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*elles doivent être financées par le capital  
 
*elles doivent être financées par le capital  
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Le keynésianisme part d'abord d'un constat : le marché capitaliste livré à lui-même est insuffisant, il conduit à des déséquilibres économiques et sociaux, et il nécessite une intervention régulatrice de l'Etat. En particulier, la défaillance est perçue comme étant fondamentalement au niveau de la demande insuffisante. C'est pourquoi les économistes d'inspiration keynésienne parlent souvent de [[Sous-consommation|sous-consommation]]. Les "solutions" keynésiennes passeraient donc par la redistribution de richesses vers les masses de appauvries de consommateurs, afin que la demande augmente, que les capitalistes puissent écouler leurs marchandises, donc fassent des profits, donc soient incités à investir, etc... Un cercle vertueux se mettrait alors en route. C'est "l'[[Effet_multiplicateur|effet multiplicateur]]".
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Le keynésianisme part d'abord d'un constat : le marché capitaliste livré à lui-même est insuffisant, il conduit à des déséquilibres économiques et sociaux, et il nécessite une intervention régulatrice de l’État. En particulier, la défaillance est perçue comme étant fondamentalement au niveau de la demande insuffisante. C'est pourquoi les économistes d'inspiration keynésienne parlent souvent de [[Sous-consommation|sous-consommation]]. Les "solutions" keynésiennes passeraient donc par la redistribution de richesses vers les masses de appauvries de consommateurs, afin que la demande augmente, que les capitalistes puissent écouler leurs marchandises, donc fassent des profits, donc soient incités à investir, etc... Un cercle vertueux se mettrait alors en route. C'est "l'[[Effet_multiplicateur|effet multiplicateur]]".
    
Le "keynésianisme" est un corpus disparate, qui se veut pragmatique. Keynes avait peu d'intérêt pour les questions théoriques, et notamment il n'a pas de théorie de la valeur achevée. Ce qui fait que le courant de pensée qu'il a inspiré n'est pas un tout cohérent, et laisse ouvertes des possibilités de le prolonger par la droite (tentatives de synthèses avec le néo-classicisme) ou par la gauche (tentatives de synthèses avec le [[Marxisme|marxisme]]).
 
Le "keynésianisme" est un corpus disparate, qui se veut pragmatique. Keynes avait peu d'intérêt pour les questions théoriques, et notamment il n'a pas de théorie de la valeur achevée. Ce qui fait que le courant de pensée qu'il a inspiré n'est pas un tout cohérent, et laisse ouvertes des possibilités de le prolonger par la droite (tentatives de synthèses avec le néo-classicisme) ou par la gauche (tentatives de synthèses avec le [[Marxisme|marxisme]]).
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=== Avant Keynes ===
 
=== Avant Keynes ===
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Lorsque la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] était une classe en plein essor, luttant contre l'ordre ancien, le développement de la science économique était une de ses armes rationnalistes. Les grands pionniers comme [[Adam_Smith|Smith]], [[William_Petty|Petty]] ou [[Ricardo|Ricardo]] élaborent alors sur la valeur travail, la puissance du marché face à l'arbitraire féodal...
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Lorsque la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] était une classe en plein essor, luttant contre l'ordre ancien, le développement de la science économique était une de ses armes rationalistes. Les grands pionniers comme [[Adam_Smith|Smith]], [[William_Petty|Petty]] ou [[Ricardo|Ricardo]] élaborent alors sur la valeur travail, la puissance du marché face à l'arbitraire féodal...
    
Puis, le capitalisme naissant est rapidement mis en question, en théorie et en pratique, par le mouvement ouvrier et par ses crises. Ces contradictions ouvrent des brèches pour de nouvelles théories économiques. Le [[Marxisme|marxisme]] naît dans ce contexte, et en face, l'économie dominante tente de nouvelles théorisations avec diverses écoles bourgeoises post-ricardiennes.
 
Puis, le capitalisme naissant est rapidement mis en question, en théorie et en pratique, par le mouvement ouvrier et par ses crises. Ces contradictions ouvrent des brèches pour de nouvelles théories économiques. Le [[Marxisme|marxisme]] naît dans ce contexte, et en face, l'économie dominante tente de nouvelles théorisations avec diverses écoles bourgeoises post-ricardiennes.
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Vers la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle, les anciennes classes possédantes sont quasiment partout matées ou assimilées par la bourgeoisie, qui n'a désormais plus qu'un seul adversaire&nbsp;: la jeune [[Classe_travailleuse|classe travailleuse]] et le mouvement socialiste qui y prospère. L'école néo-classique se constitue alors dans un but simple&nbsp;: faire l'apologie du système capitaliste. Sur le plan scientifique, c'est un déclin très net. La théorie de la valeur-travail est remplacée d'abord par «&nbsp;l'économie vulgaire&nbsp;» (éclectique), puis par l'école marginaliste ou par des écoles mixtes, faisant la synthèse de l'éclectisme et du marginalisme. La macro-économie qui est échaffaudée est une simple extension de la micro-économie&nbsp;: l'équilibre général du système est proclamé sur la base d'équilibres simples ([[Loi_de_l'offre_et_de_la_demande|loi de l'offre et de la demande]]...).
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Vers la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle, les anciennes classes possédantes sont quasiment partout matées ou assimilées par la bourgeoisie, qui n'a désormais plus qu'un seul adversaire&nbsp;: la jeune [[Classe_travailleuse|classe travailleuse]] et le mouvement socialiste qui y prospère. L'école néo-classique se constitue alors dans un but simple&nbsp;: faire l'apologie du système capitaliste. Sur le plan scientifique, c'est un déclin très net. La théorie de la valeur-travail est remplacée d'abord par «&nbsp;l'économie vulgaire&nbsp;» (éclectique), puis par l'école marginaliste ou par des écoles mixtes, faisant la synthèse de l'éclectisme et du marginalisme. La macro-économie qui est échafaudée est une simple extension de la micro-économie&nbsp;: l'équilibre général du système est proclamé sur la base d'équilibres simples ([[Loi_de_l'offre_et_de_la_demande|loi de l'offre et de la demande]]...).
    
