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==Lien et différences avec le sens commun==
 
==Lien et différences avec le sens commun==
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===Un mot - des pratiques - existant de longue date===
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===Un mot et des pratiques existant de longue date===
    
On peut dire "ils se font exploiter" en parlant aussi bien de paysans serfs que d'[[Esclavage|esclaves]] ou encore de [[Prostitution|prostitué-e-s]]. Ce terme ne s'applique pas nécessairement à des rapports de dominations capitalistes, et il est évident que l'exploitation existe depuis l'apparition de sociétés divisées en [[Classes_sociales|classes]].
 
On peut dire "ils se font exploiter" en parlant aussi bien de paysans serfs que d'[[Esclavage|esclaves]] ou encore de [[Prostitution|prostitué-e-s]]. Ce terme ne s'applique pas nécessairement à des rapports de dominations capitalistes, et il est évident que l'exploitation existe depuis l'apparition de sociétés divisées en [[Classes_sociales|classes]].
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===Les similitudes===
 
===Les similitudes===
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On peut noter des similitudes avec ces sens premiers de l'exploitation et le sens [[Marxiste|marxiste]].<ref>[http://quefaire.lautre.net/Qu-est-ce-que-l-exploitation-163 Qu'est-ce que l'exploitation ?]</ref>
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On peut noter des similitudes avec ces sens premiers de l'exploitation et le sens [[Marxiste|marxiste]].<ref>Que Faire, [http://quefaire.lautre.net/Qu-est-ce-que-l-exploitation-163 ''Qu'est-ce que l'exploitation ?'']</ref>
    
*L'idée qu'une part du travail fourni se fait au service d'un ou d'autres, et de façon non choisie ([[Servage|servage]]...).
 
*L'idée qu'une part du travail fourni se fait au service d'un ou d'autres, et de façon non choisie ([[Servage|servage]]...).
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Des salariés peuvent légitimement se sentir "volés" par leurs patrons. Cette notion de vol peut sans honte être utilisée à des fins d'agitation. Mais pour expliquer le mécanisme de l'exploitation capitaliste, il est nécessaire de faire la distinction avec le vol au sens strict.
 
Des salariés peuvent légitimement se sentir "volés" par leurs patrons. Cette notion de vol peut sans honte être utilisée à des fins d'agitation. Mais pour expliquer le mécanisme de l'exploitation capitaliste, il est nécessaire de faire la distinction avec le vol au sens strict.
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-&nbsp; Le vol d'un salarié par un patron, c'est le cas où un patron ne paie pas tout ce qu'il ''devrait'' (voir plus loin&nbsp;: loi de la valeur appliquée à la [[Force_de_travail|force de travail]] ).
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* Le vol d'un salarié par un patron, c'est le cas où un patron ne paie pas tout ce qu'il ''devrait'' (voir plus loin&nbsp;: loi de la valeur appliquée à la [[Force_de_travail|force de travail]] ).
 
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* Le vol d'un [[Capitaliste|capitaliste]] par un autre, c'est le cas où une entreprise s'approprie une partie de ce qui devrait être les profits d'une autre entreprise.
-&nbsp; Le vol d'un [[Capitaliste|capitaliste]] par un autre, c'est le cas où une entreprise s'approprie une partie de ce qui devrait être les profits d'une autre entreprise.
      
Ces deux cas se produisent évidemment fréquemment, mais ce n'est pas cela qui explique la "création de richesse" et donc le profit capitaliste&nbsp;: dans un tel cas, il n'y aurait que des ''transferts'' d'argent.
 
Ces deux cas se produisent évidemment fréquemment, mais ce n'est pas cela qui explique la "création de richesse" et donc le profit capitaliste&nbsp;: dans un tel cas, il n'y aurait que des ''transferts'' d'argent.
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Si on suppose que la valeur de la force de travail des ouvriers de l'entreprise est de 4 heures, et qu'ils ont travaillé 8 heures par jour, la valeur initiale <math>v</math> correspond à ces 4 heures, et la valeur finale <math>Q</math> des [[Marchandises|marchandises]] sera donnée par les 8 heures de travail cristallisées en elles.
 
