Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
174 octets enlevés ,  15 décembre 2019 à 22:31
aucun résumé des modifications
Ligne 45 : Ligne 45 :  
Début décembre, les comités d'usine publient un ''Manuel Pratique pour l’exécution du contrôle ouvrier dans l’industrie'', largement distribué dans les faubourgs de Pétrograd, initiative qui déplaît aux dirigeants bolcheviks car il va explicitement plus loin que le sens étroit qu'ils donnaient au contrôle ouvrier. Le Manuel tentait de tracer un chemin allant rapidement vers la « gestion ouvrière ». Alors que [[Lénine]] centrait son discours sur l'aide des ouvriers au recensement (''« Le socialisme, c'est le recensement ; chaque fois que vous comptabilisez un stock de fer ou de tissus, c'est du socialisme »'' Lénine, ''Discours du 4 novembre 1917 au Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd''), le Manuel affirme que le contrôle ouvrier ne doit pas s'y limiter mais aborder la production elle-même. La « commission de la production » devait se charger d'établir les liaisons nécessaires entre les différentes sections de l'usine, de surveiller l'état des machines, de prévoir et de surmonter les nombreuses déficiences dans l'aménagement des usines ou des ateliers, de déterminer les coefficients d'exploitation dans chaque section, de décider du nombre optimum d'ateliers et de travailleurs dans chaque atelier, de calculer l'amortissement des machines et des bâtiments, de déterminer l'attribution des salaires (depuis le poste d'administrateur jusqu'au manoeuvre) et de prendre en charge les problèmes financiers de l'usine. Les auteurs du Manuel annoncent qu'ils ont l'intention de grouper les Comités d'usine en Fédérations Régionales, et celles-ci à leur tour dans une Fédération Panrusse. Et pour être sûrs qu'il n'y ait pas de malentendu, ils précisent que ''« le contrôle ouvrier sur l'industrie, en tant que partie indivise du contrôle sur l'ensemble de la vie économique du pays, ne doit pas être considéré dans le sens étroit d'une vérification mais dans le sens le plus large d'ingérence (...). Le contrôle suppose la participation à la gestion de la production »''.
 
Début décembre, les comités d'usine publient un ''Manuel Pratique pour l’exécution du contrôle ouvrier dans l’industrie'', largement distribué dans les faubourgs de Pétrograd, initiative qui déplaît aux dirigeants bolcheviks car il va explicitement plus loin que le sens étroit qu'ils donnaient au contrôle ouvrier. Le Manuel tentait de tracer un chemin allant rapidement vers la « gestion ouvrière ». Alors que [[Lénine]] centrait son discours sur l'aide des ouvriers au recensement (''« Le socialisme, c'est le recensement ; chaque fois que vous comptabilisez un stock de fer ou de tissus, c'est du socialisme »'' Lénine, ''Discours du 4 novembre 1917 au Soviet des députés ouvriers et soldats de Pétrograd''), le Manuel affirme que le contrôle ouvrier ne doit pas s'y limiter mais aborder la production elle-même. La « commission de la production » devait se charger d'établir les liaisons nécessaires entre les différentes sections de l'usine, de surveiller l'état des machines, de prévoir et de surmonter les nombreuses déficiences dans l'aménagement des usines ou des ateliers, de déterminer les coefficients d'exploitation dans chaque section, de décider du nombre optimum d'ateliers et de travailleurs dans chaque atelier, de calculer l'amortissement des machines et des bâtiments, de déterminer l'attribution des salaires (depuis le poste d'administrateur jusqu'au manoeuvre) et de prendre en charge les problèmes financiers de l'usine. Les auteurs du Manuel annoncent qu'ils ont l'intention de grouper les Comités d'usine en Fédérations Régionales, et celles-ci à leur tour dans une Fédération Panrusse. Et pour être sûrs qu'il n'y ait pas de malentendu, ils précisent que ''« le contrôle ouvrier sur l'industrie, en tant que partie indivise du contrôle sur l'ensemble de la vie économique du pays, ne doit pas être considéré dans le sens étroit d'une vérification mais dans le sens le plus large d'ingérence (...). Le contrôle suppose la participation à la gestion de la production »''.
   −
Le Manuel fait un certain nombre de suggestions concrètes aux Comités d'usine. Chaque Comité devrait organiser quatre commissions de contrôle, « qui seraient autorisées à inviter des techniciens choisis parmi le personnel, avec voix consultative ». (Voilà ce qu'il en est du mensonge si répandu selon lequel les comités d'usine n'étaient pas disposés à associer les techniciens et les spécialistes à leur travail). La fonction des quatre commissions devait être : a) l'organisation de la production ; b) la reconversion de la production de guerre ; c) l'approvisionnement en matières premières ; d) l'approvisionnement en combustible.
+
Le Manuel fait un certain nombre de suggestions concrètes aux Comités d'usine. Chaque Comité devrait organiser quatre commissions de contrôle, « qui seraient autorisées à inviter des techniciens choisis parmi le personnel, avec voix consultative ». La fonction des quatre commissions devait être : a) l'organisation de la production ; b) la reconversion de la production de guerre ; c) l'approvisionnement en matières premières ; d) l'approvisionnement en combustible.
    
