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=== Composition du gouvernement ===
 
=== Composition du gouvernement ===
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Dans la journée du 26, à [[Smolny|Smolny]], le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] travaille à la proposition de nouveau gouvernement. Lénine était hostile aux autres socialistes en qui il n'avait aucune confiance. Etant donné les refus des autres forces socialistes, le Comité central définit une proposition de gouvernement composé uniquement de bolchéviks, au moins pour l'instant. On décide de l'appeller le ''Soviet des commissaires du peuple'' (Sovnarkom). Selon [[Adolf_Joffé|Adolf Joffé]], c'est [[Trotsky|Trotsky]] qui a eu l'idée du nom ''«&nbsp;commissaires du peuple&nbsp;»''.<ref>Adolf Joffé, ''[https://www.marxists.org/francais/joffe/works/1919/10/premier.htm Le premier gouvernement prolétarien]'', 1919</ref>
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Dans la journée du 26, à [[Smolny|Smolny]], le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] travaille à la proposition de nouveau gouvernement. Lénine était hostile aux autres socialistes en qui il n'avait aucune confiance. Etant donné les refus des autres forces socialistes, le Comité central définit une proposition de gouvernement composé uniquement de bolchéviks, au moins pour l'instant. On décide de l'appeller le ''Soviet des commissaires du peuple'' (Sovnarkom). Selon [[Adolf_Joffé|Adolf Joffé]], c'est [[Trotski|Trotski]] qui a eu l'idée du nom ''«&nbsp;commissaires du peuple&nbsp;»''.<ref>Adolf Joffé, ''[https://www.marxists.org/francais/joffe/works/1919/10/premier.htm Le premier gouvernement prolétarien]'', 1919</ref>
<blockquote>''«&nbsp;Des ministres&nbsp;? Voilà un mot bien compromis&nbsp;! Cela sent la haute carrière bureaucratique ou bien le couronnement d'une ambition parlementaire. Il est décidé qu'on appellera le gouvernement&nbsp;: " Conseil des Commissaires du Peuple "; cela a tout de même l'air un peu plus neuf.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr48.htm Histoire de la révolution russe - 48. Le congrès de la dictature soviétique]'', 1930</ref>''</blockquote>  
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<blockquote>''«&nbsp;Des ministres&nbsp;? Voilà un mot bien compromis&nbsp;! Cela sent la haute carrière bureaucratique ou bien le couronnement d'une ambition parlementaire. Il est décidé qu'on appellera le gouvernement&nbsp;: " Conseil des Commissaires du Peuple "; cela a tout de même l'air un peu plus neuf.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr48.htm Histoire de la révolution russe - 48. Le congrès de la dictature soviétique]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
La composition finalement convenue et actée par décret du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Second congrès des soviets]] fut&nbsp;:<ref>Deuxième congrès des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-05.htm Décret sur la formation du gouvernement ouvrier et paysan ]'', 1917</ref>
 
La composition finalement convenue et actée par décret du [[Deuxième_congrès_des_soviets|Second congrès des soviets]] fut&nbsp;:<ref>Deuxième congrès des Soviets, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/10/2-co-so/vil19171025-05.htm Décret sur la formation du gouvernement ouvrier et paysan ]'', 1917</ref>
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Ces 15 candidats, 4 ouvriers et 11 intellectuels, avaient dans leur passé des années d'emprisonnement, de déportation et d'émigration.
 
