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===Quatrième Douma===
 
===Quatrième Douma===
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La 4<sup>e</sup> Douma est élue en 1912. Les mencheviks ont 5 membres et les bolcheviks 7.  
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La 4<sup>e</sup> Douma est élue en décembre 1912. Les [[mencheviks]] ont 7 députés et les [[bolcheviks]] 6.
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Les bolcheviks mènent une campagne autour de trois mots d’ordre : «&nbsp;République démocratique&nbsp;», «&nbsp;journée de 8 heures&nbsp;», et «&nbsp;Confiscation des terres des grands propriétaires&nbsp;». Le mécanisme électoral, à deux niveaux, prévoit des élections par différentes couches de la population, avec dans certaines villes des votes par curies ouvrières. Les bolcheviks gagnent 6 des 9 curies ouvrières qui regroupent selon [[Alexeï_Badaïev|Badaïev]] un million d’ouvriers. Ce dernier affirme que ''«&nbsp;les bolcheviks représentent au moins les trois quarts des ouvriers révolutionnaires&nbsp;»'', et que ''«&nbsp;les bolcheviks ont obtenu les votes de 5 fois plus d’ouvriers que les mencheviks&nbsp;»''<ref>Alexeï Badaïev, ''Les bolcheviks au parlement tsariste'', Bureau d’éditions, 1932</ref>.
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Les menchéviks avaient un député de plus, mais les bolchéviks captaient bien plus le [[vote ouvrier]]. Ils menèrent une campagne autour de trois mots d’ordre : «&nbsp;République démocratique&nbsp;», «&nbsp;journée de 8 heures&nbsp;», et «&nbsp;Confiscation des terres des grands propriétaires&nbsp;». Le mécanisme électoral, à deux niveaux, prévoit des élections par différentes couches de la population, avec dans certaines villes des votes par curies ouvrières. Les bolcheviks gagnent 6 des 9 curies ouvrières qui regroupent selon [[Alexeï_Badaïev|Badaïev]] un million d’ouvriers. Ce dernier affirme que ''«&nbsp;les bolcheviks représentent au moins les trois quarts des ouvriers révolutionnaires&nbsp;»'', et que ''«&nbsp;les bolcheviks ont obtenu les votes de 5 fois plus d’ouvriers que les mencheviks&nbsp;»''<ref>Alexeï Badaïev, ''Les bolcheviks au parlement tsariste'', Bureau d’éditions, 1932</ref>.  
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Lénine insista pour que les groupes parlementaires soient bien distincts&nbsp;: d'un côté la ''«&nbsp;Fraction ouvrière social-démocrate de Russie&nbsp;»'' (bolchéviks), de l'autre la ''«&nbsp;Fraction social démocrate&nbsp;»'' dirigée par [[Tchkhéidzé]].
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Malgré la [[Rupture de 1912 et bloc d'août|rupture survenue depuis le début de l'année]], qui sera définitive, les députés se présentent encore face à la Douma comme un groupe social-démocrate uni. Les  députés bolchéviks étaient  beaucoup plus [[conciliateurs]] que Lénine, et celui-ci dut batailler pour qu'ils se délimitent. La première chose qu’ils firent après leur élection en décembre 1912 fut de conclure un accord avec les députés mencheviks pour collaborer à la fois à la ''[[Pravda]]'' (bolchévik) et au ''[[Loutch]]'' (menchévik). Dans une résolution spéciale publiée dans la ''Pravda'', la fraction unifiée des députés social-démocrates, estimant que « l’unité de la social-démocratie est un besoin pressant », s’exprima en faveur de la fusion de la ''Pravda'' et du ''Loutch'', et comme premier pas dans cette direction recommandait à tous ses membres de collaborer avec les deux journaux. Le 18 décembre, le ''Loutch'' publiait triomphalement les noms des quatre députés bolcheviks (deux s’étant rétractés) dans la liste de ses collaborateurs. Les noms de sept membres de la fraction menchevique apparurent simultanément dans l’ours de la ''Pravda''.<ref name=":1">Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/staline/lt_stal08.htm Staline]'', 1940</ref> 
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Non seulement la ligne des députés était contrôlée de près, mais ils collaboraient activement à la rédaction de la ''Pravda'', au financement, à l'aide des militants. Et ce malgré la présence à tous les niveaux d'agents de la police tsariste ([[Okhrana]]), le plus célèbre étant l'ouvrier [[Roman Malinovski|Malinovski]], chef des députés bolchéviks (ce dont Lénine était fier) et trésorier de la ''[[Pravda]]'' (qui remplace la ''[[Zvezda]]'').
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Lors d’une réunion à Cracovie plus tard en décembre, Lénine insista pour que les députés bolcheviks se retirent de leur accord pour collaborer au ''Loutch'', et les députés firent une annonce dans ce sens lorsque la Douma se réunit à la fin de janvier.  
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Lénine avait aussi insisté pour qu’ils exigent la parité avec le groupe menchevik, qui avait un membre de plus qu’eux et les battait donc dans les votes de la fraction social-démocrate. Six mois plus tard, en juin 1913, Lénine les exhorta à nouveau à exiger la parité avec les mencheviks, proposant qu’ils se séparent si la demande était refusée.<ref>Lénine, ''Œuvres'', vol.35, pp. 97-98.</ref> Aucune action conséquente ne fut mise en œuvre par les députés, et lors de la conférence du comité central de [[W:Poronin|Poronin]], la question fut formulée plus ou moins dans les mêmes termes.<ref>Lenin, ''[https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1913/sep/30b.htm Resolutions of the Summer, 1913, Joint Conference of the Central Committee of the R.S.D.L.P. and Party Officials]''</ref> 
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C’était une ''conférence du comité central élargie aux militants du parti,'' parmi lesquels les députés à la Douma. Après cela, les députés firent la demande, furent battus, et la fraction se divisa : d'un côté la ''«&nbsp;Fraction ouvrière social-démocrate de Russie&nbsp;»'' (bolchéviks), de l'autre la ''«&nbsp;Fraction social démocrate&nbsp;»'' dirigée par [[Tchkhéidzé]].
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[[Roman Malinovski|Malinovski]], l'ouvrier  chef de file des députés bolchéviks (ce dont Lénine était fier) et trésorier de la ''[[Pravda]]'', joua un rôle important dans cette délimitation. En réalité c'était un agent infiltré de de la police tsariste ([[Okhrana]]). Le général de gendarmerie Spiridovitch écrivit :
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« Malinovsky, qui suivait les instructions de Lénine et du département de police, réussit à faire qu’en octobre 1913… les « sept » et les « six » se brouillèrent définitivement »<ref name=":1" />
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Malinovski prononçait les discours écrits par [[Lénine]] et relus par la [[police]]... Il lui arrivait dans son double-jeu de supprimer une attaque trop violente de Lénine ou bien d'en rétablir une censurée par la police. Il prétextait ensuite des étourderies. Mais dans tous les cas, c'était le discours original écrit par Lénine qui était ensuite publié dans la ''[[Pravda]]''. Le but principal des bolchéviks étant bien plus l'utilisation de la députation comme tribune que comme moyen de parlementer avec les [[Cent-noirs|Cent-Noirs]] et les [[Parti constitutionnel démocratique|Cadets]], le rôle de Malinovski ne fut pas forcément négatif...
 
