Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
593 octets ajoutés ,  17 mai 2020 à 14:43
aucun résumé des modifications
Ligne 11 : Ligne 11 :  
Dans les écrits de Marx et Engels cependant, la terreur n'apparaît pas comme un principe, comme une politique inévitable qui caractériserait toute révolution.
 
Dans les écrits de Marx et Engels cependant, la terreur n'apparaît pas comme un principe, comme une politique inévitable qui caractériserait toute révolution.
   −
Vers la fin de sa vie, [[Friedrich Engels|Engels]] voyait les progrès croissants du [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|parti social-démocrate allemand]], devenu un parti ouvrier de masse et prétendant au pouvoir. Il voyait aussi les risques de guerre en Europe (qui a finalement [[Guerre de 1914-1918|éclaté en 1914]]). Il considérait que le choc de la guerre précipiterait le pouvoir dans les mains des socialistes, mais qu'une telle situation était plus risquée, notamment parce que le parti n'étant pas suffisamment prêt, il devrait prendre des mesures de terreur :<blockquote>« Afin de prendre possession et de mettre en marche les moyens de production, nous avons besoin de personnes ayant une formation technique, et en masse. Nous ne les avons pas et jusqu'à présent, nous avons même été plutôt heureux d'avoir été largement épargnés par les personnes "instruites". Maintenant, les choses sont différentes. Maintenant, nous sommes assez forts pour supporter n'importe quelle quantité de racailles instruites et pour les digérer, et je prévois qu'au cours des huit ou dix prochaines années, nous recruterons suffisamment de jeunes techniciens, médecins, avocats et maîtres d'école pour nous permettre d'administrer les usines et les grands domaines  au nom de la nation par des camarades du Parti. Alors, notre arrivée au pouvoir sera tout à fait naturelle et s'installera rapidement - en comparaison, si en revanche, une guerre nous amène au pouvoir prématurément, les techniciens seront nos principaux ennemis; ils nous tromperont et nous trahiront partout où ils le pourront et nous devrons user de terreur contre eux, mais nous serons tout de même trompés. C'est ce qui arrivait ''toujours'', à petite échelle, aux révolutionnaires français; même dans l'administration ordinaire, ils devaient laisser les postes subalternes, où le vrai travail est fait, aux mains de vieux réactionnaires qui obstruaient et paralysaient tout. »<ref>[[:en:Letter to August Bebel, October 24, 1891|Letter to August Bebel, October 24, 1891]]</ref></blockquote>
+
Vers la fin de sa vie, [[Friedrich Engels|Engels]] voyait les progrès croissants du [[Sozialdemokratische Partei Deutschlands|parti social-démocrate allemand]], devenu un parti ouvrier de masse et prétendant au pouvoir. Il voyait aussi les risques de guerre en Europe (qui a finalement [[Guerre de 1914-1918|éclaté en 1914]]). Il considérait que le choc de la guerre précipiterait le pouvoir dans les mains des socialistes, mais qu'une telle situation était plus risquée, notamment parce que le parti n'étant pas suffisamment prêt, il devrait prendre des mesures de terreur :<blockquote>
 +
« Afin de prendre possession et de mettre en marche les moyens de production, nous avons besoin de personnes ayant une formation technique, et en masse. Nous ne les avons pas et jusqu'à présent, nous avons même été plutôt heureux d'avoir été largement épargnés par les personnes "instruites". Maintenant, les choses sont différentes. Maintenant, nous sommes assez forts pour supporter n'importe quelle quantité de racailles instruites et pour les digérer, et je prévois qu'au cours des huit ou dix prochaines années, nous recruterons suffisamment de jeunes techniciens, médecins, avocats et maîtres d'école pour nous permettre d'administrer les usines et les grands domaines  au nom de la nation par des camarades du Parti. Alors, notre arrivée au pouvoir sera tout à fait naturelle et s'installera rapidement - en comparaison, si en revanche, une guerre nous amène au pouvoir prématurément, les techniciens seront nos principaux ennemis; ils nous tromperont et nous trahiront partout où ils le pourront et nous devrons user de terreur contre eux, mais nous serons tout de même trompés. C'est ce qui arrivait ''toujours'', à petite échelle, aux révolutionnaires français; même dans l'administration ordinaire, ils devaient laisser les postes subalternes, où le vrai travail est fait, aux mains de vieux réactionnaires qui obstruaient et paralysaient tout. »<ref>[[:en:Letter to August Bebel, October 24, 1891|Letter to August Bebel, October 24, 1891]]</ref>
 +
</blockquote>
    
