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<div class="capturedImage floatright" style="width: 226px">[[File:Christian Rakovsky.jpg|right|226x319px|Christian Rakovsky.jpg]]</div>  
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'''Christian Gueorguievitch Rakovski''' (1873-1941), né '''Khristo Stantchev''', était un [[marxiste_révolutionnaire|marxiste révolutionnaire]] roumain d'origine bulgare.
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'''Christian Gueorguievitch Rakovski''' (1873-1941), né '''Khristo Stantchev''', était un [[Marxiste_révolutionnaire|marxiste révolutionnaire]] roumain d'origine bulgare.
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Militant connu de la [[Deuxième_Internationale|Deuxième Internationale]] avant 1914, principale figure du mouvement socialiste roumain, ce médecin polyglotte, journaliste et militant traversa de nombreux pays d'Europe et fut expulsé de plusieurs d'entre eux pour ses activités politiques. Il participa à la [[Conférence_de_Zimmerwald|conférence de Zimmerwald]] puis gagna la Russie où il rejoignit le parti [[Bolchévique|bolchévique]] après la [[révolution_d’octobre_1917|révolution d’octobre 1917]]. Il fut un des fondateurs de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]], et devint chef du gouvernement de la [[République_socialiste_soviétique_ukrainienne|République socialiste soviétique ukrainienne]]. Il prit part à la [[Conférence_de_Gênes|conférence de Gênes]] en 1922, et fut ambassadeur soviétique à Londres et à Paris. Il s’opposa à [[Joseph_Staline|Staline]] et rallia l’[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] de [[Trotski|Trotski]]. Se soumettant à l’autorité de Staline en 1934, il fut brièvement réintégré, mais néanmoins exécuté par par le [[NKVD|NKVD]] en 1941.{{#set:Date=13-08-1873|Date fin=11-09-1941}}
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Militant connu de la [[Deuxième_Internationale|Deuxième Internationale]] avant 1914, principale figure du mouvement socialiste roumain, ce médecin polyglotte, journaliste et militant traversa de nombreux pays d'Europe et fut expulsé de plusieurs d'entre eux pour ses activités politiques. Il participa à la [[Conférence_de_Zimmerwald|conférence de Zimmerwald]] puis gagna la Russie où il rejoignit le parti [[Bolchévique|bolchévique]] après la [[Révolution_d’octobre_1917|révolution d’octobre 1917]]. Il fut un des fondateurs de l'[[Internationale_communiste|Internationale communiste]], et devint chef du gouvernement de la [[République_socialiste_soviétique_ukrainienne|République socialiste soviétique ukrainienne]]. Il prit part à la [[Conférence_de_Gênes|conférence de Gênes]] en 1922, et fut ambassadeur soviétique à Londres et à Paris. Il s’opposa à [[Joseph_Staline|Staline]] et rallia l’[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] de [[Trotski|Trotski]]. Se soumettant à l’autorité de Staline en 1934, il fut brièvement réintégré, mais néanmoins exécuté par par le [[NKVD|NKVD]] en 1941.{{#set:Date=13-08-1873|Date fin=11-09-1941}}
    
== Un jeune socialiste européen ==
 
== Un jeune socialiste européen ==
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Khristo Gheorghev Stantchev naît le 13 août 1873 à Kotel, en Bulgarie, dans une riche famille de propriétaire fonciers qui était partisane de l'ordre établi sous l'[[Empire_ottoman|empire ottoman]].
 
