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Il publie son premier ouvrage, ''Qu'est-ce que la propriété?'', qui contient la fameuse formule, ''« La propriété c'est le vol »'' en 1840. Le livre fait scandale en démystifiant la fausse légitimité des [[Capitalistes|capitalistes]], et lui vaut l'admiration et l'estime du jeune [[Marx|Marx]] :
 
Il publie son premier ouvrage, ''Qu'est-ce que la propriété?'', qui contient la fameuse formule, ''« La propriété c'est le vol »'' en 1840. Le livre fait scandale en démystifiant la fausse légitimité des [[Capitalistes|capitalistes]], et lui vaut l'admiration et l'estime du jeune [[Marx|Marx]] :
<blockquote>«&nbsp;''Non seulement Proudhon écrit dans l'intérêt du prolétariat, mais il est lui-même un prolétaire, un ouvrier. Son travail est un manifeste scientifique du prolétariat français.''&nbsp;»<ref>Karl Marx - Friedrich Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1844/09/kmfe18440900i.htm La sainte famille]'', 1844</ref></blockquote>  
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«&nbsp;''Non seulement Proudhon écrit dans l'intérêt du prolétariat, mais il est lui-même un prolétaire, un ouvrier. Son travail est un manifeste scientifique du prolétariat français.''&nbsp;»<ref>Karl Marx - Friedrich Engels, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1844/09/kmfe18440900i.htm La sainte famille]'', 1844</ref>
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En 1845, Marx écrit même à Proudhon pour lui proposer de prendre la tête de la [[Ligue des justes]], car il l'admire encore, et pense que son influence est incontournable pour construire une organisation regroupant le mouvement ouvrier réel. Proudhon lui répond qu'il ne souhaite pas créer un dogme socialiste, et qu'il est revenu sur l'idée qu'il fallait nécessairement une révolution pour aboutir au progrès social.<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_P.-J._Proudhon/Marx Lettre de Proudhon à Marx], 17 mai 1846.</ref>
 
En 1845, Marx écrit même à Proudhon pour lui proposer de prendre la tête de la [[Ligue des justes]], car il l'admire encore, et pense que son influence est incontournable pour construire une organisation regroupant le mouvement ouvrier réel. Proudhon lui répond qu'il ne souhaite pas créer un dogme socialiste, et qu'il est revenu sur l'idée qu'il fallait nécessairement une révolution pour aboutir au progrès social.<ref>[https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_P.-J._Proudhon/Marx Lettre de Proudhon à Marx], 17 mai 1846.</ref>
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Pour Proudhon, au cours de l'histoire, l'humanité mûrissant va vers une société avec "moins d'État"&nbsp;:
 
Pour Proudhon, au cours de l'histoire, l'humanité mûrissant va vers une société avec "moins d'État"&nbsp;:
<blockquote><span class="reference-text">«&nbsp;l’État, (…) c’est l’armée… la police… le système judiciaire… le fisc, etc. (…) L’anarchie est la condition d’existence des sociétés adultes, comme la hiérarchie est la condition des sociétés primitives&nbsp;: il y a progrès incessant dans les sociétés humaines de la hiérarchie à l’anarchie.&nbsp;» ''La Voix du Peuple'' du 3 décembre 1849</span></blockquote>Proudhon se voulait discipline de Hegel, ce à quoi Marx répondait qu'il n'y avait visiblement rien compris. Par ailleurs, Proudhon se targuait souvent d'être scientifique, ce qui fit dire à Marx :<blockquote>Aucune école n'a encore autant usé et abusé du mot «science» que l'Ecole proudhonienne, car
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<span class="reference-text">«&nbsp;l’État, (…) c’est l’armée… la police… le système judiciaire… le fisc, etc. (…) L’anarchie est la condition d’existence des sociétés adultes, comme la hiérarchie est la condition des sociétés primitives&nbsp;: il y a progrès incessant dans les sociétés humaines de la hiérarchie à l’anarchie.&nbsp;» ''La Voix du Peuple'' du 3 décembre 1849</span>
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Proudhon se voulait discipline de Hegel, ce à quoi Marx répondait qu'il n'y avait visiblement rien compris. Par ailleurs, Proudhon se targuait souvent d'être scientifique, ce qui fit dire à Marx :
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Aucune école n'a encore autant usé et abusé du mot «science» que l'Ecole proudhonienne, car
    
«Là où les idées manquent,
 
«Là où les idées manquent,
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Il y a toujours un mot qui vient à point nommé». [Goethe, Faust, Ière partie, Scène du cabinet d'étude]<ref name=":0">Karl Marx, ''[http://www.sinistra.net/lib/cla/mew/lecapcha1f.html Le Capital, 1867 - Chapitre premier : La marchandise]'', Deuxième édition</ref></blockquote>
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Il y a toujours un mot qui vient à point nommé». [Goethe, Faust, Ière partie, Scène du cabinet d'étude]<ref name=":0">Karl Marx, ''[http://www.sinistra.net/lib/cla/mew/lecapcha1f.html Le Capital, 1867 - Chapitre premier : La marchandise]'', Deuxième édition</ref>
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===La question de la propriété===
 
