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<blockquote>"Le soulèvement des [[Koulaks|koulaks]] dans vos cinq districts doit être écrasé sans pitié. L'intérêt de la révolution dans son ensemble requiert de telles actions, car la bataille finale avec les koulaks vient de commencer. Vous devez faire de ces gens un exemple. 1. Pendez (je veux dire publiquement, de sorte que les gens puissent les voir) au moins 100 koulaks, riches bâtards, et autres suceurs de sang bien connus. 2. Publiez leurs noms. 3. Saisissez leur grain. 4. Désignez des otages selon mes instructions du télégramme d'hier."</blockquote>  
 
<blockquote>"Le soulèvement des [[Koulaks|koulaks]] dans vos cinq districts doit être écrasé sans pitié. L'intérêt de la révolution dans son ensemble requiert de telles actions, car la bataille finale avec les koulaks vient de commencer. Vous devez faire de ces gens un exemple. 1. Pendez (je veux dire publiquement, de sorte que les gens puissent les voir) au moins 100 koulaks, riches bâtards, et autres suceurs de sang bien connus. 2. Publiez leurs noms. 3. Saisissez leur grain. 4. Désignez des otages selon mes instructions du télégramme d'hier."</blockquote>  
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Lénine en effet n'est pas un pacifiste, et fait tout ce qu'il peut pour assurer la victoire des bolchéviks. En réalité, les contre-révolutionnaires sont bien plus brutaux que les bolchéviks, et par ailleurs corrompus et [[Antisémitisme|antisémites]]. La guerre civile est finalement gagnée grâce à l'immense courage et à la détermination des bolchéviks. Dans toute cette période, Lénine joue un rôle crucial dans la détermination de l'orientation politique du parti. Mais il n'est pas un tyran. Dans les mois qui suivent la [[Révolution_d'octobre|Révolution d'octobre]], la direction du parti est souvent divisée, et Lénine doit farouchement débattre et argumenter pour convaincre ses camarades. Il ne considère aucune tâche comme indigne de lui, et passe beaucoup de temps à régler des détails administratifs très mineurs. Il ne cherche aucun avantage pour lui-même, et désapprouve fortement le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple|Conseil des commissaires du peuple]] quand celui-ci, en 1918, décide d'augmenter son salaire.
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=== L'affaire des Romanov ===
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Lénine en effet n'est pas un pacifiste, et fait tout ce qu'il peut pour assurer la victoire des bolchéviks. En réalité, les contre-révolutionnaires sont bien plus brutaux que les bolchéviks, et par ailleurs corrompus et [[Antisémitisme|antisémites]]. La guerre civile est finalement gagnée grâce à l'immense courage et à la détermination des bolchéviks. Dans toute cette période, Lénine joue un rôle crucial dans la détermination de l'orientation politique du parti. Mais il n'est pas un tyran. Dans les mois qui suivent la [[Révolution_d'octobre|Révolution d'octobre]], la direction du parti est souvent divisée, et Lénine doit farouchement débattre et argumenter pour convaincre ses camarades. Il ne considère aucune tâche comme indigne de lui, et passe beaucoup de temps à régler des détails administratifs très mineurs. Il ne cherche aucun avantage pour lui-même, et désapprouve fortement le [[Conseil_des_commissaires_du_peuple|Conseil des commissaires du peuple]] quand celui-ci, en 1918, décide d'augmenter son salaire.
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Une citation de lui été calomnieusement bafouée. Ainsi aurait-il appelé en 1911 à l'extermination de tous les Romanov c'est-à-dire une bonne centaine. En réalité en décembre 1911 il s'exprimait par antiphrase dans un plaidoyer républicain (réclamant en outre pour les ouvriers la journée de travail de 8 H et pour les paysansl'abolition totale de la féodalité ) destiné aux libéraux russes favorables à une monarchie constitutionnelle de type anglais. Celle-ci s'était imposée au XVIIème siècle grâce à la décapitation d'un Stuart, Charles Ier ; la nouvelle monarchie constitutionnelle russe devait, le cas échéant, frapper au centuple la Maison Romanov, les "Assassins Cent-Noirs" y ayant chacun au moins un complice :
 
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Une citation de lui été calomnieusement bafouée. Ainsi aurait-il appelé en 1911 à l'extermination de tous les Romanov c'est-à-dire une bonne centaine. En réalité en décembre 1911 il s'exprimait par antiphrase dans un plaidoyer républicain destiné aux libéraux russes favorables à une monarchie constitutionnelle de type anglais. Celle-ci s'était imposée au XVIIème siècle grâce à la décapitation d'un Stuart, Charles Ier ; la nouvelle monarchie constitutionnelle russe devait, le cas échéant, frapper au centuple la Maison Romanov, les "Assassins Cent-Noirs" y ayant chacun au moins un complice :
      