==Commune de Paris==
 
==Commune de Paris==
    
Selon [[Léon Trotsky|Trotsky]] dans son ouvrage ''[[Terrorisme et communisme]]''&nbsp;:
 
Selon [[Léon Trotsky|Trotsky]] dans son ouvrage ''[[Terrorisme et communisme]]''&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;Poussée par la logique de la lutte, celle-ci entra en matière de principe dans la voie de l'intimidation. La création du Comité de Salut public était dictée pour beaucoup de ses partisans par l'idée de la terreur rouge. Ce comité avait pour objet de "faire tomber les têtes des traîtres" et de "réprimer les trahisons" (séances du 30 avril et du 1er mai). Parmi les décrets d'"intimidation", il convient de signaler l'ordonnance (du 3 avril) sur la séquestration des biens de Thiers et de ses ministres, la démolition de sa maison, le renversement de la colonne Vendôme, et en particulier le décret sur les otages. Pour chaque prisonnier ou partisan de la Commune fusillé par les Versaillais, on devait fusiller trois otages. Les mesures prises par la Préfecture de police, dirigée par Raoul Rigault, étaient d'un caractère purement terroriste, quoiqu'elles ne fussent pas toujours adaptées au but poursuivi. L'efficacité de toutes ces mesures d'intimidation fut paralysée par l'inconsistance et l'état d'esprit conciliateur des éléments dirigeants de la Commune, par leurs efforts pour faire accepter le fait accompli à la bourgeoisie au moyen de phrases pitoyables, par leurs oscillations entre la fiction de la démocratie et la réalité de la dictature [...]&nbsp;Si la Commune de Paris n'était pas tombée, si elle avait pu se maintenir dans une lutte ininterrompue, il ne peut y avoir de doute qu'elle aurait été obligée de recourir à des mesures de plus en plus rigoureuses pour écraser la contre-révolution. Il est vrai que Kautsky n'aurait pas eu alors la possibilité d'opposer les communards humanitaires aux bolcheviks inhumains. En revanche, Thiers n'aurait pu commettre sa monstrueuse saignée du prolétariat de Paris. L'histoire y aurait peut-être trouvé son compte.&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;Poussée par la logique de la lutte, celle-ci entra en matière de principe dans la voie de l'intimidation. La création du Comité de Salut public était dictée pour beaucoup de ses partisans par l'idée de la terreur rouge. Ce comité avait pour objet de "faire tomber les têtes des traîtres" et de "réprimer les trahisons" (séances du 30 avril et du 1er mai). Parmi les décrets d'"intimidation", il convient de signaler l'ordonnance (du 3 avril) sur la séquestration des biens de Thiers et de ses ministres, la démolition de sa maison, le renversement de la colonne Vendôme, et en particulier le décret sur les otages. Pour chaque prisonnier ou partisan de la Commune fusillé par les Versaillais, on devait fusiller trois otages. Les mesures prises par la Préfecture de police, dirigée par Raoul Rigault, étaient d'un caractère purement terroriste, quoiqu'elles ne fussent pas toujours adaptées au but poursuivi. L'efficacité de toutes ces mesures d'intimidation fut paralysée par l'inconsistance et l'état d'esprit conciliateur des éléments dirigeants de la Commune, par leurs efforts pour faire accepter le fait accompli à la bourgeoisie au moyen de phrases pitoyables, par leurs oscillations entre la fiction de la démocratie et la réalité de la dictature [...]&nbsp;Si la Commune de Paris n'était pas tombée, si elle avait pu se maintenir dans une lutte ininterrompue, il ne peut y avoir de doute qu'elle aurait été obligée de recourir à des mesures de plus en plus rigoureuses pour écraser la contre-révolution. Il est vrai que Kautsky n'aurait pas eu alors la possibilité d'opposer les communards humanitaires aux bolcheviks inhumains. En revanche, Thiers n'aurait pu commettre sa monstrueuse saignée du prolétariat de Paris. L'histoire y aurait peut-être trouvé son compte.&nbsp;»''
 +
</blockquote>  
    