Le 13 décembre, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'' publient les ''Instructions générales sur le contrôle ouvrier conformément au décret du 14 novembre'', qui seront vite connues sous le nom de ''«&nbsp;Contre-manuel&nbsp;»''. Les quatre premières parties traitent de l'organisation du contrôle ouvrier dans les usines et de l'élection des commissions de contrôle. Les cinq parties suivantes des devoirs et des droits de ces commissions quelles sont les fonctions qu'elles doivent assumer, et quelles sont celles qui doivent rester entre les mains des directeurs-propriétaires. La 5<sup>e</sup> partie précise que dans la mesure où les commissions de contrôle joueraient un rôle réel dans la gestion des entreprises, ce rôle devrait se limiter à vérifier l'exécution .des directives des organes du gouvernement central « spécifiquement chargés de la régulation de l'activité économique à l'échelle nationale ». La 7<sup>e</sup> partie signale que « le droit de donner des ordres concernant la gestion, la marche et le fonctionnement des entreprises revient au seul propriétaire. La commission de contrôle ne participe pas à la gestion de l'entreprise, et n'a aucune responsabilité se rapportant à son fonctionnement. Cette responsabilité incombe toujours au propriétaire ». La 8<sup>e</sup> partie spécifie que les commissions ne s'occuperont pas elles-mêmes des problèmes financiers ; si des problèmes surgissent, ils doivent être signalés aux organes du gouvernement central, et réglés par ceux-ci. La 9<sup>e</sup> partie interdit nettement aux commissions d'exproprier et de gérer les entreprises. Elles sont cependant autorisées à « présenter des demandes au Gouvernement concernant le fonctionnement des entreprises, et ce, par l'intermédiaire des organes dirigeants du contrôle ouvrier ». Le 14<sup>e</sup> point met finalement par écrit ce que les dirigeants bolcheviks avaient discrètement préparé depuis plusieurs semaines : les comités d'usine doivent fusionner avec l'appareil syndical, même au niveau de l'entreprise. ''« La commission de contrôle de chaque entreprise constitue l'organe exécutif de la commission de contrôle de distribution de l'union syndicale professionnelle de la branche d'industrie à laquelle elle appartient et elle est tenue de faire concorder son activité avec les décisions de cette dernière »''.
 
Le 13 décembre, les ''[[Izvestia|Izvestia]]'' publient les ''Instructions générales sur le contrôle ouvrier conformément au décret du 14 novembre'', qui seront vite connues sous le nom de ''«&nbsp;Contre-manuel&nbsp;»''. Les quatre premières parties traitent de l'organisation du contrôle ouvrier dans les usines et de l'élection des commissions de contrôle. Les cinq parties suivantes des devoirs et des droits de ces commissions quelles sont les fonctions qu'elles doivent assumer, et quelles sont celles qui doivent rester entre les mains des directeurs-propriétaires. La 5<sup>e</sup> partie précise que dans la mesure où les commissions de contrôle joueraient un rôle réel dans la gestion des entreprises, ce rôle devrait se limiter à vérifier l'exécution .des directives des organes du gouvernement central « spécifiquement chargés de la régulation de l'activité économique à l'échelle nationale ». La 7<sup>e</sup> partie signale que « le droit de donner des ordres concernant la gestion, la marche et le fonctionnement des entreprises revient au seul propriétaire. La commission de contrôle ne participe pas à la gestion de l'entreprise, et n'a aucune responsabilité se rapportant à son fonctionnement. Cette responsabilité incombe toujours au propriétaire ». La 8<sup>e</sup> partie spécifie que les commissions ne s'occuperont pas elles-mêmes des problèmes financiers ; si des problèmes surgissent, ils doivent être signalés aux organes du gouvernement central, et réglés par ceux-ci. La 9<sup>e</sup> partie interdit nettement aux commissions d'exproprier et de gérer les entreprises. Elles sont cependant autorisées à « présenter des demandes au Gouvernement concernant le fonctionnement des entreprises, et ce, par l'intermédiaire des organes dirigeants du contrôle ouvrier ». Le 14<sup>e</sup> point met finalement par écrit ce que les dirigeants bolcheviks avaient discrètement préparé depuis plusieurs semaines : les comités d'usine doivent fusionner avec l'appareil syndical, même au niveau de l'entreprise. ''« La commission de contrôle de chaque entreprise constitue l'organe exécutif de la commission de contrôle de distribution de l'union syndicale professionnelle de la branche d'industrie à laquelle elle appartient et elle est tenue de faire concorder son activité avec les décisions de cette dernière »''.

Menu de navigation