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'''Alexandre Fiodorovitch Kerenski''' (1881-1970), en russe Александр Фёдорович Керенский ; est un avocat et politicien russe, membre du groupe [[Parti_troudovik|troudovik]] (droite des [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]]). Après la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], il occupa différents postes ministériels dans les deux premiers gouvernements du prince [[Gueorgui_Lvov|Gueorgui Lvov]], puis prit lui-même la tête du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]], avant d'être chassé du pouvoir par les [[Bolcheviks|bolcheviks]] lors de la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]].
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'''Alexandre Fiodorovitch Kerenski''' (1881-1970), en russe Александр Фёдорович Керенский ; est un avocat et politicien russe, membre du groupe [[Parti_troudovik|troudovik]] (droite des [[Parti_socialiste_révolutionnaire_(Russie)|socialistes-révolutionnaires]]). Après la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]], il occupa différents postes ministériels dans les deux premiers gouvernements du prince [[Gueorgui_Lvov|Gueorgui Lvov]], puis prit lui-même la tête du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|Gouvernement provisoire]], avant d'être chassé du pouvoir par les [[Bolcheviks|bolcheviks]] lors de la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]].{{AjoutDates|1881|1970
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== Les premiers pas politiques ==
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==Les premiers pas politiques==
    
Alexandre Fiodorovitch Kerenski est né le 22 avril 1881 à Simbirsk (rebaptisée Oulianovsk en 1924), ville où est également né [[Lénine|Lénine]] dix ans avant lui, première rencontre indirecte avec le futur dirigeant bolchévique.
 
Alexandre Fiodorovitch Kerenski est né le 22 avril 1881 à Simbirsk (rebaptisée Oulianovsk en 1924), ville où est également né [[Lénine|Lénine]] dix ans avant lui, première rencontre indirecte avec le futur dirigeant bolchévique.
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Au début de la guerre, en 1914, Kerenski fait peu parler de lui au sein de la Douma. Comme beaucoup d'hommes politiques russes, il est toutefois persuadé que le conflit va conduire à l'effondrement du [[Régime_tsariste|régime tsariste]]. Il se construit un profil politique d'opposant absolu à l'autocratie tout en refusant les mots d'ordre [[Marxistes|marxistes]].
 
Au début de la guerre, en 1914, Kerenski fait peu parler de lui au sein de la Douma. Comme beaucoup d'hommes politiques russes, il est toutefois persuadé que le conflit va conduire à l'effondrement du [[Régime_tsariste|régime tsariste]]. Il se construit un profil politique d'opposant absolu à l'autocratie tout en refusant les mots d'ordre [[Marxistes|marxistes]].
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== Le meneur de la première révolution ==
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==Le meneur de la première révolution==
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=== La montée vers le pouvoir (février-mai) ===
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===La montée vers le pouvoir (février-mai)===
    
Quand éclate la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] en février 1917, Kerenski est l'un des chefs de l'opposition. Ce statut lui vaut de gravir les échelons politiques au fur et à mesure de la radicalisation des forces qui se disputent le pouvoir. Le 27 février, avec la chute de Nicolas II, se met en place dans le pays une [[Double_pouvoir|double autorité]] : le comité provisoire de la [[Douma|Douma]], formé de députés bourgeois libéraux ([[Parti_KD|parti KD]]) d'un côté, et de l'autre le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]]. Installé au palais de Tauride, le soviet est alors présidé par le [[Menchevik|menchevik]] [[Nicolas_Tchkhéidzé|Nicolas Tchkhéidzé]], assisté par Kerenski, en tant que vice-président.
 
Quand éclate la [[Révolution_de_Février|révolution de Février]] en février 1917, Kerenski est l'un des chefs de l'opposition. Ce statut lui vaut de gravir les échelons politiques au fur et à mesure de la radicalisation des forces qui se disputent le pouvoir. Le 27 février, avec la chute de Nicolas II, se met en place dans le pays une [[Double_pouvoir|double autorité]] : le comité provisoire de la [[Douma|Douma]], formé de députés bourgeois libéraux ([[Parti_KD|parti KD]]) d'un côté, et de l'autre le [[Soviet_de_Petrograd|soviet de Petrograd]]. Installé au palais de Tauride, le soviet est alors présidé par le [[Menchevik|menchevik]] [[Nicolas_Tchkhéidzé|Nicolas Tchkhéidzé]], assisté par Kerenski, en tant que vice-président.
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Alors que le mouvement [[Bolchevik|bolchevik]] prend de l'ampleur avec le retour des exilés — dont [[Lénine|Lénine]] — un second gouvernement provisoire est formé au mois de mai, une nouvelle fois sous la présidence du prince Lvov. Kerenski monte en puissance en prenant la responsabilité de la guerre, poste duquel il prépare l’[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]].
 