" Les ganaches libérales dissertent sur l'exemple d'une monarchie constitutionnelle de type anglais. Eh bien, si dans un pays aussi cultivé que l'Angleterre, qui n'a jamais connu le joug mongol, l'oppression de la bureaucratie, le déchaînement de la caste militaire, il a néanmoins fallu couper la tête à un bandit couronné pour apprendre aux rois à être des monarques "'constitutionnels", en Russie il faudra couper la tête à Cent Romanov au moins, pour enlever à leurs successeurs l'habitude d'organiser des bandes d'assassins  Cent-Noirs et de déchaîner des pogroms. Si la social-démocratie a retenu quelque chose de la première révolution russe de 1905 elle doit maintenant bannir de tous nos discours, de tous nos tracts le mot d'ordre de "à bas l'autocratie", qui s'est révélé inadapté et vague, et défendre exclusivement celui de "A bas la monarchie tsariste, vive la république <ref> ''Œuvres de Lénine'', Paris, Editions sociales, tome 17, décembre 1910-avril 1912, "À propos des mots d'ordre et de la conception du travail social-démocrate à la Douma et en dehors ", p. 341(8-21 décembre 1911) </ref>".
 
" Les ganaches libérales dissertent sur l'exemple d'une monarchie constitutionnelle de type anglais. Eh bien, si dans un pays aussi cultivé que l'Angleterre, qui n'a jamais connu le joug mongol, l'oppression de la bureaucratie, le déchaînement de la caste militaire, il a néanmoins fallu couper la tête à un bandit couronné pour apprendre aux rois à être des monarques "'constitutionnels", en Russie il faudra couper la tête à Cent Romanov au moins, pour enlever à leurs successeurs l'habitude d'organiser des bandes d'assassins  Cent-Noirs et de déchaîner des pogroms. Si la social-démocratie a retenu quelque chose de la première révolution russe de 1905 elle doit maintenant bannir de tous nos discours, de tous nos tracts le mot d'ordre de "à bas l'autocratie", qui s'est révélé inadapté et vague, et défendre exclusivement celui de "A bas la monarchie tsariste, vive la république <ref> ''Œuvres de Lénine'', Paris, Editions sociales, tome 17, décembre 1910-avril 1912, "À propos des mots d'ordre et de la conception du travail social-démocrate à la Douma et en dehors ", p. 341(8-21 décembre 1911) </ref>".
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L'accusation de massacre des Romanov en juillet 1918 est à mettre en rapport avec la [[question juive en Russie]]. Elle est indissociable de l'antisémitisme qui traverse l'Europe en 1919-1920 et vise les Bolcheviks, tout autant pour leurs choix politiques que pour leur origine juive : Jacob [[ Sverdlov]], président du conseil régional de l'Oural notamment qui pourtant annonça à l'été 1918 que suite à un complot visant à libérer les Romanov, le tsar avait été fusillé mais sa famille transférée. De fait le massacre des Romanov en juillet 1918 fut est de plus en plus contesté par des historiens comme par des experts de la gendarmerie française qui nient la fiabilité de Tests ADN sur des corps retrouvés des décennies plus tard. Seule à l'époque jusqu'en 1922 l'exécution du tsar fut reconnue par les dirigeants bolcheviks : en plus de Sverdlov, Tchitcherine, Litvinov, Zinoviev. Lénine souhaitait échanger la famille du tsar avec Guillaume II contre la libération des spartakistes allemands, Karl Liebnecht et Léo Jogiches. De juillet à octobre 1918 des négociations entre les deux gouvernements sont entreprises en ce sens. A l'époque alors que les nouveaux occupants tchèques ne retrouvèrent pas les corps une multitude de témoignages en provenance de Perm affluèrent, en mars 1919 auprès du juge Sokolov pour dire que la tsarine et ses quatre filles y avaient été vues, prisonnières de la Tcheka, d'août à octobre 1918. Les témoignages furent enterrés par le juge lors de la publication de son rapport en 1924.  
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On doit aussi comprendre cet extrait par le fait qu'à l'été 1910 au congrès du parti social-démocrate de Coppenhague, les bolcheviks avaient tous voté à main levée (d'après ce qu'en dit Julius Martov dans son pamphlet d'août 1918, intitulé, ''à bas la peine de mort'') pour l'abolition de la peine de mort.Du moins après 1914 Lénine évoluera et se montrera seul dans le mouvement en novembre 1917 hostile à sa suppression totale qu'il jugeait risquée dans le contexte particulièrement exacerbé de lutte des classes et de guerre mondiale.
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Mais l'accusation de massacre des Romanov en juillet 1918 dans la maison d'Ipatiev d'Ekaterinbourg est à mettre en rapport avec la [[question juive en Russie]]. Elle est indissociable de l'antisémitisme qui traverse l'Europe en 1919-1920 et vise les Bolcheviks, tout autant pour leurs choix politiques que pour leur origine juive : Jacob [[ Sverdlov]], président du conseil régional de l'Oural notamment qui pourtant annonça à l'été 1918 que suite à un complot visant à libérer les Romanov, le tsar avait été fusillé mais sa famille transférée. De fait le massacre des Romanov en juillet 1918 fut est de plus en plus contesté par des historiens comme par des experts de la gendarmerie française qui nient la fiabilité de Tests ADN sur des corps retrouvés des décennies plus tard (''Romanov, la contre-enquête'', 26 décembre 2018 documentaire télévisé sur la chaine ''Histoire''. Seule à l'époque jusqu'en 1922 l'exécution du tsar fut reconnue par les dirigeants bolcheviks : en plus de Sverdlov, Tchitcherine, Litvinov, Zinoviev. Lénine souhaitait échanger la famille du tsar avec Guillaume II contre la libération des spartakistes allemands, Karl Liebnecht et Léo Jogiches. De juillet à octobre 1918 des négociations entre les deux gouvernements sont entreprises en ce sens. A l'époque alors que les nouveaux occupants tchèques ne retrouvèrent pas les corps une multitude de témoignages en provenance de Perm affluèrent, en mars 1919 auprès du juge Sokolov pour dire que la tsarine et ses quatre filles y avaient été vues, prisonnières de la Tcheka, d'août à octobre 1918. Les témoignages furent enterrés par le juge lors de la publication de son rapport en 1924.  
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De son côté, le 8 novembre 1918 Lénine évoqua, sans référence à la famille impériale, l'exécution du tsar. C'était pour la comparer à celles de Louis XVI et de Charles Ier. Encore se montra-t-il réticent quant à l'utilité, dans une optique marxiste, de ce régicide du fait des restaurations française et britannique des Bourbons et des Stuart qui suivirent après un certain nombre d'années les deux précédents régicides républicains :  
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Le 8 novembre 1918 Lénine évoqua, sans référence à la famille impériale, l'exécution du tsar. C'était pour la comparer à celles de Louis XVI et de Charles Ier. Encore se montra-t-il réticent quant à son utilité, dans une optique marxiste, du fait des restaurations française et britannique des Bourbons et des Stuart qui suivirent les deux précédents régicides républicains :  
    