=== Keynes ===
 
=== Keynes ===
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C'est une période de profond désarroi de l'économie bourgeoise. Le Manchester Guardian publie le 1er septembre 1931 un article intitulé ''Banqueroute de l'économie politique'' qui se désole&nbsp;:
 
C'est une période de profond désarroi de l'économie bourgeoise. Le Manchester Guardian publie le 1er septembre 1931 un article intitulé ''Banqueroute de l'économie politique'' qui se désole&nbsp;:
 
<blockquote>«&nbsp;Nous connaissons mieux la vitesse du mouvement d'un électron que la vitesse de circulation de la monnaie. Nous savons davantage du cycle de la terre autour du soleil et du cycle du soleil dans l'univers que nous ne connaissons le cycle industriel&nbsp;»</blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Nous connaissons mieux la vitesse du mouvement d'un électron que la vitesse de circulation de la monnaie. Nous savons davantage du cycle de la terre autour du soleil et du cycle du soleil dans l'univers que nous ne connaissons le cycle industriel&nbsp;»</blockquote>  
C'est à cette époque que Keynes commence à emettre ses recommandations, qu'il synthétise en 1936 dans son oeuvre la plus aboutie, ''La Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie''. Keynes se fixait pour objectif de sauver le capitalisme. Imprégné de pensée dominante, il ne pouvait concevoir d'autre système. Mais il était aussi partiellement cynique, comme lorsqu'il considérait que l'inflation était un moyen d'ajuste à la baisse les salaires réels, tout en étant moins scandaleux pour les travailleurs qu'une baisse de salaire nominal.
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C'est à cette époque que Keynes commence à émettre ses recommandations, qu'il synthétise en 1936 dans son œuvre la plus aboutie, ''La Théorie Générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie''. Keynes se fixait pour objectif de sauver le capitalisme. Imprégné de pensée dominante, il ne pouvait concevoir d'autre système. Mais il était aussi partiellement cynique, comme lorsqu'il considérait que l'inflation était un moyen d'ajuster à la baisse les salaires réels, tout en étant moins scandaleux pour les travailleurs qu'une baisse de salaire nominal.
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Il faut rappeler qu'il n'y a eu à l'époque aucune recette qui soit apparue satisfaisante, malgré plusieurs politiques clairement d'inspiration keynésienne, dont la plus typique fut le [[New_Deal|New Deal]] aux Etats-Unis.
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Il faut rappeler qu'il n'y a eu à l'époque aucune recette qui soit apparue satisfaisante, malgré plusieurs politiques clairement d'inspiration keynésienne, dont la plus typique fut le [[New_Deal|New Deal]] aux États-Unis.
    
=== Keynésianisme d'après-guerre ===
 
=== Keynésianisme d'après-guerre ===
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Un des problèmes pour les militants socialistes qui reprennent sans critique le clivage "néolibéralisme/antilibéralisme" est que c'est un clivage interne au capitalisme, qui n'aide pas à en dessiner la sortie. D'autant plus qu'en pratique, il n'y a pas de pensée politique pragmatique qui soit purement "libérale", ce qui signifie que tous les économistes bourgeois sont plus ou moins... néolibéraux.
 
Un des problèmes pour les militants socialistes qui reprennent sans critique le clivage "néolibéralisme/antilibéralisme" est que c'est un clivage interne au capitalisme, qui n'aide pas à en dessiner la sortie. D'autant plus qu'en pratique, il n'y a pas de pensée politique pragmatique qui soit purement "libérale", ce qui signifie que tous les économistes bourgeois sont plus ou moins... néolibéraux.
<blockquote><span class="citation not_fr_quote" lang="en">«&nbsp;Keynes était, de part son souhait d'un monde meilleur, un néolibéral, peut-être le premier. De son propre aveu, Keynes se plaçait à l'extrêmité "social-libérale" du large spectre de la pensée sociale et politique qui va jusqu'à Ludwig von&nbsp;Mises, Hayek et leurs successeurs comme Milton Friedmon et autres. </span><span class="citation not_fr_quote" lang="en">»</span><ref>Donald Moggridge, Keynes, Fontana books, 1976, p.42</ref></blockquote>  
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<blockquote><span class="citation not_fr_quote" lang="en">«&nbsp;Keynes était, de part son souhait d'un monde meilleur, un néolibéral, peut-être le premier. De son propre aveu, Keynes se plaçait à l’extrémité "social-libérale" du large spectre de la pensée sociale et politique qui va jusqu'à Ludwig von&nbsp;Mises, Hayek et leurs successeurs comme Milton Friedman et autres. </span><span class="citation not_fr_quote" lang="en">»</span><ref>Donald Moggridge, Keynes, Fontana books, 1976, p.42</ref></blockquote>  
 
[[File:KeynesVsHayek.png|center|KeynesVsHayek.png]]
 
[[File:KeynesVsHayek.png|center|KeynesVsHayek.png]]
  
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