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=== La question de la paix et les Journées d'avril ===
 
=== La question de la paix et les Journées d'avril ===
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{{Article détaillé|Traité de Brest-Litovsk{{!}}La question de la paix en 1917}}
    
Depuis 1914 la guerre a provoqué beaucoup de remises en question du discours [[Nationaliste|nationaliste]], d'autant plus que la Russie est affaiblie face à l'Allemagne. Néanmoins, début 1917 ce sont surtout l’incapacité du commendement militaire et ses mauvais traitements qui sont dénoncés. Les slogans de paix immédiate sont au départ plus fréquents à l’arrière qu’au front, où les soldats considèrent souvent les ouvriers comme des « planqués », et refusent d'admettre l’inutilité des sacrifices qu’ils endurent depuis trois ans. Le « [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]] » est très impopulaire, et même au sein des [http://wikirouge.net/Bolcheviks bolcheviks] il ne passe pas toujours bien.
 
Depuis 1914 la guerre a provoqué beaucoup de remises en question du discours [[Nationaliste|nationaliste]], d'autant plus que la Russie est affaiblie face à l'Allemagne. Néanmoins, début 1917 ce sont surtout l’incapacité du commendement militaire et ses mauvais traitements qui sont dénoncés. Les slogans de paix immédiate sont au départ plus fréquents à l’arrière qu’au front, où les soldats considèrent souvent les ouvriers comme des « planqués », et refusent d'admettre l’inutilité des sacrifices qu’ils endurent depuis trois ans. Le « [[Défaitisme_révolutionnaire|défaitisme révolutionnaire]] » est très impopulaire, et même au sein des [http://wikirouge.net/Bolcheviks bolcheviks] il ne passe pas toujours bien.
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Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|KD]] [[Milioukov|Milioukov]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des manifestations armées d'ouvriers et de soldats éclatent (20-21 avril) et s'affrontement violemment à des manifestants pro-gouvernement. Ce sont les premiers véritables affrontements armés de la révolution. Le 15 mai, Milioukov démissionne et un remaniement ministériel renforce le poids de [[Kerensky|Kerensky]] et intègre des SR et 2 menchéviks ([[Tsereteli|Tsereteli]] et [[Skobelev|Skobelev]]). Ce gouvernement a le soutien des ouvriers et beaucoup veulent croire que Kerensky (devenu ministre de la guerre) obtiendra une victoire militaire rapide.
 
Le 18 avril, le ministre [[Parti_KD|KD]] [[Milioukov|Milioukov]] s'engage dans une note secrète aux Alliés à ne pas remettre en cause les traités tsaristes et à poursuivre la guerre jusqu'au bout. Lorsque cette note fuite dans la presse, des manifestations armées d'ouvriers et de soldats éclatent (20-21 avril) et s'affrontement violemment à des manifestants pro-gouvernement. Ce sont les premiers véritables affrontements armés de la révolution. Le 15 mai, Milioukov démissionne et un remaniement ministériel renforce le poids de [[Kerensky|Kerensky]] et intègre des SR et 2 menchéviks ([[Tsereteli|Tsereteli]] et [[Skobelev|Skobelev]]). Ce gouvernement a le soutien des ouvriers et beaucoup veulent croire que Kerensky (devenu ministre de la guerre) obtiendra une victoire militaire rapide.
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Début avril 1917 se réunit le premier Congrès pan-russe des soviets, même s'il ne représente quasiment pas de campagnes (480 délégués de la capitale, 138 de soviets locaux et 46 de l'armée). Il affiche un total suivisme envers le gouvernement provisoire et appuie la poursuite de la guerre, tout en appelant au ''« contrôle »'' par les soviets et à leur extension à tout le pays.
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Début avril 1917 se réunit le premier [[Congrès_pan-russe_des_soviets|Congrès pan-russe des soviets]], même s'il ne représente quasiment pas de campagnes (480 délégués de la capitale, 138 de soviets locaux et 46 de l'armée). Il affiche un total suivisme envers le [[Gouvernement_provisoire_(Russie)|gouvernement provisoire]] et appuie la poursuite de la guerre, tout en appelant au ''« contrôle »'' par les soviets et à leur extension à tout le pays.
    
== Flux et reflux de la lutte de classe ==
 
== Flux et reflux de la lutte de classe ==
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{{Article détaillé|Sovnarkom|Assemblée constituante russe de 1918}}
 
