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=== Juifs ===
 
=== Juifs ===
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Il y avait environ 4% de Juifs dans la population de l'Empire russe au début du 20e siècle.<ref>https://web.archive.org/web/20070328175501/http://www.jewishencyclopedia.com/table.jsp?table_id=427&volid=11&title=STATISTICS</ref>
    
Nombreux dans tous les partis et mouvements révolutionnaires, les [[Juifs|Juifs]] sont abusivement assimilés aux bolcheviks par la contre-révolution. Les [[Armées_blanches|armées blanches]] et surtout l'armée [[Simon_Petlioura|Petlioura]] ponctuent leurs avancées de [[Pogrom|pogroms]] [[Antisémitisme|antisémites]] systématiques et à grande échelle, d'une violence meurtrière alors sans précédent dans l'histoire européenne. Les victimes s'élèvent à près de 150000 morts (dont un certain nombre morts lors des combats et non au cours de pogroms), auxquels il faut ajouter de nombreux viols, vols et vandalismes. Quant aux bolcheviks, ils mettent le [[Sionisme|sionisme]] et le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|bundisme]] hors-la-loi. Sur les 1236 pogroms antisémites recensés par l’historien Kostyrtchenko 40&nbsp;% sont à mettre au compte des troupes Petlioura, 25&nbsp;% à celui des troupes «&nbsp;vertes&nbsp;», 17&nbsp;% aux armées blanches et 8&nbsp;% à l’armée rouge<ref>G. Kostyrtchenko, ''La politique secrète de Staline : pouvoir et antisémitisme'', Moscou, Relations internationales, 2001, p. 56.</ref>.
 
Nombreux dans tous les partis et mouvements révolutionnaires, les [[Juifs|Juifs]] sont abusivement assimilés aux bolcheviks par la contre-révolution. Les [[Armées_blanches|armées blanches]] et surtout l'armée [[Simon_Petlioura|Petlioura]] ponctuent leurs avancées de [[Pogrom|pogroms]] [[Antisémitisme|antisémites]] systématiques et à grande échelle, d'une violence meurtrière alors sans précédent dans l'histoire européenne. Les victimes s'élèvent à près de 150000 morts (dont un certain nombre morts lors des combats et non au cours de pogroms), auxquels il faut ajouter de nombreux viols, vols et vandalismes. Quant aux bolcheviks, ils mettent le [[Sionisme|sionisme]] et le [[Union_générale_des_travailleurs_juifs|bundisme]] hors-la-loi. Sur les 1236 pogroms antisémites recensés par l’historien Kostyrtchenko 40&nbsp;% sont à mettre au compte des troupes Petlioura, 25&nbsp;% à celui des troupes «&nbsp;vertes&nbsp;», 17&nbsp;% aux armées blanches et 8&nbsp;% à l’armée rouge<ref>G. Kostyrtchenko, ''La politique secrète de Staline : pouvoir et antisémitisme'', Moscou, Relations internationales, 2001, p. 56.</ref>.
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Début août 1921, [[Adolf_Ioffé|Ioffé]] est envoyé par le [[Politburo|Politburo]] au Turkestan pour arbitrer le différend et œuvrer à un compromis permettant de lutter contre l’exclusion des musulmans de l’exercice du pouvoir sans pour autant s’aliéner les masses travailleuses russes, qui forment l’essentiel des «&nbsp;forces rouges au Turkestan&nbsp;».<ref> Lénine, « À M. P. Tomski » (1919), in Oeuvres, tome 45, p. 230 </ref>
 
