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[[File:AssassinatTsar1881.gif|right|AssassinatTsar1881.gif]]Les '''narodniks''', ou '''narodniki''' (du russe ''narod'' / народ , ''«&nbsp;peuple&nbsp;»'') étaient des [[Socialistes|socialistes]] russes non-marxistes, appelés aussi ''«&nbsp;[[Populistes|populistes]]&nbsp;»''. Il furent actifs surtout entre les années 1860 et la fin du 19<sup>e</sup> siècle.
 
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Les '''narodniks''', ou '''narodniki''' (du russe ''narod'' / народ , ''«&nbsp;peuple&nbsp;»'') étaient des [[Socialistes|socialistes]] russes non-marxistes, appelés aussi ''«&nbsp;[[Populistes|populistes]]&nbsp;»''. Il furent actifs surtout entre les années 1860 et la fin du 19<sup>e</sup> siècle.
      
== Historique ==
 
== Historique ==
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Pour Plékhanov, «&nbsp;les sociaux-démocrates nagent dans le courant de l’histoire&nbsp;», et les causes du développement historique «&nbsp;n’ont rien à voir avec la volonté et la conscience humaines&nbsp;». [[Gramsci|Gramsci]] accusa plus tard avec raison Plékhanov de «&nbsp;rechuter dans le matérialisme vulgaire&nbsp;».<ref>A. Gramsci, Prison Notebooks, London 1971, p. 387.</ref> Lénine critiquait les narodniks mais avec une attitude radicalement différente. Il soutenait que le marxisme n’a rien de commun avec la «&nbsp;croyance que chaque pays doit obligatoirement passer par la phase du capitalisme&nbsp;»<ref>Lénine, Œuvres, vol.1, p. 366</ref>, et il attaquait sévèrement «&nbsp;l’objectivisme étroit&nbsp;» de Struve,
 
Pour Plékhanov, «&nbsp;les sociaux-démocrates nagent dans le courant de l’histoire&nbsp;», et les causes du développement historique «&nbsp;n’ont rien à voir avec la volonté et la conscience humaines&nbsp;». [[Gramsci|Gramsci]] accusa plus tard avec raison Plékhanov de «&nbsp;rechuter dans le matérialisme vulgaire&nbsp;».<ref>A. Gramsci, Prison Notebooks, London 1971, p. 387.</ref> Lénine critiquait les narodniks mais avec une attitude radicalement différente. Il soutenait que le marxisme n’a rien de commun avec la «&nbsp;croyance que chaque pays doit obligatoirement passer par la phase du capitalisme&nbsp;»<ref>Lénine, Œuvres, vol.1, p. 366</ref>, et il attaquait sévèrement «&nbsp;l’objectivisme étroit&nbsp;» de Struve,
<blockquote>''«&nbsp;…qui se contente de montrer le caractère inévitable et nécessaire du processus et ne s’applique pas à rechercher dans chaque stade concret de ce processus la forme de l’antagonisme de classes qui lui est propre&nbsp;; son objectivisme qui caractérise le processus en général et non pas les classes antagonistes en particulier, dont la lutte forme le contenu de ce processus. &nbsp;»''</blockquote>  
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''«&nbsp;…qui se contente de montrer le caractère inévitable et nécessaire du processus et ne s’applique pas à rechercher dans chaque stade concret de ce processus la forme de l’antagonisme de classes qui lui est propre&nbsp;; son objectivisme qui caractérise le processus en général et non pas les classes antagonistes en particulier, dont la lutte forme le contenu de ce processus. &nbsp;»''
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L'objectivisme a conduit certains marxistes (et en premier les ''«&nbsp;[[Marxistes_légaux|légaux]]&nbsp;»'') a passer de la description des tendances à leur apologie, et finalement à théoriser que les bourgeois libéraux ([[Parti_KD|KD]]) étaient ''«&nbsp;plus progressistes&nbsp;»'' que les populistes petit-bourgeois. Or pour Lénine, le populisme représente aussi une lutte de classe progressistes de couches petite-bourgeoises contre le grand capital. Par conséquent, il affirmait «&nbsp;la nécessité de dégager de la doctrine et de la tendance du populisme son côté révolutionnaire et de l’adopter.&nbsp;»<ref>Lénine, Œuvres, vol.4, p. 253.</ref>
 
L'objectivisme a conduit certains marxistes (et en premier les ''«&nbsp;[[Marxistes_légaux|légaux]]&nbsp;»'') a passer de la description des tendances à leur apologie, et finalement à théoriser que les bourgeois libéraux ([[Parti_KD|KD]]) étaient ''«&nbsp;plus progressistes&nbsp;»'' que les populistes petit-bourgeois. Or pour Lénine, le populisme représente aussi une lutte de classe progressistes de couches petite-bourgeoises contre le grand capital. Par conséquent, il affirmait «&nbsp;la nécessité de dégager de la doctrine et de la tendance du populisme son côté révolutionnaire et de l’adopter.&nbsp;»<ref>Lénine, Œuvres, vol.4, p. 253.</ref>
    
