Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
47 octets ajoutés ,  19 avril 2020 à 09:17
aucun résumé des modifications
Ligne 193 : Ligne 193 :  
Mais sous un autre angle à partir des années 1970 cette thèse a été drastiquement mise à mal : l'antisémitisme en question relevait de la calomnie pure et simple. A partir d'une enquête approfondie de deux journalistes britanniques, Anthony Summers et Tom Mangold parue en 1976 ''The File on the Tsar'' (''le dossier Romanov'' 1980) un nombre croissant d'historiens  (Marina Grey, Marc Ferro, Jacqueline Monsigny, Michel Wartelle, Elie Durel, Franck Ferrand, Marie Stravlo) contestent la réalité de ce massacre. Ils limitent le régicide à l'exécution du tsar Nicolas II. Ce qu'avaient affirmé à l'époque le commandant français Joseph Lasies et divers dirigeants bolcheviks jusqu'en 1922 tels que Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev. Or Wilton avait déclaré le 12 mai 1919 à Lasies : "Commandant Lasies, même si le tsar et la famille impériale sont en vie, il est nécessaire de dire qu'ils sont morts" <ref>Joseph Lasies, ''La tragédie sibérienne'', Paris, 1920 </ref>. Summers et Mangold avaient mis la main sur l'intégralité du rapport du juge Sokolov censé en 1924 démontrer la massacre de la famille et de la suite. Ce magistrat, proche des Blancs et de Wilton, avait expurgé du dossier de nombreuses pièces contredisant son diagnostic <ref> Anthony Summers, Tom Mangold, ''Le dossier Romanov'', Paris, Albin Michel, 1980</ref>. Nicolas II et sa famille subissaient de mai à début juillet  1918 à Ekaterinbourg les persécutions des gardes rouges. L'arrivée de la Tcheka y mit fin. Elle n'était absolument pas venue pour achever le travail par un massacre. Au contraire elle mettait à exécution l'engagement secret du pouvoir bolchevik pris auprès de l'Allemagne impériale après la signature du traité de Brest-Litovsk de protéger "les princesses" (la tsarine et ses quatre filles) et peut-être le tsarévitch. L'ouverture des archives diplomatiques montrera l'existence de négociations entre la mi-juillet et octobre 1918 entre les Bolcheviks, Tchitchérnine, Karakhan, Radek, Joffé et des représentants de l'Allemagne de Guillaume II, de l'Espagne d'Alphonse XIII, du pape Benoit XV sur l'avenir de la tsarine et des enfants. Il s'agissait soit de les échanger contre la libération des spartakistes, Karl Liebnecht, Léo Jogiches soit d'obtenir un assouplissement du traité de Brest - Litovsk voire la reconnaissance pleine et entière du régime bolchevik.  
 
Mais sous un autre angle à partir des années 1970 cette thèse a été drastiquement mise à mal : l'antisémitisme en question relevait de la calomnie pure et simple. A partir d'une enquête approfondie de deux journalistes britanniques, Anthony Summers et Tom Mangold parue en 1976 ''The File on the Tsar'' (''le dossier Romanov'' 1980) un nombre croissant d'historiens  (Marina Grey, Marc Ferro, Jacqueline Monsigny, Michel Wartelle, Elie Durel, Franck Ferrand, Marie Stravlo) contestent la réalité de ce massacre. Ils limitent le régicide à l'exécution du tsar Nicolas II. Ce qu'avaient affirmé à l'époque le commandant français Joseph Lasies et divers dirigeants bolcheviks jusqu'en 1922 tels que Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev. Or Wilton avait déclaré le 12 mai 1919 à Lasies : "Commandant Lasies, même si le tsar et la famille impériale sont en vie, il est nécessaire de dire qu'ils sont morts" <ref>Joseph Lasies, ''La tragédie sibérienne'', Paris, 1920 </ref>. Summers et Mangold avaient mis la main sur l'intégralité du rapport du juge Sokolov censé en 1924 démontrer la massacre de la famille et de la suite. Ce magistrat, proche des Blancs et de Wilton, avait expurgé du dossier de nombreuses pièces contredisant son diagnostic <ref> Anthony Summers, Tom Mangold, ''Le dossier Romanov'', Paris, Albin Michel, 1980</ref>. Nicolas II et sa famille subissaient de mai à début juillet  1918 à Ekaterinbourg les persécutions des gardes rouges. L'arrivée de la Tcheka y mit fin. Elle n'était absolument pas venue pour achever le travail par un massacre. Au contraire elle mettait à exécution l'engagement secret du pouvoir bolchevik pris auprès de l'Allemagne impériale après la signature du traité de Brest-Litovsk de protéger "les princesses" (la tsarine et ses quatre filles) et peut-être le tsarévitch. L'ouverture des archives diplomatiques montrera l'existence de négociations entre la mi-juillet et octobre 1918 entre les Bolcheviks, Tchitchérnine, Karakhan, Radek, Joffé et des représentants de l'Allemagne de Guillaume II, de l'Espagne d'Alphonse XIII, du pape Benoit XV sur l'avenir de la tsarine et des enfants. Il s'agissait soit de les échanger contre la libération des spartakistes, Karl Liebnecht, Léo Jogiches soit d'obtenir un assouplissement du traité de Brest - Litovsk voire la reconnaissance pleine et entière du régime bolchevik.  