Début août 1921, [[Adolf_Ioffé|Ioffé]] est envoyé par le [[Politburo|Politburo]] au Turkestan pour arbitrer le différend et œuvrer à un compromis permettant de lutter contre l’exclusion des musulmans de l’exercice du pouvoir sans pour autant s’aliéner les masses travailleuses russes, qui forment l’essentiel des «&nbsp;forces rouges au Turkestan&nbsp;».<ref> Lénine, « À M. P. Tomski » (1919), in Oeuvres, tome 45, p. 230 </ref>
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La neutralité de Lénine dans le conflit Tomski-Safarov n’est que de façade. Transmettant à Staline, Commissaire du peuple aux nationalités, une lettre de Safarov, il ajoute en ''post-scriptum''&nbsp;que ce dernier «&nbsp;a tout à fait raison&nbsp;». Staline ne partage guère cette opinion et répond qu’ils «&nbsp;ont tous les deux tort&nbsp;». Safarov se retrouve vite attaqué par l'appareil du parti, et par Staline qui l'accuse de contribuer à l’&nbsp;«&nbsp;exacerbation des dissensions nationales&nbsp;», de «&nbsp;détruire l’organisation du parti au Turkestan&nbsp;» et de «&nbsp;compromettre le parti aux yeux des travailleurs&nbsp;». Staline prône la liquidation de ce qu'il appelle le «&nbsp;banditisme nationaliste de masse&nbsp;» qui saccagerait les récoltes de coton&nbsp;: « la conclusion est claire&nbsp;: Safarov doit être congédié.&nbsp;»
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La neutralité de Lénine dans le conflit Tomski-Safarov n’est que de façade. Transmettant à Staline, Commissaire du peuple aux nationalités, une lettre de Safarov, il ajoute en ''post-scriptum''&nbsp;que ce dernier «&nbsp;a tout à fait raison&nbsp;». Staline ne partage guère cette opinion et répond qu’ils «&nbsp;ont tous les deux tort&nbsp;». Safarov se retrouve vite attaqué par l'appareil du parti, et par Staline qui l'accuse de contribuer à l’&nbsp;«&nbsp;exacerbation des dissensions nationales&nbsp;», de «&nbsp;détruire l’organisation du parti au Turkestan&nbsp;» et de «&nbsp;compromettre le parti aux yeux des travailleurs&nbsp;». Staline prône la liquidation de ce qu'il appelle le «&nbsp;banditisme nationaliste de masse&nbsp;» qui saccagerait les récoltes de coton&nbsp;: «&nbsp;la conclusion est claire&nbsp;: Safarov doit être congédié.&nbsp;»
    
Le 13 septembre 1920, dès réception du rapport de Ioffé, qui accable Safarov, le Politburo décide de suspendre ce dernier. Le même jour, Lénine adresse une missive à Ioffé. Le soupçonnant de s’être rangé aux positions de Tomski, il exige de lui davantage de détails, ''«&nbsp;des faits, des faits, des faits&nbsp;»'', sur le «&nbsp;sort&nbsp;» du coton, sur la lutte contre les rebelles musulmans anti-soviétiques, mais surtout sur «&nbsp;la question de la défense des intérêts des autochtones contre les outrances “russes” (grand-russiennes ou colonisatrices)&nbsp;». Car Lénine «&nbsp;soupçonne fort la “ligne Tomski” […] de relever du chauvinisme grand-russien, ou plus exactement de ''pencher ''dans ce sens&nbsp;». De manière plus acérée encore qu’auparavant, il souligne la portée internationale des politiques soviétiques au Turkestan et exige l’adoption d’une ligne de conduite foncièrement anticolonialiste&nbsp;:
 