Alors que le mouvement [[Bolchevik|bolchevik]] prend de l'ampleur avec le retour des exilés — dont [[Lénine|Lénine]] — un second gouvernement provisoire est formé au mois de mai, une nouvelle fois sous la présidence du prince Lvov. Kerenski monte en puissance en prenant la responsabilité de la guerre, poste duquel il prépare l’[[Offensive_Kerenski|offensive Kerenski]].
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=== Le maître de la Russie (mai-septembre) ===
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===Le maître de la Russie (mai-septembre)===
    
En juillet, la démission des ministres Cadets provoque une nouvelle crise ministérielle. Au même moment, à Petrograd, des manifestations radicales contre le gouvernement provisoire éclatent ([[Journées_de_juillet_1917|''journées de juillet'']]). Le gouvernement réprime les manifestants et en profite pour emprisonner les dirigeants bolchéviks. [[Lénine|Lénine]] doit se réfugier en Finlande.
 
En juillet, la démission des ministres Cadets provoque une nouvelle crise ministérielle. Au même moment, à Petrograd, des manifestations radicales contre le gouvernement provisoire éclatent ([[Journées_de_juillet_1917|''journées de juillet'']]). Le gouvernement réprime les manifestants et en profite pour emprisonner les dirigeants bolchéviks. [[Lénine|Lénine]] doit se réfugier en Finlande.
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En parallèle, Kérenski est de moins en moins apprécié dans les rangs du [[Parti_SR|parti SR]], qui évoluent vers la gauche. En juin, il est exclu du Comité central du parti.
 
En parallèle, Kérenski est de moins en moins apprécié dans les rangs du [[Parti_SR|parti SR]], qui évoluent vers la gauche. En juin, il est exclu du Comité central du parti.
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=== La fin de gouvernement provisoire (septembre-octobre) ===
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===La fin de gouvernement provisoire (septembre-octobre)===
    
Fin octobre, alors que les bolcheviks s'organisent pour la prise du pouvoir, la rupture entre le soviet, dominé par ces derniers, avec le gouvernement et la Douma est consommée. Lénine est déterminé à renverser le gouvernement de Kerenski, et parvient à en convaincre le Comité central du parti.
 
Fin octobre, alors que les bolcheviks s'organisent pour la prise du pouvoir, la rupture entre le soviet, dominé par ces derniers, avec le gouvernement et la Douma est consommée. Lénine est déterminé à renverser le gouvernement de Kerenski, et parvient à en convaincre le Comité central du parti.
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Il vit les semaines suivantes dans la clandestinité chez des amis avant de pouvoir quitter le pays pour la France au printemps 1918, en passant par Mourmansk, avec l'aide des Britanniques. Juste avant son départ, Kerenski avait envisagé de se rendre par surprise à l'[[Assemblée_constituante_russe_de_1918|Assemblée constituante]], persuadé que son éloquence aurait pu retourner l'opinion. Ses proches réussirent à le dissuader de commettre une telle folie.
 
Il vit les semaines suivantes dans la clandestinité chez des amis avant de pouvoir quitter le pays pour la France au printemps 1918, en passant par Mourmansk, avec l'aide des Britanniques. Juste avant son départ, Kerenski avait envisagé de se rendre par surprise à l'[[Assemblée_constituante_russe_de_1918|Assemblée constituante]], persuadé que son éloquence aurait pu retourner l'opinion. Ses proches réussirent à le dissuader de commettre une telle folie.
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== Un très long exil ==
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==Un très long exil==
    
Dès cet instant, Kerenski qui vit à Paris jusqu'en 1940, va être au cœur des divisions et querelles qui divisent les exilés russes à l'étranger car beaucoup d'entre eux, notamment les monarchistes, voient en lui, non sans raisons, le fossoyeur du tsarisme. Toute sa vie, à partir de cet instant, ne sera qu'une longue justification de sa direction du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]].
 
