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=== Fondation  ===
 
=== Fondation  ===
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Depuis la [[Union sacrée (1914)|trahison de la social-démocratie en 1914]], il n'y a plus de parti révolutionnaire en Allemagne. Les militants [[Spartakistes|spartakistes]] derrière [[Rosa Luxemburg|Rosa Luxemburg]] et [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]] se dotent tout juste d'une presse, mais ne veulent pas rompre avec, dans un premier temps le [[SPD|SPD]], puis après avril 1917, avec l'[[USPD|USPD]] (parti social-démocrate indépendant). Or, la [[Première guerre mondiale|guerre impérialiste]] débouche sur une vague révolutionnaire, et à la suite de la [[Révolution russe (1917)|Révolution russe]], les [[Bolchéviks|bolchéviks]] et la jeune [[Internationale communiste|Internationale communiste]] font pression pour qu'une organisation défendant réellement les intérêts du [[Prolétariat|prolétariat]] voie le jour.<br>  
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Depuis la [[Union sacrée (1914)|trahison de la social-démocratie en 1914]], il n'y a plus de parti révolutionnaire en Allemagne. Les militants [[Spartakistes|spartakistes]] derrière [[Rosa Luxemburg|Rosa Luxemburg]] et [[Karl Liebknecht|Karl Liebknecht]] se dotent d'une presse et d'un fonctionnement militant clandestin, mais ne veulent pas rompre avec, dans un premier temps le [[SPD|SPD]], puis après avril 1917, avec l'[[USPD|USPD]] (parti social-démocrate indépendant). Or, la [[Première guerre mondiale|guerre impérialiste]] débouche sur une vague révolutionnaire.<br>  
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Ce n'est que fin 1918 que la [[Ligue spartakiste|Ligue spartakiste]] crée, avec d'autres groupes moins importants, le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Pour marquer la continuité, le nom complet adopté le 30 décembre 1918 était ''Kommunistische Partei Deutschlands (Spartakus Bund)'' - Parti communiste d'Allemagne (Ligue spartakiste).  
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C'est fin 1918 que la [[Ligue spartakiste|Ligue spartakiste]] crée, avec d'autres groupes moins importants, le Parti communiste d'Allemagne (KPD). Pour marquer la continuité, le nom complet adopté le 30 décembre 1918 était ''Kommunistische Partei Deutschlands (Spartakus Bund)'' - Parti communiste d'Allemagne (Ligue spartakiste).  
    
Le congrès de fondation se tient à partir du 29 décembre 1918.  
 
Le congrès de fondation se tient à partir du 29 décembre 1918.  
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=== 1918-1923 - Révolution allemande  ===
 