==Révolution russe==
 
==Révolution russe==
Ligne 29 : Ligne 33 :     
La «&nbsp;Commission extraordinaire panrusse près le Conseil des commissaires du peuple pour combattre la contre-révolution et le sabotage&nbsp;» ([[Vetcheka|Vetcheka]]) est instaurée le 7 décembre 1917 mais ne dispose que de pouvoir très limités&nbsp;: elle mène des enquêtes et ne peut punir que par la confiscation des biens et des cartes de rationnement. Mais dans l'atmosphère de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], Le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|comité exécutif central]] décide de répliquer à la «&nbsp;[[Terreur_blanche|terreur blanche]]&nbsp;» par la «&nbsp;terreur rouge&nbsp;». Le décret du 5 septembre appelle à ''«&nbsp;isoler les ennemis de classe de la République soviétique dans des camps de concentration, et de fusiller sur-le-champ tout individu impliqué dans des organisations de Gardes-Blancs, des insurrections ou des émeutes.&nbsp;»''
 
La «&nbsp;Commission extraordinaire panrusse près le Conseil des commissaires du peuple pour combattre la contre-révolution et le sabotage&nbsp;» ([[Vetcheka|Vetcheka]]) est instaurée le 7 décembre 1917 mais ne dispose que de pouvoir très limités&nbsp;: elle mène des enquêtes et ne peut punir que par la confiscation des biens et des cartes de rationnement. Mais dans l'atmosphère de la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]], Le [[Comité_exécutif_central_pan-russe|comité exécutif central]] décide de répliquer à la «&nbsp;[[Terreur_blanche|terreur blanche]]&nbsp;» par la «&nbsp;terreur rouge&nbsp;». Le décret du 5 septembre appelle à ''«&nbsp;isoler les ennemis de classe de la République soviétique dans des camps de concentration, et de fusiller sur-le-champ tout individu impliqué dans des organisations de Gardes-Blancs, des insurrections ou des émeutes.&nbsp;»''
<blockquote>''«&nbsp;La Tchéka, ''déclare le tchékiste Latsis'', ne juge pas, elle frappe ... Nous ne faisons plus la guerre à des individus isolés, nous exterminons la bourgeoisie entant que classe. Ne cherchez pas dans le dossier des accusés des preuves pour savoir s'ils sont ou non opposés au gouvernement soviétique en paroles ou en actes. La question à l'ordre du jour est de savoir à quelle classe sociale ils appartiennent, leur extraction, leur instruction, leur profession. C'est cela qui décide de leur sort&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;La Tchéka, ''déclare le tchékiste Latsis'', ne juge pas, elle frappe ... Nous ne faisons plus la guerre à des individus isolés, nous exterminons la bourgeoisie entant que classe. Ne cherchez pas dans le dossier des accusés des preuves pour savoir s'ils sont ou non opposés au gouvernement soviétique en paroles ou en actes. La question à l'ordre du jour est de savoir à quelle classe sociale ils appartiennent, leur extraction, leur instruction, leur profession. C'est cela qui décide de leur sort&nbsp;»''
 +
</blockquote>  
 
Selon [[Pierre_Broué|Pierre Broué]], dans son livre ''Le Parti Bolchévique''&nbsp;: ''«&nbsp;Il est impossible de donner des chiffres précis quant à l'ampleur de la répression. Les chiffres officiels sont certainement bien inférieurs à la réalité, mais reflètent l'importance du tournant de juillet&nbsp;: Peters indique 22 exécutions pour les six premiers mois de 1918 et 6000 pour les six derniers mois. L'historien Chamberlin tient pour vraisemblable un total de 50 000 victimes. Il est incontestablement inférieur à celui des victimes des Blancs. Surtout, comme le souligne Victor Serge, l'ensemble de la Terreur rouge fera moins de victimes que certaines des plus terribles journées de la bataille de Verdun.&nbsp;»''
 
Selon [[Pierre_Broué|Pierre Broué]], dans son livre ''Le Parti Bolchévique''&nbsp;: ''«&nbsp;Il est impossible de donner des chiffres précis quant à l'ampleur de la répression. Les chiffres officiels sont certainement bien inférieurs à la réalité, mais reflètent l'importance du tournant de juillet&nbsp;: Peters indique 22 exécutions pour les six premiers mois de 1918 et 6000 pour les six derniers mois. L'historien Chamberlin tient pour vraisemblable un total de 50 000 victimes. Il est incontestablement inférieur à celui des victimes des Blancs. Surtout, comme le souligne Victor Serge, l'ensemble de la Terreur rouge fera moins de victimes que certaines des plus terribles journées de la bataille de Verdun.&nbsp;»''
    