   −
Parmi les nouveaux arrivants de la Tcheka on remarque une infirmière, la secrétaire de Zinoviev, Anna Kostina. Une lettre secrète, datée du 18 juillet 1918, informe, à Pétrograd Zinoviev, qu'on requiert le maintien de sa secrétaire dans l'Oural, pour un travail "spécialement responsable". Il fallait comprendre, en langage codé, sa participation au transfert des prisonniers de "la maison à destination spéciale" vers Perm. En outre des expertises indiquaient qu'il était impossible de faire disparaître par le feu les cadavres introuvables. Parmi les pièces dissimulées par le juge Sokolov, il y a la découverte à la mine des quatre-frères où furent trouvés de nombreux effets personnels des Romanov, de cinq cadavres d'Autrichiens dont aucun ne fut identifié comme l'un des onze détenus de la Maison Ipatiev ; cinq personnes qui s'étaient opposées vigoureusement au transfert des Romanov et de leur suite. On prenait enfin connaissance de l'existence à Perm entre septembre et novembre 1918 de dix-huit témoins attestant auprès du juge Sokolov avoir vu l'ex-tsarine et ses quatre filles, toutes les cinq ensemble ou séparées. L'un d'entre eux, Natalia Moutnikh, qui les identifia toutes les cinq était une collègue et amie d'Anna Kostina. En juillet 1920 dans un journal américain ''San Francisco Chronicle Sunday'', Zinoviev revendiqua l'exécution du tsar mais démentit le massacre de sa famille, affirmant "qu'elle vivait en sécurité dans une ville de l'Oural". De surcroît dans les archives du prestigieux Lord Mountbatten, neveu maternel de la tsarine, Summers et Mangold mirent la main sur un vieux document dissimulé jusque là. Le 27 septembre 1918, à Berlin le frère de la tsarine, Ernest de Hesse, écrivait secrètement à Londres à sa soeur Victoria (mère de Mountbatten) qu'il tenait "de deux sources sûres qu'Alix et tous les enfants sont en vie". <ref> Ibidem ; Site internet ''Midi insoumis'' "La famille du tsar russe Nicolas 2 Romanov n’a pas été tuée par les bolcheviks le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg" 2014-2019 ; Marc Ferro, ''La vérité sur la tragédie des Romanov'', Paris, Tallandier, 2012 ; "La deuxième mort de Nicolas II" dans ''Les Tabous de l'Histoire'', Paris, 2002 ; ''Nicolas II'', Paris, Payot, 1990 ; Marina Grey, ''Enquête sur le massacre des Romanov'', Paris, Perrin, 1987-1994 </ref>. Le mythe antisémite du massacre des Romanov ne relevait donc pas d'un fantasme plus ou moins sincère, mais bel et bien d'un complot, similaire à celui qui aboutit à la création en 1901 par la police tsariste de l'opuscule, ''Les Protocoles des Sages de Sion''. Le 1er aout 1920 la ''Revue des Deux Mondes'' publia l'extrait d'un récit du général réactionnaire Dieterichs qui mettait subtilement en avant l'origine juive des démentis bolcheviques : "Les Bolcheviks annonçèrent la mort de l'empereur en démentant celle des autres membres de la famille impériale et de leur suite (...) Litvinov (Finkelstein) à Coppenhague avoue une partie du meurtre et nie l'autre". Il s'agissait de tenter de leur enlever toute crédibilité. A l'inverse  une aristocrate libérale la comtesse Radziwill, qui s'est fait forte de mettre en doute en juillet 1920 la réalité de ce massacre en même temps qu'elle publiait le démenti de Zinoviev l'année suivante en mars 1921 démonta le caractère mensonger du ''Protocole des Sages de Sion'', réédité avec succès à l'hiver 1919-1920. Dans une émission télévisée diffusée le mercredi 26 décembre 2018 sur la chaîne ''Histoire'' et intitulée "Romanov, la contre-enquête", des experts de la gendarmerie française ont contesté le bien-fondé des tests ADN (principal argument qui restait en faveur du maintien de la thèse du massacre) sur des corps retrouvés des décennies plus tard... comme de juste peu après la parution en Grande-Bretagne du livre de Summers et de Mangold. Du fait de l'absence de corps des membres de la famille à Ekaterinbourg et donc de preuves de leurs assassinats, un nombre incalculable d'hommes et de femmes clamèrent être soit le fils unique soit l'une des quatre filles du tsar, le plus souvent rescapés de la tuerie. Ce qui donnait du poids à la déclaration de Tchitchérine à la Conférence de Gênes : 'le tsar est mort, je ne sais pas exactement ce qu'il est advenu de la tsarine et des enfants. Je pense qu'ils ont été transportés à l'étranger." Il dit successivement qu'ils se trouvaient d'apr!