Khristo Gheorghev Stantchev naît le 13 août 1873 à Kotel, en Bulgarie, dans une riche famille de propriétaire fonciers qui était partisane de l'ordre établi sous l'[[Empire_ottoman|empire ottoman]].
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En 1878, à la suite de l'indépendance de la Bulgarie, les Stanchev (de même que les [https://fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Vogoridès Bogoridi]) sont devenus ''personae non gratae'' dans leur fief de Kotel<ref>Ce type de situations est décrit par [[Ivan Vazov]] dans son roman ''Sous le joug'' (Под игото) publié en 1890</ref>. Ils s'exilèrent en Roumanie et Christian Rakovski devint roumain à l'âge de 5 ans. Il fut élevé à Bucarest et découvrit le [[marxisme|marxisme]] au lycée. À 16 ans, en 1889, il fut exclu à vie des lycées du pays pour son [[militantisme|militantisme]] politique, et passa son baccalauréat en candidat libre. À 17 ans, ce brillant jeune homme, charmeur et polyglotte, alla étudier la médecine à Genève où il ne tarda pas à rencontrer de nombreux exilés politiques socialistes, à commencer par le russe [[Gueorgui_Plekhanov|Gueorgui Plekhanov]] et la jeune [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]]. En quelques années, étudiant en Suisse, en Allemagne puis en France, il se fit connaître et apprécier de l'ensemble du mouvement socialiste européen. Influent parmi les petites communautés d'étudiants bulgares exilés, il fut dès 1893 délégué au congrès de la [[Deuxième_Internationale|Deuxième Internationale]] à Zurich où il eut l'occasion de rencontrer le vieil [[Friedrich_Engels|Engels]]. L'année suivante, il devint correspondant du ''[[Vorwärts|Vorwärts]]'', le principal quotidien social-démocrate allemand et entretint une relation amicale avec [[Wilhelm_Liebknecht|Wilhelm Liebknecht]]. Expulsé de Prusse comme «&nbsp;[[anarchiste|anarchiste]]&nbsp;», Christian Rakovski termina ses études de médecine en France. C'est là qu'il soutint sa thèse en 1896.
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En 1878, à la suite de l'indépendance de la Bulgarie, les Stanchev (de même que les [https://fr.wikipedia.org/wiki/Étienne_Vogoridès Bogoridi]) sont devenus ''personae non gratae'' dans leur fief de Kotel<ref>Ce type de situations est décrit par [[Ivan Vazov]] dans son roman ''Sous le joug'' (Под игото) publié en 1890</ref>. Ils s'exilèrent en Roumanie et Christian Rakovski devint roumain à l'âge de 5 ans. Il fut élevé à Bucarest et découvrit le [[Marxisme|marxisme]] au lycée. À 16 ans, en 1889, il fut exclu à vie des lycées du pays pour son [[Militantisme|militantisme]] politique, et passa son baccalauréat en candidat libre. À 17 ans, ce brillant jeune homme, charmeur et polyglotte, alla étudier la médecine à Genève où il ne tarda pas à rencontrer de nombreux exilés politiques socialistes, à commencer par le russe [[Gueorgui_Plekhanov|Gueorgui Plekhanov]] et la jeune [[Rosa_Luxemburg|Rosa Luxemburg]]. En quelques années, étudiant en Suisse, en Allemagne puis en France, il se fit connaître et apprécier de l'ensemble du mouvement socialiste européen. Influent parmi les petites communautés d'étudiants bulgares exilés, il fut dès 1893 délégué au congrès de la [[Deuxième_Internationale|Deuxième Internationale]] à Zurich où il eut l'occasion de rencontrer le vieil [[Friedrich_Engels|Engels]]. L'année suivante, il devint correspondant du ''[[Vorwärts|Vorwärts]]'', le principal quotidien social-démocrate allemand et entretint une relation amicale avec [[Wilhelm_Liebknecht|Wilhelm Liebknecht]]. Expulsé de Prusse comme «&nbsp;[[Anarchiste|anarchiste]]&nbsp;», Christian Rakovski termina ses études de médecine en France. C'est là qu'il soutint sa thèse en 1896.
    
En Suisse, Rakovski s'était lié avec une étudiante socialiste russe, Elisaveta Pavlovna Ryabova. C'est par elle qu'il s'intéressa d'abord à la Russie. Ils se marièrent en 1898. La même année, il fut incorporé comme lieutenant médecin dans l'armée roumaine. Après son service militaire, Christian Rakovski tenta de s'établir à Saint-Pétersbourg. Rapidement expulsé pour ses activités politiques, il ne put revenir qu'au prix d'un important pot-de-vin. Mais, en 1901, sa femme mourut en couches avec son nouveau-né.
 
En Suisse, Rakovski s'était lié avec une étudiante socialiste russe, Elisaveta Pavlovna Ryabova. C'est par elle qu'il s'intéressa d'abord à la Russie. Ils se marièrent en 1898. La même année, il fut incorporé comme lieutenant médecin dans l'armée roumaine. Après son service militaire, Christian Rakovski tenta de s'établir à Saint-Pétersbourg. Rapidement expulsé pour ses activités politiques, il ne put revenir qu'au prix d'un important pot-de-vin. Mais, en 1901, sa femme mourut en couches avec son nouveau-né.
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== À la tête du mouvement socialiste roumain ==
 