Il ajoute&nbsp;:
 
Il ajoute&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;En tout cas, les bolcheviks ont conscience que ce prix doit être payé si l'on veut éviter dans l'avenir des notes plus lourdes encore en vies humaines. Fidèles à leurs principes, leurs dirigeants ne dissimulent ni ne renient leur politique terroriste. Au soviet de Kazan, Trotsky déclare&nbsp;: «&nbsp;Maintenant qu’on accuse les ouvriers de faire preuve de cruauté dans la guerre civile, nous disons, instruits par l'expérience&nbsp;: l'indulgence envers les classes ennemies serait la seule faute impardonnable que puisse commettre en ce moment la classe ouvrière russe. Nous nous battons, au nom du plus grand bien de l'humanité, au nom de la régénérescence de l'humanité, pour la tirer des ténèbres et de l'esclavage&nbsp;». Et s'adressant aux ouvriers américains, instruits de toutes les atrocités de la Terreur rouge, Lénine dit&nbsp;: «&nbsp;Nos fautes ne nous font pas peur. Les hommes ne sont pas devenus des saints du fait que la révolution a commencé. Les classes laborieuses opprimées, abêties, maintenues de force dans l'étau de la misère, de l'ignorance, de la barbarie, pendant des siècles, ne peuvent accomplir la révolution sans commettre d'erreurs. [ ... ] On ne peut enfermer dans un cercueil le cadavre de la société bourgeoise et l'enterrer. Le capitalisme abattu pourrit, se décompose parmi nous, infestant l'air de ses miasmes, empoisonnant notre vie&nbsp;: ce qui est ancien, pourri, mort s'accroche par des milliers de fils et de liens à tout ce qui est nouveau, frais, vivant&nbsp;»''</blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;En tout cas, les bolcheviks ont conscience que ce prix doit être payé si l'on veut éviter dans l'avenir des notes plus lourdes encore en vies humaines. Fidèles à leurs principes, leurs dirigeants ne dissimulent ni ne renient leur politique terroriste. Au soviet de Kazan, Trotsky déclare&nbsp;: «&nbsp;Maintenant qu’on accuse les ouvriers de faire preuve de cruauté dans la guerre civile, nous disons, instruits par l'expérience&nbsp;: l'indulgence envers les classes ennemies serait la seule faute impardonnable que puisse commettre en ce moment la classe ouvrière russe. Nous nous battons, au nom du plus grand bien de l'humanité, au nom de la régénérescence de l'humanité, pour la tirer des ténèbres et de l'esclavage&nbsp;». Et s'adressant aux ouvriers américains, instruits de toutes les atrocités de la Terreur rouge, Lénine dit&nbsp;: «&nbsp;Nos fautes ne nous font pas peur. Les hommes ne sont pas devenus des saints du fait que la révolution a commencé. Les classes laborieuses opprimées, abêties, maintenues de force dans l'étau de la misère, de l'ignorance, de la barbarie, pendant des siècles, ne peuvent accomplir la révolution sans commettre d'erreurs. [ ... ] On ne peut enfermer dans un cercueil le cadavre de la société bourgeoise et l'enterrer. Le capitalisme abattu pourrit, se décompose parmi nous, infestant l'air de ses miasmes, empoisonnant notre vie&nbsp;: ce qui est ancien, pourri, mort s'accroche par des milliers de fils et de liens à tout ce qui est nouveau, frais, vivant&nbsp;»''
 +
</blockquote>  
 
En avril 1918, le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] (présidé par [[Trotsky|Trotsky]]) prend des mesures de surveillance drastiques de la [[Liberté_de_réunion|liberté de réunion]] et d'association&nbsp;:
 
