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== Premiers débats dans la social-démocratie ==
 
== Premiers débats dans la social-démocratie ==
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La [[Social-démocratie|social-démocratie]] du début du 20<sup>e</sup> siècle affirmait lutter contre l'oppression des [[Minorités_nationales|minorités nationales]], dans la continuité des mouvements démocrates du 19<sup>e</sup> siècle. La question nationale s'élargit aux débats sur l'[[Impérialisme|impérialisme capitaliste]]. Mais dans la pratique politique, d'importants désaccords pouvaient apparaître. Certains opportunistes allaient même jusqu'à cautionner la [[Colonisation|colonisation]].
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La [[Social-démocratie|social-démocratie]] du début du 20<sup>e</sup> siècle affirmait lutter contre l'oppression des [[Minorités_nationales|minorités nationales]], dans la continuité des mouvements démocrates du 19<sup>e</sup> siècle. Trotsky témoigne par exemple du rôle de la question nationale dans sa politisation : ''«&nbsp;Les hypocrites canailleries du professeur d'histoire à l'égard des Polonais, la méchanceté chicanière de Burnand [professeur français] à l'égard des Allemands, et les hochements de tête du petit pope parlant des "petits juifs" m'étaient également sensibles. L'inégalité des droits nationaux fut, probablement, une des causes cachées qui m'amenèrent à détester le régime.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv07.htm Ma vie, 5. La campagne et la ville]'', 1930</ref>''
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La question nationale s'élargit aux débats sur l'[[Impérialisme|impérialisme capitaliste]]. Mais dans la pratique politique, d'importants désaccords pouvaient apparaître. Certains opportunistes allaient même jusqu'à cautionner la [[Colonisation|colonisation]].
    
De nombreux [[Social-chauvins|social-chauvins]] méprisaient les luttes pour l'autonomie ou l'indépendance au nom du fait que la concentration politique et économique serait "[[Progressiste|progressiste]]". Lénine critiquait frontalement cette ''«&nbsp;conception absurde du point de vue théorique, et chauvine du point de vue de la politique pratique&nbsp;»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>''. Il appelait cela de ''«&nbsp;l'économisme impérialiste&nbsp;»''. Mais ce type désaccords existait aussi parmi les révolutionnaires. Ainsi [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] (vers 1908-1909) a beaucoup débattu avec Lénine sur la question nationale. Alors que le programme du [[POSDR|POSDR]], engagé contre le chauvinisme grand-russe, garantissait ''«&nbsp;le droit à l’autodétermination à toutes les nationalités faisant partie de l’État&nbsp;»'', elle raillait le droit à l’autodétermination comme «&nbsp;un lieu commun&nbsp;» et une formule creuse. Elle insistait sur la tendance historique, progressiste, à l'unification de l'humanité, et discréditait donc la volonté de fragmentation en petits États "médiévaux". Elle [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|critiquera comme petite-bourgeoises les mesures prises par les bolchéviks]] pour l'autonomie des minorités.
 
De nombreux [[Social-chauvins|social-chauvins]] méprisaient les luttes pour l'autonomie ou l'indépendance au nom du fait que la concentration politique et économique serait "[[Progressiste|progressiste]]". Lénine critiquait frontalement cette ''«&nbsp;conception absurde du point de vue théorique, et chauvine du point de vue de la politique pratique&nbsp;»<ref>Lénine, Une caricature du marxisme et à propos de l’ « économisme impérialiste », 1916</ref>''. Il appelait cela de ''«&nbsp;l'économisme impérialiste&nbsp;»''. Mais ce type désaccords existait aussi parmi les révolutionnaires. Ainsi [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]] (vers 1908-1909) a beaucoup débattu avec Lénine sur la question nationale. Alors que le programme du [[POSDR|POSDR]], engagé contre le chauvinisme grand-russe, garantissait ''«&nbsp;le droit à l’autodétermination à toutes les nationalités faisant partie de l’État&nbsp;»'', elle raillait le droit à l’autodétermination comme «&nbsp;un lieu commun&nbsp;» et une formule creuse. Elle insistait sur la tendance historique, progressiste, à l'unification de l'humanité, et discréditait donc la volonté de fragmentation en petits États "médiévaux". Elle [[Rosa_Luxemburg_et_les_bolchéviks|critiquera comme petite-bourgeoises les mesures prises par les bolchéviks]] pour l'autonomie des minorités.
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Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale.
 
Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale.
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En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1914, Lénine lutte contre le déferlement de [[social-chauvinisme|social-chauvinisme]] que déclenche la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. Il admet qu'on peut parler de ''«&nbsp;fierté nationale des Grand-russes&nbsp;»'', mais que cela signifie lutter pour l'émacipation sociale des opprimés qui constituent les trois quart de ce peuple, et que cela ne peut pas passer par l'asservissement d'autres peuples.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/12/vil19141212.htm De la fierté nationale des Grands-Russes]'', 12 décembre 1914</ref> En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard&nbsp;: ''«&nbsp;la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité.&nbsp;»<ref name="HRR40">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>''
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En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1914, Lénine lutte contre le déferlement de [[Social-chauvinisme|social-chauvinisme]] que déclenche la [[Première_guerre_mondiale|guerre mondiale]]. Il admet qu'on peut parler de ''«&nbsp;fierté nationale des Grand-russes&nbsp;»'', mais que cela signifie lutter pour l'émacipation sociale des opprimés qui constituent les trois quart de ce peuple, et que cela ne peut pas passer par l'asservissement d'autres peuples.<ref>Lénine, ''[https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/12/vil19141212.htm De la fierté nationale des Grands-Russes]'', 12 décembre 1914</ref> En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard&nbsp;: ''«&nbsp;la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité.&nbsp;»<ref name="HRR40">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>''
    
En 1914, les Russes représentaient environ 65 millions d'individus pour 125 millions d'habitants de l'Empire de Russie. Plus de la moitié des soldats mobilisés étaient étaient issus de minorités nationales. ''«&nbsp;Les antagonismes nationaux se conjuguaient et s'intercalaient, sur divers plans, avec les antagonismes de classes.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr19.htm Histoire de la révolution russe - 19. L'offensive]'', 1930</ref>''
 
En 1914, les Russes représentaient environ 65 millions d'individus pour 125 millions d'habitants de l'Empire de Russie. Plus de la moitié des soldats mobilisés étaient étaient issus de minorités nationales. ''«&nbsp;Les antagonismes nationaux se conjuguaient et s'intercalaient, sur divers plans, avec les antagonismes de classes.&nbsp;»<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr19.htm Histoire de la révolution russe - 19. L'offensive]'', 1930</ref>''
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=== Finlande ===
 
=== Finlande ===
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La Finlande, qui faisait partie de l'Empire tsariste, est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais (14% de la population), entraînant les paysans pauvres (''torpari''), sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et donc paradoxalement très liés aux soldats russes gagnés au bolchévisme stationnés chez eux. En particulier, c’est dans les eaux finnoises que se tenait la plus grosse partie de la [[Flotte_de_la_Baltique|flotte de la Baltique]]. Les [[Parti_SR|SR]] de Helsingfors, presque tous [[SR_de_gauche|SR de gauche]], exigeaient dès juillet ''«&nbsp;[[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|tout le pouvoir aux soviets]]&nbsp;»''. En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et hypocritement sur le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]].
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La Finlande faisait partie des pays les plus développés de l'[[Empire_tsariste|Empire tsariste]], et sa classe dirigeante avait réussi à obtenir une petite part d'autonomie. [[Trotsky|Trotsky]] raconte qu'en 1907, on appelait les nationalistes finnois révolutionnaire les ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'', et que c'était des alliés des social-démocrates russes.<ref name="MaVie15">Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/mavie/mv17.htm Ma vie, 15. Jugement, déportation, évasion]'', 1930</ref>
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La Finlande est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais (14% de la population), entraînant les paysans pauvres (''torpari''), sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et donc paradoxalement très liés aux soldats russes gagnés au bolchévisme stationnés chez eux. En particulier, c’est dans les eaux finnoises que se tenait la plus grosse partie de la [[Flotte_de_la_Baltique|flotte de la Baltique]]. Les [[Parti_SR|SR]] de Helsingfors, presque tous [[SR_de_gauche|SR de gauche]], exigeaient dès juillet ''«&nbsp;[[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|tout le pouvoir aux soviets]]&nbsp;»''. En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et hypocritement sur le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]].
    