== À la tête du mouvement socialiste roumain ==
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De retour en Roumanie, Christian Rakovski s'impliqua totalement dans le soutien aux mouvements de [[grève|grève]] qui secouèrent le pays à partir de 1905. Influencés par les événements qui se déroulaient au même moment en Russie, des milliers d'ouvriers de la jeune industrie roumaine exigèrent des augmentations de salaire et une amélioration de leurs [[conditions_de_travail|conditions de travail]], malgré les violences policières et l'envoi de la troupe contre eux. Rakovski contribua au développement des [[syndicats|syndicats]] roumains notamment en organisant un congrès ouvrier.
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De retour en Roumanie, Christian Rakovski s'impliqua totalement dans le soutien aux mouvements de [[Grève|grève]] qui secouèrent le pays à partir de 1905. Influencés par les événements qui se déroulaient au même moment en Russie, des milliers d'ouvriers de la jeune industrie roumaine exigèrent des augmentations de salaire et une amélioration de leurs [[Conditions_de_travail|conditions de travail]], malgré les violences policières et l'envoi de la troupe contre eux. Rakovski contribua au développement des [[Syndicats|syndicats]] roumains notamment en organisant un congrès ouvrier.
    
En mars 1905, il lança un hebdomadaire socialiste, ''România muncitoare'' (''La Roumanie ouvrière''), dont l'activité fut le noyau autour duquel se regroupa le futur parti social-démocrate de Roumanie, fondé en 1910.
 
En mars 1905, il lança un hebdomadaire socialiste, ''România muncitoare'' (''La Roumanie ouvrière''), dont l'activité fut le noyau autour duquel se regroupa le futur parti social-démocrate de Roumanie, fondé en 1910.
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== Président du conseil des commissaires du peuple d'Ukraine ==
 
