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| Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale. | | Lénine faisait clairement une dissymétrie entre le côté de l’oppresseur le côté de l’opprimé. Les socialistes d'un pays oppresseur (par exemple la Russie) doivent surtout défendre le droit au séparatisme des peuples opprimés. Mais il considérait aussi que les socialistes d'un pays opprimé (comme la Pologne) devaient développer la conscience de classe et l'internationalisme au sein de leur mouvement de libération nationale. |
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− | En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard : ''« la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>'' | + | En octobre 1913, une résolution du [[POSDR|POSDR]] réaffirmait le droit d'autodétermination. En 1916, [[Lénine|Lénine]] argumentait résolument pour le "[[Droit_des_peuples_à_disposer_d'eux-mêmes|droit des nations à disposer d'elles-mêmes]]"<ref>Lénine, [http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/01/19160100.htm La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d'elles-mêmes], 1916</ref>. [[Trotski|Trotski]] dira plus tard : ''« la politique nationale de Lénine entrera pour toujours dans le solide matériel de l’humanité. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - 40. La question nationale]'', 1932</ref>'' |
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| En 1914, les Russes représentaient environ 65 millions d'individus pour 125 millions d'habitants de l'Empire de Russie. Plus de la moitié des soldats mobilisés étaient étaient issus de minorités nationales. ''« Les antagonismes nationaux se conjuguaient et s'intercalaient, sur divers plans, avec les antagonismes de classes. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr19.htm Histoire de la révolution russe - 19. L'offensive]'', 1930</ref>'' | | En 1914, les Russes représentaient environ 65 millions d'individus pour 125 millions d'habitants de l'Empire de Russie. Plus de la moitié des soldats mobilisés étaient étaient issus de minorités nationales. ''« Les antagonismes nationaux se conjuguaient et s'intercalaient, sur divers plans, avec les antagonismes de classes. »<ref>Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr19.htm Histoire de la révolution russe - 19. L'offensive]'', 1930</ref>'' |
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| === Finlande === | | === Finlande === |
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− | La Finlande, qui faisait partie de l'Empire tsariste, est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et le pouvoir soviétique tente de les aider dans leur [[Lutte_de_classe|lutte de classe]].<span></span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span> </span>En septembre, le gouvernement [[Kérenski|Kérenski]] tente de rappeler de Finlande les troupes révolutionnaires russes (alliées aux ouvriers et paysans pauvres finlandais) afin de renforcer les [[Possédants|possédants]] finlandais. | + | La Finlande, qui faisait partie de l'Empire tsariste, est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais (14% de la population), entraînant les paysans pauvres (''torpari''), sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et donc paradoxalement très liés aux soldats russes gagnés au bolchévisme stationnés chez eux. En particulier, c’est dans les eaux finnoises que se tenait la plus grosse partie de la [[Flotte_de_la_Baltique|flotte de la Baltique]]. Les [[Parti_SR|SR]] de Helsingfors, presque tous [[SR_de_gauche|SR de gauche]], exigeaient dès juillet ''« [[Tout_le_pouvoir_aux_soviets|tout le pouvoir aux soviets]] »''. En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et hypocritement sur le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]]. |
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− | En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]] pour éloigner le pays des sovétiques. Les nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent donc leur indépendance en novembre 1917, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats.
| + | Le parlement finlandais (Séim) fut le premier parlement au monde où les social-démocrates obtiennent une majorité (103 sièges sur 200). Le 5 juin le Séim se proclame souverain, exception faite des questions concernant l’armée et la politique extérieure, et la social-démocratie finlandaise s’adressa ''« aux partis frères de Russie »'' pour avoir leur appui. Mais les [[Menchéviks|menchéviks]] et les [[Parti_SR|SR]] de Petrograd soutiennent le gouvernement provisoire lorsqu'il dissout le Séim le 18 juillet. Le chef d’État-major du Grand Quartier Général, le monarchiste Loukomsky, avertissait les finlandais qu'en cas d'insoumission, ''« leurs villes et, en première ligne, Helsingfors, seraient dévastées »''. |
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| + | En septembre, le gouvernement [[Kérenski|Kérenski]] tente de rappeler les troupes de Finlande afin de renforcer les [[Possédants|possédants]] finlandais. Le congrès régional des soviets qui se tint à Helsingfors dans la première quinzaine de septembre déclara : ''« Si la démocratie finlandaise juge nécessaire de reprendre les séances du Séim, toutes tentatives pour s’opposer à cette mesure seront considérées par le congrès comme un acte contre-révolutionnaire. »'' C’était une offre directe d’assistance militaire. Mais la social-démocratie finlandaise, dans laquelle prédominaient les tendances conciliatrices, n’était pas prête à s’engager dans la voie de l’insurrection. |
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| + | Sous l'effet de la [[Lutte_de_classe|lutte de classe]] montante, même les cercles bourgeois de Finlande qui étaient disposés à un accord avec Petrograd lèvent l'étendard du [[Nationalisme|nationalisme]]. Le journal Huvttdstatsbladet écrivait : ''« Le peuple russe est en proie à un déchaînement anarchique... Ne devons-nous pas dans ces conditions... nous détacher autant que possible de ce chaos ? »'' Le 23 octobre, deux jours avant sa chute, [[Kerenski|Kerenski]] adopte sous la pression une ordonnance "de principe" sur l’indépendance de la Finlande, exception faite des affaires militaires et des relations extérieures. |
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| + | Après la [[Révolution_d'octobre|révolution d'octobre]], le pouvoir soviétique tente d'intervenir dans la guerre civile finlandaise.<span></span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span> L</span>es nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent aussitôt leur indépendance, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats. |
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| === Pologne === | | === Pologne === |
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| === Ukraine === | | === Ukraine === |
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− | L'Ukraine était un des greniers à blé de la Russie, et à ce titre les bourgeois mais aussi les révolutionnaires russes craignaient l'impact d'une séparation. En avril 1917, [[Lénine|Lénine]] disait : ''« Si les Ukrainiens voient que nous avons une république des soviets, ils ne se sépareront pas ; mais si nous avons une république de Milioukov, ils se sépareront. »'' | + | L'Ukraine était un des greniers à blé de la Russie, et à ce titre les bourgeois mais aussi les révolutionnaires russes craignaient l'impact d'une séparation. En avril 1917, [[Lénine|Lénine]] disait : ''« Si les Ukrainiens voient que nous avons une république des soviets, ils ne se sépareront pas ; mais si nous avons une république de Milioukov, ils se sépareront. »'' |
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| En Ukraine, la ''Rada'' (conseil) de Kiev confie dès 1917 au ''« socialiste »'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Simon Petlioura]] la constitution d'une armée nationale, et rompt avec Moscou après la révolution d'Octobre.<ref>Ivan V Majstrenko, Borotʹbism. A chapter in the history of Ukrainian Communism, Soviet and post-Soviet politics and society, Vol. 61, Stuttgart Ibidem-Verl. 2007)</ref> | | En Ukraine, la ''Rada'' (conseil) de Kiev confie dès 1917 au ''« socialiste »'' et nationaliste [[Simon_Petlioura|Simon Petlioura]] la constitution d'une armée nationale, et rompt avec Moscou après la révolution d'Octobre.<ref>Ivan V Majstrenko, Borotʹbism. A chapter in the history of Ukrainian Communism, Soviet and post-Soviet politics and society, Vol. 61, Stuttgart Ibidem-Verl. 2007)</ref> |