{{Article détaillé|Sovnarkom|Assemblée constituante russe de 1918}}
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Le Sovnarkom était initialement composé uniquement de bolchéviks, ce qui avait été approuvé par le <abbr title="Deuxième" class="abbr">2<sup>e</sup></abbr> Congrès des Soviets. Mais ce point a soulevé de violents débats et a failli mener à la scission le parti bolchévik. [[Lénine|Lénine]] et [[Trotsky|Trotsky]] étaient les plus fermement opposés à la participation des autres ''«&nbsp;partis socialistes&nbsp;»'', en qui ils n'avaient aucune confiance. Le compromis trouvé est que les négociations se poursuivront, et finalement des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] entreront au Sovnarkom en décembre. Mais après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits, et les bolchéviks seront définitivement seuls au pouvoir.
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Le Sovnarkom était initialement composé uniquement de bolchéviks, ce qui avait été approuvé par le <abbr class="abbr" title="Deuxième">2<sup>e</sup></abbr> Congrès des Soviets. Mais ce point a soulevé de violents débats et a failli mener à la scission le parti bolchévik. [[Lénine|Lénine]] et [[Trotsky|Trotsky]] étaient les plus fermement opposés à la participation des autres ''«&nbsp;partis socialistes&nbsp;»'', en qui ils n'avaient aucune confiance. Le compromis trouvé est que les négociations se poursuivront, et finalement des [[SR_de_gauche|SR de gauche]] entreront au Sovnarkom en décembre. Mais après leurs attentats de juillet 1918, les SR de gauche seront interdits, et les bolchéviks seront définitivement seuls au pouvoir.
    
Par ailleurs, les élections pour la Constituante, prévues depuis juin, devaient avoir lieu le le 12 novembre (n.s. 25). Espérant une validation du système soviétique, les bolchéviks décident de maintenir le processus constituant. Le Sovnarkom élu par le Congrès des soviet d'Octobre était donc officiellement un gouvernement provisoire, jusqu'à la réunion de l'Assemblée constituante en janvier 1918.
 
Par ailleurs, les élections pour la Constituante, prévues depuis juin, devaient avoir lieu le le 12 novembre (n.s. 25). Espérant une validation du système soviétique, les bolchéviks décident de maintenir le processus constituant. Le Sovnarkom élu par le Congrès des soviet d'Octobre était donc officiellement un gouvernement provisoire, jusqu'à la réunion de l'Assemblée constituante en janvier 1918.
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Le pacifisme et la crise économique d'après-guerre, ainsi que le refus de voir une révolution écrasée, suscitent de fortes sympathies actives dans les couches populaires d'Europe pour la révolution d'Octobre.
 
Le pacifisme et la crise économique d'après-guerre, ainsi que le refus de voir une révolution écrasée, suscitent de fortes sympathies actives dans les couches populaires d'Europe pour la révolution d'Octobre.
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En France, la révolution russe est lue au prisme de la mémoire toujours très vive de la [[Révolution_française|Grande Révolution]] de 1789&nbsp;: les bolcheviks sont ainsi assimilés aux [[Club_des_Jacobins|Jacobins]], [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]] à la [[Gironde_(Révolution_française)|Gironde]], les Blancs aux Vendéens, Trotsky à [[Lazare_Nicolas_Marguerite_Carnot|Lazare Carnot]] «&nbsp;l'organisateur de la victoire&nbsp;», etc. Un historien sympathisant comme [[Albert_Mathiez|Albert Mathiez]] trace dès 1920 l'analogie entre [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]] et [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]], la terreur rouge et la [[Terreur_(Révolution_française)|Terreur]] de 1793<ref>L'importance de la mémoire de la Révolution française dans l'accueil et l'interprétation de 1917 a été soulignée par le livre de [[François Furet]], ''Le Passé d'une Illusion'', Robert Laffont, 1995.</ref>. Le poète [[André_Breton|André Breton]] n'est pas le seul à lire aussi la révolution russe comme une revanche sur la répression de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]] lorsqu'il note que 1917 renverse [[Commune_de_Paris_(1871)|1871]]. Mais la «&nbsp;grande lueur à l'Est&nbsp;» (titre d'un ouvrage de [[Jules_Romains|Jules Romains]]) n'est pas aussi bien accueillie par tout le monde. Les [[Classes_moyennes|classes moyennes]] sont ulcérées par la perte des [[Emprunt_russe|emprunts russes]], que Lénine a cessé de reconnaître dès le début 1918. Et l'[[Anticommunisme|anticommunisme]] est très fort chez les [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|socialistes]] restés fidèles à la «&nbsp;vieille maison&nbsp;» lors du [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] de 1920, chez les [[anarchistes|anarchistes]], chez certains intellectuels [[Humanisme|humanistes]] hostiles aux méthodes des Bolcheviks (par exemple [[Romain_Rolland|Romain Rolland]], ami de [[Maxime_Gorki|Gorki]]), et bien sûr dans les droites. Dès 1919, une affiche célèbre stigmatise dans le bolchevik «&nbsp;l'homme au couteau entre les dents&nbsp;».
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En France, la révolution russe est lue au prisme de la mémoire toujours très vive de la [[Révolution_française|Grande Révolution]] de 1789&nbsp;: les bolcheviks sont ainsi assimilés aux [[Club_des_Jacobins|Jacobins]], [[Alexandre_Kerensky|Kerensky]] à la [[Gironde_(Révolution_française)|Gironde]], les Blancs aux Vendéens, Trotsky à [[Lazare_Nicolas_Marguerite_Carnot|Lazare Carnot]] «&nbsp;l'organisateur de la victoire&nbsp;», etc. Un historien sympathisant comme [[Albert_Mathiez|Albert Mathiez]] trace dès 1920 l'analogie entre [[Maximilien_de_Robespierre|Robespierre]] et [[Vladimir_Ilitch_Lénine|Lénine]], la terreur rouge et la [[Terreur_(Révolution_française)|Terreur]] de 1793<ref>L'importance de la mémoire de la Révolution française dans l'accueil et l'interprétation de 1917 a été soulignée par le livre de [[François Furet]], ''Le Passé d'une Illusion'', Robert Laffont, 1995.</ref>. Le poète [[André_Breton|André Breton]] n'est pas le seul à lire aussi la révolution russe comme une revanche sur la répression de la [[Commune_de_Paris_(1871)|Commune de Paris]] lorsqu'il note que 1917 renverse [[Commune_de_Paris_(1871)|1871]]. Mais la «&nbsp;grande lueur à l'Est&nbsp;» (titre d'un ouvrage de [[Jules_Romains|Jules Romains]]) n'est pas aussi bien accueillie par tout le monde. Les [[Classes_moyennes|classes moyennes]] sont ulcérées par la perte des [[Emprunt_russe|emprunts russes]], que Lénine a cessé de reconnaître dès le début 1918. Et l'[[Anticommunisme|anticommunisme]] est très fort chez les [[Section_française_de_l'Internationale_ouvrière|socialistes]] restés fidèles à la «&nbsp;vieille maison&nbsp;» lors du [[Congrès_de_Tours_(SFIO)|congrès de Tours]] de 1920, chez les [[Anarchistes|anarchistes]], chez certains intellectuels [[Humanisme|humanistes]] hostiles aux méthodes des Bolcheviks (par exemple [[Romain_Rolland|Romain Rolland]], ami de [[Maxime_Gorki|Gorki]]), et bien sûr dans les droites. Dès 1919, une affiche célèbre stigmatise dans le bolchevik «&nbsp;l'homme au couteau entre les dents&nbsp;».
    