== Président du conseil des commissaires du peuple d'Ukraine ==
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En [[internationaliste|internationaliste]] convaincu, Christian Rakovski fut durement éprouvé par l'attitude des sociaux-démocrates européens lorsqu'éclata la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] en 1914. Il exposa son point de vue dans une brochure publiée en français sous le titre «&nbsp;''Les socialistes et la guerre''&nbsp;». Il s'agissait de la réponse à une lettre que lui avait adressé Charles Dumas, chef de cabinet de [[Jules_Guesde|Jules Guesde]], socialiste renommé pour son intransigeance qui était pourtant entré dans un gouvernement d'[[Union_sacrée_(mouvement)|union sacrée]]<ref>[[Alfred Rosmer]] Le mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale, tome 1, {{ISBN|2-9507463-0-6}}, p. 417</ref>. Militant pour que la Roumanie reste en dehors du conflit, il noua des contacts avec les socialistes hostiles à la guerre, notamment avec [[Léon_Trotski|Léon Trotski]] dont il finançait le journal ''[[Nache_Slovo|Nache Slovo]]''. En 1915, il participa à la [[Conférence_de_Zimmerwald|conférence de Zimmerwald]]. En 1916, lorsque le gouvernement roumain décida de rejoindre l'[[Petite_Entente|Entente]], Rakovski fut interné et mis au secret. Il fut libéré de sa prison de Iași le 1<sup>er</sup> mai 1917 par le soviet des soldats russes qui cantonnaient dans la ville, contre la volonté du gouvernement russe qui présenta ses excuses au gouvernement roumain pour cette initiative. Cela n'empêcha pas Rakovski de se rendre à Odessa où il reprit ses activités politiques.
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En [[Internationaliste|internationaliste]] convaincu, Christian Rakovski fut durement éprouvé par l'attitude des sociaux-démocrates européens lorsqu'éclata la [[Première_Guerre_mondiale|Première Guerre mondiale]] en 1914. Il exposa son point de vue dans une brochure publiée en français sous le titre «&nbsp;''Les socialistes et la guerre''&nbsp;». Il s'agissait de la réponse à une lettre que lui avait adressé Charles Dumas, chef de cabinet de [[Jules_Guesde|Jules Guesde]], socialiste renommé pour son intransigeance qui était pourtant entré dans un gouvernement d'[[Union_sacrée_(mouvement)|union sacrée]]<ref>[[Alfred Rosmer]] Le mouvement ouvrier pendant la Première Guerre mondiale, tome 1, {{ISBN|2-9507463-0-6}}, p. 417</ref>. Militant pour que la Roumanie reste en dehors du conflit, il noua des contacts avec les socialistes hostiles à la guerre, notamment avec [[Léon_Trotski|Léon Trotski]] dont il finançait le journal ''[[Nache_Slovo|Nache Slovo]]''. En 1915, il participa à la [[Conférence_de_Zimmerwald|conférence de Zimmerwald]]. En 1916, lorsque le gouvernement roumain décida de rejoindre l'[[Petite_Entente|Entente]], Rakovski fut interné et mis au secret. Il fut libéré de sa prison de Iași le 1<sup>er</sup> mai 1917 par le soviet des soldats russes qui cantonnaient dans la ville, contre la volonté du gouvernement russe qui présenta ses excuses au gouvernement roumain pour cette initiative. Cela n'empêcha pas Rakovski de se rendre à Odessa où il reprit ses activités politiques.
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Partisan convaincu de la [[révolution_mondiale|révolution mondiale]], Rakovski se rallia à la [[révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et rejoignit le [[parti_bolchevik|parti bolchevik]] fin 1917: il fut accueilli avec enthousiasme par [[Lénine|Lénine]] et [[Trotski|Trotski]]. À cette époque, c'était un socialiste de premier ordre, internationalement connu, dont la fortune, l'éducation et l'élégance n'entamaient en rien la crédibilité&nbsp;: ses actions parlaient pour lui. Début 1918, il dirigea une offensive militaire victorieuse contre la Roumanie qui, attaquée aussi de l'ouest par les [[Empires_centraux|Empires centraux]], dut demander l'armistice. Rakovski espérait ainsi faire la jonction entre la révolution russe et les Balkans, mais le [[Traité_de_Brest-Litovsk_(Empires_centraux-Russie)|traité de Brest-Litovsk]] entre les Allemands et les Bolcheviks mit provisoirement fin aux espoirs d'exporter la Révolution. Les Bolcheviks durent céder aux Allemands la Pologne, les pays baltes, la Biélorussie et l'Ukraine que, de toute façon, ils ne parvenaient pas à contrôler. Mais l'armistice du 11 novembre 1918 et le retrait des Allemands leur ouvrit à nouveau le front. Début 1919, Rakovski fut nommé président du Conseil des commissaires du peuple d'Ukraine. Restait pour le gouvernement soviétique d'Ukraine à contrôler effectivement le pays, où combattaient en ordre dispersé les indépendantistes de la [[Rada_(Ukraine)|Rada]] nationaliste, les [[Anarchie|anarchistes]] de [[Makhno|Makhno]] et les «&nbsp;Russes blancs&nbsp;» partisans de la restauration du Tzar, soutenus par les armées de l'[[Petite_Entente|Entente]]. Rakovski s'y efforça non seulement de contrôler l'Ukraine, mais de faire la jonction avec la Hongrie soviétique de [[Bela_Kun|Bela Kun]], par delà les Carpates, en affrontant les Polonais et les Roumains. Ce fut un échec, la politique de [[Réquisitions_dans_les_campagnes|réquisition des produits agricoles]] lui ayant aliéné le gros de la [[paysannerie|paysannerie]]. Avec l'accord de [[Lénine|Lénine]], Rakovski élabora en 1920 une politique plus respectueuse des aspirations paysannes et nationales ukrainiennes. Le régime soviétique put cette fois s'implanter dans le pays, non sans de durs combats menés par [[Mikhaïl_Frounzé|Mikhaïl Frounzé]] contre les [[armées_blanches|armées blanches]], nationalistes et [[makhnovistes|makhnovistes]].
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Partisan convaincu de la [[Révolution_mondiale|révolution mondiale]], Rakovski se rallia à la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]] et rejoignit le [[Parti_bolchevik|parti bolchevik]] fin 1917: il fut accueilli avec enthousiasme par [[Lénine|Lénine]] et [[Trotski|Trotski]]. À cette époque, c'était un socialiste de premier ordre, internationalement connu, dont la fortune, l'éducation et l'élégance n'entamaient en rien la crédibilité&nbsp;: ses actions parlaient pour lui. Début 1918, il dirigea une offensive militaire victorieuse contre la Roumanie qui, attaquée aussi de l'ouest par les [[Empires_centraux|Empires centraux]], dut demander l'armistice. Rakovski espérait ainsi faire la jonction entre la révolution russe et les Balkans, mais le [[Traité_de_Brest-Litovsk_(Empires_centraux-Russie)|traité de Brest-Litovsk]] entre les Allemands et les Bolcheviks mit provisoirement fin aux espoirs d'exporter la Révolution. Les Bolcheviks durent céder aux Allemands la Pologne, les pays baltes, la Biélorussie et l'Ukraine que, de toute façon, ils ne parvenaient pas à contrôler. Mais l'armistice du 11 novembre 1918 et le retrait des Allemands leur ouvrit à nouveau le front. Début 1919, Rakovski fut nommé président du Conseil des commissaires du peuple d'Ukraine. Restait pour le gouvernement soviétique d'Ukraine à contrôler effectivement le pays, où combattaient en ordre dispersé les indépendantistes de la [[Rada_(Ukraine)|Rada]] nationaliste, les [[Anarchie|anarchistes]] de [[Makhno|Makhno]] et les «&nbsp;Russes blancs&nbsp;» partisans de la restauration du Tzar, soutenus par les armées de l'[[Petite_Entente|Entente]]. Rakovski s'y efforça non seulement de contrôler l'Ukraine, mais de faire la jonction avec la Hongrie soviétique de [[Bela_Kun|Bela Kun]], par delà les Carpates, en affrontant les Polonais et les Roumains. Ce fut un échec, la politique de [[Réquisitions_dans_les_campagnes|réquisition des produits agricoles]] lui ayant aliéné le gros de la [[Paysannerie|paysannerie]]. Avec l'accord de [[Lénine|Lénine]], Rakovski élabora en 1920 une politique plus respectueuse des aspirations paysannes et nationales ukrainiennes. Le régime soviétique put cette fois s'implanter dans le pays, non sans de durs combats menés par [[Mikhaïl_Frounzé|Mikhaïl Frounzé]] contre les [[Armées_blanches|armées blanches]], nationalistes et [[Makhnovistes|makhnovistes]].
    
