Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
aucun résumé des modifications
Ligne 58 : Ligne 58 :  
=== L'émergence de Kornilov ===
 
=== L'émergence de Kornilov ===
   −
[[File:Kornilov aout1917.png|thumb|right|389x625px|Accueil triomphal de l'Union des officiers au général Lavr Kornilov]]Au sein de la conférence, le commandant en chef de l'armée, le général [[Lavr_Kornilov|Lavr Kornilov]], rafle la vedette à Kerenski et apparaît comme l'homme à la poigne suffisamment solide pour ramener l'ordre. Dès qu'il arrive à la gare de Moscou le 13 août (a.s), il reçoit un chaleureux accueil des capitalistes, des cosaques, des dirigeants du clergé. Le cadet Roditchev termina son discours d'accueil par cette exclamation : ''« Sauvez la Russie, et le peuple reconnaissant vous couronnera. »'' Des sanglots patriotiques éclatèrent. Morozova, négociante millionnaire, se précipita à genoux. A son entrée dans la salle de la conférence, Kornilov est ovationné par la droite de la salle, tandis que la gauche reste globalement assise, surtout les soldats. C'est l'inverse lorsque paraît Kerensky.
+
[[File:Kornilov 1917.jpg|thumb|right|389x625px|Accueil triomphal de l'Union des officiers au général Lavr Kornilov]]Au sein de la conférence, le commandant en chef de l'armée, le général [[Lavr_Kornilov|Lavr Kornilov]], rafle la vedette à Kerenski et apparaît comme l'homme à la poigne suffisamment solide pour ramener l'ordre. Dès qu'il arrive à la gare de Moscou le 13 août (a.s), il reçoit un chaleureux accueil des capitalistes, des cosaques, des dirigeants du clergé. Le cadet Roditchev termina son discours d'accueil par cette exclamation : ''« Sauvez la Russie, et le peuple reconnaissant vous couronnera. »'' Des sanglots patriotiques éclatèrent. Morozova, négociante millionnaire, se précipita à genoux. A son entrée dans la salle de la conférence, Kornilov est ovationné par la droite de la salle, tandis que la gauche reste globalement assise, surtout les soldats. C'est l'inverse lorsque paraît Kerensky.
    
A l'origine, Kornilov est sans doute le plus républicain de tous les généraux russes. Il se déclare favorable à une certaine démocratisation de l'armée, mais entend que l'évolution soit étroitement contrôlée par l'État-major : il avait réprimé les mouvements démocratiques dans ses propres troupes, y avait interdit les meetings et avait fait fusiller les déserteurs. A la conférence d'État, il annonce clairement son objectif de dissoudre tous les comités populaires nés de la révolution que sont les soviets d'usine, de quartier, de caserne, les comités de quartier. Il annonce en outre qu'il imposera la peine de mort à l'arrière et militarisera les chemins de fer et les usines d'armement.
 
A l'origine, Kornilov est sans doute le plus républicain de tous les généraux russes. Il se déclare favorable à une certaine démocratisation de l'armée, mais entend que l'évolution soit étroitement contrôlée par l'État-major : il avait réprimé les mouvements démocratiques dans ses propres troupes, y avait interdit les meetings et avait fait fusiller les déserteurs. A la conférence d'État, il annonce clairement son objectif de dissoudre tous les comités populaires nés de la révolution que sont les soviets d'usine, de quartier, de caserne, les comités de quartier. Il annonce en outre qu'il imposera la peine de mort à l'arrière et militarisera les chemins de fer et les usines d'armement.
Ligne 73 : Ligne 73 :     
Sur la composition de la salle, [[Soukhanov|Soukhanov]] écrit :
 
Sur la composition de la salle, [[Soukhanov|Soukhanov]] écrit :
<blockquote>''«&nbsp;La brillante salle de spectacle se partageait assez nettement en deux moitiés&nbsp;: à droite la bourgeoisie et, à gauche, la démocratie. A droite, à l'orchestre et dans les loges, on voyait un bon nombre d'uniformes de généraux, mais, à gauche, c'étaient des sous-lieutenants, des sous-officiers, des soldats. En face de la scène, dans l'ancienne loge impériale, s'étaient installés les hauts représentants diplomatiques des puissances alliées et amies... Notre groupe, l'extrême-gauche [les partisans de [[Martov|Martov]]], occupait un petit coin de l'orchestre.&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;La brillante salle de spectacle se partageait assez nettement en deux moitiés&nbsp;: à droite la bourgeoisie et, à gauche, la démocratie. A droite, à l'orchestre et dans les loges, on voyait un bon nombre d'uniformes de généraux, mais, à gauche, c'étaient des sous-lieutenants, des sous-officiers, des soldats. En face de la scène, dans l'ancienne loge impériale, s'étaient installés les hauts représentants diplomatiques des puissances alliées et amies... Notre groupe, l'extrême-gauche [les partisans de [[Martov|Martov]]], occupait un petit coin de l'orchestre.&nbsp;»''
 +
</blockquote>
 +
 
Kérenski se fait chaudement applaudir par l'ensemble de la salle en avertissant que toutes nouvelles tentatives contre le pouvoir ''«&nbsp;seront nettement réprimées par le fer et dans le sang.&nbsp;»'' Il lance aussi un avertissement à Kornilov&nbsp;: ''«&nbsp;Quelque soient les ultimatums qui me viendraient de quiconque, je saurai soumettre cet homme à la volonté du pouvoir suprême et à moi qui en suis le chef.&nbsp;»'' Il ne reçoit des applaudissements que de la moitié gauche de la conférence.
 