ès ses lecteurs de la presse en Amérique puis en Europe fondus dans la masse de l'émigration. Parmi les prétendants au titre de l'un des cinq enfants du couple  impérial on trouve dans les années 1920 "l'inconnue de Berlin" devenue rapidement Anna Tchaikovsky puis en 1931 Anna Anderson puis en 1969 Anastasia Mannahan. Elle fut reconnue, puis soutenue jusqu'à sa mort en 1984 par quantité de parents et de connaissances comme la Grande Duchesse Anastasia Nicolaeïvna Romanov, quatrième fille du tsar. Elle fut également identifiée par des tests et une preuve graphologique. Elle eut quelques ennemis intéressés à sa disparition : Ernst de Hesse notamment à propos duquel elle affirma (ce qu'il niait mais qui fut corroboré par plusieurs témoins) qu'il s'était rendu secrètement en 1916 à Saint - Petersbourg, Cyrille W.Romanov l'héritier présomptif du trône. Cette prétendante se fit passer pour la miraculée d'Ekaterinbourg, mais ne raconta jamais elle-même devant les tribunaux le récit de ce sauvetage présumé. En 1974 elle lança à Summers et Mangold lors d'une rencontre avec eux : "il n'y a pas eu de massacre là-bas, mais je ne peux pas en dire plus".   
+
Parmi les nouveaux arrivants de la Tcheka on remarque une infirmière, la secrétaire de Zinoviev, Anna Kostina. Une lettre secrète, datée du 18 juillet 1918, informe, à Pétrograd Zinoviev, qu'on requiert le maintien de sa secrétaire dans l'Oural, pour un travail "spécialement responsable". Il fallait comprendre, en langage codé, sa participation au transfert des prisonniers de "la maison à destination spéciale" vers Perm. En outre des expertises indiquaient qu'il était impossible de faire disparaître par le feu les cadavres introuvables. Parmi les pièces dissimulées par le juge Sokolov, il y a la découverte à la mine des quatre-frères où furent trouvés de nombreux effets personnels des Romanov, de cinq cadavres d'Autrichiens dont aucun ne fut identifié comme l'un des onze détenus de la Maison Ipatiev ; cinq personnes qui s'étaient opposées vigoureusement au transfert des Romanov et de leur suite. L'examen de l'intégralité du dossier permettait également de prendre connaissance de l'existence à Perm entre septembre et novembre 1918 de dix-huit témoins attestant auprès du juge avoir vu l'ex-tsarine et ses quatre filles, toutes les cinq ensemble ou séparées. L'un d'entre eux, Natalia Moutnikh, qui les identifia toutes les cinq était une collègue et amie d'Anna Kostina. En juillet 1920 dans un journal américain ''San Francisco Chronicle Sunday'', Zinoviev revendiqua l'exécution du tsar mais démentit le massacre de sa famille, affirmant "qu'elle vivait en sécurité dans une ville de l'Oural". De surcroît dans les archives du prestigieux Lord Mountbatten, neveu maternel de la tsarine, Summers et Mangold mirent la main sur un vieux document dissimulé jusque là. Le 27 septembre 1918, à Berlin le frère de la tsarine, Ernest de Hesse, écrivait secrètement à Londres à sa soeur Victoria (mère de Mountbatten) qu'il tenait "de deux sources sûres qu'Alix et tous les enfants sont en vie". <ref> Ibidem ; Site internet ''Midi insoumis'' "La famille du tsar russe Nicolas 2 Romanov n’a pas été tuée par les bolcheviks le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg" 2014-2019 ; Marc Ferro, ''La vérité sur la tragédie des Romanov'', Paris, Tallandier, 2012 ; "La deuxième mort de Nicolas II" dans ''Les Tabous de l'Histoire'', Paris, 2002 ; ''Nicolas II'', Paris, Payot, 1990 ; Marina Grey, ''Enquête sur le massacre des Romanov'', Paris, Perrin, 1987-1994 </ref>. Le mythe antisémite du massacre des Romanov ne relevait donc pas d'un fantasme plus ou moins sincère, mais bel et bien d'un complot, similaire à celui qui aboutit à la création