Ces 15 candidats, 4 ouvriers et 11 intellectuels, avaient dans leur passé des années d'emprisonnement, de déportation et d'émigration.
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Lénine proposa à Trotsky d'être président du Conseil des commissaires du peuple, puisqu'il était président du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] qui a pris le pouvoir. Trotsky a vigoureusement rejeté cette idée.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv31.htm Ma vie, 29. Au pouvoir]'', 1930</ref>
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Lénine proposa à Trotski d'être président du Conseil des commissaires du peuple, puisqu'il était président du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] qui a pris le pouvoir. Trotski a vigoureusement rejeté cette idée.<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv31.htm Ma vie, 29. Au pouvoir]'', 1930</ref>
    
=== La vote au congrès des soviets ===
 
=== La vote au congrès des soviets ===
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Le congrès s'ouvre à nouveau le 26 à 21 heures. Il prend alors lui même les [[Premières_mesures_du_gouvernement_bolchevik|premiers décrets révolutionnaires]], et discute de la proposition de nouveau pouvoir soviétique. [[Kamenev|Kamenev]], qui préside, lit le projet élaboré par le Comité Central bolchevik. L'administration des divers domaines de la vie étatique est confiée à des commissions qui doivent travailler à réaliser le programme annoncé par le congrès - ''«&nbsp;en étroite union avec les organisations de masse des ouvriers, des ouvrières, des matelots, des soldats, des paysans et des employés&nbsp;»''. Le pouvoir gouvernemental est concentré entre les mains d'un collège formé des présidents de ces commissions, sous le nom de ''«&nbsp;Soviet des Commissaires du Peuple&nbsp;»''. Le contrôle sur l'activité du gouvernement appartient au congrès des soviets et à son comité exécutif central.
 
Le congrès s'ouvre à nouveau le 26 à 21 heures. Il prend alors lui même les [[Premières_mesures_du_gouvernement_bolchevik|premiers décrets révolutionnaires]], et discute de la proposition de nouveau pouvoir soviétique. [[Kamenev|Kamenev]], qui préside, lit le projet élaboré par le Comité Central bolchevik. L'administration des divers domaines de la vie étatique est confiée à des commissions qui doivent travailler à réaliser le programme annoncé par le congrès - ''«&nbsp;en étroite union avec les organisations de masse des ouvriers, des ouvrières, des matelots, des soldats, des paysans et des employés&nbsp;»''. Le pouvoir gouvernemental est concentré entre les mains d'un collège formé des présidents de ces commissions, sous le nom de ''«&nbsp;Soviet des Commissaires du Peuple&nbsp;»''. Le contrôle sur l'activité du gouvernement appartient au congrès des soviets et à son comité exécutif central.
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[[John_Reed|Reed]] témoigne&nbsp;: ''«&nbsp;Lorsque Kamenev [qui préside] lut la liste des Commissaires du Peuple des applaudissements éclatèrent coup sur coup, après chaque nom, et particulièrement après ceux de Lenine et de Trotsky&nbsp;»''. [[Soukhanov|Soukhanov]] ajoute à ces noms celui de [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]]. [[Kamenev|Kamenev]] et [[Zinoviev|Zinoviev]] n'entrèrent pas dans le Conseil&nbsp;: le premier était désigné comme président du nouveau [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]], le second comme rédacteur des [[Izvestia|''Izvestia'']].
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[[John_Reed|Reed]] témoigne&nbsp;: ''«&nbsp;Lorsque Kamenev [qui préside] lut la liste des Commissaires du Peuple des applaudissements éclatèrent coup sur coup, après chaque nom, et particulièrement après ceux de Lenine et de Trotski&nbsp;»''. [[Soukhanov|Soukhanov]] ajoute à ces noms celui de [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]]. [[Kamenev|Kamenev]] et [[Zinoviev|Zinoviev]] n'entrèrent pas dans le Conseil&nbsp;: le premier était désigné comme président du nouveau [[Comité_exécutif_central_pan-russe|Comité exécutif central]], le second comme rédacteur des [[Izvestia|''Izvestia'']].
    
Le représentant des [[Internationalistes_unifiés|internationalistes unifiés]], [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]], fait un long discours pour expliquer les difficultés de la situation et la nécessité d'un gouvernement de coalition de tous les démocrates, donc avec ceux qui constituaient en ce moment même un Comité de Salut Public à la Douma municipale. Il soutenait notamment que vu la pénurie de pain, il fallait un gouvernement qui ait la confiance non seulement des paysans pauvres, mais aussi des paysans riches.
 
