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''«&nbsp;Pourquoi la tactique du boycott de la Ill° Douma était-elle erronée&nbsp;? Parce qu'elle s'appuyait seulement sur l'“éclat” du mot d'ordre de boycott et sur le dégoût provoqué par le caractère très grossièrement réactionnaire de l'“écurie” du 3 juin. Mais la situation objective était que, d'une part, la révolution connaissait un déclin très marqué et continuait à décliner. Pour la relever, un soutien parlementaire (même de l'intérieur d'une “ écurie 3 ”) acquérait une énorme importance politique&nbsp;; car il n'existait presque plus de moyens de diffusion, de propagande, d'organisation extra parlementaires, ou bien ils étaient extrêmement faibles. D'autre part, le caractère très grossièrement réactionnaire de la Ill° Douma ne l'empêchait pas d'être l'expression des rapports réels entre les classes, à savoir&nbsp;: l'expression de l'alliance réalisée à la Stolypine entre la monarchie et la bourgeoisie. Ce nouveau rapport des classes, le pays devait l'éliminer.&nbsp;»<ref name="NotePub">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170922b.htm Notes d'un publiciste]'', Septembre 1917</ref>''
 
''«&nbsp;Pourquoi la tactique du boycott de la Ill° Douma était-elle erronée&nbsp;? Parce qu'elle s'appuyait seulement sur l'“éclat” du mot d'ordre de boycott et sur le dégoût provoqué par le caractère très grossièrement réactionnaire de l'“écurie” du 3 juin. Mais la situation objective était que, d'une part, la révolution connaissait un déclin très marqué et continuait à décliner. Pour la relever, un soutien parlementaire (même de l'intérieur d'une “ écurie 3 ”) acquérait une énorme importance politique&nbsp;; car il n'existait presque plus de moyens de diffusion, de propagande, d'organisation extra parlementaires, ou bien ils étaient extrêmement faibles. D'autre part, le caractère très grossièrement réactionnaire de la Ill° Douma ne l'empêchait pas d'être l'expression des rapports réels entre les classes, à savoir&nbsp;: l'expression de l'alliance réalisée à la Stolypine entre la monarchie et la bourgeoisie. Ce nouveau rapport des classes, le pays devait l'éliminer.&nbsp;»<ref name="NotePub">Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170922b.htm Notes d'un publiciste]'', Septembre 1917</ref>''
 
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Aux élections à la 3<sup>e</sup> <span class="new">Douma</span> (novembre 1907), la présence des sociaux-démocrates est réduite à 19. Leur chef de file est [[Nicolas Tchkhéidzé]], brillant orateur.
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Aux élections à la 3<sup>e</sup> <span class="new">Douma</span> (novembre 1907), la présence des sociaux-démocrates est réduite à 19. Leur chef de file est [[Nicolas Tchkhéidzé]], brillant orateur. Les députés menchéviks sont élus surtout par la petite bourgeoisie du Caucase.
    
Suite à cela, toute une frange de bolchéviks (notamment [[Alexandre_Bogdanov|<span class="new">Bogdanov</span>]], [[Leonid Krassine|Krassine]], [[Mikhail_Pokrovsky|Pokrovski]], [[Lounatcharsky|<span class="mw-redirect">Lounatcharski</span>]], [[Andreï_Boubnov|Boubnov]]) prône la démission, le rappel des députés, ce qui leur vaudra le nom  d'[[Otzovistes|otzovistes]] (''«&nbsp;rappel&nbsp;»'' se dit en russe ''«&nbsp;otzyv&nbsp;»''). Ils continuent à mettre l'[[insurrection]] à l'ordre du jour, se radicalisent contre le  [[parlementarisme]] en général, et accusent Lénine d’avoir trahi le vrai [[Parti bolchévik|bolchévisme]]. Ensuite, le comité de Saint-Pétersbourg se positionne également sur une ligne similaire, se prononçant même contre toute participation à des activités légales, y compris celle des syndicats, étroitement tenus par la police ([[Sergueï Zoubatov|''zoubatovisme'']]). Ce groupe sera appelé « [[Ultimatisme|ultimatiste]] ».
 
