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 La '''Grande dépression des années 1930''' est le nom donné au grand ralentissement économique survenu au coeur des [[économie|économies]] [[capitalisme|capitalistes]] occidentales, à la suite de la [[crise de 1929|crise de 1929]].
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La '''Grande dépression des années 1930''' est le nom donné au grand ralentissement économique survenu au cœur des [[Économie|économies]] [[Capitalisme|capitalistes]] occidentales, à la suite de la [[Crise de 1929|crise de 1929]].  
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== Origine de la crise ==
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== Origine de la crise ==
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Les [[crise économique|crises économiques]] font partie inhérente du [[mode de production|mode de production]] bourgeois. Le ralentissement économique traduit le fait que l'[[investissement|investissement]] des [[capitalistes|capitalistes]] était faible, en raison de leur incapacité à dégager un [[taux de profit|taux de profit]] suffisant. Cette faiblesse du taux de profit a son origine profonde dans la suraccumulation de capital de la période antérieure, bien qu'elle se soit surtout manifestée après le détonateur que fut la crise financière de 1929.
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Les [[Crise économique|crises économiques]] font partie inhérente du [[Mode de production|mode de production]] bourgeois. Le ralentissement économique traduit le fait que l'[[Investissement|investissement]] des [[Capitalistes|capitalistes]] était faible, en raison de leur incapacité à dégager un [[Taux de profit|taux de profit]] suffisant. Cette faiblesse du taux de profit a son origine profonde dans la suraccumulation de capital de la période antérieure, bien qu'elle se soit surtout manifestée après le détonateur que fut la crise financière de 1929.  
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== La Grande dépression ==
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== Chronologie ==
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=== États-Unis ===
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Nous pouvons distinguer trois phases. La première est proprement américaine. Le sommet de l'activité est situé en août 1929. Le recul de la production industrielle s'accélère nettement à partir du krach d'octobre. Le surendettement des ménages vient ajouter ses effets. Le crédit à la consommation (une innovation récente) a joué ici un rôle important (achats d’automobiles). Une première vague de suspensions bancaires débute en octobre 1930.
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Aux États-Unis l'effet de la crise fut profond et la condition des [[travailleurs|travailleurs]] très dégradée. C'est la toile de fond de toute cette décennie d'agitation ouvrière que la [[bourgeoisie|bourgeoisie]] états-unienne a nommé de façon significative "[[Red Thirties|Red Thirties]]".
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Un processus de redressement se dessine au début de 1931. Il est interrompu par la deuxième vague de suspensions bancaires américaines, qui débute en juin 1931. Nous entrons dans la seconde phase de la crise, située sous l'influence des événements européens. C'est le 11 mai 1931 que sont rendues publiques les pertes de la Creditanstalt, début de la crise bancaire autrichienne. La vague de défiance frappe ensuite l'Allemagne. Malgré un prêt accordé à la Reichsbank par les autres banques centrales, malgré la proposition, le 20 juin 1931, par le Président américain Hoover de la suspension, pour un an, de tous les paiements sur les dettes intergouvernementales (dettes de guerre et réparations), la ruée des déposants se poursuit et l’une des plus importantes banques allemandes, la Danat, ne peut être sauvée. Le 14 juillet, toutes les institutions financières allemandes sont fermées et le contrôle des changes instauré. En volume, le produit national net allemand recule de 3, 5 % en 1930, mais de 10, 8 % en 1931.
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=== Allemagne ===
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Après la monnaie allemande (le reichsmark) vient le tour de la livre sterling, dont la convertibilité-or est suspendue le 21 septembre 1931. D’août à décembre 1931, la monnaie anglaise se déprécie de plus de 30 % par rapport au dollar, resté sur l’or. Le coup est terrible. Les pressions déflationnistes (à la baisse des prix) s’accentuent un peu partout dans le monde : les prix anglais à l’exportation diminuent à proportion de la dépréciation de la livre et les producteurs étrangers sont contraints, pour résister à la concurrence, de suivre le mouvement. Le dollar américain (lié à l'or) est très rapidement attaqué. Pour défendre sa parité, la banque centrale américaine (la Fed) augmente fortement son taux d'intérêt, ce qui attire les capitaux, sauve (temporairement) le dollar mais aggrave la situation économique. Les volumes de la consommation des ménages et de l’investissement privé enregistrent, en 1932, les chutes annuelles les plus sévères de toutes celles relevées au cours de la grande dépression américaine.