===La question de la propriété===
    
Alors que Proudhon semblait en 1840, avec sa formule "La propriété c'est le vol", cibler en priorité les capitalistes, il va très vite prendre de soin de préciser qu'il n'est pas pour une critique radicale de la propriété. Au contraire, il va affirmer que "la propriété, c'est la liberté", tout en assurant que cette contradiction peut être résolue... en partageant mieux la propriété. Sa cible principale devient alors l'État, qui empêcherait la propriété de jouer son rôle d'harmonisation.
 
Alors que Proudhon semblait en 1840, avec sa formule "La propriété c'est le vol", cibler en priorité les capitalistes, il va très vite prendre de soin de préciser qu'il n'est pas pour une critique radicale de la propriété. Au contraire, il va affirmer que "la propriété, c'est la liberté", tout en assurant que cette contradiction peut être résolue... en partageant mieux la propriété. Sa cible principale devient alors l'État, qui empêcherait la propriété de jouer son rôle d'harmonisation.
<blockquote>«&nbsp;''La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir (...) Où trouver une puissance capable de contre-balancer cette puissance formidable de l'Etat&nbsp;? Il n'y en a pas d'autre que la propriété (...) La propriété moderne peut être considérée comme le triomphe de la liberté (...) La propriété est destinée à devenir, par sa généralisation, le pivot et le ressort de tout le système social.''&nbsp;» (Théorie de la propriété, 1862)</blockquote>  
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«&nbsp;''La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se puisse opposer au pouvoir (...) Où trouver une puissance capable de contre-balancer cette puissance formidable de l'Etat&nbsp;? Il n'y en a pas d'autre que la propriété (...) La propriété moderne peut être considérée comme le triomphe de la liberté (...) La propriété est destinée à devenir, par sa généralisation, le pivot et le ressort de tout le système social.''&nbsp;» (Théorie de la propriété, 1862)
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Que cela soit une clarification ou la justification d'un changement de position, il assura plus tard qu'il avait été mal compris dans ses premiers écrits. que sa célèbre formule&nbsp;: "la propriété, c'est le vol" a été mal comprise. Il s'en explique en «&nbsp;''Dans mes premiers mémoires, attaquant de front l'ordre établi, je disais, par exemple&nbsp;: La propriété, c'est le vol&nbsp;! Il s'agissait de protester, de mettre pour ainsi dire en relief le néant de nos institutions. Je n'avais point alors à m'occuper d'autre chose. Aussi, dans le mémoire où je démontrais, par A plus B, cette étourdissante proposition, avais-je soin de protester contre toute conclusion communiste. Dans le Système des Contradictions économiques, après avoir rappelé et confirmé ma première définition, j'en ajoute une toute contraire, mais fondée sur des considérations d'un autre ordre, qui ne pouvaient ni détruire la première argumentation, ni être détruites par elle&nbsp;: "La propriété, c'est la liberté&nbsp;!"''&nbsp;» (''Confessions d'un Révolutionnaire'', 1849)
 
Que cela soit une clarification ou la justification d'un changement de position, il assura plus tard qu'il avait été mal compris dans ses premiers écrits. que sa célèbre formule&nbsp;: "la propriété, c'est le vol" a été mal comprise. Il s'en explique en «&nbsp;''Dans mes premiers mémoires, attaquant de front l'ordre établi, je disais, par exemple&nbsp;: La propriété, c'est le vol&nbsp;! Il s'agissait de protester, de mettre pour ainsi dire en relief le néant de nos institutions. Je n'avais point alors à m'occuper d'autre chose. Aussi, dans le mémoire où je démontrais, par A plus B, cette étourdissante proposition, avais-je soin de protester contre toute conclusion communiste. Dans le Système des Contradictions économiques, après avoir rappelé et confirmé ma première définition, j'en ajoute une toute contraire, mais fondée sur des considérations d'un autre ordre, qui ne pouvaient ni détruire la première argumentation, ni être détruites par elle&nbsp;: "La propriété, c'est la liberté&nbsp;!"''&nbsp;» (''Confessions d'un Révolutionnaire'', 1849)
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Il était fasciné par l'économie politique dominante, citant abondamment Say, Passy, Dunoyer, Laboulaye, dévorant le Journal des économistes et admirant «&nbsp;Adam Smith, ce penseur si profond&nbsp;». Il a notamment polémique pendant treize semaines en 1848-49 dans la Voix du peuple avec Frédéric Bastiat au sujet de la légitimité de l'intérêt et la gratuité du crédit.
 
