ouvrier belge jusqu'en 1914''], ''Le Mouvement social'', N° 58 – janvier-mars 1967</ref> Mais la direction du [[Parti_ouvrier_belge|POB]] ne faisait le plus souvent que canaliser, avec réticence, les explosions spontanées des masses. Lors de la grève générale de 1887, le Congrès extraordinaire du POB du 15 juin 1887 adopte une résolution qui centre sur le [[Suffrage_universel|suffrage universel]], et repousse tout caractère révolutionnaire (adopté par 59 voix contre 34 et 24 abstentions). Lors de la grève générale de 1902, la [[Neue_Zeit|''Neue Zeit'']] (dont [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]]) critiqua la collaboration du POB avec les libéraux bourgeois (tandis que [[Bernstein|Bernstein]] en prit la défense).
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===Le syndicalisme révolutionnaire===
 
===Le syndicalisme révolutionnaire===
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L'expression de ''«&nbsp;grève générale&nbsp;»'' est née en France à la fin du 19<sup>e</sup>&nbsp;siècle dans les milieux du [[Syndicalisme|syndicalisme]]. Théorisée, entre autres, par [[Joseph_Tortelier|Joseph Tortelier]] et [[Aristide_Briand|Aristide Briand]], elle était synonyme de révolution. La cessation de toute activité productive conduisant obligatoirement à l'effondrement du [[Capitalisme|capitalisme]], [[Georges_Sorel|Georges Sorel]] en fit l'apologie en 1905-1906 en la présentant sous la forme d'un mythe mobilisateur censé remplacer la théorie marxiste de la catastrophe finale du capitalisme, jugée fataliste (voir ses ''Réflexions sur la violence''). Elle fut à ce titre au centre de la théorie du [[Syndicalisme_révolutionnaire|syndicalisme révolutionnaire]] et considérée comme le prolongement de la politique d'[[Action_directe|action directe]]. L'échec des grèves générales lancées par la [[CGT|CGT]], notamment le [[premier_mai|premier mai]] 1906, contribua au déclin du mythe révolutionnaire qu'elle représentait.
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L'expression de ''«&nbsp;grève générale&nbsp;»'' est née en France à la fin du 19<sup>e</sup>&nbsp;siècle dans les milieux du [[Syndicalisme|syndicalisme]]. Théorisée, entre autres, par [[Joseph_Tortelier|Joseph Tortelier]] et [[Aristide_Briand|Aristide Briand]], elle devait être une grève générale expropriatrice, synonyme de révolution. Mais le courant marxiste français, autour de [[Jules Guesde]], était dominé par un [[dogmatisme]] couvrant une politique à la fois [[Secte politique|sectaire]] et [[Opportunisme|opportuniste]]. Il s'opposait à l'idée de grève générale comme une chimère trop lointaine, tout en mettant de plus en plus exclusivement ses forces dans les [[Socialisme municipal|élections locales]] et [[Parlementarisme|parlementaires]], parlant de révolution mais de façon seulement abstraite. Cette position précipita la perte d'influence du marxisme dans le syndicalisme français, et l'évolution de ce dernier vers les positions « apolitiques » et [[Syndicalisme révolutionnaire|syndicalistes révolutionnaires]] (évolution que [[Fernand Pelloutier]] incarne en un sens), qui culmineront dans la [[Charte d'Amiens]].
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La cessation de toute activité productive conduisant obligatoirement à l'effondrement du [[Capitalisme|capitalisme]], [[Georges_Sorel|Georges Sorel]] en fit l'apologie en 1905-1906 en la présentant sous la forme d'un mythe mobilisateur censé remplacer la théorie marxiste de la catastrophe finale du capitalisme, jugée fataliste (voir ses ''Réflexions sur la violence''). Elle fut à ce titre au centre de la théorie du [[Syndicalisme_révolutionnaire|syndicalisme révolutionnaire]] et considérée comme le prolongement de la politique d'[[Action_directe|action directe]]. L'échec des grèves générales lancées par la [[CGT|CGT]], notamment le [[premier_mai|premier mai]] 1906, contribua au déclin du mythe révolutionnaire qu'elle représentait.
    