Dans [[Que_faire_?|''Que faire&nbsp;?'']] (1902), Lénine expliquait que les marxistes révolutionnaires ne devaient pas sous-estimer les réalisations positives des narodniks en termes de structure organisationnelle&nbsp;:
 
Dans [[Que_faire_?|''Que faire&nbsp;?'']] (1902), Lénine expliquait que les marxistes révolutionnaires ne devaient pas sous-estimer les réalisations positives des narodniks en termes de structure organisationnelle&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Mais l’excellente organisation que possédaient les révolutionnaires de 1870-1880 et qui devrait nous servir de modèle à tous… une organisation de combat centralisée et déclarant résolument la guerre au tsarisme… toute tendance révolutionnaire … ne saurait se passer d’une organisation de ce genre… Et seule l’incompréhension la plus grossière du marxisme (ou sa «&nbsp;compréhension&nbsp;» dans l’esprit du «&nbsp;strouvisme&nbsp;») pouvait amener à croire que la naissance d’un mouvement ouvrier de masse spontané nous libère de l’obligation de créer une organisation révolutionnaire aussi bonne, incomparablement meilleure même que celle de «&nbsp;Zemlia i Volia&nbsp;». &nbsp;»''</blockquote>  
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''«&nbsp;Mais l’excellente organisation que possédaient les révolutionnaires de 1870-1880 et qui devrait nous servir de modèle à tous… une organisation de combat centralisée et déclarant résolument la guerre au tsarisme… toute tendance révolutionnaire … ne saurait se passer d’une organisation de ce genre… Et seule l’incompréhension la plus grossière du marxisme (ou sa «&nbsp;compréhension&nbsp;» dans l’esprit du «&nbsp;strouvisme&nbsp;») pouvait amener à croire que la naissance d’un mouvement ouvrier de masse spontané nous libère de l’obligation de créer une organisation révolutionnaire aussi bonne, incomparablement meilleure même que celle de «&nbsp;Zemlia i Volia&nbsp;». &nbsp;»''
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Les narodniks soutenaient que la révolution à venir en Russie pourrait être directement socialiste, sur la base des communautés paysannes pré-capitalistes (''[[Mir_(communauté)|mir]]'', ''obchtchina''). Face à l'affaiblissement des mir, ils font évoluer leurs revendications, mais resteront sur l'idée que la paysannerie sera centrale dans la révolution, et que cette révolution sera socialiste, ou "populaire" pour les discours les plus vagues. Les marxistes raillaient leur vision confuse. Mais les menchéviks en sont finalement venus à s'opposer à la lutte de classe des ouvriers et des paysans au nom d'un ''«&nbsp;[[Étapisme|étapisme]]&nbsp;»'' bourgeois.
 
Les narodniks soutenaient que la révolution à venir en Russie pourrait être directement socialiste, sur la base des communautés paysannes pré-capitalistes (''[[Mir_(communauté)|mir]]'', ''obchtchina''). Face à l'affaiblissement des mir, ils font évoluer leurs revendications, mais resteront sur l'idée que la paysannerie sera centrale dans la révolution, et que cette révolution sera socialiste, ou "populaire" pour les discours les plus vagues. Les marxistes raillaient leur vision confuse. Mais les menchéviks en sont finalement venus à s'opposer à la lutte de classe des ouvriers et des paysans au nom d'un ''«&nbsp;[[Étapisme|étapisme]]&nbsp;»'' bourgeois.
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''«&nbsp;Au fond, la conception slavophile, en dépit de ses fictions réactionnaires, et la conception populiste, malgré tout ce qu'il y avait d'illusoire dans ses tendances démocratiques, n'étaient nullement de vaines spéculations; elles s'appuyaient sur d'indubitables et, en outre, profondes particularités de l'évolution de la Russie, comprises seulement d'une façon unilatérale et inexactement appréciées. Dans sa lutte contre le populisme, le marxisme russe, qui démontra l'identité des lois d'évolution pour tous les pays, tomba fréquemment dans des lieux communs dogmatiques, comme s'il avait envie de jeter l'enfant avec l'eau savonneuse de la baignoire. &nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr50.htm Histoire de la révolution russe - Appendice 1, Des particularités du développement de la Russie]'', 1930</ref>
 
''«&nbsp;Au fond, la conception slavophile, en dépit de ses fictions réactionnaires, et la conception populiste, malgré tout ce qu'il y avait d'illusoire dans ses tendances démocratiques, n'étaient nullement de vaines spéculations; elles s'appuyaient sur d'indubitables et, en outre, profondes particularités de l'évolution de la Russie, comprises seulement d'une façon unilatérale et inexactement appréciées. Dans sa lutte contre le populisme, le marxisme russe, qui démontra l'identité des lois d'évolution pour tous les pays, tomba fréquemment dans des lieux communs dogmatiques, comme s'il avait envie de jeter l'enfant avec l'eau savonneuse de la baignoire. &nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr50.htm Histoire de la révolution russe - Appendice 1, Des particularités du développement de la Russie]'', 1930</ref>
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== Notes et sources ==
 
== Notes et sources ==
  

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