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=== Finlande ===
 
=== Finlande ===
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La Finlande, qui faisait partie de l'Empire tsariste, est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et le pouvoir soviétique tente de les aider dans leur [[Lutte_de_classe|lutte de classe]].
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La Finlande, qui faisait partie de l'Empire tsariste, est très impactée par la [[Révolution_de_1917|révolution de 1917]] qui déclenche une véritable [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile dans le pays]]. Les ouvriers finlandais sont très infuencés par le [[Bolchévisme|bolchévisme]], et le pouvoir soviétique tente de les aider dans leur [[Lutte_de_classe|lutte de classe]].<span>​</span><ref>Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920</ref><span>​</span>
    
En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]] pour éloigner le pays des sovétiques. Les nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent donc leur indépendance en novembre 1917, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats.
 
En réaction, les [[Classes_possédantes|classes possédantes]] en Finlande s'appuient sur le sentiment anti-russe et le [[Droit_à_l'autodétermination_des_peuples|droit à l'autodétermination]] pour éloigner le pays des sovétiques. Les nationalistes finlandais nobles et bourgeois annoncent donc leur indépendance en novembre 1917, mais sont en réalité prêts à se vassaliser devant le Reich allemand pour lui demander son aide contre la révolution attisée par les bolchéviks. Les rouges prennent bientôt Helsinki, et le gouvernement provisoire finlandais remplié à Vasaa demande l'aide des Allemands en février 1918. Ceux-ci fourniront des armes et des soldats.
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=== Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan) ===
 
=== Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan) ===
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Le Turkestan russe (Asie centrale) avait été conquis dans la deuxième moitié du 19<sup>e</sup> siècle par les armées tsaristes et soumis à une exploitation coloniale. On y retrouve le développement de monocultures (coton en particulier), un clivage spatial entre villes-villages d’indigènes d’un côté, de colons de l’autre – dont le nombre avait considérablement augmenté après l’achèvement en 1906 de la construction de la ligne ferroviaire reliant Moscou à Tashkent –, et une opposition frontale entre les uns et les autres – les occupants russes, ukrainiens, allemands (ethniques) et juifs, divisés nationalement dans le reste de la Russie, faisant avant tout ici figure, unie, de Blancs face aux musulmans.
    
Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
 
Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
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Les bolcheviks conclurent des alliances militaires avec le groupe panislamique kazak des Ush-Zhuz (qui rejoignirent le PC en 1920), les guérillas panislamistes iraniennes des Jengelis et les Vaisites, une organisation soufie. Mais ils gardèrent leur indépendance politique. Le parti nationaliste libéral kazakh, Alash Orda, faisait des proclamations en faveur de la révolution, mais les bolchéviks l'écartèrent, en raison de son programme et de sa base de classe.
 