Le représentant des [[Internationalistes_unifiés|internationalistes unifiés]], [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]], fait un long discours pour expliquer les difficultés de la situation et la nécessité d'un gouvernement de coalition de tous les démocrates, donc avec ceux qui constituaient en ce moment même un Comité de Salut Public à la Douma municipale. Il soutenait notamment que vu la pénurie de pain, il fallait un gouvernement qui ait la confiance non seulement des paysans pauvres, mais aussi des paysans riches.
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Pour les [[SR_de_gauche|SR de gauche]], [[Kareline|Kareline]] intervient dans le même sens, pour une coalition avec ceux qui ont quitté le congrès. Mais il prend soin d'affirmer que ''«&nbsp;les bolchéviks ne sont pas responsables de leur sortie&nbsp;»''. Il précise même&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne voulons pas marcher dans la voie d'un isolement des bolcheviks, car nous comprenons qu'au sort de derniers se rattache celui de toute la révolution&nbsp;: leur perte est celle de la révolution même.&nbsp;»'' En conclusion, il annonce que les SR de gauche vont voter contre la composition du nouveau gouvernement, mais seulement pour mieux pouvoir faire la médiation avec les autres socialistes et les appeler à rejoindre le gouvernement.
 
Pour les [[SR_de_gauche|SR de gauche]], [[Kareline|Kareline]] intervient dans le même sens, pour une coalition avec ceux qui ont quitté le congrès. Mais il prend soin d'affirmer que ''«&nbsp;les bolchéviks ne sont pas responsables de leur sortie&nbsp;»''. Il précise même&nbsp;: ''«&nbsp;Nous ne voulons pas marcher dans la voie d'un isolement des bolcheviks, car nous comprenons qu'au sort de derniers se rattache celui de toute la révolution&nbsp;: leur perte est celle de la révolution même.&nbsp;»'' En conclusion, il annonce que les SR de gauche vont voter contre la composition du nouveau gouvernement, mais seulement pour mieux pouvoir faire la médiation avec les autres socialistes et les appeler à rejoindre le gouvernement.
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C'est [[Trotsky|<span class="mw-redirect">Trotsky</span>]] qui est chargé de la réponse à [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]] et [[Kareline|Kareline]] au nom des bolchéviks. Il répond que les bolchéviks ne pas isolés, malgré l'hostilité de nombreux petits groupes qui eux se sont vidés et coupés des masses. Il montre en prenant chaque sujet comment la coalition avec ceux qui ne voulaient pas aller de l'avant était seulement source de faiblesse, et comment ce sont les actes des conciliateurs qui rendent impossibles la coalition&nbsp;:
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C'est [[Trotski|<span class="mw-redirect">Trotski</span>]] qui est chargé de la réponse à [[Nikolai_Glebov-Avilov|Avilov]] et [[Kareline|Kareline]] au nom des bolchéviks. Il répond que les bolchéviks ne pas isolés, malgré l'hostilité de nombreux petits groupes qui eux se sont vidés et coupés des masses. Il montre en prenant chaque sujet comment la coalition avec ceux qui ne voulaient pas aller de l'avant était seulement source de faiblesse, et comment ce sont les actes des conciliateurs qui rendent impossibles la coalition&nbsp;:
 
<blockquote>''«&nbsp;On dit que la scission de la démocratie provient d'un malentendu. Lorsque Kerensky envoie contre nous des bataillons de choc, lorsque, avec l'assentiment du comité exécutif central, nous avons nos communications téléphoniques coupées au moment le plus grave de notre lutte contre la bourgeoisie, lorsque l'on nous assène coups sur coups - peut-on encore parler d'un malentendu&nbsp;? &nbsp;»''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;On dit que la scission de la démocratie provient d'un malentendu. Lorsque Kerensky envoie contre nous des bataillons de choc, lorsque, avec l'assentiment du comité exécutif central, nous avons nos communications téléphoniques coupées au moment le plus grave de notre lutte contre la bourgeoisie, lorsque l'on nous assène coups sur coups - peut-on encore parler d'un malentendu&nbsp;? &nbsp;»''</blockquote>  
 