=== 1918-1923 - Révolution allemande  ===
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Dès le congrès de fondation, une profonde divergence stratégique apparaît.&nbsp;
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Dès le congrès de fondation, une profonde divergence stratégique apparaît.&nbsp;  
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Les nombreux nouveaux délégués rejettent tout le passé [[social-démocrate|social-démocrate]], et jettent avec l'eau du bain l'analyse [[matérialisme|matérialiste]] et le recul politique. Ils veulent sans tarder appeler au renversement du gouvernement, alors même que le jeune KPD n'a absolument pas la légitimité dans les masses ouvrières pour le faire, en tous cas en dehors de Berlin. Plus fondamentalement, se voulant révolutionnaires ils trouvent hors de question de participer aux [[élections|élections]] bourgeoises. Les dirigeants expérimentés ([[Rosa Luxemburg|Luxemburg]], [[Clara Zetkin|Zetkin]], [[Paul Lévi|Lévi]], Mehring) sont mis en minorité. Ces délégues défendent des positions ultra-gauche et "négligent le sérieux, le calme et la réflexion nécessaire" (Luxemburg).  
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Les nombreux nouveaux délégués rejettent tout le passé [[Social-démocrate|social-démocrate]], et jettent avec l'eau du bain l'analyse [[Matérialisme|matérialiste]] et le recul politique. Ils veulent sans tarder appeler au renversement du gouvernement, alors même que le jeune KPD n'a absolument pas la légitimité dans les masses ouvrières pour le faire, en tous cas en dehors de Berlin. Plus fondamentalement, se voulant révolutionnaires ils trouvent hors de question de participer aux [[Élections|élections]] bourgeoises. Les dirigeants expérimentés ([[Rosa Luxemburg|Luxemburg]], [[Leo Jogiches|Jogiches]], [[Clara Zetkin|Zetkin]], [[Paul Lévi|Lévi]], [[Franz Mehring|Mehring]]) sont mis en minorité. Ces délégués défendent des positions ultra-gauche et "négligent le sérieux, le calme et la réflexion nécessaire" (Luxemburg).  
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La décision prise, de ne pas participer aux élections, concourt d’emblée à l’isolement du parti communiste de larges couches populaires auxquelles il renonce de facto à s’adresser, et ce à un moment où la presse bourgeoise et social-démocrate lance des appels au meurtre contre les spartakistes "sanglants" et "dictatoriaux". Pire encore, le congrès refuse le principe de militer dans les vieux syndicats. Déjà, dans les jours et semaines précédentes, les militants communistes ont plus d’une fois refusé de siéger dans les conseils ouvriers en présence de sociaux-démocrates "majoritaires", des "socialistes des généraux" qu’ils sont. D’un sain rejet de la vieille social-démocratie pourrie, "cadavre puant" (Rosa Luxembourg) les communistes en question arrivent à une position de capitulation totale, livrant en fait la classe ouvrière à la direction des sociaux-démocrates, tant dans les conseils que dans les syndicats (ceux-ci regroupent 10 millions de travailleurs au sortir de la guerre&nbsp;!) Dans l’immédiat, cette position leur vaut de se couper des "délégués révolutionnaires", toujours membres du parti indépendant, et qui eux refusent de s’isoler de la majorité du prolétariat allemand.  
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La décision prise, de ne pas participer aux élections, concourt d’emblée à l’isolement du parti communiste de larges couches populaires auxquelles il renonce de facto à s’adresser, et ce à un moment où la presse bourgeoise et social-démocrate lance des appels au meurtre contre les spartakistes "sanglants" et "dictatoriaux". Pire encore, le congrès refuse le principe de militer dans les vieux syndicats. Déjà, dans les jours et semaines précédentes, des militants communistes ont plus d’une fois refusé de siéger dans les conseils ouvriers en présence de sociaux-démocrates "majoritaires", des "socialistes des généraux" qu’ils sont. D’un sain rejet de la vieille social-démocratie pourrie, "cadavre puant" (Rosa Luxembourg) les communistes en question arrivent à une position de capitulation totale, livrant en fait la classe ouvrière à la direction des sociaux-démocrates, tant dans les conseils que dans les syndicats (ceux-ci regroupent 10 millions de travailleurs au sortir de la guerre&nbsp;!) Dans l’immédiat, cette position leur vaut de se couper des "délégués révolutionnaires", toujours membres du parti indépendant, et qui eux refusent de s’isoler de la majorité du prolétariat allemand.  
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A peine né, le Parti est ainsi affaibli politiquement comme numériquement par ses positions gauchistes. Cette inexpérience, son manque d’homogénéité politique, produit aussi du refus obstiné d’organiser une fraction révolutionnaire centralisée dès 1914 au moins, va se révéler particulièrement dramatique dès janvier 1919.  
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A peine né, le Parti est ainsi affaibli politiquement comme numériquement par ses positions gauchistes. Cette inexpérience, son manque d’homogénéité politique, va se révéler particulièrement dramatique dès janvier 1919.  
    