En avril 1918, le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]] (présidé par [[Trotsky|Trotsky]]) prend des mesures de surveillance drastiques de la [[Liberté_de_réunion|liberté de réunion]] et d'association&nbsp;:
<blockquote>Décret sur la liberté de réunion et d’association<br /> 1.&nbsp;Tous les syndicats, sociétés et associations —&nbsp;économiques, artistiques, religieuses,&nbsp;etc. —&nbsp;formés sur le territoire de la Commune de la Région du Nord, doivent être enregistrés au Soviet ou au Comité des paysans pauvres.<br /> 2.&nbsp;Pour former une association ou un syndicat, il faut fournir la liste des fondateurs et des membres du Comité, avec noms et adresses, ainsi que la liste de tous les membres avec noms et adresses qui doivent être enregistrés.<br /> 3.&nbsp;Toutes les publications et archives doivent être mises à la disposition des dirigeants du Soviet pour inspection.<br /> 4.&nbsp;Les avis de réunion, publique ou privée, doivent être déposés, trois jours à l’avance, au Soviet ou au Comité des pauvres.<br /> 5.&nbsp;Toutes les réunions doivent être ouvertes aux représentants des autorités, c’est-à-dire du Soviet local, du Comité des pauvres ou des membres de la police secrète.<br /> 6.&nbsp;Syndicats et associations qui n’auraient pas rempli ces obligations seront considérés comme contre-révolutionnaires et traités comme tels<ref name="Ferro1980">Cité par Marc Ferro dans ''Des soviets au communisme bureaucratique'' (1980)</ref></blockquote>  
+
<blockquote>
 +
Décret sur la liberté de réunion et d’association<br /> 1.&nbsp;Tous les syndicats, sociétés et associations —&nbsp;économiques, artistiques, religieuses,&nbsp;etc. —&nbsp;formés sur le territoire de la Commune de la Région du Nord, doivent être enregistrés au Soviet ou au Comité des paysans pauvres.<br /> 2.&nbsp;Pour former une association ou un syndicat, il faut fournir la liste des fondateurs et des membres du Comité, avec noms et adresses, ainsi que la liste de tous les membres avec noms et adresses qui doivent être enregistrés.<br /> 3.&nbsp;Toutes les publications et archives doivent être mises à la disposition des dirigeants du Soviet pour inspection.<br /> 4.&nbsp;Les avis de réunion, publique ou privée, doivent être déposés, trois jours à l’avance, au Soviet ou au Comité des pauvres.<br /> 5.&nbsp;Toutes les réunions doivent être ouvertes aux représentants des autorités, c’est-à-dire du Soviet local, du Comité des pauvres ou des membres de la police secrète.<br /> 6.&nbsp;Syndicats et associations qui n’auraient pas rempli ces obligations seront considérés comme contre-révolutionnaires et traités comme tels<ref name="Ferro1980">Cité par Marc Ferro dans ''Des soviets au communisme bureaucratique'' (1980)</ref>
 +
</blockquote>  
 
Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotsky écrivait également&nbsp;:
 
Le pouvoir prive les réactionnaires de droits politiques et suspend leurs journaux. Les mesures d'interdiction s'étendent de plus en plus à d'autres types d'opposants, comme les [[Menchéviks|menchéviks]], les [[Socialistes-Révolutionnaires|SR]] et les [[Anarchisme_russe|anarchistes]]. Il s'agissait, comme l'écrivait Lénine, de mesures ''«&nbsp;essentiellement russes&nbsp;»''&nbsp;: des mesures d'exception, de légitime défense. Trotsky écrivait également&nbsp;:
<blockquote>''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref></blockquote>  
+
<blockquote>
 +
''«&nbsp;''Aux époques difficiles de la vie des peuples et des classes correspondent des mesures sévères. ''Plus nous avancerons, plus ce sera facile, plus chaque citoyen se sentira libre, et moins se fera sentir la force de coercition de l'Etat prolétarien. Peut-être autoriserons-nous alors les journaux mencheviks, en admettant qu'à cette époque il y ait encore des mencheviks.&nbsp;»''<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/t_c/t_c_10.htm Terrorisme et communisme - 9. Les questions d'organisation du travail]'', 1920</ref>
 +
</blockquote>  
 
[[Lénine|Lénine]] écrit le 9&nbsp;août 1918 au Soviet de Nijni-Novgorod&nbsp;: ''«&nbsp;Une insurrection de gardes blancs est en cours de préparation à Nijni. Il faut faire le maximum, déclencher une action terroriste de masse, fusiller et déporter des centaines de prostituées qui enivrent les soldats, etc. Ne pas perdre une seule minute. Fusiller les détenteurs d’armes. Déportation massive des mencheviks et des éléments peu sûrs&nbsp;»''
 
