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{{InfoCalendrierJulien}}Les '''interrayons''' étaient des partisans d'une petite tendance du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR), entre 1913 et 1917, qui se situait entre les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Bolchéviks|bolchéviks]]. Ce nom vient du russe ''mezhraiontsy'' (межрайонцы), de ''mezh'' (inter) et ''raion'' (sorte de district russe, dont le mot vient de ''« rayon »'' en français). Formellement, leur organisation se nommait ''« '''POSDR (internationalistes)''' »''.
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[[Fichier:TrotskiEnLaFortalezaDePedroYPabloEn1906.png|vignette|[[Trotski]], figure centrale des Interrayons]]
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Les '''interrayons''' étaient des partisans d'une petite tendance du [[Parti_ouvrier_social-démocrate_de_Russie|Parti ouvrier social-démocrate de Russie]] (POSDR), entre 1913 et 1917, qui se situait entre les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Bolchéviks|bolchéviks]]. Ce nom vient du russe ''mezhraiontsy'' (межрайонцы), de ''mezh'' (inter) et ''raion'' (sorte de district russe, dont le mot vient de ''« rayon »'' en français). Formellement, leur organisation se nommait ''« '''POSDR (internationalistes)''' »''.
    
Les interrayons, principalement dirigés par [[Trotsky|Trotsky]], rejoignent les bolchéviks durant la [[Révolution_russe_(1917)|révolution de 1917]].
 
Les interrayons, principalement dirigés par [[Trotsky|Trotsky]], rejoignent les bolchéviks durant la [[Révolution_russe_(1917)|révolution de 1917]].
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Après la défaite de la première [[Révolution_russe_de_1905|révolution russe en 1905]], tant les menchéviks que les bolchéviks perdent des membres (sous l'effet de la répression et de la démoralisation), et tendent à se fragmenter en fractions plus petites. En janvier 1912, la fraction bolchevik dominante dirigée par Lénine tient une réunion à Prague, et expulse les mencheviks du parti. En réponse, les menchéviks, les partisans de [[Trotsky|Trotsky]], le [[Bund|Bund]] juif et d'autres groupes sociaux-démocrates ethniques se réunissent à Vienne en août 1912, proclament que la décision de Lénine est illégale et forment leur propre direction du [[POSDR|POSDR]], le ''« Bloc d'août »''. On distingue alors le POSDR (b) et le POSDR (m).
 
Après la défaite de la première [[Révolution_russe_de_1905|révolution russe en 1905]], tant les menchéviks que les bolchéviks perdent des membres (sous l'effet de la répression et de la démoralisation), et tendent à se fragmenter en fractions plus petites. En janvier 1912, la fraction bolchevik dominante dirigée par Lénine tient une réunion à Prague, et expulse les mencheviks du parti. En réponse, les menchéviks, les partisans de [[Trotsky|Trotsky]], le [[Bund|Bund]] juif et d'autres groupes sociaux-démocrates ethniques se réunissent à Vienne en août 1912, proclament que la décision de Lénine est illégale et forment leur propre direction du [[POSDR|POSDR]], le ''« Bloc d'août »''. On distingue alors le POSDR (b) et le POSDR (m).
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Fin 1912, il y avait donc deux organisations distinctes du parti dans la capitale russe : le ''« Comité de Saint-Pétersbourg du POSDR »'' (bolchevik) et le ''« Groupe d'initiative du POSDR »'' (bloc d'Août). Certains sociaux-démocrates de Saint-Pétersbourg, mécontents de cette scission, créaient une organisation alternative qui revendiquait l'objectif de réunir toutes les tendances de la social-démocratie révolutionnaire. Ils n'incluaient pas dans ces tendances une frange des menchéviks qui se concentrait sur l'opposition légale au régime au détriment de l'activité révolutionnaire.
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Fin 1912, il y avait donc deux organisations distinctes du parti dans la capitale russe : le ''« Comité de Saint-Pétersbourg du POSDR »'' (bolchevik) et le ''« Groupe d'initiative du POSDR »'' (bloc d'Août). Certains sociaux-démocrates de Saint-Pétersbourg, mécontents de cette scission, créaient une organisation alternative qui revendiquait l'objectif de réunir toutes les tendances de la social-démocratie révolutionnaire. Ils n'incluaient pas dans ces tendances une frange des menchéviks qui se concentrait sur l'opposition légale au régime au détriment de l'activité révolutionnaire (''[[liquidationnistes]]'').
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Lénine ironisait sur Trotski qui se promenait ''« avec le rameau de la paix et la burette d'huile non-fractionniste à la main »''.
    