== Diplomate soviétique ==
 
== Diplomate soviétique ==
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== L'opposition à la bureaucratie stalinienne ==
 
== L'opposition à la bureaucratie stalinienne ==
<div class="capturedImage fck_mw_right floatright showLegend rfck_mw_frame" style="width: 373px">[[File:Rakovsky-Trotsky-1924.jpg|frame|right|373px|Rakovsky et Trotsky (1924)]]  </div>  
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<div class="capturedImage showLegend floatright rfck_mw_frame" style="vertical-align: middle;  width: 373px">[[File:Rakovsky-Trotsky-1924.jpg|frame|right|373px|Rakovsky et Trotsky (1924)]]  </div>  
C'est à propos des [[Question_nationale_en_Russie|nationalités]] que Christian Rakovski entra pour la première fois en conflit avec [[Staline|Staline]], en 1922, au moment de la discussion sur le statut de l'[[URSS|URSS]]. Rakovski s'était convaincu en Ukraine de la nécessité de tenir compte des aspirations nationales des peuples d'Union soviétique, mais sur le plan culturel plutôt que territorial car il était impossible de tracer des frontières regroupant strictement une seule ethnie, tant elles étaient imbriquées. Staline, en revanche, était partisan du fédéralisme territorial. Rakovski participa au combat de l'[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] contre la dérive bureaucratique et du [[chauvinisme|chauvinisme]] grand-russe d'une partie de l'appareil d'État bolchévique. Beaucoup de communistes ukrainiens et géorgiens partageaient son point de vue ainsi que Lénine lui-même, avant d'être définitivement écarté de la vie politique par sa maladie.
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C'est à propos des [[Question_nationale_en_Russie|nationalités]] que Christian Rakovski entra pour la première fois en conflit avec [[Staline|Staline]], en 1922, au moment de la discussion sur le statut de l'[[URSS|URSS]]. Rakovski s'était convaincu en Ukraine de la nécessité de tenir compte des aspirations nationales des peuples d'Union soviétique, mais sur le plan culturel plutôt que territorial car il était impossible de tracer des frontières regroupant strictement une seule ethnie, tant elles étaient imbriquées. Staline, en revanche, était partisan du fédéralisme territorial. Rakovski participa au combat de l'[[Opposition_de_gauche|Opposition de gauche]] contre la dérive bureaucratique et du [[Chauvinisme|chauvinisme]] grand-russe d'une partie de l'appareil d'État bolchévique. Beaucoup de communistes ukrainiens et géorgiens partageaient son point de vue ainsi que Lénine lui-même, avant d'être définitivement écarté de la vie politique par sa maladie.
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Il leur semblait indispensable d'instaurer une [[démocratie_interne|pratique démocratique à l'intérieur du parti]] communiste, pour empêcher que se forme définitivement une caste de fonctionnaires irresponsables qui ferait passer leurs intérêts propres avant ceux du [[prolétariat|prolétariat]] et ceux du [[socialisme|socialisme]]. Revenu en URSS en octobre 1927, Christian Rakovski fut le dernier porte-parole de l'opposition de gauche au comité central, mais fut rapidement empêché de s'exprimer et exclu du parti dès décembre.
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Il leur semblait indispensable d'instaurer une [[Démocratie_interne|pratique démocratique à l'intérieur du parti]] communiste, pour empêcher que se forme définitivement une caste de fonctionnaires irresponsables qui ferait passer leurs intérêts propres avant ceux du [[Prolétariat|prolétariat]] et ceux du [[Socialisme|socialisme]]. Revenu en URSS en octobre 1927, Christian Rakovski fut le dernier porte-parole de l'opposition de gauche au comité central, mais fut rapidement empêché de s'exprimer et exclu du parti dès décembre.
    
