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En Ukraine, un mouvement paysan de masse a été structuré par l'anarchiste [[Makhno|Makhno]] en une armée insurrectionnelle, la ''« [[Makhnovchina|Makhnovchina]] »''. Celle-ci a tenu tête pendant trois ans à la fois aux Austro-Allemands, aux Blancs de [[Anton_Dénikine|Denikine]] et [[Piotr_Nikolaïevitch_Wrangel|Wrangel]], à l'armée de la [[République_populaire_ukrainienne|République populaire ukrainienne]] dirigée par [[Simon_Petlioura|Petlioura]] et à l'Armée rouge.
 
En Ukraine, un mouvement paysan de masse a été structuré par l'anarchiste [[Makhno|Makhno]] en une armée insurrectionnelle, la ''« [[Makhnovchina|Makhnovchina]] »''. Celle-ci a tenu tête pendant trois ans à la fois aux Austro-Allemands, aux Blancs de [[Anton_Dénikine|Denikine]] et [[Piotr_Nikolaïevitch_Wrangel|Wrangel]], à l'armée de la [[République_populaire_ukrainienne|République populaire ukrainienne]] dirigée par [[Simon_Petlioura|Petlioura]] et à l'Armée rouge.
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Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait :
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Devant la Conférence du PC ukrainien en 1923, [[Trotsky|Trotsky]] reconnaissait que la question n'avait pas été résolue, mais il disait :
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<blockquote>''«&nbsp;Mais si le paysan ukrainien se voit et sent que le Parti Communiste et le pouvoir des Soviets l'abordent avec bonne volonté, le comprennent et lui disent&nbsp;: «Nous te donnons tout ce que nous pouvons te donner, nous voulons t'aider à monter, nous voulons t'aider à accéder dans ta propre langue maternelle aux bienfaits de la culture. Toutes les administrations de l'Etat, la Poste et les Chemins de Fer doivent parler la langue, parce tu es chez toi, dans ton Etat» — le paysan comprendra. &nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1923/04/lt19230420.htm Discours prononcé devant la Conférence du PC ukrainien]'', 5 avril 1923</ref>''</blockquote>  
''«&nbsp;Mais si le paysan ukrainien se voit et sent que le Parti Communiste et le pouvoir des Soviets l'abordent avec bonne volonté, le comprennent et lui disent : «Nous te donnons tout ce que nous pouvons te donner, nous voulons t'aider à monter, nous voulons t'aider à accéder dans ta propre langue maternelle aux bienfaits de la culture. Toutes les administrations de l'Etat, la Poste et les Chemins de Fer doivent parler la langue, parce tu es chez toi, dans ton Etat» — le paysan comprendra. &nbsp;»<ref>Trotsky, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1923/04/lt19230420.htm Discours prononcé devant la Conférence du PC ukrainien]'', 5 avril 1923</ref>''
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=== Géorgie et Arménie ===
 
=== Géorgie et Arménie ===
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Le militant tatar [[Mirsäyet_Soltanğäliev|Mirsäyet Soltanğäliev]] (Sultan-Galiev) rejoint les [[Bolchéviks|bolchéviks]] en novembre 1917.
 
Le militant tatar [[Mirsäyet_Soltanğäliev|Mirsäyet Soltanğäliev]] (Sultan-Galiev) rejoint les [[Bolchéviks|bolchéviks]] en novembre 1917.
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=== Kazakhstan ===
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=== Turkestan (Ouzbékistan, Kazakhstan) ===
    
Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
 
Les lois de mobilisation provoquent en 1916 une révolte de taille au Kazakhstan.
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Le militant kazakh [[Turar_Ryskulov|Turar Ryskulov]] rejoint les [[Bolchéviks|bolchéviks]] en septembre 1917.
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Le militant kazakh [[Turar_Ryskulov|Turar Ryskulov]] rejoint les [[Bolchéviks|bolchéviks]] en septembre 1917. Les bolcheviks conclurent des alliances avec le groupe panislamique kazak des Ush-Zhuz (qui rejoignirent le PC en 1920), les guérillas panislamistes iraniennes des Jengelis et les Vaisites, une organisation soufie.
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=== Daghestan ===
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Au Daghestan le pouvoir soviétique dut en grande partie son existence aux partisans du dirigeant musulman Ali Hadji Akushinskii.
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=== Tchétchénie ===
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En Tchétchénie, les bolcheviks recrutèrent [[Ali_Mataev|Ali Mataev]], dirigeant d’un puissant ordre soufi, qui présida le Comité révolutionnaire tchétchène. Dans l’Armée Rouge les « bataillons islamiques » du mollah Katkakhanov regroupaient des dizaines de milliers de soldats.
    