[[Lénine|Lénine]] écrit le 9&nbsp;août 1918 au Soviet de Nijni-Novgorod&nbsp;: ''«&nbsp;Une insurrection de gardes blancs est en cours de préparation à Nijni. Il faut faire le maximum, déclencher une action terroriste de masse, fusiller et déporter des centaines de prostituées qui enivrent les soldats, etc. Ne pas perdre une seule minute. Fusiller les détenteurs d’armes. Déportation massive des mencheviks et des éléments peu sûrs&nbsp;»''
   Ligne 46 : Ligne 58 :  
===Le prétendu massacre des Romanov===
 
===Le prétendu massacre des Romanov===
   −
Très longtemps on accusait les Bolcheviks d'avoir massacré en juillet 1918 à Ekaterinbourg le tsar, sa famille et quatre suivants à Ekaterinbourg. Il n'existe aucune source archivée qui permette de l'affirmer. On a établi officiellement le massacre comme démontré alors même qu'on n'a trouvé aucune preuve dans les archives de l'implication ni de Lénine ni de Sverdlov ; uniquement la répétition contre eux d'une accusation répétée plusieurs décennies durant et l'époque jusqu'en 1922 au moins les dirigeants bolcheviks assuraient par la voix de Tchitcherine, Zinoviev, Litvinov, et à nouveau Tchitcherine que le soviet régional de l'Oural avait certes fait exécuter l'ex-tsar suite à un complot destiné à le libérer, mais fait transférer sa femme, ses quatre filles, son fils unique. Ainsi en avril 1922, à la Conférence de Gênes, Tchitchérine affirma que "l'ex-tsarine et ses filles vivaient en Amérique". Nombre d'historiens (tels que Marc Ferro et Marina Grey, fille du général Dénikine) depuis les années 1980 (avec une incertitude sur le sort du fils unique) leur ont donné raison. Lénine et les bolcheviks préféraient négocier pacifiquement un échange avec l'Allemagne de Guillaume II dont la famille de Nicolas II était originaire, afin d'obtenir la libération de Karl Liebnecht et de Léo Jogiches. Le 27 septembre 1918 le frère de la tsarine, Ernst de Hesse, écrivait secrètement à sa soeur Victoria de Hesse qu'il tenait de deux sources sûres "qu'Alix et tous les enfants sont en vie." Vers la mi-octobre 1918 Karl Liebnecht était libre. Lénine lui-même se montra le 8 novembre 1918 réservé quant à l'utilité de l'exécution de feu Nicolas II : autrefois les décapitations de Charles Ier et de Louis XVI n'avaient pas empêché après une certain temps des restaurations, du fait du maintien de la classe des Koulaks. Aucune référence à la famille impériale dans cette allusion unique du no 1 de la Révolution russe à la nuit ouralienne du 16 au 17 juillet 1918, alors qu'il a été calomnieusement répété qu'il s'en est félicité. De même en est-il de l'accusation contre Lénine d'avoir dit en 1911 qu'il fallait exterminer tous les Romanov c'est-à-dire une bonne centaine. Il souhaitait exactement le contraire :
+
Très longtemps on accusait les Bolcheviks d'avoir massacré en juillet 1918 à Ekaterinbourg le tsar, sa famille et quatre suivants à Ekaterinbourg. Il n'existe aucune source archivée qui permette de l'affirmer. On a établi officiellement le massacre comme démontré alors même qu'on n'a trouvé aucune preuve dans les archives de l'implication ni de Lénine ni de Sverdlov ; uniquement la répétition contre eux d'une accusation répétée plusieurs décennies durant et l'époque jusqu'en 1922 au moins les dirigeants bolcheviks assuraient par la voix de Tchitcherine, Zinoviev, Litvinov, et à nouveau Tchitcherine quasi-infondées. Le soviet régional de l'Oural avait certes fait exécuter l'ex-tsar, suite à un complot destiné à le libérer, mais n'en avait pas moins fait transférer hors de la ville sa femme, ses quatre filles, son fils unique. Ainsi en avril 1922, à la Conférence de Gênes, Tchitchérine affirma que "l'ex-tsarine et ses filles vivaient en Amérique". Nombre d'historiens (tels que Marc Ferro et Marina Grey, fille du général Dénikine) depuis les années 1980 (avec une incertitude sur le sort du fils unique) leur ont donné raison. Lénine et les bolcheviks préféraient négocier pacifiquement un échange avec l'Allemagne de Guillaume II dont la famille de Nicolas II était originaire, afin d'obtenir la libération de Karl Liebnecht et de Léo Jogiches. Le 27 septembre 1918 le frère de la tsarine, Ernst de Hesse, écrivait secrètement à sa soeur Victoria de Hesse qu'il tenait de deux sources sûres "qu'Alix et tous les enfants sont en vie." Vers la mi-octobre 1918 Karl Liebnecht était libre. Lénine lui-même se montra le 8 novembre 1918 réservé quant à l'utilité de l'exécution de feu Nicolas II : autrefois les décapitations de Charles Ier et de Louis XVI n'avaient pas empêché après une certain temps des restaurations, du fait du maintien de la classe des Koulaks. Aucune référence à la famille impériale dans cette allusion première du no 1 de la Révolution russe à la nuit ouralienne du 16 au 17 juillet 1918, alors qu'il a été calomnieusement répété qu'il s'en est félicité. Pas davantage de référence à la famille impériale  dans une deuxième allusion à la nuit d'Ekaterinbourg formulée à l'approche du quatrième anniversaire de la révolution le 17 octobre 1921. Il y relève comme une victoire très insuffisante le fait que l'amiral Koltchak fusillé en février 1920 a suivi le sort de Nicolas Romanov et que Wrangel et Denikine se sont exilés très loin de la Russie : la lutte contre l'institution et la mentalité capitaliste prime sur le reste.
 +
 