===L'expérience russe de 1905===
 
===L'expérience russe de 1905===
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La [[Révolution_russe_(1905)|révolution russe de 1905]] et&nbsp; la montée des luttes ouvrières à cette époque soulèvent d'intenses débats dans le [[SPD|SPD]] et l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]] sur l'utilisation qui pouvait être faite de la grève générale. Les bureaucrates à la tête de la social-démocratie montrent leur réticence. Les syndicats allemands déclarent en mai 1905, lors de leur congrès, qu’ils n’ont pas les moyens pour soutenir une grève générale et qu’ils ont besoin de la paix sociale pour continuer leur progression numérique. Quelques mois plus tard, au congrès du parti, [[Bebel|Bebel]] marque son hostilité aux [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnistes]] qui rejettent la grève générale, affirmant que «&nbsp;''la grève des masses doit être retenue comme une mesure défensive ''».
 
La [[Révolution_russe_(1905)|révolution russe de 1905]] et&nbsp; la montée des luttes ouvrières à cette époque soulèvent d'intenses débats dans le [[SPD|SPD]] et l'[[Internationale_ouvrière|Internationale ouvrière]] sur l'utilisation qui pouvait être faite de la grève générale. Les bureaucrates à la tête de la social-démocratie montrent leur réticence. Les syndicats allemands déclarent en mai 1905, lors de leur congrès, qu’ils n’ont pas les moyens pour soutenir une grève générale et qu’ils ont besoin de la paix sociale pour continuer leur progression numérique. Quelques mois plus tard, au congrès du parti, [[Bebel|Bebel]] marque son hostilité aux [[Révisionnisme_(années_1890)|révisionnistes]] qui rejettent la grève générale, affirmant que «&nbsp;''la grève des masses doit être retenue comme une mesure défensive ''».
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Il reçoit le soutien de [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]], qui rentre de Russie et publie en 1906 [[Grève_de_masse,_Parti_et_syndicat|''Grève de masse, Parti et syndicat'']]<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve.htm Grève de masse, parti et syndicat]'', 1906</ref>, où elle réfute les positions des syndicalistes&nbsp;: elle dénonce leur caractère mécanique (attendre que toute la classe ouvrière soit organisée), leur attitude de comptable (les caisses des syndicats ne permettent pas de soutenir une grève générale) et met en avant que c’est dans la lutte que les travailleurs réalisent les plus grands progrès dans leur organisation et donc dans leur auto-émancipation.
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Il reçoit le soutien de [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]], qui rentre de Russie et publie en 1906 [[Grève_de_masse,_Parti_et_syndicat|''Grève de masse, Parti et syndicat'']]<ref>Rosa Luxemburg, ''[https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve.htm Grève de masse, parti et syndicat]'', 1906</ref>, où elle réfute les positions des syndicalistes&nbsp;: elle dénonce leur caractère mécanique (attendre que toute la classe ouvrière soit organisée), leur attitude de comptable (les caisses des syndicats ne permettent pas de soutenir une grève générale) et met en avant que c’est dans la lutte que les travailleurs réalisent les plus grands progrès dans leur organisation et donc dans leur auto-émancipation. Il est à noter que Luxemburg contredit nettement les railleries que lançait Guesde 11 ans auparavant.
    
Lors du Congrès de Stuttgart (1907) de l'Internationale ouvrière, les délégués français proposent qu'en cas de guerre, il soit lancé un appel à la grève générale. Les Allemands, conduits par [[Bebel|Bebel]] et [[Vollmar|Vollmar]] rejettent leur motion, au nom du fait que la grève générale détruirait toutes les organisations.
 
Lors du Congrès de Stuttgart (1907) de l'Internationale ouvrière, les délégués français proposent qu'en cas de guerre, il soit lancé un appel à la grève générale. Les Allemands, conduits par [[Bebel|Bebel]] et [[Vollmar|Vollmar]] rejettent leur motion, au nom du fait que la grève générale détruirait toutes les organisations.

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