Dès cet instant, Kerenski qui vit à Paris jusqu'en 1940, va être au cœur des divisions et querelles qui divisent les exilés russes à l'étranger car beaucoup d'entre eux, notamment les monarchistes, voient en lui, non sans raisons, le fossoyeur du tsarisme. Toute sa vie, à partir de cet instant, ne sera qu'une longue justification de sa direction du [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]].
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Kerenski, un des derniers acteurs des événements de 1917, meurt à New York le 11 juin 1970, peu après une tentative avortée — en 1968 — de visiter l'URSS. L'Église orthodoxe russe lui refuse l'enterrement chrétien, le considérant comme l'un des principaux responsables de la prise du pouvoir par les communistes. Après ses obsèques, sa famille organise son inhumation à Londres, au cimetière de Putney Vale.
 
Kerenski, un des derniers acteurs des événements de 1917, meurt à New York le 11 juin 1970, peu après une tentative avortée — en 1968 — de visiter l'URSS. L'Église orthodoxe russe lui refuse l'enterrement chrétien, le considérant comme l'un des principaux responsables de la prise du pouvoir par les communistes. Après ses obsèques, sa famille organise son inhumation à Londres, au cimetière de Putney Vale.
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== Vie privée et postérité ==
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==Vie privée et postérité==
    
Kerenski s'est marié deux fois. Sa première épouse, Olga Baranovski (1886-1975), fille d'un général et petite-fille d'un universitaire professeur de mathématiques à la faculté d'Helsinki, ne divorcera qu'en 1939 après plus de vingt ans de séparation. Près de trois ans après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], Olga réussit dans des conditions difficiles à fuir la Russie avec ses deux fils pour se réfugier en Grande-Bretagne. Celle-ci possédait dans son ascendance plusieurs scientifiques et techniciens, ce qui explique sans doute la destinée de ses enfants qui, tous les deux, notamment Oleg (1905-1984), sont devenus des ingénieurs britanniques de renom.
 
Kerenski s'est marié deux fois. Sa première épouse, Olga Baranovski (1886-1975), fille d'un général et petite-fille d'un universitaire professeur de mathématiques à la faculté d'Helsinki, ne divorcera qu'en 1939 après plus de vingt ans de séparation. Près de trois ans après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], Olga réussit dans des conditions difficiles à fuir la Russie avec ses deux fils pour se réfugier en Grande-Bretagne. Celle-ci possédait dans son ascendance plusieurs scientifiques et techniciens, ce qui explique sans doute la destinée de ses enfants qui, tous les deux, notamment Oleg (1905-1984), sont devenus des ingénieurs britanniques de renom.
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Son deuxième mariage eut lieu en août 1939 avec Lydia Tritton (1899-1946), journaliste d'origine australienne rencontrée à Paris à la fin des années 1930. Habitant en France, le couple doit fuir l'avancée allemande en rejoignant la frontière espagnole pour embarquer sur un navire anglais à Saint-Jean-de-Luz. Établi aux États-Unis, le couple s'installe à New York puis dans le Connecticut. La guerre terminée, son épouse souhaitant revenir en Australie, Alexandre s'établit à Brisbane où celle-ci, peu après leur installation, décède en avril 1946.
 
Son deuxième mariage eut lieu en août 1939 avec Lydia Tritton (1899-1946), journaliste d'origine australienne rencontrée à Paris à la fin des années 1930. Habitant en France, le couple doit fuir l'avancée allemande en rejoignant la frontière espagnole pour embarquer sur un navire anglais à Saint-Jean-de-Luz. Établi aux États-Unis, le couple s'installe à New York puis dans le Connecticut. La guerre terminée, son épouse souhaitant revenir en Australie, Alexandre s'établit à Brisbane où celle-ci, peu après leur installation, décède en avril 1946.
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== Rumeurs sur Kerenski ==
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==Rumeurs sur Kerenski==
    