 +
On accuse par ailleurs Lénine d'avoir dit en 1911 qu'il fallait exterminer tous les Romanov c'est-à-dire une bonne centaine. A bien lire le texte incriminé on peut constater qu'il souhaitait exactement le contraire :
    
" Les ganaches libérales dissertent sur l'exemple d'une monarchie constitutionnelle de type anglais. Eh bien, si dans un pays aussi cultivé que l'Angleterre, qui n'a jamais connu le joug mongol, l'oppression de la bureaucratie, le déchaînement de la caste militaire, il a néanmoins fallu couper la tête à un bandit couronné pour apprendre aux rois à être des monarques "'constitutionnels", en Russie il faudra couper la tête à Cent Romanov au moins, pour enlever à leurs successeurs l'habitude d'organiser des bandes d'assassins [[ Cent-Noirs]] et de déchaîner des [[pogroms]]. Si la [[social-démocratie]] a retenu quelque chose de la première [[révolution russe de 1905]] elle doit maintenant bannir de tous nos discours, de tous nos tracts le mot d'ordre de "à bas l'autocratie", qui s'est révélé inadapté et vague, et défendre exclusivement celui de "A bas la monarchie tsariste, vive la république <ref> ''Œuvres de Lénine'', Paris, Editions sociales, tome 17, décembre 1910-avril 1912, "À propos des mots d'ordre et de la conception du travail social-démocrate à la Douma et en dehors ", {{p.|341}}(8-21 décembre 1911) </ref>
 
" Les ganaches libérales dissertent sur l'exemple d'une monarchie constitutionnelle de type anglais. Eh bien, si dans un pays aussi cultivé que l'Angleterre, qui n'a jamais connu le joug mongol, l'oppression de la bureaucratie, le déchaînement de la caste militaire, il a néanmoins fallu couper la tête à un bandit couronné pour apprendre aux rois à être des monarques "'constitutionnels", en Russie il faudra couper la tête à Cent Romanov au moins, pour enlever à leurs successeurs l'habitude d'organiser des bandes d'assassins [[ Cent-Noirs]] et de déchaîner des [[pogroms]]. Si la [[social-démocratie]] a retenu quelque chose de la première [[révolution russe de 1905]] elle doit maintenant bannir de tous nos discours, de tous nos tracts le mot d'ordre de "à bas l'autocratie", qui s'est révélé inadapté et vague, et défendre exclusivement celui de "A bas la monarchie tsariste, vive la république <ref> ''Œuvres de Lénine'', Paris, Editions sociales, tome 17, décembre 1910-avril 1912, "À propos des mots d'ordre et de la conception du travail social-démocrate à la Douma et en dehors ", {{p.|341}}(8-21 décembre 1911) </ref>
Utilisateur anonyme

Menu de navigation