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<blockquote>''«&nbsp;Partout l'on cherchait à qui s'en prendre. On accusait d'espionnage, sans exception, tous les Juifs. On mettait à sac les gens dont le nom de famille était allemand. Le GQG du grand-duc Nicolas Nicolaïévitch ordonna de fusiller le colonel de gendarmerie Miassoïédov, comme espion allemand — qu'il n'était probablement pas. &nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr02.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Partout l'on cherchait à qui s'en prendre. On accusait d'espionnage, sans exception, tous les Juifs. On mettait à sac les gens dont le nom de famille était allemand. Le GQG du grand-duc Nicolas Nicolaïévitch ordonna de fusiller le colonel de gendarmerie Miassoïédov, comme espion allemand — qu'il n'était probablement pas. &nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr02.htm Histoire de la révolution russe]'', 1930</ref>''</blockquote>  
 
Par ailleurs, étant donnée l'histoire des influences allemandes, ''«&nbsp;les états-majors et la Douma accusaient de germanophilie la Cour impériale&nbsp;»''. C'est d'ailleurs par [[Nationalisme|nationalisme]] que [[Saint-Petersbourg|Saint-Petersbourg]], nom allemand, fut renommée en Petrograd dès le début de la guerre. En mai 1915, la foule saccage des maisons allemandes à Moscou.
 
Par ailleurs, étant donnée l'histoire des influences allemandes, ''«&nbsp;les états-majors et la Douma accusaient de germanophilie la Cour impériale&nbsp;»''. C'est d'ailleurs par [[Nationalisme|nationalisme]] que [[Saint-Petersbourg|Saint-Petersbourg]], nom allemand, fut renommée en Petrograd dès le début de la guerre. En mai 1915, la foule saccage des maisons allemandes à Moscou.
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=== Légion tchéco-slovaque ===
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Lorsqu'éclata la [[Première Guerre mondiale]], les Tchèques et les Slovaques vivant dans l'Empire russe eurent l'accord du tsar pour organiser une armée nationale pour combattre l'Autriche-Hongrie. Le corps d'armée compta jusqu'à 65 000 hommes. Après [[Octobre 1917|Octobre]] et le [[Traité de Brest-Litovsk|traité de Brest-Litovsk]], il est convenu que la légion tchéco-slovaque doit être être évacuée vers la France pour y continuer la guerre. En raison du front, l'évacuation devait être faite par le port de Vladivostok via le transsibérien.
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Mais en chemin, la légion tchéco-slovaque s'empare d'un important territoire proche du chemin de fer sur la Volga, capturant par ailleurs huit wagons chargés d'or de la réserve impériale de Kazan. Après ce fait d'armes, les bolcheviks durent négocier un nouvel arrangement et de l'or pour leur permettre de rejoindre leur pays en 1920. La plupart des hommes de la Légion furent malgré tout évacués par Vladivostok, mais certains se joignirent à l'armée anti-bolchevik de l'amiral Koltchak.
    
===Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan)===
 
===Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan)===
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L'Oblast autonome des Komis-Zyriènes été créé le 22 août 1922. Il devient la république socialiste soviétique autonome des Komis le 5 décembre 1936.
 