Suite à cela, toute une frange de bolchéviks (notamment [[Alexandre_Bogdanov|<span class="new">Bogdanov</span>]], [[Leonid Krassine|Krassine]], [[Mikhail_Pokrovsky|Pokrovski]], [[Lounatcharsky|<span class="mw-redirect">Lounatcharski</span>]], [[Andreï_Boubnov|Boubnov]]) prône la démission, le rappel des députés, ce qui leur vaudra le nom  d'[[Otzovistes|otzovistes]] (''«&nbsp;rappel&nbsp;»'' se dit en russe ''«&nbsp;otzyv&nbsp;»''). Ils continuent à mettre l'[[insurrection]] à l'ordre du jour, se radicalisent contre le  [[parlementarisme]] en général, et accusent Lénine d’avoir trahi le vrai [[Parti bolchévik|bolchévisme]]. Ensuite, le comité de Saint-Pétersbourg se positionne également sur une ligne similaire, se prononçant même contre toute participation à des activités légales, y compris celle des syndicats, étroitement tenus par la police ([[Sergueï Zoubatov|''zoubatovisme'']]). Ce groupe sera appelé « [[Ultimatisme|ultimatiste]] ».
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===Quatrième Douma===
 
===Quatrième Douma===
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La 4<sup>e</sup> Douma est élue en décembre 1912. Les [[mencheviks]] ont 7 députés et les [[bolcheviks]] 6.   
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La 4<sup>e</sup> Douma est élue en décembre 1912. Les [[mencheviks]] ont 7 députés et les [[bolcheviks]] 6. Les menchéviks avaient un député de plus, mais les bolchéviks captaient bien plus le [[vote ouvrier]] et élisaient des députés ouvriers :  
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Les menchéviks avaient un député de plus, mais les bolchéviks captaient bien plus le [[vote ouvrier]]. Ils menèrent une campagne autour de trois mots d’ordre : «&nbsp;République démocratique&nbsp;», «&nbsp;journée de 8 heures&nbsp;», et «&nbsp;Confiscation des terres des grands propriétaires&nbsp;». Le mécanisme électoral, à deux niveaux, prévoit des élections par différentes couches de la population, avec dans certaines villes des votes par curies ouvrières. Les bolcheviks gagnent 6 des 9 curies ouvrières qui regroupent selon [[Alexeï_Badaïev|Badaïev]] un million d’ouvriers. Ce dernier affirme que ''«&nbsp;les bolcheviks représentent au moins les trois quarts des ouvriers révolutionnaires&nbsp;»'', et que ''«&nbsp;les bolcheviks ont obtenu les votes de 5 fois plus d’ouvriers que les mencheviks&nbsp;»''<ref>Alexeï Badaïev, ''Les bolcheviks au parlement tsariste'', Bureau d’éditions, 1932</ref>. Dans les sept provinces qui élurent des mencheviks, il y avait en tout 136.000 ouvriers d’industrie, alors que dans les six qui élurent des bolcheviks il y en avait 1.144.000. En d’autres termes, les députés mencheviks pouvaient revendiquer 11,8 % des voix ouvrières, et les bolcheviks 88,2 %.  
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* [[Roman Malinovski|Malinovski]], serrurier à Moscou 
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* [[Alexeï Badaïev|Badaïev]], serrurier à l'usine Alexandrevo de Saint-Pétersbourg 
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* Pétrovski, métallo à Ekatérinoslav 
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* Mouranov, métallo à Kharkov 
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* Chagov, ouvrier du textile de la province de Kostroma 
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* Samoïlov, ouvrier du textile de la province de  Vladimir 
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[[Zinoviev]] explique ainsi le mode de scrutin : 
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La loi électorale donnait aux ouvriers des dix plus grands ''[[W:Goubernia|goubernia]]'' industriels un représentant par gouvernement. La procédure électorale était la suivante : les ouvriers devaient choisir des délégués munis de pleins pouvoirs ; ceux-ci, à leur tour, élisaient des représentants et, à l’assemblée du ''[[W:Goubernia|goubernia]]'', où ils disposaient d’une énorme majorité, les pomiestchiks et la bourgeoisie choisissaient un de ces représentants pour en faire un député. Ainsi, pour porter un bolchévik à la députation, il fallait arriver à ce que tous les représentants sans exception fussent bolchéviks, afin que les pomiestchiks fussent contraints de prendre un bolchévik.<ref>Grigori Zinoviev, ''[https://www.marxists.org/francais/zinoviev/works/1924/03/histoire6.htm Histoire du Parti Bolchevik]'', 31 mars 1924</ref> 
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Ils menèrent une campagne autour de trois mots d’ordre : «&nbsp;République démocratique&nbsp;», «&nbsp;journée de 8 heures&nbsp;», et «&nbsp;Confiscation des terres des grands propriétaires&nbsp;». Le mécanisme électoral, à deux niveaux, prévoit des élections par différentes couches de la population, avec dans certaines villes des votes par curies ouvrières. Les bolcheviks gagnent 6 des 9 curies ouvrières qui regroupent selon [[Alexeï_Badaïev|Badaïev]] un million d’ouvriers. Ce dernier affirme que ''«&nbsp;les bolcheviks représentent au moins les trois quarts des ouvriers révolutionnaires&nbsp;»'', et que ''«&nbsp;les bolcheviks ont obtenu les votes de 5 fois plus d’ouvriers que les mencheviks&nbsp;»''<ref>Alexeï Badaïev, ''Les bolcheviks au parlement tsariste'', Bureau d’éditions, 1932</ref>. Dans les sept provinces qui élurent des mencheviks, il y avait en tout 136.000 ouvriers d’industrie, alors que dans les six qui élurent des bolcheviks il y en avait 1.144.000. En d’autres termes, les députés mencheviks pouvaient revendiquer 11,8 % des voix ouvrières, et les bolcheviks 88,2 %.  
    