Kérenski se fait chaudement applaudir par l'ensemble de la salle en avertissant que toutes nouvelles tentatives contre le pouvoir ''«&nbsp;seront nettement réprimées par le fer et dans le sang.&nbsp;»'' Il lance aussi un avertissement à Kornilov&nbsp;: ''«&nbsp;Quelque soient les ultimatums qui me viendraient de quiconque, je saurai soumettre cet homme à la volonté du pouvoir suprême et à moi qui en suis le chef.&nbsp;»'' Il ne reçoit des applaudissements que de la moitié gauche de la conférence.
   Ligne 97 : Ligne 100 :     
[[Kropotkine|Kropotkine]] appelle ''«&nbsp;tout le peuple russe à rompre une fois pour toutes avec le [[Zimmerwald|zimmerwaldisme]]&nbsp;»''. Il rappelle que la défaite militaire entraînerait non seulement la perte de grands territoires et des contributions, mais ajoute&nbsp;: ''«&nbsp;il y a quelque chose de pire que tout cela&nbsp;: c'est la psychologie d'un pays vaincu.&nbsp;»'' En revanche Kropotkine vante le camp des alliés&nbsp;:
 
[[Kropotkine|Kropotkine]] appelle ''«&nbsp;tout le peuple russe à rompre une fois pour toutes avec le [[Zimmerwald|zimmerwaldisme]]&nbsp;»''. Il rappelle que la défaite militaire entraînerait non seulement la perte de grands territoires et des contributions, mais ajoute&nbsp;: ''«&nbsp;il y a quelque chose de pire que tout cela&nbsp;: c'est la psychologie d'un pays vaincu.&nbsp;»'' En revanche Kropotkine vante le camp des alliés&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Tous commencent à comprendre qu'il faut édifier une vie nouvelle sur de nouveaux principes socialistes... Lloyd George prononce des discours pénétrés d'esprit socialiste... En Angleterre, en France et en Italie, se forme une nouvelle intelligence de la vie, pénétrée de socialisme, malheureusement étatiste.&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;Tous commencent à comprendre qu'il faut édifier une vie nouvelle sur de nouveaux principes socialistes... Lloyd George prononce des discours pénétrés d'esprit socialiste... En Angleterre, en France et en Italie, se forme une nouvelle intelligence de la vie, pénétrée de socialisme, malheureusement étatiste.&nbsp;»''
 +
</blockquote>
 +
 
Il défend quant à lui une République fédérative ''«&nbsp;telle que nous en voyons une aux Etats-Unis&nbsp;»''. Et enfin il termine par un appel ouvert à la [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]]&nbsp;:
 
Il défend quant à lui une République fédérative ''«&nbsp;telle que nous en voyons une aux Etats-Unis&nbsp;»''. Et enfin il termine par un appel ouvert à la [[Collaboration_de_classe|collaboration de classe]]&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Promettons-nous donc enfin entre nous que nous ne nous diviserons plus en parties droite et gauche de ce théâtre... Car enfin nous avons tous une seule et même patrie, et, pour elle, nous devons tenir ou tomber au besoin, nous tous, ceux de droite et ceux de gauche.&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;Promettons-nous donc enfin entre nous que nous ne nous diviserons plus en parties droite et gauche de ce théâtre... Car enfin nous avons tous une seule et même patrie, et, pour elle, nous devons tenir ou tomber au besoin, nous tous, ceux de droite et ceux de gauche.&nbsp;»''
 +
</blockquote>
 +
 
[[Plékhanov|Plékhanov]] fit un discours très droitier dans lequel il taclait [[Lénine|Lénine]] et prônait comme seule issue l'entente entre industriels et ouvriers.
 
[[Plékhanov|Plékhanov]] fit un discours très droitier dans lequel il taclait [[Lénine|Lénine]] et prônait comme seule issue l'entente entre industriels et ouvriers.
   Ligne 107 : Ligne 116 :     
Finalement [[Kerensky|Kerensky]] fait un discours de clôture qui véhicule encore de dernières paroles hypocrites de conciliation, mais qui se finit aussi par une envolée mélodramatique qui exprime l'impasse du gouvernement provisoire, le durcissement bonapartiste et l'agonie de la communion nationale de Février&nbsp;:
 
Finalement [[Kerensky|Kerensky]] fait un discours de clôture qui véhicule encore de dernières paroles hypocrites de conciliation, mais qui se finit aussi par une envolée mélodramatique qui exprime l'impasse du gouvernement provisoire, le durcissement bonapartiste et l'agonie de la communion nationale de Février&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Aujourd'hui, citoyens de la terre russe, je ne me livrerai plus à des rêveries... Que le cœur se pétrifie... que se dessèchent toutes ces fleurs et songeries sur la nature humaine qu'aujourd'hui, du haut de cette tribune, l'on a foulées aux pieds. Eh bien, je les écraserai moi-même! Il n'y en aura plus&nbsp;! Je jetterai loin de moi les clefs d'un cœur qui aime l'humanité, je penserai seulement à l'Etat.&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;Aujourd'hui, citoyens de la terre russe, je ne me livrerai plus à des rêveries... Que le cœur se pétrifie... que se dessèchent toutes ces fleurs et songeries sur la nature humaine qu'aujourd'hui, du haut de cette tribune, l'on a foulées aux pieds. Eh bien, je les écraserai moi-même! Il n'y en aura plus&nbsp;! Je jetterai loin de moi les clefs d'un cœur qui aime l'humanité, je penserai seulement à l'Etat.&nbsp;»''
 +
</blockquote>
 +
 
== Suites ==
 
== Suites ==
  

Menu de navigation