Il était fasciné par l'économie politique dominante, citant abondamment Say, Passy, Dunoyer, Laboulaye, dévorant le Journal des économistes et admirant «&nbsp;Adam Smith, ce penseur si profond&nbsp;». Il a notamment polémique pendant treize semaines en 1848-49 dans la Voix du peuple avec Frédéric Bastiat au sujet de la légitimité de l'intérêt et la gratuité du crédit.
<blockquote>«&nbsp;''Voilà donc tout mon système&nbsp;: liberté de conscience, liberté de la presse, liberté du travail, liberté de l'enseignement, libre concurrence, libre disposition des fruits de son travail, liberté à l'infini, liberté absolue, liberté partout et toujours&nbsp;! C'est le système de 1789 et 1793&nbsp;; le système de Quesnay, de Turgot, de Jean-Baptiste Say […] La liberté, donc, rien de plus, rien de moins. Le «&nbsp;laisser-faire, laissez-passer&nbsp;» dans l'acception la plus littérale et la plus large&nbsp;; conséquemment, la propriété, en tant qu'elle découle légitimement de cette liberté&nbsp;: voilà mon principe. Pas d'autre solidarité entre les citoyens que celle des accidents de force majeure […] C'est la foi de Franklin, Washington, Lafayette, de Mirabeau, de Casimir Périer, d'Odilon Barrot, de Thiers…''&nbsp;»</blockquote>  
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«&nbsp;''Voilà donc tout mon système&nbsp;: liberté de conscience, liberté de la presse, liberté du travail, liberté de l'enseignement, libre concurrence, libre disposition des fruits de son travail, liberté à l'infini, liberté absolue, liberté partout et toujours&nbsp;! C'est le système de 1789 et 1793&nbsp;; le système de Quesnay, de Turgot, de Jean-Baptiste Say […] La liberté, donc, rien de plus, rien de moins. Le «&nbsp;laisser-faire, laissez-passer&nbsp;» dans l'acception la plus littérale et la plus large&nbsp;; conséquemment, la propriété, en tant qu'elle découle légitimement de cette liberté&nbsp;: voilà mon principe. Pas d'autre solidarité entre les citoyens que celle des accidents de force majeure […] C'est la foi de Franklin, Washington, Lafayette, de Mirabeau, de Casimir Périer, d'Odilon Barrot, de Thiers…''&nbsp;»
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===Contre les socialistes et communistes===
 
===Contre les socialistes et communistes===
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Proudhon fit peu de critiques publiques de Karl Marx.
 
Proudhon fit peu de critiques publiques de Karl Marx.
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== Sexisme ==
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==Sexisme==
 
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==Antisémitisme==
 
==Antisémitisme==
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Bien que Proudhon ne fasse pas de l'[[antisémitisme]] un fondement de sa pensée, au contraire d'Alphonse Toussenel, il est un des premiers penseurs français à utiliser la dimension raciale comme dans sa violente diatribe judéophobe de décembre 1847 «&nbsp;le Juif est l'ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l'exterminer... Par le fer, par le feu ou par l'expulsion il faut que le Juif disparaisse&nbsp;». Parce qu'il croit que le Juif représente le capitalisme naissant, que les Juifs sont une «&nbsp;race insolente, obstinée, infernale&nbsp;» qui exercent une action dissolvante sur la société, et que les Juifs sont inassimilables et source de tensions sociales permanentes, Proudhon fait du Juif l'incarnation du Mal absolu. Cet antisémitisme radical, qui selon certains auteurs trouverait une part de son origine dans un contentieux idéologique et personnel avec Karl Marx qui lui reprochait dans Misère de la philosophie son ignorance en matière d'économie, a influencé des penseurs d'extrême-droite comme Charles Maurras, Édouard Drumont et les collaborationnistes.
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Bien que Proudhon ne fasse pas de l'[[antisémitisme]] un fondement de sa pensée, au contraire d'Alphonse Toussenel, il est un des premiers penseurs français à utiliser la dimension raciale comme dans sa violente diatribe judéophobe de décembre 1847 «&nbsp;le Juif est l'ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l'exterminer... Par le fer, par le feu ou par l'expulsion il faut que le Juif disparaisse&nbsp;». Parce qu'il croit que le Juif représente le capitalisme naissant, que les Juifs sont une «&nbsp;race insolente, obstinée, infernale&nbsp;» qui exercent une action dissolvante sur la société, et que les Juifs sont inassimilables et source de tensions sociales permanentes, Proudhon fait du Juif l'incarnation du Mal absolu. Cet antisémitisme radical, qui selon certains auteurs trouverait une part de son origine dans un contentieux idéologique et personnel avec Karl Marx à qui il reprochait dans Misère de la philosophie son ignorance en matière d'économie, a influencé des penseurs d'extrême-droite comme Charles Maurras, Édouard Drumont et les collaborationnistes.
    
==Notes et sources==
 
==Notes et sources==
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