en 1901 par la police tsariste de l'opuscule, ''Les Protocoles des Sages de Sion''. Le 1er aout 1920 la ''Revue des Deux Mondes'' publia l'extrait d'un récit du général réactionnaire Dieterichs qui mettait subtilement en avant l'origine juive des démentis bolcheviques : "Les Bolcheviks annonçèrent la mort de l'empereur en démentant celle des autres membres de la famille impériale et de leur suite (...) Litvinov (Finkelstein) à Coppenhague avoue une partie du meurtre et nie l'autre". Il s'agissait de tenter de leur enlever toute crédibilité. A l'inverse  une aristocrate libérale la comtesse Radziwill, qui s'est fait forte de mettre en doute en juillet 1920 la réalité de ce massacre en même temps qu'elle publiait le démenti de Zinoviev l'année suivante en mars 1921 démonta le caractère mensonger du ''Protocole des Sages de Sion'', réédité avec succès à l'hiver 1919-1920. Dans une émission télévisée diffusée le mercredi 26 décembre 2018 sur la chaîne ''Histoire'' et intitulée "Romanov, la contre-enquête", des experts de la gendarmerie française ont contesté le bien-fondé des tests ADN (principal argument qui restait en faveur du maintien de la thèse du massacre) sur des corps retrouvés des décennies plus tard... comme de juste peu après la parution en Grande-Bretagne du livre de Summers et de Mangold. Du fait de l'absence de corps des membres de la famille à Ekaterinbourg et donc de preuves de leurs assassinats, un nombre incalculable d'hommes et de femmes clamèrent être soit le fils unique soit l'une des quatre filles du tsar, le plus souvent rescapés de la tuerie. Ce qui donnait du poids à la déclaration de Tchitchérine à la Conférence de Gênes : 'le tsar est mort, je ne sais pas exactement ce qu'il est advenu de la tsarine et des enfants. Je pense qu'ils ont été transportés à l'étranger." Il dit successivement qu'ils se trouvaient d'apr!ès ses lecteurs de la presse en Amérique puis en Europe fondus dans la masse de l'émigration. Parmi les prétendants au titre de l'un des cinq enfants du couple  impérial on trouve dans les années 1920 "l'inconnue de Berlin" devenue rapidement Anna Tchaikovsky puis en 1931 Anna Anderson puis en 1969 Anastasia Mannahan. Elle fut reconnue, puis soutenue jusqu'à sa mort en 1984 par quantité de parents et de connaissances comme la Grande Duchesse Anastasia Nicolaeïvna Romanov, quatrième fille du tsar. Elle fut également identifiée par des tests et une preuve graphologique. Elle eut quelques ennemis intéressés à sa disparition : Ernst de Hesse notamment à propos duquel elle affirma (ce qu'il niait mais qui fut corroboré par plusieurs témoins) qu'il s'était rendu secrètement en 1916 à Saint - Petersbourg, Cyrille W.Romanov l'héritier présomptif du trône. Cette prétendante se fit passer pour la miraculée d'Ekaterinbourg, mais ne raconta jamais elle-même devant les tribunaux le récit de ce sauvetage présumé. En 1974 elle lança à Summers et Mangold lors d'une rencontre avec eux : "il n'y a pas eu de massacre là-bas, mais je ne peux pas en dire plus".   
    
D'un autre côté, un grand nombre de juifs figureront parmi les dissidents russes émigrés. Certains ont remarqué, que parmi les juifs résidant aux Etats-Unis, les juifs d'origine soviétique étaient plus racistes que la moyenne, ce qui s'expliquerait par un rejet de la politique soviétique de soutien aux tiers-mondistes et à son opposition à Israël.<ref>AntidoteZine, ''[https://antidotezine.com/2017/11/27/peculiar-racism/ On the Peculiar Racism of Soviet Émigrés]'', 27 novembre 2017</ref>
 
D'un autre côté, un grand nombre de juifs figureront parmi les dissidents russes émigrés. Certains ont remarqué, que parmi les juifs résidant aux Etats-Unis, les juifs d'origine soviétique étaient plus racistes que la moyenne, ce qui s'expliquerait par un rejet de la politique soviétique de soutien aux tiers-mondistes et à son opposition à Israël.<ref>AntidoteZine, ''[https://antidotezine.com/2017/11/27/peculiar-racism/ On the Peculiar Racism of Soviet Émigrés]'', 27 novembre 2017</ref>
Utilisateur anonyme

Menu de navigation