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En Allemagne, la dégradation sociale fut encore plus dramatique qu'ailleurs, en raison des séquelles de la [[Première guerre mondiale|Première guerre mondiale]] et des conditions imposées par le camp vainqueur ([[Traité de Versailles|Traité de Versailles]]). Le parti de [[Hitler|Hitler]] réussit à canaliser la colère de la [[petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], puis du [[prolétariat|prolétariat]], contre divers boucs-émissaires (étrangers, juifs, tziganes, homosexuels...), aidé en cela par la politique suicidaire du [[KPD|KPD]] stalinien. Ce [[fascisme|fascisme]] particulièrement poussé souda les travailleurs allemands à leurs maîtres, et permit à l'impérialisme allemand de surmonter la crise par la marche à la [[seconde guerre mondiale|guerre]], qui profita ensuite à l'ensemble des [[impérialistes|impérialistes]]...
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Les Etats-Unis subissent la troisième et dernière phase de leur crise avec une nouvelle vague de suspensions bancaires, qui débute au cours du dernier trimestre de 1932 et se conclut le 6 mars 1933 par la fermeture générale des banques. Cette vague est étroitement liée au choix de plus en plus évident du Président nouvellement élu, Roosevelt, de pousser le dollar hors de sa base or, ce qui entretient la crainte d'une future dépréciation du dollar et amène la Fed à augmenter son taux d'intérêt, toutes choses qui redoublent les coups portés à une activité défaillante.
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=== France ===
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Le creux mondial avait été atteint au troisième trimestre de 1932. Mais le 19 avril 1933, l’étalon-or est officiellement abandonné par les Etats-Unis. Après la livre, c’est le dollar qui se déprécie. A nouveau la pression déflationniste s’accroît pour les pays restés fidèles à l’or, bientôt regroupés en un « bloc-or », au sein duquel se trouve la France. La Conférence de Londres de juin et juillet 1933, convoquée pour remédier à cette situation, se termine sur un échec et la crise française débouche sur le Front populaire.
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En France entre 1930 et 1935, la production diminua d’un tiers ; en 1935, selon les chiffres officiels il y en avait 500 000 chômeurs, en réalité sans doute plus du double. Pour se figurer mieux la situation sociale, rappelons également qu'il n’existait aucune des indemnités actuelles, comme les allocations chômage, le RMI etc.
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== Impacts mondiaux  ==
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C'est dans ce contexte que l'extrême-droite commença à se renforcer en France comme dans le reste de l'Europe. Mais "grâce" à la traîtrise des organisations du mouvement ouvrier ([[SFIO|SFIO]], [[Confédération_Générale_du_Travail|CGT]], [[PCF|PCF]]), la bourgeoisie n'eut pas recours à la "solution fasciste", et en fut quitte avec les miettes de [[Juin_1936_en_France|Juin 1936]].
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=== États-Unis  ===
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== Notes et sources ==
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Aux États-Unis l'effet de la crise fut profond et la condition des [[Travailleurs|travailleurs]] très dégradée. C'est la toile de fond de toute cette décennie d'agitation ouvrière que la [[Bourgeoisie|bourgeoisie]] états-unienne a nommé de façon significative "[[Red Thirties|Red Thirties]]".
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=== Allemagne  ===
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En Allemagne, la dégradation sociale fut encore plus dramatique qu'ailleurs, en raison des séquelles de la [[Première guerre mondiale|Première guerre mondiale]] et des conditions imposées par le camp vainqueur ([[Traité de Versailles|Traité de Versailles]]). Le parti de [[Hitler|Hitler]] réussit à canaliser la colère de la [[Petite-bourgeoisie|petite-bourgeoisie]], puis du [[Prolétariat|prolétariat]], contre divers boucs-émissaires (étrangers, juifs, tziganes, homosexuels...), aidé en cela par la politique suicidaire du [[KPD|KPD]] stalinien. Ce [[Fascisme|fascisme]] particulièrement poussé souda les travailleurs allemands à leurs maîtres, et permit à l'impérialisme allemand de surmonter la crise par la marche à la [[Seconde guerre mondiale|guerre]], qui profita ensuite à l'ensemble des [[Impérialistes|impérialistes]]...
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=== France  ===
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[[Category:Analyse_historique]][[Category:Économie]]
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En France entre 1930 et 1935, la production diminua d’un tiers&nbsp;; en 1935, selon les chiffres officiels il y en avait 500 000 chômeurs, en réalité sans doute plus du double. Pour se figurer mieux la situation sociale, rappelons également qu'il n’existait aucune des indemnités actuelles, comme les allocations chômage, le RMI etc.
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C'est dans ce contexte que l'extrême-droite commença à se renforcer en France comme dans le reste de l'Europe. Mais "grâce" à la traîtrise des organisations du mouvement ouvrier ([[SFIO|SFIO]], [[Confédération Générale du Travail|CGT]], [[PCF|PCF]]), la bourgeoisie n'eut pas recours à la "solution fasciste", et en fut quitte avec les miettes de [[Juin 1936 en France|Juin 1936]].