===Formation des interrayons===
 
===Formation des interrayons===
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Le groupe interrayons est fondé en novembre 1913 par&nbsp;un menchevik, N. M. Egorov et trois bolcheviks ([[Konstantin_Iouréniev|K. Iouréniev]], A. M. Novosyolov et E. M. Adamovich). Yurenev était le leader informel de l'organisation jusqu'en mai 1917, sauf pour un an entre février 1915 et février 1916, où est en prison pour ''«&nbsp;activités subversives&nbsp;»''.<br /> <br /> Politiquement, ils défendent le principe de reconstruciton d'un parti ouvert à tous les [[Internationalistes|internationalistes]]. Ils sont adversaires résolus du [[Défensisme|défensisme]] menchevique, et méfiants à l'égard des principes d'organisation des bolcheviks. Lénine considère qu'ils ont une position ''«&nbsp;[[Centriste|centriste]]&nbsp;»'' entre [[Bolcheviks|bolcheviks]] et [[Mencheviks|mencheviks]].
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Le groupe interrayons est fondé en novembre 1913 par&nbsp;un menchevik, N. M. Egorov et trois bolcheviks ([[Konstantin_Iouréniev|K. Iouréniev]], A. M. Novosyolov et E. M. Adamovich). Yurenev était le leader informel de l'organisation jusqu'en mai 1917, sauf pour un an entre février 1915 et février 1916, où est en prison pour ''«&nbsp;activités subversives&nbsp;»''.
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Politiquement, ils défendent le principe de reconstruction d'un parti ouvert à tous les [[Internationalistes|internationalistes]]. Ils sont adversaires résolus du [[Défensisme|défensisme]] menchevique, et méfiants à l'égard des principes d'organisation des bolcheviks. Lénine considère qu'ils ont une position ''«&nbsp;[[Centriste|centriste]]&nbsp;»'' entre [[Bolcheviks|bolcheviks]] et [[Mencheviks|mencheviks]].
    
Le groupe interrayon publie un journal, ''[[Vpériod|Vpériod]]'', qui est interdit en 1915.
 
Le groupe interrayon publie un journal, ''[[Vpériod|Vpériod]]'', qui est interdit en 1915.
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Dès le lendemain de son arrivée à Petrograd le 5 mai, devant le [[Soviet_de_Pétrograd|soviet de Pétrograd]], Trotsky prend position aussi nettement que Lénine pour ''«&nbsp;[[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|tout le pouvoir aux soviets]]&nbsp;»'', et conclut&nbsp;: ''«&nbsp;Vive la révolution russe, prologue de la révolution mondiale&nbsp;!&nbsp;»''. Le 7 mai, à une réception organisée par l'organisation interrayons et les bolcheviks en son honneur, il déclare qu'il a définitivement rompu avec son vieux rêve d'unification de tous les socialistes et que la nouvelle Internationale ne peut se construire qu'à partir d'une rupture totale avec le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]]. Dès le 10, il rencontre Lénine.
 