A l'époque, Kerenski est accusé d'être juif par l'[[Extrême_droite|extrême droite]], mais ce discours pénètre d'autres secteurs, notamment les soldats. A ce sujet, l’écrivain M. Prichvine écrit&nbsp;: ''«&nbsp;partout dans la rue, vous pouvez entendre les gens marmonner la même chose sur ce premier membre de l’intelligentsia à s’être incarné dans la vie publique&nbsp;: Kerenski est un juif&nbsp;»''. Le journal de droite ''Groza'' décrit de cette manière Kerenski dans son numéro de juillet 1917&nbsp;: ''«&nbsp;… un gamin… un avocat imberbe au visage de juif&nbsp;»''. <ref>http://www.ladamedepique.ru/article/alexandre-kerenski-histoire-travestie</ref> Trotski cite également un des chefs du contre-espionnage en province, Oustinov qui témoigne que dans son milieu on était ''«&nbsp;indigné de voir gouverner un mauvais petit avocat, le petit youpin Sacha Kerensky&nbsp;»''.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr28.htm Histoire de la révolution russe - 28 Le mois de la grande calomnie]'', 1932</ref>
 
A l'époque, Kerenski est accusé d'être juif par l'[[Extrême_droite|extrême droite]], mais ce discours pénètre d'autres secteurs, notamment les soldats. A ce sujet, l’écrivain M. Prichvine écrit&nbsp;: ''«&nbsp;partout dans la rue, vous pouvez entendre les gens marmonner la même chose sur ce premier membre de l’intelligentsia à s’être incarné dans la vie publique&nbsp;: Kerenski est un juif&nbsp;»''. Le journal de droite ''Groza'' décrit de cette manière Kerenski dans son numéro de juillet 1917&nbsp;: ''«&nbsp;… un gamin… un avocat imberbe au visage de juif&nbsp;»''. <ref>http://www.ladamedepique.ru/article/alexandre-kerenski-histoire-travestie</ref> Trotski cite également un des chefs du contre-espionnage en province, Oustinov qui témoigne que dans son milieu on était ''«&nbsp;indigné de voir gouverner un mauvais petit avocat, le petit youpin Sacha Kerensky&nbsp;»''.<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr28.htm Histoire de la révolution russe - 28 Le mois de la grande calomnie]'', 1932</ref>
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Dans les [[Armées_blanches|armées blanches]] et dans l'émigration d'extrême droite, les récits phantasmés sur Kerenski circulent et s'entretiennent<ref>[https://russianflagship.wisc.edu/event/kerensky-jew-and-woman-representation-and-rumor-during-russian-revolution Kerensky as a 'Jew' and a 'Woman': Representation and Rumor during the Russian Revolution]</ref>. On déteste celui qu'on considère comme responsable de la destruction de la Russie et de l'arrivée au pouvoir des bolchéviks. Les services de propagandes [[Staliniens|staliniens]] ont parfois repris ces éléments pour s'appuyer dessus. Certains inventent des [[Théories_du_complot|théories du complot]] qui perdurent jusqu'à aujourd'hui encore, où l'on peut trouver toutes sortes de biographies avec des informations douteuses sur Kerenski<ref name="russinet" />.
 
Dans les [[Armées_blanches|armées blanches]] et dans l'émigration d'extrême droite, les récits phantasmés sur Kerenski circulent et s'entretiennent<ref>[https://russianflagship.wisc.edu/event/kerensky-jew-and-woman-representation-and-rumor-during-russian-revolution Kerensky as a 'Jew' and a 'Woman': Representation and Rumor during the Russian Revolution]</ref>. On déteste celui qu'on considère comme responsable de la destruction de la Russie et de l'arrivée au pouvoir des bolchéviks. Les services de propagandes [[Staliniens|staliniens]] ont parfois repris ces éléments pour s'appuyer dessus. Certains inventent des [[Théories_du_complot|théories du complot]] qui perdurent jusqu'à aujourd'hui encore, où l'on peut trouver toutes sortes de biographies avec des informations douteuses sur Kerenski<ref name="russinet" />.
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== Notes ==
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==Notes==
    
<references />
 
<references />
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== Bibliographie ==
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==Bibliographie==
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*Abraham Richard, ''Alexandre Kerensky, the First Love of the Revolution'', Columbia University Press, New York, 1987.  
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*Abraham Richard, ''Alexandre Kerensky, the First Love of the Revolution'', Columbia University Press, New York, 1987.
 
*[http://www.kerensky.org.uk/index_en.htm Kerensky Museum]  
 
*[http://www.kerensky.org.uk/index_en.htm Kerensky Museum]  
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[[Category:Russie / URSS]] [[Category:Socialistes]]
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