Aux [[États-Unis|États-Unis]], la ''red scare'' ou peur des «&nbsp;Rouges&nbsp;» marque les années d'immédiat après-guerre et contribue aux réactions autoritaires, puritaines et xénophobes (les migrants sont perçus comme des porteurs potentiels du «&nbsp;virus&nbsp;» bolchevique) qui marquent les [[Années_1920|années 1920]]. En Allemagne, en Hongrie, en Italie, les forces conservatrices, nationalistes ou [[Fascisme|fascistes]], parfois alliées pour un temps à des sociaux-démocrates comme [[Gustav_Noske|Noske]] à Berlin, se battent pour réprimer par la violence le «&nbsp;bolchevisme&nbsp;» (un mot d'ailleurs élastique, sous lequel ils finissent par regrouper abusivement tout partisan d'un changement social, voire n'importe quel adversaire). En 1919, la peur et la haine du [[Bolchevik|bolchevisme]] et de la révolution d'Octobre, de ses avatars et de son extension possible jouent un rôle non négligeable dans la formation des idéologies et des mouvements de [[Benito_Mussolini|Benito Mussolini]] en Italie et d'[[Adolf_Hitler|Adolf Hitler]] en Allemagne.
 
Aux [[États-Unis|États-Unis]], la ''red scare'' ou peur des «&nbsp;Rouges&nbsp;» marque les années d'immédiat après-guerre et contribue aux réactions autoritaires, puritaines et xénophobes (les migrants sont perçus comme des porteurs potentiels du «&nbsp;virus&nbsp;» bolchevique) qui marquent les [[Années_1920|années 1920]]. En Allemagne, en Hongrie, en Italie, les forces conservatrices, nationalistes ou [[Fascisme|fascistes]], parfois alliées pour un temps à des sociaux-démocrates comme [[Gustav_Noske|Noske]] à Berlin, se battent pour réprimer par la violence le «&nbsp;bolchevisme&nbsp;» (un mot d'ailleurs élastique, sous lequel ils finissent par regrouper abusivement tout partisan d'un changement social, voire n'importe quel adversaire). En 1919, la peur et la haine du [[Bolchevik|bolchevisme]] et de la révolution d'Octobre, de ses avatars et de son extension possible jouent un rôle non négligeable dans la formation des idéologies et des mouvements de [[Benito_Mussolini|Benito Mussolini]] en Italie et d'[[Adolf_Hitler|Adolf Hitler]] en Allemagne.
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Dans les pays colonisés, la révolution d'Octobre a aussi suscité des espoirs importants. Dès 1920, à Bakou, les bolcheviks convoquent un «&nbsp;[[congrès_des_peuples_de_l'Orient|congrès des&nbsp; peuples de l'Orient]]&nbsp;» (1<sup>er</sup> au 8 septembre) qui tente de faire la jonction entre les nationalismes des colonisés et le mouvement communiste mondial.
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Dans les pays colonisés, la révolution d'Octobre a aussi suscité des espoirs importants. Dès 1920, à Bakou, les bolcheviks convoquent un «&nbsp;[[Congrès_des_peuples_de_l'Orient|congrès des&nbsp; peuples de l'Orient]]&nbsp;» (1<sup>er</sup> au 8 septembre) qui tente de faire la jonction entre les nationalismes des colonisés et le mouvement communiste mondial.
    
== Bibliographie ==
 
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