Malgré la [[Rupture de 1912 et bloc d'août|rupture survenue depuis le début de l'année]], qui sera définitive, les députés se présentent encore face à la Douma comme un groupe social-démocrate uni. Les  députés bolchéviks étaient  beaucoup plus [[conciliateurs]] que Lénine, et celui-ci dut batailler pour qu'ils se délimitent. La première chose qu’ils firent après leur élection en décembre 1912 fut de conclure un accord avec les députés mencheviks pour collaborer à la fois à la ''[[Pravda]]'' (bolchévik) et au ''[[Loutch]]'' (menchévik). Dans une résolution spéciale publiée dans la ''Pravda'', la fraction unifiée des députés social-démocrates, estimant que « l’unité de la social-démocratie est un besoin pressant », s’exprima en faveur de la fusion de la ''Pravda'' et du ''Loutch'', et comme premier pas dans cette direction recommandait à tous ses membres de collaborer avec les deux journaux. Le 18 décembre, le ''Loutch'' publiait triomphalement les noms des quatre députés bolcheviks (deux s’étant rétractés) dans la liste de ses collaborateurs. Les noms de sept membres de la fraction menchevique apparurent simultanément dans l’ours de la ''Pravda''.<ref name=":1">Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal08.htm Staline]'', 1940</ref>   
 
Malgré la [[Rupture de 1912 et bloc d'août|rupture survenue depuis le début de l'année]], qui sera définitive, les députés se présentent encore face à la Douma comme un groupe social-démocrate uni. Les  députés bolchéviks étaient  beaucoup plus [[conciliateurs]] que Lénine, et celui-ci dut batailler pour qu'ils se délimitent. La première chose qu’ils firent après leur élection en décembre 1912 fut de conclure un accord avec les députés mencheviks pour collaborer à la fois à la ''[[Pravda]]'' (bolchévik) et au ''[[Loutch]]'' (menchévik). Dans une résolution spéciale publiée dans la ''Pravda'', la fraction unifiée des députés social-démocrates, estimant que « l’unité de la social-démocratie est un besoin pressant », s’exprima en faveur de la fusion de la ''Pravda'' et du ''Loutch'', et comme premier pas dans cette direction recommandait à tous ses membres de collaborer avec les deux journaux. Le 18 décembre, le ''Loutch'' publiait triomphalement les noms des quatre députés bolcheviks (deux s’étant rétractés) dans la liste de ses collaborateurs. Les noms de sept membres de la fraction menchevique apparurent simultanément dans l’ours de la ''Pravda''.<ref name=":1">Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal08.htm Staline]'', 1940</ref>   
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Globalement, non seulement la ligne des députés était contrôlée de près par le Comité central, mais ils collaboraient activement à la rédaction de la ''Pravda'', au financement, à l'aide des militants.  
 