L'Oblast autonome des Komis-Zyriènes été créé le 22 août 1922. Il devient la république socialiste soviétique autonome des Komis le 5 décembre 1936.
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===Sibériens===
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===Sibériens (Tchouktches, Iakoutes, Toungouses)===
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La Sibérie était régie par les réglementations Speransky de 1822, qui créaient quelques institutions locales, actait un peu de tolérance envers les croyances locales, et classifiaient les populations en nomades, sédentaires et vagabonds. L'optique était de développer la région et les [[Fiscalité|taxes]] qui en provenaient<ref>Tomsk State University Journal, ''[http://journals.tsu.ru//vestnik/en/&journal_page=archive&id=1671&article_id=37112 Siberian reforms of 1822 by Speransky as a manifestation of the principles of imperial regionalism]'', 2018</ref>. Le tsarisme avait instauré le [[wikifr:Iassak|yassak]], paiement d'impôts en nature (peaux de bêtes).  Les [[cosaques]], qui étaient les principaux propriétaires terriens en Sibérie, se joignirent majoritairement aux [[Armées blanches|Blancs]].<ref>Cosmic Elk, ''[http://www.cosmicelk.net/1917on.htm Yakutia ASSR and the Sakha Republic from 1917]''</ref>
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'''En Iakoutie''', territoire de la taille de l'Europe occidentale mais de seulement 8000 habitants, quand les nouvelles de la [[Révolution de février 1917|révolution de février]] parviennent, un Comité de salut public est organisé par des [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|SR]], des [[Parti ouvrier social-démocrate de Russie|SD]] et des nationalistes iakoutes. Il est dirigé par le bolchévik [[Grigori Petrovski|Petrovski]] qui avait été exilé ici (il y avait plus de 500 exilés en Iakoutie qui se retrouvent libres). Le vice-gouverneur russe est obligé de reconnaître son autorité. Des [[Syndicats en Russie|syndicats]] et des [[soviets]] sont formés, majoritairement influencés par les SR. Après [[Révolution d'Octobre|Octobre 1917]], la surveillance des Iakoutes par la police russe est abolie, ainsi que le yassak.
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En février 1918, le gouvernement iakoute, dirigé par le SR V.N.Solovyov, proclame l'indépendance. Les bolchéviks répliquent en organisant des grèves à Iakoutsk, notamment une [[Grève générale|grève générale]] de mars à avril 1918. Le soviet de Iakoutsk (aux mains des bolchéviks) proclame la prise du pouvoir, mais doit s'appuyer sur les troupes russes pour renverser le gouvernement le 1<sup>er</sup> juillet. Les nationalistes sont emprisonnés, le [[zemstvo]] dissout et des taxes sont levées sur les plus riches.<ref>James Forsyth, ''[https://books.google.com/books?id=nzhq85nPrdsC&pg=PA254 A History of the Peoples of Siberia: Russia's North Asian Colony 1581-1990]'', Cambridge University Press, 1994</ref>
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''«&nbsp;Aux allogènes sibériens écrasés par les conditions naturelles et l’exploitation, leur état primitif, économique et culturel ne permettait pas en général de s’élever au niveau où commencent les revendications nationales. La vodka, le fisc et l’orthodoxie forcée étaient depuis des siècles les principaux leviers du pouvoir de l’État. La maladie que les Italiens appelaient la "maladie française" et que les Français appelait le "mal napolitain" se dénommait chez les peuples sibériens le "mal russe"&nbsp;: cela indique de quelle source venaient les semences de la civilisation. La Révolution de Février n’est pas arrivée jusque-là- Il faudra attendre longtemps encore l’aurore pour les chasseurs et les conducteur de rennes des immensités polaires.&nbsp;»''
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Mais le 5 août, le soviet doit se rendre face aux Blancs aidés par la Légion tchéco-slovaque. Les institutions précédentes sont remises en place. Les bolchéviks reprennent la ville en décembre 1919, et 13 leaders anticommunistes sont passés au peloton d'exécution. En 1920, les dettes des Iakoutes envers les marchands russes, qui causaient une grande misère, sont annulées.
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Au début des années 1920, le nouveau pouvoir soviétique peine à s'imposer dans les régions extrêmes. L'interdiction de la religion, la réorganisation du mode de production économique en collectivités, les tentatives de sédentarisation forcées et l'interdiction du tchouktche mécontentent les populations arctiques. Vers la fin de la décennie les protestations tchouktches se taisent. A part 4 écoles orthodoxes, il n'y avait pas d'écoles avant la fin des années 1920. Les soviétiques introduisent un alphabet latin en 1932, remplacé par le cyrillique en 1937. En 1934, 71% des sont nomades. Les autorités mettent en place 28 [[sovkhozes]] en Tchoukotka basés sur l'exploitation des troupeaux de rennes et la chasse aux mammifères marins. En 1941, 90% des rennes sont encore [[Propriété privée|propriété privée]]. Des propriétaires de troupeaux considérés comme [[koukaks]] existeront jusqu'aux années 1950. Dans les années 1950, les terres tchouktches sont utilisées pour des projets d'exploitation minière, pétrolifère et gazière menaçant durablement le mode de vie des Tchouktches.
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En mars 1921, le leader SR du gouvernement régional de la côte d'Okhotsk se rebelle contre la République d'Extrême-Orient (pro-bolchéviks) et accueille les cosaques blancs de Bochkaryov qui peuvent débarquer à Vladivostok. Il s'allient aux anti-bolchéviks de Iakoutie (le SR P. Kulikovskiy, le marchand tatare Yusup Galibarov...) et au commandant de l'Armée rouge de la province, Tolstoukhov, qui change de camp. Les nationalistes bourgeois iakoutes étaient soutenus par les Japonais qui leur promettaient leur soutien.
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===Cosaques===
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En septembre 1921, une coalition de nationalistes iakoutes, de [[Parti constitutionnel démocratique|KD]] et de [[Parti socialiste révolutionnaire (Russie)|SR]], s'emparent du Nord de la région et assiège Iakoutsk. Une armée rouge dirigée par l'ancien anarchiste [[Nestor Kalandarashvili|Kalandarashvili]] part d'Irkoutsk, et parvient à repousser les Blancs jusqu'à la mer d'Okhotsk. La République socialiste soviétique autonome iakoute est créée le 27 avril 1922.
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Les [[Cosaques|Cosaques]], qui ne sont pas réellement une ethnie, ont majoritairement rejoint les [[Armées_blanches|armées blanches]], même s'il y en eut aussi dans l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
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'''Dans la région tchouktche''', il semble n'y avoir pas eu réellement de mouvement national. A part 4 écoles orthodoxes, il n'y avait pas d'écoles avant la fin des années 1920. La région n'est pas formellement intégrée à l'[[URSS]] avant 1928 (jusque-là les chasseurs achètent même leurs fusils auprès des Etats-Unis). Des socialistes, comme [[Vladimir Bogoraz|Bogoraz]], pensaient qu'il fallait laisser ces populations vivre, dans des réserves. D'autres, qui l'emporteront rapidement, pensaient au contraire qu'il fallait apporter le progrès aux tchouktches. Les soviétiques introduisent un alphabet latin en 1932, remplacé par le cyrillique en 1937. En 1934, 71% des sont nomades. Les autorités mettent en place 28 [[sovkhozes]] en Tchoukotka basés sur l'exploitation des troupeaux de rennes et la chasse aux mammifères marins. En 1941, 90% des rennes sont encore [[Propriété privée|propriété privée]]. Des propriétaires de troupeaux considérés comme [[koukaks]] existeront jusqu'aux années 1950. Dans les années 1950, les terres tchouktches sont utilisées pour des projets d'exploitation minière, pétrolifère et gazière menaçant durablement le mode de vie des Tchouktches.
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Au début des années 1920, le nouveau pouvoir soviétique peine à s'imposer dans les régions extrêmes. La répression des chamans et parfois des langues locales, la sédentarisation et collectivisation plus ou moins forcée, mécontentent les populations arctiques. De mai 1924 à mai 1925, une révolte a lieu dans la région côtière d'Okhtosk, avec l'éphémère proclamation d'une [[République toungouse]], qui se termine par la négociation. Vers la fin de la décennie les protestations se tassent.
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Trotski écrivait en 1932 : ''«&nbsp;Aux allogènes sibériens écrasés par les conditions naturelles et l’exploitation, leur état primitif, économique et culturel ne permettait pas en général de s’élever au niveau où commencent les revendications nationales. La vodka, le fisc et l’orthodoxie forcée étaient depuis des siècles les principaux leviers du pouvoir de l’État. La maladie que les Italiens appelaient la "maladie française" et que les Français appelait le "mal napolitain" se dénommait chez les peuples sibériens le "mal russe"&nbsp;: cela indique de quelle source venaient les semences de la civilisation. La Révolution de Février n’est pas arrivée jusque-là- Il faudra attendre longtemps encore l’aurore pour les chasseurs et les conducteur de rennes des immensités polaires.&nbsp;»''
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=== La République d'Extrême-Orient ===
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===La République d'Extrême-Orient===
 