Le parlement finlandais (Séim) fut le premier parlement au monde où les social-démocrates obtiennent une majorité (103 sièges sur 200). Le 5 juin le&nbsp;Séim se proclame souverain, exception faite des questions concernant l’armée et la politique extérieure, et la social-démocratie finlandaise s’adressa ''«&nbsp;aux partis frères de Russie&nbsp;»'' pour avoir leur appui. Mais les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] de Petrograd soutiennent le gouvernement provisoire lorsqu'il dissout le Séim le 18 juillet. Le chef d’État-major du Grand Quartier Général, le monarchiste Loukomsky, avertissait les finlandais qu'en cas d'insoumission, ''«&nbsp;leurs villes et, en première ligne, Helsingfors, seraient dévastées&nbsp;»''.
 
Le parlement finlandais (Séim) fut le premier parlement au monde où les social-démocrates obtiennent une majorité (103 sièges sur 200). Le 5 juin le&nbsp;Séim se proclame souverain, exception faite des questions concernant l’armée et la politique extérieure, et la social-démocratie finlandaise s’adressa ''«&nbsp;aux partis frères de Russie&nbsp;»'' pour avoir leur appui. Mais les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] de Petrograd soutiennent le gouvernement provisoire lorsqu'il dissout le Séim le 18 juillet. Le chef d’État-major du Grand Quartier Général, le monarchiste Loukomsky, avertissait les finlandais qu'en cas d'insoumission, ''«&nbsp;leurs villes et, en première ligne, Helsingfors, seraient dévastées&nbsp;»''.
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Sous l'effet de la [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] montante, même les cercles bourgeois de Finlande qui étaient disposés à un accord avec Petrograd lèvent l'étendard du [[Nationalisme|nationalisme]]. Le journal Huvttdstatsbladet écrivait&nbsp;: ''«&nbsp;Le peuple russe est en proie à un déchaînement anarchique... Ne devons-nous pas dans ces conditions... nous détacher autant que possible de ce chaos&nbsp;?&nbsp;»'' Le 23 octobre, deux jours avant sa chute, [[Kerenski|Kerenski]] adopte sous la pression une ordonnance "de principe" sur l’indépendance de la Finlande, exception faite des affaires militaires et des relations extérieures.
 
Sous l'effet de la [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] montante, même les cercles bourgeois de Finlande qui étaient disposés à un accord avec Petrograd lèvent l'étendard du [[Nationalisme|nationalisme]]. Le journal Huvttdstatsbladet écrivait&nbsp;: ''«&nbsp;Le peuple russe est en proie à un déchaînement anarchique... Ne devons-nous pas dans ces conditions... nous détacher autant que possible de ce chaos&nbsp;?&nbsp;»'' Le 23 octobre, deux jours avant sa chute, [[Kerenski|Kerenski]] adopte sous la pression une ordonnance "de principe" sur l’indépendance de la Finlande, exception faite des affaires militaires et des relations extérieures.
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Après la [[Révolution_d'octobre|révolution d'octobre]], le pouvoir soviétique tente d'intervenir dans la guerre civile finlandaise.<span>​</span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span>​ L</span>es nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent aussitôt leur indépendance, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats.
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Après la [[Révolution_d'octobre|révolution d'octobre]], le pouvoir soviétique tente d'intervenir dans la guerre civile finlandaise.<span>​</span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span>​ L</span>es nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent aussitôt leur indépendance, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats. Les anciens ''«&nbsp;activistes&nbsp;»'' finnois ''«&nbsp;devinrent fascistes et les pires ennemis de la révolution d'Octobre&nbsp;»''.<ref name="MaVie15" />
    
=== Pologne ===
 
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