"Les ouvriers des villes ont renversé les monarques (en Angleterre et en France on a exécuté les rois, il y a déjà quelques centaines d’années et nous étions en retard avec notre tsar), et pourtant après un certain temps l’ancien régime était restauré. C’est parce qu’alors il n’existait pas, même dans les villes la grande production qui groupe dans les fabriques et dans les usines des millions d’ouvriers, et les soude en une armée assez solide pour qu’ils puissent sans le soutien des paysans, résister à la fois à la pression des capitalistes et des koulaks."<ref>Marc Ferro, chapitre « La deuxième mort de Nicolas II », ''Les Tabous de l'histoire'', éd. Pocket, 2004, ; "Évènement ou fait divers ? Une mort énigmatique" dans ''Nicolas II '', Paris, Payot, 1990 ; Lénine, ''Œuvres'', tome 28, juillet 1918-mars 1919, Paris, Éditions sociales, 1961, p. 175-176 </ref>".
 
"Les ouvriers des villes ont renversé les monarques (en Angleterre et en France on a exécuté les rois, il y a déjà quelques centaines d’années et nous étions en retard avec notre tsar), et pourtant après un certain temps l’ancien régime était restauré. C’est parce qu’alors il n’existait pas, même dans les villes la grande production qui groupe dans les fabriques et dans les usines des millions d’ouvriers, et les soude en une armée assez solide pour qu’ils puissent sans le soutien des paysans, résister à la fois à la pression des capitalistes et des koulaks."<ref>Marc Ferro, chapitre « La deuxième mort de Nicolas II », ''Les Tabous de l'histoire'', éd. Pocket, 2004, ; "Évènement ou fait divers ? Une mort énigmatique" dans ''Nicolas II '', Paris, Payot, 1990 ; Lénine, ''Œuvres'', tome 28, juillet 1918-mars 1919, Paris, Éditions sociales, 1961, p. 175-176 </ref>".
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