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Les '''comités de quartier''' sont des organes d'administration locale, et en [[période_révolutionnaire|période révolutionnaire]] des outils d'[[auto-organisation|auto-organisation]] populaire. Leur composition sociale dépend néanmoins de la composition sociale du quartier : ils peuvent être [[interclassistes|interclassistes]], et le sont d'autant moins que la [[conscience_de_classe|conscience de classe]] et la pression exercée sur les bourgeois est grande.
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Les '''comités de quartier''' sont des organes d'administration locale, et en [[Période_révolutionnaire|période révolutionnaire]] des outils d'[[Auto-organisation|auto-organisation]] populaire. Leur composition sociale dépend néanmoins de la composition sociale du quartier : ils peuvent être [[Interclassistes|interclassistes]], et le sont d'autant moins que la [[Conscience_de_classe|conscience de classe]] et la pression exercée sur les bourgeois est grande.
    
== Pendant la révolution russe ==
 
== Pendant la révolution russe ==
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=== Mise en place ===
 
=== Mise en place ===
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Aussitôt après la [[révolution_de_Février_1917|révolution de Février 1917]], le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet des députés de Petrograd]] lance un appel à constituer des comités de quartier, pour regrouper tous les citoyens sans distinction de classe qui voulaient défendre la révolution aux côtés du Soviet.
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Aussitôt après la [[Révolution_de_Février_1917|révolution de Février 1917]], le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet des députés de Petrograd]] lance un appel à constituer des comités de quartier, pour regrouper tous les citoyens sans distinction de classe qui voulaient défendre la révolution aux côtés du Soviet.
    
Des comités se constituèrent dans un certain nombre de quartiers de la capitale (sans lien organisationnel avec le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet]]) entre le début de mars et le début de septembre. Le Soviet des députés se consacrait aux affaires générales ; les comités se voyaient définir une triple mission : assurer l’application des décisions du Soviet, ménager la défense éventuelle de la ville, organiser une vie nouvelle dans les quartiers. Dans la réalité, ce fut cette troisième tâche qui l’emporta, le secrétariat de chaque comité de quartier étant enseveli sous les demandes individuelles : chômeurs, veuves de guerre, mal logés qui s’adressaient aux autorités nouvelles.
 
Des comités se constituèrent dans un certain nombre de quartiers de la capitale (sans lien organisationnel avec le [[Soviet_de_Petrograd|Soviet]]) entre le début de mars et le début de septembre. Le Soviet des députés se consacrait aux affaires générales ; les comités se voyaient définir une triple mission : assurer l’application des décisions du Soviet, ménager la défense éventuelle de la ville, organiser une vie nouvelle dans les quartiers. Dans la réalité, ce fut cette troisième tâche qui l’emporta, le secrétariat de chaque comité de quartier étant enseveli sous les demandes individuelles : chômeurs, veuves de guerre, mal logés qui s’adressaient aux autorités nouvelles.
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Les comités sont aussitôt confrontés à la question de leur statut politique et juridique : avaient-ils le « droit » de réquisitionner des appartements vides, d’organiser un ravitaillement parallèle ? Pour renforcer leur légitimité, les comités souhaitaient établir un lien avec le Soviet des députés. Mais celui-ci refusait : son principe organisationnel était la classe, celui des comités était la résidence.
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Les comités sont aussitôt confrontés à la question de leur statut politique et juridique : avaient-ils le « droit » de réquisitionner des appartements vides, d’organiser un ravitaillement parallèle ? Pour renforcer leur légitimité, les comités souhaitaient établir un lien avec le Soviet des députés. Mais celui-ci refusait : son principe organisationnel était la classe, celui des comités était la résidence.
    