Globalement, non seulement la ligne des députés était contrôlée de près par le Comité central, mais ils collaboraient activement à la rédaction de la ''Pravda'', au financement, à l'aide des militants.  
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Les députés bolcheviks à la Douma étaient profondément impliqués dans l’assistance aux luttes ouvrières, notamment celles pour les [[Assurance maladie en Russie|assurances maladie]]. Ainsi, entre la fin octobre 1913 et le 6 juin 1914, ils levèrent des dons d’un total de 12.891 roubles (dont 12.062 roubles venaient de 1.295 groupes d’ouvriers) pour aider les camarades en prison ou en exil, pour l’assistance aux grévistes de diverses usines, et pour d’autres besoins du mouvement ouvrier.<ref>Cf. Lénine, Œuvres, vol.20, p. 578.</ref>  
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Les députés bolcheviks à la Douma étaient profondément impliqués dans l’assistance aux luttes ouvrières, notamment celles pour les [[Assurance maladie en Russie|assurances maladie]]. Ainsi, entre la fin octobre 1913 et le 6 juin 1914, ils levèrent des dons d’un total de 12.891 roubles (dont 12.062 roubles venaient de 1.295 groupes d’ouvriers) pour aider les camarades en prison ou en exil, pour l’assistance aux grévistes de diverses usines, et pour d’autres besoins du mouvement ouvrier.<ref>Cf. Lénine, Œuvres, vol.20, p. 578.</ref>
 
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===La guerre de 1914 et la résistance à l'union nationale===
Tous les députés bolcheviks venaient de la base – quatre métallurgistes et deux ouvriers du textile. Malinovsky, Badaïev, Pétrovsky et Mouranov étaient les métallos, Chagov et Samoïlov les ouvriers du textile. Ils furent élus dans les plus grandes zones industrielles : Badaïev à Saint-Pétersbourg, Malinovsky à Moscou, Pétrovsky à Ekatérinoslav, Mouranov à Kharkov, Chagov dans la province de Kostroma, et Samoïlov dans celle de Vladimir.
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=== La guerre de 1914 et la résistance à l'union nationale ===
   
Quand la [[Première guerre mondiale|guerre éclate en 1914]], les députés social-démocrates subirent comme ailleurs l'influence de l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]]. Les députés ([[Parti bolchévik|bolchéviks]] comme [[menchéviks]]) votent une motion où ils s'engagent à ''«&nbsp;défendre les biens culturels du peuple contre toutes atteintes, d'où qu'elles vinssent&nbsp;»'', ce qui fut applaudit par toute l'assemblée... De toutes les organisations et groupes russes du parti, pas un ne prit ouvertement la position [[défaitiste]] que [[Lénine]] proclama à l'étranger. Il y avait cependant très peu de bolchéviks ouvertement [[Social-chauvins|social-chauvins]], contrairement aux menchéviks. Et rapidement, les bolchéviks ont repris les activités révolutionnaires sur le sol russe.
 
Quand la [[Première guerre mondiale|guerre éclate en 1914]], les députés social-démocrates subirent comme ailleurs l'influence de l'[[Union sacrée (1914)|Union sacrée]]. Les députés ([[Parti bolchévik|bolchéviks]] comme [[menchéviks]]) votent une motion où ils s'engagent à ''«&nbsp;défendre les biens culturels du peuple contre toutes atteintes, d'où qu'elles vinssent&nbsp;»'', ce qui fut applaudit par toute l'assemblée... De toutes les organisations et groupes russes du parti, pas un ne prit ouvertement la position [[défaitiste]] que [[Lénine]] proclama à l'étranger. Il y avait cependant très peu de bolchéviks ouvertement [[Social-chauvins|social-chauvins]], contrairement aux menchéviks. Et rapidement, les bolchéviks ont repris les activités révolutionnaires sur le sol russe.
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Quant à elle, l'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition.
 
Quant à elle, l'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition.
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=== La Douma en 1917 ===
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===La Douma en 1917===
 
Aussitôt après la [[Révolution_de_Février_1917|révolution de Février 1917]], c'est un groupe de députés de la Douma (dominé par les libéraux du [[Parti_KD|parti KD]]) qui forme le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]]. Il est alors convenu de ne plus réunir la Douma, dans l'attente de la constitution des nouvelles institutions.
 
Aussitôt après la [[Révolution_de_Février_1917|révolution de Février 1917]], c'est un groupe de députés de la Douma (dominé par les libéraux du [[Parti_KD|parti KD]]) qui forme le [[Gouvernement_provisoire_russe|gouvernement provisoire]]. Il est alors convenu de ne plus réunir la Douma, dans l'attente de la constitution des nouvelles institutions.
  

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