=== Mongolie ===
 
=== Mongolie ===
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Après la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]], certains d'entre eux sont restés en Finlande et ont participé comme volontaires dans la [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile finlandaise]] du côté communiste. Après 1917, beaucoup de ces travailleurs chinois se sont joints à l'[[Armée_rouge|Armée rouge]]. La grande majorité de ces Chinois avait peu de traditions politiques et s'engagent avec les rouges essentiellement pour obtenir des droits. Les armées blanches quant à elles exerçaient un racisme violent envers eux.
 
Après la [[Révolution_russe_(1917)|Révolution russe]], certains d'entre eux sont restés en Finlande et ont participé comme volontaires dans la [[Guerre_civile_finlandaise|guerre civile finlandaise]] du côté communiste. Après 1917, beaucoup de ces travailleurs chinois se sont joints à l'[[Armée_rouge|Armée rouge]]. La grande majorité de ces Chinois avait peu de traditions politiques et s'engagent avec les rouges essentiellement pour obtenir des droits. Les armées blanches quant à elles exerçaient un racisme violent envers eux.
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=== Islam ===
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Au moment de la révolution de 1917, il y avaient environ 10% de musulmans dans la population de l'Empire. Les musulmans ne formaient pas un peuple en tant que tel, ils étaient d'ethnies différentes. Sous le [[tsarisme|tsarisme]], la liberté religieuse leur était refusée.<ref>Dave Crouch, [http://revuesocialisme.pagesperso-orange.fr/s9crouch.html ''Les bolcheviks, l’Islam et la liberté religieuse''], 2003</ref>
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Le 1<sup>er</sup> mai 1917, après la [[révolution_de_février|révolution de février]], le premier Congrès panrusse des musulmans se tint à Moscou. À l’issue de débats très vifs, cette assemblée vota en faveur de la reconnaissance des droits des femmes, faisant des musulmans russes les premiers au monde à libérer les femmes des restrictions qui caractérisaient les sociétés islamiques de l’époque. Mais les éléments petit-bourgeois conservateurs prédominent, comme à ce moment là partout en Russie.
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Après la [[révolution_d'Octobre|révolution d'Octobre]], certains colons russes d’Asie centrale adhèrent au parti bolchévik victorieux par opportunisme, mais ils profitent de leur pouvoir local pour dominer la population locale, majoritairement paysanne et musulmane. Pendant deux ans, la région fut coupée de Moscou par la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] et le pouvoir central des bolchéviks n'avait aucun contrôle. Une révolte armée de populations musulmanes éclata, la [[Révolution_ouzbèke_(1917-1920)|''révolte des Basmatchis'']].
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En 1920, Lénine parla de l’importance « gigantesque, historique » de redresser la situation. De nombreux anciens membres de la police, de l’armée, des forces de sécurité, de l’administration, etc., qui étaient des produits de l’ère tsariste, furent envoyés dans des camps de concentration. Dans le Caucase et en Asie centrale les colons furent encouragés à revenir en Russie et dans certains cas chassés de force. La langue russe cessa d’être la langue dominante et les langues autochtones furent employées dans les écoles, les administrations, les journaux et l’édition. On créa un programme massif de « [[discrimination_positive|discrimination positive]] ».
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Dans les régions d'Asie centrale, le christiannisme orthodoxe était avant tout une idéologie légitimant la domination des populations musulmanes indigènes. Pour lutter contre le chauvinisme grand-russe, les bolchéviks traitaient de façon différente le christiannisme et l'islam. Les musulmans pouvaient adhérer au PC, tandis que « l’absence totale de préjugés religieux » était indispensable pour les Russes. Les monuments, les livres et les objets sacrés islamiques volés par les tsars furent rendus aux mosquées. Le vendredi — jour sacré pour les musulmans — fut déclaré jour férié dans toute l’Asie centrale. Un système juridique parallèle fut créé en 1921, avec des tribunaux islamiques qui administraient la justice selon les lois de la charia. L’objectif était que les gens aient le choix entre la justice révolutionnaire et la justice religieuse. Une commission spéciale concernant la Charia fut créée au sein du Commissariat soviétique à la justice.