Si on suppose que la valeur de la force de travail des ouvriers de l'entreprise est de 4 heures, et qu'ils ont travaillé 8 heures par jour, la valeur initiale <math>v</math> correspond à ces 4 heures, et la valeur finale <math>Q</math> des [[Marchandises|marchandises]] sera donnée par les 8 heures de travail cristallisées en elles.
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Le capitaliste va donc récupérer une [[Plus-value|plus-value]]&nbsp;:
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Le capitaliste va donc récupérer une [[Plus-value|plus-value]]&nbsp;:<center>
 
   
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===L'exploitation&nbsp;: la source du profit===
 
===L'exploitation&nbsp;: la source du profit===
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Cette grandeur est très utile pour décrire la dynamique du capitalisme&nbsp;: l'augmentation du taux d'exploitation est la principale réponse à la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse tendancielle du taux de profit]].
 
Cette grandeur est très utile pour décrire la dynamique du capitalisme&nbsp;: l'augmentation du taux d'exploitation est la principale réponse à la [[Baisse_tendancielle_du_taux_de_profit|baisse tendancielle du taux de profit]].
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== Marchandisation et boulimie de surtravail ==
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La production qui était orientée principalement par la valeur d'usage était relativement stable, tandis que la production en vue de produire des valeurs d'échange comporte en elle-même un appétit insatiable. Des seigneurs particulièrement cruels pouvaient imposer des corvées particulièrement humiliantes à leurs [[Servage|serfs]], mais le [[Rapports de production|rapport de production]] en lui-même ne poussait pas à une augmentation du [[temps de travail]] ou de son [[Intensité du travail|intensité]] : une fois obtenue la quantité de biens agricoles voulue pour le maître (le dominus, le seigneur...), cela suffisait.
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En revanche, là où la production est recherchée pour la valeur qu'elle a sur le marché, et l'accumulation qu'elle permet, la stimulation de l'appât du gain des puissants est sans limite.
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Cela pouvait déjà s'observer dans l'[[Antiquité]] dans quelques secteurs comme la [[Secteur minier|production minière]], comme noté par [[Karl Marx|Marx]] :
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''« Quand il s'agit d'obtenir la valeur d'échange sous sa forme spécifique, par la production de l'or et de l'argent, nous trouvons déjà dans l'antiquité le travail le plus excessif et le plus effroyable. Travailler jusqu'à ce que mort s'ensuive devient alors la loi. Qu'on lise seulement à ce sujet Diodore de Sicile :''<ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-10-2.htm Livre I - Chapitre X : La journée de travail]'', 1867</ref><blockquote>''« Il est impossible de voir ces malheureux (dans les mines d'or situées entre l'Égypte, l'Éthiopie et l'Arabie) qui ne peuvent pas même entretenir la propreté de leur corps, ni couvrir leur nudité, sans être forcés de s'apitoyer sur leur lamentable destin. Là point d'égards ni de pitié pour les malades, les estropiés, les vieillards, ni même pour la faiblesse des femmes. Tous, forcés par les coups, doivent travailler et travailler encore jusqu'à ce que la mort mette un terme à leur misère et à leurs tourments. » (Diod. Sic. Bibliothèque historique, liv. III, ch.13.)''</blockquote>Cela s'observe encore lorsque des formes de travail servile se retrouvent insérées dans le [[commerce international]] :
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''« Tant que la production dans les Etats du Sud de l'Union américaine était dirigée principalement vers la satisfaction des besoins immédiats, le travail des nègres présentait un caractère modéré et patriarcal. Mais à mesure que l'exportation du coton devint l'intérêt vital de ces Etats, le nègre fut surmené et la consommation de sa vie en sept années de travail devint partie intégrante d'un système froidement calculé. »''
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Cela s'est également observé en Roumanie avec un renforcement du [[servage]].
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Plus généralement, la production capitaliste créé une incitation généralisée à sur-exploiter les salarié·es. Ainsi la [[révolution industrielle]] en Angleterre est d'abord marquée par une augmentation brutale de la durée du travail, paradoxale en ces temps de hausse de la [[Productivité du travail|productivité]]. Cette soif de surtravail a dû être encadrée par des lois tant elle menaçait de faire sombrer la grande masse des travailleur·ses d'Angleterre.
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Dans le ''[[Le Capital (Marx)|Capital]]'' Marx cite des exemples de ce qui était alors ordinaire : des enfants de 9 ans obligés de travailler de nuit de 18h à midi dans une usine à 30°C,  des enfants de 7 ans travaillant 15 heures par jour dans l’industrie de la poterie, des ouvriers perdant des membres en nettoyant des machines actives que le patron ne voulait pas voir arrêtées, des familles entières s'auto-exploitant dans du travail à domicile, jusqu'à leurs enfants de 2 ans, une [[espérance de vie]] ouvrière de 30 ans et une taille moyenne en diminution, des ouvriers agricoles entassés dans de minuscules cottages au milieu de grandes propriétés agricoles...
    