Dès le lendemain de son arrivée à Petrograd le 5 mai, devant le [[Soviet_de_Pétrograd|soviet de Pétrograd]], Trotsky prend position aussi nettement que Lénine pour ''«&nbsp;[[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|tout le pouvoir aux soviets]]&nbsp;»'', et conclut&nbsp;: ''«&nbsp;Vive la révolution russe, prologue de la révolution mondiale&nbsp;!&nbsp;»''. Le 7 mai, à une réception organisée par l'organisation interrayons et les bolcheviks en son honneur, il déclare qu'il a définitivement rompu avec son vieux rêve d'unification de tous les socialistes et que la nouvelle Internationale ne peut se construire qu'à partir d'une rupture totale avec le [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]]. Dès le 10, il rencontre Lénine.
<blockquote>''«&nbsp;Jusqu'à mon adhésion formelle au Parti, je pris part à l'élabo­ration d'une série de décisions et de documents portant l'estam­pille du Parti. Le seul motif qui me fit retarder de trois mois mon adhésion au Parti fut le désir d'accélérer la fusion des bol­cheviks avec les meilleurs éléments de l'organisation interrayonniste et, en général, avec les internationalistes révolutionnaires. Je menais cette politique avec l'entier assentiment de Lénine. (...)&nbsp;Les ouvriers interrayonnistes gar­daient encore une très grande méfiance à l'égard de la politique d'organisation du Comité de Petrograd. Voici ce que j 'avais répliqué dans mon article&nbsp;: "L'esprit de cercle, héritage du passé, existe encore; mais, pour qu'il diminue, les interrayon­nistes doivent cesser de mener un existence isolée, à part".&nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/19240915i.htm Les leçons d'Octobre]'', 1924</ref>''</blockquote>  
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''«&nbsp;Jusqu'à mon adhésion formelle au Parti, je pris part à l'élabo­ration d'une série de décisions et de documents portant l'estam­pille du Parti. Le seul motif qui me fit retarder de trois mois mon adhésion au Parti fut le désir d'accélérer la fusion des bol­cheviks avec les meilleurs éléments de l'organisation interrayonniste et, en général, avec les internationalistes révolutionnaires. Je menais cette politique avec l'entier assentiment de Lénine. (...)&nbsp;Les ouvriers interrayonnistes gar­daient encore une très grande méfiance à l'égard de la politique d'organisation du Comité de Petrograd. Voici ce que j 'avais répliqué dans mon article&nbsp;: "L'esprit de cercle, héritage du passé, existe encore; mais, pour qu'il diminue, les interrayon­nistes doivent cesser de mener un existence isolée, à part".&nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/19240915i.htm Les leçons d'Octobre]'', 1924</ref>''
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Peu de choses, désormais, séparent les deux hommes, et ils le savent. Lénine est pressé de gagner au parti Trotsky et ses compagnons. Il a déjà proposé d'en faire le rédacteur en chef de la ''[[Pravda|Pravda]], ''mais n'a pas été suivi. En tout cas, il lui demande d'entrer dans le parti et offre, sans conditions, à Trotsky et à ses amis, des responsabilités à la direction de l'organisation et à la rédaction de la ''Pravda. ''L'amour-propre, certaines réticences, peut-être de ses compagnons, retiennent Trotsky. Il a sans doute plus que Lénine le souvenir des querelles passées et pourtant dépassées. Il souligne que le parti bolchevique s'est «&nbsp;débolchevisé&nbsp;», qu'il a acquis une optique internationale, et que rien ne les sépare plus. Mais c'est précisément pour cela qu'il voudrait le voir changer d'étiquette. «&nbsp;Je ne peux pas me considérer moi-même comme un bolchevik&nbsp;». Il souhaite un congrès de fondation et un titre nouveau pour un parti nouveau, enterrant définitivement le passé. Lénine ne peut accepter de faire une pareille concession à l'amour-propre de Trotsky&nbsp;&nbsp;: il est fier du parti et de sa tradition, tient à ménager aussi l'amour-propre des [[Vieux-bolcheviks|vieux-bolcheviks]] déjà passablement étrillés en avril, qui lui reprochent, à lui, son ralliement à Trotsky, et considèrent toujours ce dernier comme un adversaire personnel.
 
Peu de choses, désormais, séparent les deux hommes, et ils le savent. Lénine est pressé de gagner au parti Trotsky et ses compagnons. Il a déjà proposé d'en faire le rédacteur en chef de la ''[[Pravda|Pravda]], ''mais n'a pas été suivi. En tout cas, il lui demande d'entrer dans le parti et offre, sans conditions, à Trotsky et à ses amis, des responsabilités à la direction de l'organisation et à la rédaction de la ''Pravda. ''L'amour-propre, certaines réticences, peut-être de ses compagnons, retiennent Trotsky. Il a sans doute plus que Lénine le souvenir des querelles passées et pourtant dépassées. Il souligne que le parti bolchevique s'est «&nbsp;débolchevisé&nbsp;», qu'il a acquis une optique internationale, et que rien ne les sépare plus. Mais c'est précisément pour cela qu'il voudrait le voir changer d'étiquette. «&nbsp;Je ne peux pas me considérer moi-même comme un bolchevik&nbsp;». Il souhaite un congrès de fondation et un titre nouveau pour un parti nouveau, enterrant définitivement le passé. Lénine ne peut accepter de faire une pareille concession à l'amour-propre de Trotsky&nbsp;&nbsp;: il est fier du parti et de sa tradition, tient à ménager aussi l'amour-propre des [[Vieux-bolcheviks|vieux-bolcheviks]] déjà passablement étrillés en avril, qui lui reprochent, à lui, son ralliement à Trotsky, et considèrent toujours ce dernier comme un adversaire personnel.
  

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