Malinovski prononçait les discours écrits par [[Lénine]] et relus par la [[police]]... Il lui arrivait dans son double-jeu de supprimer une attaque trop violente de Lénine ou bien d'en rétablir une censurée par la police. Il prétextait ensuite des étourderies. Mais dans tous les cas, c'était le discours original écrit par Lénine qui était ensuite publié dans la ''[[Pravda]]''. Le but principal des bolchéviks étant bien plus l'utilisation de la députation comme tribune que comme moyen de parlementer avec les [[Cent-noirs|Cent-Noirs]] et les [[Parti constitutionnel démocratique|Cadets]], le rôle de Malinovski ne fut pas forcément négatif...
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Globalement, non seulement la ligne des députés était contrôlée de près par le Comité central, mais ils collaboraient activement à la rédaction de la ''Pravda'', au financement, à l'aide des militants.
    
Quand la [[Première guerre mondiale|guerre éclate en 1914]], l'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition.
 
Quand la [[Première guerre mondiale|guerre éclate en 1914]], l'opposition libérale à la Douma, regroupée dans un "bloc progressiste" autour du [[Parti_constitutionnel_démocratique|Parti constitutionnel démocratique]] (KD), critiquait non pas la guerre mais l'incapacité du gouvernement tsariste. Elle multipliait donc les appels à un gouvernement de coalition.

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