Ces territoires étaient très peu peuplés, et essentiellement par des colons russes. Par exemple en 1897 étaient recensés dans l'oblast de l'Amour : 68,5 % de Russes, 17,5 % d’Ukrainiens, 6,5 % de Chinois et 2,8 % de Mandchous ainsi que des petites minorités toungouse et coréenne.
 
Ces territoires étaient très peu peuplés, et essentiellement par des colons russes. Par exemple en 1897 étaient recensés dans l'oblast de l'Amour : 68,5 % de Russes, 17,5 % d’Ukrainiens, 6,5 % de Chinois et 2,8 % de Mandchous ainsi que des petites minorités toungouse et coréenne.
    
Pour soulager le front Est pendant la [[Guerre civile russe|guerre civile]], face à la menace des Blancs,du Japon et des États-Unis, les bolchéviks créent un [[État tampon]] le 6 avril 1920, la [[République d'Extrême-Orient]].
 
Pour soulager le front Est pendant la [[Guerre civile russe|guerre civile]], face à la menace des Blancs,du Japon et des États-Unis, les bolchéviks créent un [[État tampon]] le 6 avril 1920, la [[République d'Extrême-Orient]].
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Le nombre relativement important d'Ukrainiens, qui avaient été incités à coloniser l'Est russe sous le tsarisme, a conduit à un petit mouvement pour l'établissement d'une « Ukraine verte » en Extrême orient, ce que les Blancs ont essayé d'instrumentaliser. Ainsi l'hetman [[Grigori Semenov|Semenov]] proclame le 11 avril 1920 le droit à l'autonomie pour les Ukrainiens, dans un État cosaque-bouriate-ukrainien en Extrême-Orient.
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Le nombre relativement important d'Ukrainiens, qui avaient été incités à coloniser l'Est russe sous le tsarisme, a conduit à un petit mouvement pour l'établissement d'une « Ukraine verte » en Extrême orient, ce que les Blancs ont essayé d'instrumentaliser. Ainsi l'hetman [[Grigori Semenov|Semenov]] proclame le 11 avril 1920 le droit à l'autonomie pour les Ukrainiens, dans un État cosaque-bouriate-ukrainien en Extrême-Orient. Après la stabilisation de la région, la République est dissoute dans la [[République socialiste fédérative soviétique de Russie|RSFSR]] par décret du 15 novembre 1922.
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Quand l'URSS est fondée le 30 décembre 1922, le seul territoire encore contrôlé par les Blancs est la région de la « pepelyayevshchina » (Aïan, Okhotsk, Nelkan). Leurs derniers restes sont vaincus le 6 juin 1923 près d'Aïan.
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===Cosaque===
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Les [[Cosaques|Cosaques]], qui ne sont pas réellement une ethnie, ont majoritairement rejoint les [[Armées_blanches|armées blanches]], même s'il y en eut aussi dans l'[[Armée_rouge|Armée rouge]].
    
==Considérations générales==
 
==Considérations générales==

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