=== Extension et radicalisation ===
 
=== Extension et radicalisation ===
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Par un phénomène d’extension horizontale comparable à celui que connaissaient les [[comités_d’usine|comités d’usine]], les quartiers organisèrent une Conférence inter-quartiers au mois d’avril. Elle se réunit sur l’initiative de soldats, qui, au lendemain de la [[journées_d'avril|crise d’avril]], jugèrent nécessaire d’organiser la coordination de l’action des comités en cas de réaction militaire. Au nom de tous les quartiers, elle redemanda à participer aux débats du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]], même sans voix délibérative, élut un président membre de ce Soviet, le menchevik V. Anisimov, et choisit deux représentants auprès du Soviet. Le Soviet refusa une nouvelle fois, mais surtout pour une autre raison : mécontents de la politique du Soviet de Petrograd, les comités de quartier commençaient à se radicaliser.
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Par un phénomène d’extension horizontale comparable à celui que connaissaient les [[Comités_d’usine|comités d’usine]], les quartiers organisèrent une Conférence inter-quartiers au mois d’avril. Elle se réunit sur l’initiative de soldats, qui, au lendemain de la [[Journées_d'avril|crise d’avril]], jugèrent nécessaire d’organiser la coordination de l’action des comités en cas de réaction militaire. Au nom de tous les quartiers, elle redemanda à participer aux débats du [[Soviet_de_Petrograd|Soviet de Petrograd]], même sans voix délibérative, élut un président membre de ce Soviet, le menchevik V. Anisimov, et choisit deux représentants auprès du Soviet. Le Soviet refusa une nouvelle fois, mais surtout pour une autre raison : mécontents de la politique du Soviet de Petrograd, les comités de quartier commençaient à se radicaliser.
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Le 23 avril, une assemblée des représentants des comités de quartier a lieu au [[Palais_de_Tauride|Palais de Tauride]]. Elle élit une commission de 10 membres (un par quartier) avec un praesidium composé de V. Anisimov (président), N. Appolonov (vice-président) et M. Apter (secrétaire). Le 25 avril, cette commission décide, à propos de la participation aux élections aux [[Doumas_municipales|Doumas]] locales (assemblées municipales officielles) :
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Le 23 avril, une assemblée des représentants des comités de quartier a lieu au [[Palais_de_Tauride|Palais de Tauride]]. Elle élit une commission de 10 membres (un par quartier) avec un praesidium composé de V. Anisimov (président), N. Appolonov (vice-président) et M. Apter (secrétaire). Le 25 avril, cette commission décide, à propos de la participation aux élections aux [[Doumas_municipales|Doumas]] locales (assemblées municipales officielles) :
 
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''«&nbsp;Dans certains quartiers, les partis politiques préparent les élections sans la participation des comités ; dans d’autres, les partis agissent et, indépendamment, le soviet de quartier ; dans d’autres cas encore, seule existe la liste du soviet de quartier ; et dans le quatrième cas, partis socialistes et soviet de quartier forment une liste unique. Après discussion, la commission juge désirable de s’aligner sur la quatrième attitude, de sorte que l’activité partisane n’affaiblisse pas l’autorité du Soviet dans sa lutte contre la liste des KD.&nbsp;»''
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''«&nbsp;Dans certains quartiers, les partis politiques préparent les élections sans la participation des comités&nbsp;; dans d’autres, les partis agissent et, indépendamment, le soviet de quartier&nbsp;; dans d’autres cas encore, seule existe la liste du soviet de quartier&nbsp;; et dans le quatrième cas, partis socialistes et soviet de quartier forment une liste unique. Après discussion, la commission juge désirable de s’aligner sur la quatrième attitude, de sorte que l’activité partisane n’affaiblisse pas l’autorité du Soviet dans sa lutte contre la liste des KD.&nbsp;»''
 
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=== Bolchévisation ===
 
=== Bolchévisation ===
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Au lendemain des [[journées_de_Juillet|journées de Juillet]], au moment de la répression antibolchevik, Anisimov demanda à la Conférence des comités de quartier de «&nbsp;collaborer au désarmement des ouvriers&nbsp;». Bien qu’il ait expliqué que cette demande visait seulement à prévenir l’intervention des militaires, sa proposition fut rejetée avec indignation. Ce fut la rupture. À la présidence, Anisimov dut céder la place à deux internationalistes et à un bolchevik&nbsp;: Rappoport, Manuilski, Gorin.
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Au lendemain des [[Journées_de_juillet_1917|journées de Juillet]], au moment de la répression antibolchevik, Anisimov demanda à la Conférence des comités de quartier de «&nbsp;collaborer au désarmement des ouvriers&nbsp;». Bien qu’il ait expliqué que cette demande visait seulement à prévenir l’intervention des militaires, sa proposition fut rejetée avec indignation. Ce fut la rupture. À la présidence, Anisimov dut céder la place à deux internationalistes et à un bolchevik&nbsp;: Rappoport, Manuilski, Gorin.
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Face au Soviet des députés de Petrograd, la Conférence inter-quartiers devenait, elle aussi, un contre-pouvoir. Désormais, étendant ses fonctions, elle se politisa de plus en plus. À une date où, vu l’échec des premières tentatives d’[[autogestion|autogestion]], la Conférence de Petrograd des [[Comités_d’usine|Comités d’usine]] voyait faiblir son autorité, la Conférence des comités de quartier, bien ancrée en milieu populaire, prenait en quelque sorte la relève.
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Face au Soviet des députés de Petrograd, la Conférence inter-quartiers devenait, elle aussi, un contre-pouvoir. Désormais, étendant ses fonctions, elle se politisa de plus en plus. À une date où, vu l’échec des premières tentatives d’[[Autogestion|autogestion]], la Conférence de Petrograd des [[Comités_d’usine|Comités d’usine]] voyait faiblir son autorité, la Conférence des comités de quartier, bien ancrée en milieu populaire, prenait en quelque sorte la relève.
    
== Source ==
 
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