Un représentant de la puissante centrale syndicale des cheminots ([[Vikhjel|''Vikhjel'']]) réclame ensuite la parole. Il se plaint de ne pas avoir été invité au congrès. On proteste alors de tous côtés&nbsp;: c'est le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|comité exécutif]] sortant qui ne les a pas invités. L'orateur lit un ultimatum qui a déjà été expédié par télégrammes dans tout le pays&nbsp;: le ''Vikjel'' condamne la prise du pouvoir par un seul parti; en attendant la création d'un pouvoir démocratique, le ''Vikjel'' seul reste maître du réseau ferroviaire. L'orateur ajoute qu'il ne reconnait que le [[Comité_exécutif_central_panrusse|comité exécutif central]] tel qu'il était précédemment composé. En cas de répression à l'égard des cheminots, le ''Vikjel'' arrêterait le ravitaillement de Petrograd&nbsp;! Beaucoup sont choqués par ce chantage d'un secteur qui s'appuie sur son importance stratégique, mais pas forcément sur sa représentativité numérique. [[Kamenev|Kamenev]] déclare fermement&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne peut être nullement question de dire que le congrès ne serait pas régulier. Le quorum du congrès a été établi non par nous, mais par l'ancien Comité exécutif central... Le congrès est l'organe suprême des masses d'ouvriers et de soldats&nbsp;»''.
 
Un représentant de la puissante centrale syndicale des cheminots ([[Vikhjel|''Vikhjel'']]) réclame ensuite la parole. Il se plaint de ne pas avoir été invité au congrès. On proteste alors de tous côtés&nbsp;: c'est le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|comité exécutif]] sortant qui ne les a pas invités. L'orateur lit un ultimatum qui a déjà été expédié par télégrammes dans tout le pays&nbsp;: le ''Vikjel'' condamne la prise du pouvoir par un seul parti; en attendant la création d'un pouvoir démocratique, le ''Vikjel'' seul reste maître du réseau ferroviaire. L'orateur ajoute qu'il ne reconnait que le [[Comité_exécutif_central_panrusse|comité exécutif central]] tel qu'il était précédemment composé. En cas de répression à l'égard des cheminots, le ''Vikjel'' arrêterait le ravitaillement de Petrograd&nbsp;! Beaucoup sont choqués par ce chantage d'un secteur qui s'appuie sur son importance stratégique, mais pas forcément sur sa représentativité numérique. [[Kamenev|Kamenev]] déclare fermement&nbsp;: ''«&nbsp;Il ne peut être nullement question de dire que le congrès ne serait pas régulier. Le quorum du congrès a été établi non par nous, mais par l'ancien Comité exécutif central... Le congrès est l'organe suprême des masses d'ouvriers et de soldats&nbsp;»''.
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=== La pression pour une coalition large ===
 