Le 13 septembre 1920, dès réception du rapport de Ioffé, qui accable Safarov, le Politburo décide de suspendre ce dernier. Le même jour, Lénine adresse une missive à Ioffé. Le soupçonnant de s’être rangé aux positions de Tomski, il exige de lui davantage de détails, ''«&nbsp;des faits, des faits, des faits&nbsp;»'', sur le «&nbsp;sort&nbsp;» du coton, sur la lutte contre les rebelles musulmans anti-soviétiques, mais surtout sur «&nbsp;la question de la défense des intérêts des autochtones contre les outrances “russes” (grand-russiennes ou colonisatrices)&nbsp;». Car Lénine «&nbsp;soupçonne fort la “ligne Tomski” […] de relever du chauvinisme grand-russien, ou plus exactement de ''pencher ''dans ce sens&nbsp;». De manière plus acérée encore qu’auparavant, il souligne la portée internationale des politiques soviétiques au Turkestan et exige l’adoption d’une ligne de conduite foncièrement anticolonialiste&nbsp;:
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<blockquote>''«&nbsp;Pour toute notre Weltpolitik, il est diantrement important de gagner la confiance des autochtones&nbsp;; de la gagner au triple et au quadruple&nbsp;; de prouver que nous ne sommes pas des impérialistes, que nous ne souffrirons aucune déviation dans ce sens. C’est une question mondiale, je n’exagère pas, mondiale. Il faut être d’une extrême rigueur. Cela aura un retentissement en Inde, en Orient&nbsp;; pas question de plaisanter, il faut être 1 000 fois prudent.&nbsp;»<ref>Lénine, « À A. A. Ioffé » (1921), in Oeuvres, tome 45, p. 284-286.</ref>''</blockquote>  
''«&nbsp;Pour toute notre Weltpolitik, il est diantrement important de gagner la confiance des autochtones ; de la gagner au triple et au quadruple ; de prouver que nous ne sommes pas des impérialistes, que nous ne souffrirons aucune déviation dans ce sens. C’est une question mondiale, je n’exagère pas, mondiale. Il faut être d’une extrême rigueur. Cela aura un retentissement en Inde, en Orient ; pas question de plaisanter, il faut être 1 000 fois prudent.&nbsp;»<ref>Lénine, « À A. A. Ioffé » (1921), in Oeuvres, tome 45, p. 284-286.</ref>''
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Le 14 octobre, le Politburo se réunit à nouveau. Il démet et Safarov et Tomski de leurs fonctions et ordonne la réorganisation de la Turkkommissia et du Bureau du Parti au Turkestan (Turkburo) sous la supervision de [[Grigori_Sokolnikov|Sokolnikov]]. Fin décembre, Lénine envoie à ce dernier, «&nbsp;sous ''secret''&nbsp;» un message. Continuant de penser que «&nbsp;Safarov a raison (''tout au moins en partie'')&nbsp;», il prie Sokolnikov «&nbsp;de mener une enquête ''objective'' pour ne pas laisser la zizanie, le grabuge et la vindicte gâcher le travail au Turkestan&nbsp;». Lénine vient alors de recevoir une lettre de Safarov qui lui a signifié son désir de se retirer de tout poste de responsabilité dans la politique soviétique en Orient. Il lui répond sans ménagement, mais néanmoins en signe de soutien&nbsp;: «&nbsp;Ne vous énervez pas c’est inadmissible et honteux, vous n’êtes pas une demoiselle de 14 ans. […] Il faut continuer à travailler, sans partir où que ce soit. Savoir réunir avec diligence et calme les documents contre les auteurs de cette affaire inepte.&nbsp;» <ref>Lénine, « À G. I. Safarov » (1921), in Oeuvres, tome 45, p. 417.</ref> Safarov n’obtiendra pas gain de cause, malgré l'appui de Lénine, qui n'était pas tout-puissant au sein des différentes instances du pouvoir soviétique.
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Le 14 octobre, le Politburo se réunit à nouveau. Il démet et Safarov et Tomski de leurs fonctions et ordonne la réorganisation de la Turkkommissia et du Bureau du Parti au Turkestan (Turkburo) sous la supervision de [[Grigori_Sokolnikov|Sokolnikov]]. Fin décembre, Lénine envoie à ce dernier, «&nbsp;sous ''secret''&nbsp;» un message. Continuant de penser que «&nbsp;Safarov a raison (''tout au moins en partie'')&nbsp;», il prie Sokolnikov «&nbsp;de mener une enquête ''objective'' pour ne pas laisser la zizanie, le grabuge et la vindicte gâcher le travail au Turkestan ». Lénine vient alors de recevoir une lettre de Safarov qui lui a signifié son désir de se retirer de tout poste de responsabilité dans la politique soviétique en Orient. Il lui répond sans ménagement, mais néanmoins en signe de soutien&nbsp;: «&nbsp;Ne vous énervez pas c’est inadmissible et honteux, vous n’êtes pas une demoiselle de 14 ans. […] Il faut continuer à travailler, sans partir où que ce soit. Savoir réunir avec diligence et calme les documents contre les auteurs de cette affaire inepte.&nbsp;» <ref>Lénine, « À G. I. Safarov » (1921), in Oeuvres, tome 45, p. 417.</ref> Safarov n’obtiendra pas gain de cause, malgré l'appui de Lénine, qui n'était pas tout-puissant au sein des différentes instances du pouvoir soviétique.
      
=== Azerbaïdjan ===
 
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