Les bolcheviks conclurent des alliances militaires avec le groupe panislamique kazak des Ush-Zhuz (qui rejoignirent le PC en 1920), les guérillas panislamistes iraniennes des Jengelis et les Vaisites, une organisation soufie. Mais ils gardèrent leur indépendance politique. Le parti nationaliste libéral kazakh, Alash Orda, faisait des proclamations en faveur de la révolution, mais les bolchéviks l'écartèrent, en raison de son programme et de sa base de classe.
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Pendant la guerre civile, les indigènes musulmans subissent beaucoup de spoliations de leurs terres et d’autres vexations de la part des communistes russes locaux. Ces plaintes seront notamment relayées par un délégué du Turkestan, [[Tachpolad_Narbutabekov|Narbutabekov]], lors de la [[Conférence_de_Bakou|Conférence de Bakou]] en septembre 1920&nbsp;:
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''«&nbsp;Pour éviter que l’histoire du Turkestan ne se répète dans les autres parties du monde musulman, […] [n]ous vous disons : débarrassez-nous de vos contre-révolutionnaires, de vos éléments étrangers qui sèment la discorde nationale ; débarrassez-nous de vos colonisateurs travaillant sous le masque du communisme.&nbsp;»''
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En octobre 1919, une commission, (la Turkkommissia) avec à sa tête [[Mikhail_Frounzé|Frounzé]], est envoyée au Turkestan afin de remédier aux errements dans la mise en œuvre de la politique nationale et encourager la participation de la population locale aux soviets.
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Des communistes musulmans du Turkestan, menés par [[Turar_Ryskulov|Ryskulov]], adressent leurs revendications en mai 1920 dans une lettre à Lénine. Sans attendre l’aval de la Turkkommissia, les communistes musulmans envoient à Moscou une délégation pour exposer leurs doléances. Au cours des débats, présidés par Lénine et auxquels prennent part des membres de la Turkkommissia dépêchés en urgence, Ryskulov, arguant de «&nbsp;l’importance du Turkestan pour la politique soviétique en Orient&nbsp;et [de] la nature coloniale des relations nationales » dans la région, revendique la plus large autonomie possible pour la république, aux frontières encore indécises.
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Lénine refuse, mais il se méfie désormais de la Turkkommissia (dont les décisions doivent être désormais soumises à l’approbation du «&nbsp;centre&nbsp;» et des autres organes du pouvoir soviétique au Turkestan), et en juin, il rédige un projet exposant les tâches du Parti bolchevik dans la région. Il appelle à liquider les inégalités entre colons et indigènes en «&nbsp;égalis[ant] la propriété terrienne des Russes et des étrangers avec celle de la population locale&nbsp;». Il ajoute : «&nbsp;L’objectif général doit être le renversement du féodalisme, mais non le communisme »<ref>Lénine, « Projet de décision du Bureau politique du C.C. du P.C.(b)R. Sur les tâches du P.C.(b).R. au Turkestan » [1919], in Oeuvres, tome 42, p. 196-197</ref>.
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Un conflit éclate en 1921 au sein de la Turkkommissia entre :
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*[[Tomsky|Tomsky]], qui affirme appliquer la [[NEP|NEP]], et donc défend l’introduction immédiate de l’impôt en nature mais le statu quo en terme de partage de terre. Sa position est soutenue par les colons russes.
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*[[Georgui_Safarov|Safarov]], qui préconise la mise en place de [[comités_de_paysans_pauvres|comités de paysans pauvres]], le partage des terres des koulaks (donc localement surtout de colons russes) et l’incitation à la polarisation de classes au sein de la population musulmane. Sa position est soutenu par de nombreux musulmans.<ref>Georgui Safarov, « L’Évolution de la question nationale », Bulletin communiste, 2ème année, n ° 4, 27 janvier 1921</ref>
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Début août 1921, [[Adolf_Ioffé|Ioffé]] est envoyé par le [[Politburo|Politburo]] au Turkestan pour arbitrer le différend et œuvrer à un compromis permettant de lutter contre l’exclusion des musulmans de l’exercice du pouvoir sans pour autant s’aliéner les masses travailleuses russes, qui forment l’essentiel des «&nbsp;forces rouges au Turkestan&nbsp;». <ref> Lénine, « À M. P. Tomski » (1919), in Oeuvres, tome 45, p. 230 </ref>
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La neutralité de Lénine dans le conflit Tomski-Safarov n’est que de façade. Transmettant à Staline, Commissaire du peuple aux nationalités, une lettre de Safarov, il ajoute en ''post-scriptum''&nbsp;que ce dernier «&nbsp;a tout à fait raison&nbsp;». Staline ne partage guère cette opinion et répond qu’ils «&nbsp;ont tous les deux tort&nbsp;».
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Safarov se retrouve vite attaqué par l'appareil du parti.
    
=== Azerbaïdjan ===
 
=== Azerbaïdjan ===
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En Tchétchénie, les bolcheviks recrutèrent [[Ali_Mataev|Ali Mataev]], dirigeant d’un puissant ordre soufi, qui présida le Comité révolutionnaire tchétchène. Dans l’Armée Rouge les «&nbsp;bataillons islamiques&nbsp;» du mollah Katkakhanov regroupaient des dizaines de milliers de soldats.
 
En Tchétchénie, les bolcheviks recrutèrent [[Ali_Mataev|Ali Mataev]], dirigeant d’un puissant ordre soufi, qui présida le Comité révolutionnaire tchétchène. Dans l’Armée Rouge les «&nbsp;bataillons islamiques&nbsp;» du mollah Katkakhanov regroupaient des dizaines de milliers de soldats.
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=== Bachkirie ===
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La Bachkirie fut un important champ de bataille lors de la [[Guerre_civile_russe|Guerre civile russe]]. Le 23 mars 1919, la Bachkirie devint la première république autonome créée au sein de la [[RSFSR|<span class="mw-redirect">RSFSR</span>]].
    