==Résistances à l'exploitation==
 
==Résistances à l'exploitation==
    
L’objet des luttes contre l’exploitation est essentiellement pour les salariés de vendre leur force de travail le plus cher possible. L’intensité de l’exploitation n’est pas fixée une fois pour toute. L’objet du [[Syndicalisme|syndicalisme]] est (à la base) de collectivement la faire baisser. Se pose évidemment la question de supprimer l’exploitation&nbsp;: c'est ici que les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] entrent en jeu. Les moyens de productions, matériels comme immatériels, doivent être [[Collectivisation|collectivisés]], c'est-à-dire soumis à l'ensemble de la société civile. De cette manière, l'on pourra en finir avec cette dynamique de profit qui aboutit à des [[Crises|crises]] sociales et écologiques comme le système capitaliste en produit régulièrement. C'est cependant, sur la forme que prendra cette [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]], qu'ont éclaté des divergences entre de nombreux mouvements marxistes&nbsp;: [[Léninistes|léninistes]], [[Luxemburgistes|luxemburgistes]], [[Trotskistes|trotskistes]]...
 
L’objet des luttes contre l’exploitation est essentiellement pour les salariés de vendre leur force de travail le plus cher possible. L’intensité de l’exploitation n’est pas fixée une fois pour toute. L’objet du [[Syndicalisme|syndicalisme]] est (à la base) de collectivement la faire baisser. Se pose évidemment la question de supprimer l’exploitation&nbsp;: c'est ici que les [[Communistes_révolutionnaires|communistes révolutionnaires]] entrent en jeu. Les moyens de productions, matériels comme immatériels, doivent être [[Collectivisation|collectivisés]], c'est-à-dire soumis à l'ensemble de la société civile. De cette manière, l'on pourra en finir avec cette dynamique de profit qui aboutit à des [[Crises|crises]] sociales et écologiques comme le système capitaliste en produit régulièrement. C'est cependant, sur la forme que prendra cette [[Dictature_du_prolétariat|dictature du prolétariat]], qu'ont éclaté des divergences entre de nombreux mouvements marxistes&nbsp;: [[Léninistes|léninistes]], [[Luxemburgistes|luxemburgistes]], [[Trotskistes|trotskistes]]...
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== Analyses avant Marx ==
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L'exploitation a été perçue par de nombreux autres auteurs avant [[Karl Marx|Marx]], même parmi ceux clairement du côté de l'ordre dominant. Par exemple le [[wigh]] Edmund Burke disait :  ''« En réalité ceux qui travaillent... non seulement se nourrissent eux-mêmes, mais nourrissent aussi les rentiers, ceux qu'on appelle les riches. »''<ref>Edmund Burke, ''Thoughts and details on scarcity originally presented to the R. Hon. W. Pitt in the month of November 1695'', Edit. London, 1800</ref>
    
==Notes et sources==
 
==Notes et sources==

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