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On interdit certains des châtiments prônés par la charia (comme la lapidation ou le fait de couper une main) car ils contredisaient le droit soviétique. Les décisions des tribunaux islamiques concernant ces questions devaient être confirmées par une juridiction supérieure. Certains tribunaux islamiques défiaient la loi soviétique, en refusant, par exemple, d’accorder le divorce aux femmes qui en faisaient la demande, ou en considérant que le témoignage d’une femme valait seulement la moitié de celui d’un homme. C’est ainsi qu’en décembre 1922 un décret introduisit la possibilité qu’une affaire soit rejugée devant les tribunaux soviétiques si l’une des parties le réclamait. Même ainsi, entre 30 et 50 % de toutes les affaires étaient résolues par des tribunaux islamiques, et en Tchétchénie le chiffre était de 80 %.
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En 1922 près de 1500 Russes furent expulsés du Parti communiste du Turkestan à cause de leurs convictions religieuses, mais pas un seul turcophone. En 1923, dans certaines régions, près de 15 % des militants bolchéviks étaient musulmans, et jusqu’à 70 % dans certains cas. Dans le [[Sovnarkom|gouvernement central à Moscou]], le Commissariat aux affaires musulmanes supervisait la politique russe envers l’Islam. Des musulmans aux connaissances marxistes très limitées occupaient des positions élevées dans ce ministère.
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Par leur politique, les bolchéviks parviennent à attirer vers les soviets une majorité des révolutionnaires musulmans, qui sont alors traversés de nombreux débats. Certains mettent en avant des similitudes entre valeurs islamiques et socialistes. A l’époque on entendait souvent des slogans comme « Vive le pouvoir des soviets, vive la charia ! » « Vive la liberté, la religion et l’indépendance nationale! ».
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Cependant les efforts pour garantir la liberté religieuse et les droits nationaux étaient constamment minés par la faiblesse de l’économie. Déjà en 1922, les subventions de Moscou à l’Asie centrale durent être diminuées et de nombreuses écoles publiques fermées. Les professeurs abandonnaient leurs postes faute de toucher un salaire. Cela signifiait que les écoles musulmanes en vinrent à représenter la seule solution pour la population. ''«&nbsp;Quand vous ne pouvez fournir du pain, vous n’osez enlever aux gens son substitut&nbsp;»'', déclara [[Lounatcharky|Lounatcharky]], commissaire du peuple à l’Éducation. On supprima les subventions aux tribunaux islamiques entre la fin de 1923 et le début de 1924. Mais des facteurs économiques empêchaient déjà les musulmans de porter plainte au tribunal. Si, par exemple, une jeune femme refusait d’accepter un mariage arrangé par sa famille ou de se marier à un mari polygame, elle avait peu de chances de survivre parce qu’elle ne pouvait trouver ni travail ni logement indépendant.
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Dans la seconde moitié des années 1920, les staliniens vont restaurer une domination grand-russe sans partage. Ils lancent une attaque frontale (nommée « khudzhum », c’est-à-dire attaque, agression, offensive) contre l’Islam au nom de l'émancipation des femmes. Le khudzhum entra en action massivement le 8 mars 1927, à l’occasion de la journée internationale des femmes. Au cours de meetings de masse on appela les femmes à enlever leur voile. De petits groupes de musulmanes autochtones montèrent sur des podiums et se dévoilèrent en public, après quoi on brûla leurs voiles.
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En réaction, des milliers d’enfants musulmans, spécialement des filles, furent retirés des écoles soviétiques&nbsp; par leur famille et démissionnèrent des jeunesses communistes. Des femmes non voilées furent agressées dans les rues, parfois violées et des milliers d’entre elles furent tuées. De nombreux [[Vieux_bolchéviks|''Vieux bolchéviks'']] musulmans furent éliminés, et la liberté religieuse disparut.
    
== Notes ==
 
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