=== Mongolie ===
 
=== Mongolie ===
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Le 1<sup>er</sup> mai 1917, après la [[Révolution_de_février|révolution de février]], le premier Congrès panrusse des musulmans se tint à Moscou. À l’issue de débats très vifs, cette assemblée vota en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, faisant des musulmans russes les premiers au monde à libérer les femmes des restrictions qui caractérisaient les sociétés islamiques de l’époque. Mais les éléments petit-bourgeois conservateurs prédominent, comme à ce moment là partout en Russie.
 
Le 1<sup>er</sup> mai 1917, après la [[Révolution_de_février|révolution de février]], le premier Congrès panrusse des musulmans se tint à Moscou. À l’issue de débats très vifs, cette assemblée vota en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, faisant des musulmans russes les premiers au monde à libérer les femmes des restrictions qui caractérisaient les sociétés islamiques de l’époque. Mais les éléments petit-bourgeois conservateurs prédominent, comme à ce moment là partout en Russie.
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Le 20 novembre 1917, peu après la prise de pouvoir par les [[bolcheviks|bolcheviks]], Lénine lance un appel, cosigné par Staline, «&nbsp;À tous les travailleurs musulmans de Russie et d’Orient&nbsp;», afin de les rallier à la révolution en marche&nbsp;:
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''«&nbsp;Musulmans de Russie, Tatars de la Volga et de Crimée, Kirghizes et Sartes de Sibérie et du Turkestan, Turcs et Tatars de Transcaucasie, Tchétchènes et montagnards du Caucase ! Vous tous dont les mosquées et les maisons de prière ont été détruites, dont les croyances et les coutumes ont été piétinées par les tsars et les oppresseurs de la Russie ! Désormais, vos croyances et vos coutumes, vos institutions nationales et culturelles sont libres et inviolables. Organisez votre vie nationale librement et sans entrave ! C’est votre droit. Sachez que vos droits, comme les droits de tous les peuples de Russie, sont protégés par la puissance de la Révolution, par les soviets des députés travailleurs, soldats et paysans. »<ref>''À tous les travailleurs musulmans de Russie et d’Orient'' [1917], cité in Henry Bogdan, Histoire des peuples de l’ex-URSS, Paris, Perrin, 1993, p. 187-188</ref>''
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Après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], certains colons russes d’Asie centrale adhèrent au parti bolchévik victorieux par opportunisme, mais ils profitent de leur pouvoir local pour dominer la population locale, majoritairement paysanne et musulmane. Pendant deux ans, la région fut coupée de Moscou par la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] et le pouvoir central des bolchéviks n'avait aucun contrôle. Une révolte armée de populations musulmanes éclata, la [[Révolution_ouzbèke_(1917-1920)|''révolte des Basmatchis'']].
 
Après la [[Révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], certains colons russes d’Asie centrale adhèrent au parti bolchévik victorieux par opportunisme, mais ils profitent de leur pouvoir local pour dominer la population locale, majoritairement paysanne et musulmane. Pendant deux ans, la région fut coupée de Moscou par la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] et le pouvoir central des bolchéviks n'avait aucun contrôle. Une révolte armée de populations musulmanes éclata, la [[Révolution_ouzbèke_(1917-1920)|''révolte des Basmatchis'']].
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*Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000.htm Notes critiques sur la question nationale], 1913  
 
*Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000.htm Notes critiques sur la question nationale], 1913  
 
*Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/06/vil19130600.htm Thèses sur la question nationale], 1913  
 
*Lénine, [https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/06/vil19130600.htm Thèses sur la question nationale], 1913  
*Yrjö Sirola, [https://www.marxists.org/francais/sirola/works/1920/08/finlande.htm ''La question nationale en Finlande''], 1920
   
*Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - La question nationale]'', 1930  
 
*Léon Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/hrrusse/hrr40.htm Histoire de la révolution russe - La question nationale]'', 1930  
 
*Michael Löwy,&nbsp;[http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article2438 ''Lénine contre Staline&nbsp;: la question nationale''], <span class="reference-text">''Critique communiste'', n° 150, automne 1997</span>  
 
*Michael Löwy,&nbsp;[http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article2438 ''Lénine contre Staline&nbsp;: la question nationale''], <span class="reference-text">''Critique communiste'', n° 150, automne 1997</span>  
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*Jeremy Smith, ''The Bolsheviks and the National Question, 1917-1923'', Houndmills et New York, Palgrave MacMillan, 1999
    
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