Benjamin Nikolaïevitch Kaïourov

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Vassili Nikolaïevitch Kaïourov (1876-1936) était un ouvrier serrurier, et cadre bolchévik.

1 Biographie

Ouvrier serrurier, il adhère au POSDR en 1900. En 1903, il prend le parti des bolcheviks.

1.1 En Février 1917

En 1917, il dirige le rayon ("district") de Vyborg, le grand faubourg ouvrier de Petrograd. Avec ses camarades (Tchougourine, Khakharev, etc.) il eut un rôle importnt dans révolution de Février.

En termes de responsabilités, il était en dessous de Chliapnikov, qui était alors un des seuls dirigeants présents à Pétrograd (Lénine est dans l'émigration à Zurich, Staline est en exil en Sibérie...).

1.2 Pendant la guerre civile

Au début de l’été 1918 il est chargé de mission en Sibérie. A son retour Lénine l’envoie à Pétrograd, avec une lettre aux Ouvriers de Pétrograd dans laquelle il charge son « vieil ami » Kaïourov d’inviter les ouvriers de Pétrograd affamés à partir en masse dans les campagnes pour s’y ravitailler et combattre les koulaks (lettre du 12 juillet 1918). Huit jours plus tard Lénine appelle Kaïourov à d’autres tâches : sur le front de Kazan c’est la déroute. Les régiments de la V° armée s’enfuient devant les légions tchèques. [...] Quelques jours plus tard, Kaïourov et Tchougourine emmènent sur le front de Kazan un détachement de plusieurs milliers de militants communistes de Pétrograd, le premier de ces détachements de militants qui après avoir fait Février, après avoir fait Octobre, périront sur l’un des huit ou neuf fronts de la guerre civile.

Début 1919, la disette s’aggrave provoquant des troubles de la faim et le mécontentement des paysans. Kaïourov rapport à V. Serge : « A cette époque, écrit un militant ouvrier, on ne voyait guère de chevaux à Pétrograd : ils étaient crevés, mangés, réquisitionnés ou emmenés dans les campagnes. On ne rencontrait plus ni chats ni chiens [...] les gens se nourrissaient de thé et de galettes de pommes de terre à l’huile de lin. Membre de l’Exécutif du Soviet de Vyborg (Pétrograd), je sais qu’il y eut des semaines entières pendant lesquelles les ouvriers ne reçurent ni pain ni pommes de terre : on leur distribuait des graines de tournesol et des noix [...]. » - « Ce rapport de forces étant donné : les villes affamées face à face avec cent millions de paysans hostiles, la situation du pouvoir des Soviets semblait désespéré. » 

1.3 Face à Staline

Membre de l’Opposition unifiée - « il se range du côté de Zinoviev, mais n’occupe pas le devant de la scène. » [JJ Marie, page 116]-, puis du groupe Rioutine, il est exclu en 1932. Arrêté en 1935, il meurt en prison en 1936.

2 Importance et méconnaissance

Kaïourov fait partie d'une couche de cadres intermédiaires beaucoup moins connus que les principaux dirigeants du parti (souvent des intellectuels) mais sans qui l'implantation parmi les ouvriers n'aurait pas pu se faire. La plupart d'entre eux ont été oubliés. Kaïourov est un peu plus connu parce qu'il militait dans le faubourg de Vyborg, d'une importance capitale, et parce qu'il a écrit ses mémoires sur l'insurrection de Février.

« Rien, sans doute, ne peut mieux expliquer les victoires du bolchevisme, et surtout leur conquête, lente puis foudroyante, de ceux queBoukharine appelle le « deuxième cercle concentrique du parti », ses antennes et ses leviers en période révolutionnaire, les ouvriers révolutionnaires, organisateurs de syndicats et de comités du parti, pôles de résistance, centre d’initiatives, animateurs et éducateurs infatigables par qui le parti a pu s’intégrer dans la classe et la diriger. De tous ceux-là, l’histoire a presque oublié les noms dans tous les cas : Lénine, parlant d’eux, dit les cadres « à la Kaiourov », du nom de l’ouvrier qui le cache en 1917 pendant quelques jours et à qui il gardera toujours sa confiance. Sans leur existence, le « miracle » bolchevique ne peut se comprendre. » Pierre Broué, Le Parti Bolchévique

Les éléments sur la vie de Kaïourov sont très ténus, et contradictoires. Pierre Broué, dans son dernier livre « Communistes contre Staline », parle de Vassili Nikolaiévitch Kaïourov, né en 1888 et mort en 1939, comme d’ailleurs dans son « Trotsky »...

3 Notes et sources

  • Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, tome 1 - Février, 1930
  • Pierre Broué, Le Parti bolchévique, 1963
  • Pierre Broué, Trotsky, 1988 [sur le groupe Rioutine-Slepkov.]
  • Victor Serge, Mémoires d’un révolutionnaire et autres écrits politiques, Paris, Robert Laffont Bouquins, 2001 ; cf. pp. 390 [Rioutine et « En prison, le vieil ouvrier bolchevik Kaïourov, estimé de Lénine, et presque toute sa famille. »], 420, 713-714 [Sur le groupe Rioutine.] ;
  • Jean-David AVENEL, Interventions Alliées pendant la Guerre civile russe (1918-1920), Paris, Economica, 2001 ;
  • Georges HAUPT et Jean-Jacques MARIE, Les bolcheviks par eux-mêmes, paris, Maspero, Bibliothèque Socialiste n°13, 1969 ; cf. pp. 115-116 ;
  • Jean MARABINI, L’Etincelle. Lénine, organisateur de la Révolution russe, Paris, Arthaud, 1962 ; cf. pp. 337, 340, 343-344, 347, 355 ;
  • Gérard WALTER, Lénine, paris, Marabout, 1950 ; cf. pp. 342-343 ;