En janvier 1928, Rakovski fut exilé à Astrakhan, puis à Saratov et finalement à Barnaoul l'année suivante. Il développa sa conception de la bureaucratie dans une lettre publiée dans le Bulletin de l'opposition sous le titre «&nbsp;''Les dangers professionnels du pouvoir''&nbsp;»<ref>Texte disponible sur Marxists Internet Archives</ref>. Après l'expulsion de Trotski hors d'URSS, il demeura la plus haute personnalité communiste à contester Staline. Pendant six ans, il appliqua la politique de l'opposition de gauche qui consistait à se considérer comme toujours membre du parti communiste et à critiquer la direction du parti au nom de l'intérêt du socialisme. C'est ainsi que Rakovski critiqua vivement la politique de collectivisation forcée dans les campagnes lancée par Staline en 1929 en raison d'une part des brutalités envers les paysans, et d'autre part du désastre économique qui devait en résulter pour l'agriculture soviétique (voir [[Holodomor|Holodomor]]).
 
En janvier 1928, Rakovski fut exilé à Astrakhan, puis à Saratov et finalement à Barnaoul l'année suivante. Il développa sa conception de la bureaucratie dans une lettre publiée dans le Bulletin de l'opposition sous le titre «&nbsp;''Les dangers professionnels du pouvoir''&nbsp;»<ref>Texte disponible sur Marxists Internet Archives</ref>. Après l'expulsion de Trotski hors d'URSS, il demeura la plus haute personnalité communiste à contester Staline. Pendant six ans, il appliqua la politique de l'opposition de gauche qui consistait à se considérer comme toujours membre du parti communiste et à critiquer la direction du parti au nom de l'intérêt du socialisme. C'est ainsi que Rakovski critiqua vivement la politique de collectivisation forcée dans les campagnes lancée par Staline en 1929 en raison d'une part des brutalités envers les paysans, et d'autre part du désastre économique qui devait en résulter pour l'agriculture soviétique (voir [[Holodomor|Holodomor]]).
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== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
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*[[Pierre_Broué|Pierre Broué]], ''Rakovsky ou la Révolution dans tous les pays'', éd. Fayard, 1996, 462 p., {{isbn|2-213-59599-2}}
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*[[Pierre_Broué|Pierre Broué]], ''Rakovsky ou la Révolution dans tous les pays'', éd. Fayard, 1996, 462 p.  
*{{ro}} Florin Constantiniu, ''O istorie sinceră a poporului român'', éd. Univers Enciclopedic, 2008, 586 p., {{isbn|9789736371790}}
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*Florin Constantiniu, ''O istorie sinceră a poporului român'', éd. Univers Enciclopedic, 2008, 586 p.  
*Francis Conte, ''Un révolutionnaire diplomate&nbsp;: Christian Rakovsky, l'Union soviétique et l'Europe (1922-1941)'', éd. Mouton, 1978, {{isbn|9789027979933}}
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*Francis Conte, ''Un révolutionnaire diplomate&nbsp;: Christian Rakovsky, l'Union soviétique et l'Europe (1922-1941)'', éd. Mouton, 1978  
    
== Liens externes ==
 
== Liens externes ==
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<references />
 
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[[Category:Roumanie]][[Category:Russie / URSS]][[Category:Bolchéviks]]

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