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== Autres théories explicatives ==
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=== Sous-consommation ===
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Cette théorie est un grand classique qui revient en force avec la crise actuelle. D'après elle, au cours des années vingt, on aurait constaté une croissance des salaires réels bien plus lente que celle de la productivité du travail ; d’où aurait résulté un partage de plus en plus inégal de la valeur ajoutée (à l’avantage des profits) et une disproportion grandissante entre les rythmes d’expansion de la section II (produisant des biens de consommation) et de la section I (fabricant des biens de production). D’où une crise des débouchés. Mais le décalage entre les taux de croissance des salaires réels et de la productivité du travail, avéré pour l’industrie manufacturière, ne l’est pas au niveau national. D’ailleurs, au cours de ces années vingt, la part des salaires dans le revenu national est stable et celle de la consommation dans le Produit national brut (PNB) est croissante.
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=== Crise financière ===
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Pour d'autres, c'est la crise financière (le krach boursier de 1929) qui aurait plongé dans le chaos l'économie réelle, saine, elle. Cette explication dénonçant (comme aujourd'hui) une finance particulièrement coupable, a eu une certaine popularité. Outre l'illusion fondamentale consistant à croire que les aspects financiers et industriels sont déconnectés et peuvent être opposés, cette hypothèse ne tient pas la route.
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L’activité économique commence à décroître en août 1929, avant le krach, et de nombreuses statistiques particulièrement sensibles à la conjoncture culminent en août ou septembre. Le cours des actions baisse de 19, 2 % en 1930, mais il s’était déjà effondré (toujours aux Etats-Unis) de 22, 7 % en 1877 et de 18, 7 % en 1907, sans provoquer de grande crise.
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=== Monétarisme ===
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L’hypothèse monétariste est particulièrement prisée aux Etats-Unis. Trois grandes vagues de faillites bancaires auraient provoqué la chute dramatique de plus d’un tiers du stock de monnaie du début à la fin de la dépression américaine (avec des effets désastreux sur l’activité économique) sans provoquer de réaction adéquate de la Fed, la banque centrale américaine, qui n’aurait pas réagi comme elle le faisait jusque-là. En réalité, la première vague de crises bancaires n’a pas eu d’impact sensible sur l’économie réelle. La deuxième vague (qui débute en juin 1931) est le résultat du démarrage de la crise bancaire européenne (avec l’effondrement de la Creditanstalt autrichienne en mai 1931) et de la chute de la livre sterling (qui quitte sa base or en septembre 1931), ce qui déclenche une violente spéculation contre le dollar. La Fed réagit conformément à sa doctrine, élève ses taux pour défendre le lien du dollar à l’or et fait passer le soutien aux banques au second plan. La troisième vague de défaillances bancaires débute au cours du dernier trimestre de 1932 : elle découle de l’élection de Roosevelt et de la conviction du public que le Président nouvellement élu va rompre le lien du dollar à l’or. La spéculation contre le dollar repart de plus belle, et la Fed réagit conformément à sa doctrine traditionnelle, élève ses taux pour défendre le dollar et relativise le soutien aux banques. Au total, les défaillances bancaires, l’affaissement du stock de monnaie et le comportement de la Fed ne sont pas des causes autonomes de la crise, mais des retombées de la crise européenne et de la défense de la parité-or du dollar.
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=== Surendettement ===
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Cette hypothèse est défendue à l’époque en particulier par Irving Fisher, qui met l’accent sur l’articulation entre surendettement et baisses des prix. L'effort des entrepreneurs pour réduire leurs dettes entraînerait en effet une rapide baisse des prix, laquelle accroîtrait, au total, le poids réel de ces dettes, malgré l'effort fait pour s'en dégager. Le principal secret de la plupart des grandes crises tient, dit Fisher, dans ce paradoxe : plus les débiteurs payent, plus ils doivent. Mais la thèse de Fisher ne paraît pas fondée, car le rapport de la dette des entreprises au PNB en 1929 n’a rien d’extraordinaire, si on le compare aux ratios du passé américain.
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== Notes et sources  ==
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[http://www.npa2009.org/content/la-grande-crise-des-ann%C3%A9es-trente-aux-etats-unis-une-pr%C3%A9sentation-critique-des-diverses-expl Accueil
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La grande crise des années trente aux Etats-Unis : une présentation critique des diverses explications proposées], Isaac Johsua, Septembre 2009
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[http://www.npa2009.org/content/chronologie-succincte%C2%A0de-la-crise-de-1929-par-isaac-johsua Chronologie succincte de la crise de 1929], Isaac Johsua, Septembre 2009
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<references />
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[[Category:Analyse_historique]] [[Category:Économie]]

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