'''Exclusion des gauchistes'''  
 
'''Exclusion des gauchistes'''  
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[[Image:KPD-Siège.jpg|right|322x238px]]Au sixième congrès de l'Internationale communiste à Moscou en septembre 1928, Staline décide de donner priorité à la lutte contre la social-démocratie. Les communistes allemands doivent suivre. Selon l'historien du socialisme Jacques Droz, ils «&nbsp;considèrent les sociaux-démocrates comme leur principal ennemi, et vont même jusqu’à leur préférer les nazis, dont les excès pensent-ils, provoqueront la guerre civile puis la dictature du prolétariat. (..) Dans ces conditions, il est évident que la collaboration entre les deux partis de gauche, qui aurait été indispensable pour résister à la terreur nazie, ne peut s’organiser. En novembre 1931, la ''Rote Fahne'', l’organe communiste, ose écrire&nbsp;: «&nbsp;le fascisme de Brüning n’est pas meilleur que celui de Hitler… C’est contre la social-démocratie que nous menons le combat principal.&nbsp;»  
 
[[Image:KPD-Siège.jpg|right|322x238px]]Au sixième congrès de l'Internationale communiste à Moscou en septembre 1928, Staline décide de donner priorité à la lutte contre la social-démocratie. Les communistes allemands doivent suivre. Selon l'historien du socialisme Jacques Droz, ils «&nbsp;considèrent les sociaux-démocrates comme leur principal ennemi, et vont même jusqu’à leur préférer les nazis, dont les excès pensent-ils, provoqueront la guerre civile puis la dictature du prolétariat. (..) Dans ces conditions, il est évident que la collaboration entre les deux partis de gauche, qui aurait été indispensable pour résister à la terreur nazie, ne peut s’organiser. En novembre 1931, la ''Rote Fahne'', l’organe communiste, ose écrire&nbsp;: «&nbsp;le fascisme de Brüning n’est pas meilleur que celui de Hitler… C’est contre la social-démocratie que nous menons le combat principal.&nbsp;»  
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En décembre 1931, le KPD refuse de participer au Front de fer républicain contre le Front de Hazburg (nationaliste).
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En décembre 1931, le KPD refuse de participer au Front de fer républicain contre le Front de Hazburg (nationaliste).  
    
En 1931-1932, le KPD et le parti nazi NSDAP mènent des actions parallèles et parfois concertées afin de renverser la République de Weimar&nbsp;: le référendum contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en août 1931, la motion de censure contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en mars 1932, la motion provoquant la dissolution du Parlement allemand de juillet 1932, la grève commune des transports de Berlin en novembre 1932.  
 
En 1931-1932, le KPD et le parti nazi NSDAP mènent des actions parallèles et parfois concertées afin de renverser la République de Weimar&nbsp;: le référendum contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en août 1931, la motion de censure contre le gouvernement social-démocrate de Prusse en mars 1932, la motion provoquant la dissolution du Parlement allemand de juillet 1932, la grève commune des transports de Berlin en novembre 1932.  
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Les historiens soulignent également une attitude ambivalente à la base du parti. D'un côté, des combats de rue sans concession entre militants nazis et militants communistes. En 1931, on relève ainsi la mort de 103 militants communistes et de 79 militants nazis. De l'autre, une partie de la base prolétarienne oscille entre le parti communiste et le parti nazi. Le parti communiste tente à plusieurs reprises de séduire la gauche nazie, et en particulier les SA. Le cas le plus célèbre est celui de Richard Scheringer, héros nazi, converti au communisme et futur dirigeant communiste ouest-allemand après 1945.<br>
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Les historiens soulignent également une attitude ambivalente à la base du parti. D'un côté, des combats de rue sans concession entre militants nazis et militants communistes. En 1931, on relève ainsi la mort de 103 militants communistes et de 79 militants nazis. De l'autre, une partie de la base prolétarienne oscille entre le parti communiste et le parti nazi. Le parti communiste tente à plusieurs reprises de séduire la gauche nazie, et en particulier les SA. Le cas le plus célèbre est celui de Richard Scheringer, héros nazi, converti au communisme et futur dirigeant communiste ouest-allemand après 1945.<br>  
    
=== 1933-1945 - sous le nazisme  ===
 
=== 1933-1945 - sous le nazisme  ===
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