=== La pression pour une coalition large ===
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Aussitôt après le congrès, la question de la coalition rebondit. Le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] du 29 octobre (où ne siègent ni [[Lénine|Lénine]], ni [[Trotsky|Trotsky]]) et après lui, le [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif du congrès des soviets]], acceptent de négocier. Une délégation dirigée par [[Kamenev|Kamenev]] se rend à l'invitation du [[Vikhjel|Vikhjel]] de rencontrer les représentants [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]].
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Aussitôt après le congrès, la question de la coalition rebondit. Le [[Comité_central_bolchévik|Comité central bolchévik]] du 29 octobre (où ne siègent ni [[Lénine|Lénine]], ni [[Trotski|Trotski]]) et après lui, le [[Comité_exécutif_central_panrusse|Comité exécutif du congrès des soviets]], acceptent de négocier. Une délégation dirigée par [[Kamenev|Kamenev]] se rend à l'invitation du [[Vikhjel|Vikhjel]] de rencontrer les représentants [[Mencheviks|mencheviks]] et [[Socialistes-révolutionnaires|SR]].
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Mais ceux-ci exigent (appuyés par les Alliés) le désarmement des [[Gardes_rouges|gardes rouges]] et un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotsky|Trotsky]], incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]], et qui serait responsable, non devant les soviets, mais devant «&nbsp;les larges masses de la démocratie révolutionnaire&nbsp;»... La délégation soviétique accepte de négocier sur ces bases, et signe avec leurs interlocuteurs un appel au cessez-le-feu, à l'heure même où s'affrontent les cosaques du général Krasnov qui marchent sur Pétrograd et les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] (dirigés par Trotsky).
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Mais ceux-ci exigent (appuyés par les Alliés) le désarmement des [[Gardes_rouges|gardes rouges]] et un gouvernement sans [[Lénine|Lénine]] ni [[Trotski|Trotski]], incluant des [[SR_de_droite|SR de droite]] et des [[Troudoviks|troudoviks]], et qui serait responsable, non devant les soviets, mais devant «&nbsp;les larges masses de la démocratie révolutionnaire&nbsp;»... La délégation soviétique accepte de négocier sur ces bases, et signe avec leurs interlocuteurs un appel au cessez-le-feu, à l'heure même où s'affrontent les cosaques du général Krasnov qui marchent sur Pétrograd et les [[Garde_rouge_(Russie)|gardes rouges]] (dirigés par Trotski).
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Au comité central suivant, le 2 décembre, Trotsky accuse [[Kamenev|Kamenev]] et [[Riazanov|Riazanov]] d'avoir envisagé un désaveu de l'insurrection. [[Riazanov|Riazanov]] et [[Lounatcharski|Lounatcharski]] proposent d'accepter les conditions exigées par les socialistes. Lénine propose la rupture immédiate des pourparlers.&nbsp; Le comité central vote finalement une autre position, celle de Trotsky, qui propose de poursuivre les négociations sur la base d'une coalition où les bolchéviks auraient la prépondérance dans la coalition.
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Au comité central suivant, le 2 décembre, Trotski accuse [[Kamenev|Kamenev]] et [[Riazanov|Riazanov]] d'avoir envisagé un désaveu de l'insurrection. [[Riazanov|Riazanov]] et [[Lounatcharski|Lounatcharski]] proposent d'accepter les conditions exigées par les socialistes. Lénine propose la rupture immédiate des pourparlers.&nbsp; Le comité central vote finalement une autre position, celle de Trotski, qui propose de poursuivre les négociations sur la base d'une coalition où les bolchéviks auraient la prépondérance dans la coalition.
    
Mais la minorité ne s'incline pas, car elle soutient que la résolution empêchera de fait toute coalition. [[Kamenev|Kamenev]], qui préside toujours l'[[Comité_exécutif_central_panrusse|exécutif des soviets]], y propose la démission du Conseil des commissaires du peuple et son remplacement par un gouvernement de coalition. [[Volodarski|Volodarski]] oppose à cette motion celle qui a été adoptée par le comité central. Au cours du vote, plusieurs commissaires du peuple, [[Rykov|Rykov]], [[Noguine|Noguine]], [[Lounatcharski|Lounatcharski]], [[Milioutine|Milioutine]], [[Teodorovitch|Teodorovitch]], et autre responsables du parti, [[Zinoviev|Zinoviev]], [[Lozovski|Lozovski]], [[Riazanov|Riazanov]], votent contre la résolution présentée par leur propre parti. D'autres dirigeants soutiennent la minorité ([[Chliapnikov|Chliapnikov]]...). En ce moment-là, le parti bolchevik est au bord de la scission.
 
Mais la minorité ne s'incline pas, car elle soutient que la résolution empêchera de fait toute coalition. [[Kamenev|Kamenev]], qui préside toujours l'[[Comité_exécutif_central_panrusse|exécutif des soviets]], y propose la démission du Conseil des commissaires du peuple et son remplacement par un gouvernement de coalition. [[Volodarski|Volodarski]] oppose à cette motion celle qui a été adoptée par le comité central. Au cours du vote, plusieurs commissaires du peuple, [[Rykov|Rykov]], [[Noguine|Noguine]], [[Lounatcharski|Lounatcharski]], [[Milioutine|Milioutine]], [[Teodorovitch|Teodorovitch]], et autre responsables du parti, [[Zinoviev|Zinoviev]], [[Lozovski|Lozovski]], [[Riazanov|Riazanov]], votent contre la résolution présentée par leur propre parti. D'autres dirigeants soutiennent la minorité ([[Chliapnikov|Chliapnikov]]...). En ce moment-là, le parti bolchevik est au bord de la scission.
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Le 12 mars 1918, le siège du Sovnarkom déménage à Moscou, au Kremlin. La symbolique du Kremlin est révolutionnée :
 
Le 12 mars 1918, le siège du Sovnarkom déménage à Moscou, au Kremlin. La symbolique du Kremlin est révolutionnée :
 
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''«&nbsp;Le carillon de la tour Spassky [Tour dite du «Sauveur» qui surmonte une des grand'portes du Kremlin] subit une transformation. Désormais, les vieilles cloches, au lieu d'exécuter le «Bojé, tsaria khrani!» sonnaient languissamment et rêveusement, tous les quarts d'heure, l'Internationale. Les automobiles étaient admises à entrer par cette porte et ce tunnel. Au-dessus du portail, une icône antique dont le verre était brisé. La veilleuse, devant l'image était éteinte depuis longtemps. Souvent, quand on entrait au Kremlin, le regard s'arrêtait sur l'icône, tandis que l'oreille saisissait, d'en haut, l'Internationale. Au-dessus de la tour à carilIon subsistait l'aigle bicéphale, toute dorée. Mais on l'avait découronnée. Je conseillai de fixer, sur le double chef de l'aigle, les emblèmes du marteau et de la faucille, afin que la «dislocation des temps» fût visible du haut de la tour Spassky. Mais on ne trouva pas le temps de s'en occuper.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv32.htm Ma vie, 30. A Moscou]'', 1930</ref>''
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''«&nbsp;Le carillon de la tour Spassky [Tour dite du «Sauveur» qui surmonte une des grand'portes du Kremlin] subit une transformation. Désormais, les vieilles cloches, au lieu d'exécuter le «Bojé, tsaria khrani!» sonnaient languissamment et rêveusement, tous les quarts d'heure, l'Internationale. Les automobiles étaient admises à entrer par cette porte et ce tunnel. Au-dessus du portail, une icône antique dont le verre était brisé. La veilleuse, devant l'image était éteinte depuis longtemps. Souvent, quand on entrait au Kremlin, le regard s'arrêtait sur l'icône, tandis que l'oreille saisissait, d'en haut, l'Internationale. Au-dessus de la tour à carilIon subsistait l'aigle bicéphale, toute dorée. Mais on l'avait découronnée. Je conseillai de fixer, sur le double chef de l'aigle, les emblèmes du marteau et de la faucille, afin que la «dislocation des temps» fût visible du haut de la tour Spassky. Mais on ne trouva pas le temps de s'en occuper.&nbsp;»<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv32.htm Ma vie, 30. A Moscou]'', 1930</ref>''
 
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A Moscou, au lendemain de la révolution, un Sovnarkom avait également été créé à Moscou (bien que subordonné au Sovnarkom de Petrograd). Mais après le déménagement du gouvernement à Moscou, les [[bolchéviks|bolchéviks]] (y compris ceux de Moscou) jugèrent inutile de conserver deux Sovnarkom et celui de Moscou fut supprimé.
 
A Moscou, au lendemain de la révolution, un Sovnarkom avait également été créé à Moscou (bien que subordonné au Sovnarkom de Petrograd). Mais après le déménagement du gouvernement à Moscou, les [[bolchéviks|bolchéviks]] (y compris ceux de Moscou) jugèrent inutile de conserver deux Sovnarkom et celui de Moscou fut supprimé.

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